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L’aster de Nouvelle-Angleterre

Par Julie Boudreau

À l’approche du mois d’août, le paysage fleuri prend un nouveau virage. Graduellement, les floraisons d’été laissent place aux floraisons de fin de saison. C’est alors qu’apparaissent les asters de Nouvelle-Angleterre!

Les jolies fleurs mauves de l’aster de Nouvelle-Angleterre. Photo: Ryan Hodnett sur Wikimedia Commons.

L’aster de Nouvelle-Angleterre (Symphyotrichum novae-angliae, autrefois Aster novae-angliae) est, selon moi, une des plantes les plus intéressantes pour le jardin d’automne. D’abord c’est une plante indigène, dont la répartition s’étend du Manitoba aux provinces maritimes, d’est en ouest et jusqu’en Caroline du Sud dans l’est des États-Unis. Ensuite, c’est un véritable aimant à papillons et à insectes pollinisateurs dans un été qui tire à sa fin. Le dernier plein d’énergie pour les monarques qui s’apprêtent à entreprendre leur long voyage vers les montagnes du Michoacán. Puis, il y a la couleur. Ce mauve soutenu qui tranche avec tous les jaunes et les orangés si omniprésents chez les floraisons automnales. Et enfin, j’aime la voir marquer de points mauves les champs en bordure des autoroutes. Une par-ci, une par-là.

Je ne suis pas la seule à être tombée en amour avec les asters de Nouvelle-Angleterre. Le Frère Marie-Victorin m’a précédé de plus de 90 ans! Dans sa célèbre Flore laurentienne, il décrit avec la plus belle poésie le tableau de fin d’été que nous offrent les asters: «Quand vient l’automne, les verges d’or mariées aux asters font de la vallée du Saint-Laurent un immense jardin noyé de pourpre et d’or.»

Les asters égayent un bas-côté en bordure d’un ruisseau. Photo: Gilles Ayotte sur Wikimedia Commons.

L’aster qui n’en est plus une

Faisant partie d’un genre qui comptait plus de 600 espèces, il devenait nécessaire de repenser le genre Aster. C’est ainsi que la plupart des asters d’Amérique du Nord ont été déplacés dans les genres Symphyotrichum, Doellingeria, Oclemena ou Eurybia. L’aster de Nouvelle-Angleterre n’a pas fait exception et elle fait maintenant partie du genre Symphyotrichum.

Reconnaître l’aster de Nouvelle-Angleterre dans tous ces mauves

En milieu naturel, l’aster de Nouvelle-Angleterre n’est pas le seul à porter des fleurs mauves. On ne peut pas instantanément déclarer que la belle fleur mauve au bord de l’autoroute est un aster de Nouvelle-Angleterre. D’autres espèces portent des fleurs mauves, comme l’aster de New York (S. novi-belgii), l’aster ponceau (S. puniceum)

Comme la plupart des asters, celui de Nouvelle-Angleterre est une plante herbacée pouvant produire quelques tiges. La plante se ramifie généralement vers le sommet pour former l’inflorescence. C’est en partie pourquoi on dit souvent que cet aster est dégarni à la base. Les tiges sont munies de poils plus ou moins denses.

Les tiges et les feuilles de l’Aster de Nouvelle-Angleterre sont couvertes de poils hirsutes. Photo: Gerhard Nitter sur Wikimedia Commons.

Les feuilles sont alternes le long de la tige. Elles sont lancéolées, sessiles et à marge lisse. Plus on monte vers le haut de la tige, plus elles englobent cette dernière. Elles aussi sont munies de poils.

La floraison se manifeste sous forme de grappe ramifiée comportant de nombreuses fleurs. Chaque fleur compte de 40 à 100 pétales mauves, que l’on appelle les ligules. C’est une des particularités uniques à cette espèce: compter autant de ligules! Le plus souvent, les fleurs sont mauves, mais on peut aussi trouver des spécimens à fleurs roses ou blanches. Sous la fleur, on observera des bractées vertes, fines et pointues. Elles aussi contribuent à l’identification de l’espèce. En général, l’identification des asters indigènes cause bien des maux de tête, mais dans le cas de celle-ci, elle est assez simple à reconnaître au premier regard.

Sous la fleur, on peut observer des bractées vertes, fines et pointues. Photo: Gerhard Nitter sur Wikimedia Commons

Dans le sud de l’Ontario, il existe un aster qui est un croisement entre l’aster de Nouvelle-Angleterre et l’aster éricoïde (S. ericoides), que l’on nomme l’aster améthyste (S. x amethystinum).

Heureuse au jardin autant que dans un champ!

L’aster de Nouvelle-Angleterre est polyvalent. Il pousse dans pratiquement tous les types de sols, mais il a une préférence pour les sols secs et bien drainés. Le plein soleil lui est nécessaire pour obtenir une belle floraison généreuse. Toutefois, cet aster s’accommode à des endroits un peu moins ensoleillés. Il est aussi d’une rusticité impressionnante, pouvant survivre en zone 3.

Selon les conditions de culture, la hauteur de la plante varie entre 60 cm et 120 cm. En pinçant les plants au début de juin, quand ils mesurent 15 cm de haut, on peut les garder à une hauteur de 30 ou 45 cm. En largeur, l’aster de Nouvelle-Angleterre occupe un diamètre d’environ 45 cm.

C’est une de nos plantes indigènes qui est capable d’occuper le rôle de plante ornementale. Ainsi, on peut l’ajouter aux plates-bandes ensoleillées, entre les arbustes et les vivaces, histoire d’ajouter une touche de floraison automnale. C’est une plante intéressante pour le milieu et l’arrière des massifs. En raison de sa tendance à se dégarnir de la base, on tend à la planter serrée contre d’autres plantes plus courtes qui pourront camoufler sa base.

Bien sûr, tout ce qui est un projet de naturalisation, de jardin à papillons, de jardin à pollinisateurs, de pré fleuri ne saurait se passer de cette plante.

Des hybrides à découvrir

Les asters de New York (S. novi-belgii) ont connu une faste période d’hybridation en Angleterre, au début des années 1900. Plusieurs de ces cultivars sont ensuite revenus en Amérique pour y être commercialisés. Or, dans le cas des asters de Nouvelle-Angleterre, l’hybridation s’est beaucoup faite aux États-Unis, mais non exclusivement.

Par exemple, l’aster ‘Harrington’s Pink’ est un des premiers hybrides américains de l’aster de Nouvelle-Angleterre à traverser l’océan. En 1951, le catalogue des Jardins Curtis, en Ohio, offrait les cultivars ‘Martha Haislip’, ‘Arizona Sunset’, ‘Pink Bouquet’, ‘Jessie Curtis’ et ‘Blue Skies’. Malheureusement, ils semblent tous disparus des récents catalogues.

L’aster ‘Harrington’s Pink’ est une variété ancienne plus difficile à dénicher de nos jours. Photo: Krysztof Ziarnek sur Wikimedia Commons.

De nos jours, on peut trouver assez facilement les variétés suivantes:

  • ‘Alma Pötschke’: Malgré son nom imprononçable, c’est une variété classique et populaire. Grande variété à fleurs rose foncé, d’une belle intensité. Floraison abondante. H.: 90 cm, L.: 60 cm
  • ‘Grape Crush’: Forme un petit monticule arrondi de fleurs mauves et ébouriffées. H.: 65 cm, L.: 100 cm
  • ‘Helen Picton’: Fleurs d’un pourpre un peu plus foncé que l’espèce. H.: 90 cm, L.: 40 cm
  • ‘Kickin Carmen Red’: Fleurs rose foncé et «joufflues». Florifère. H.: 90 cm, L.: 60 cm
  • ‘Kickin Lavender’: Fleurs lavande très pâle, presque blanches. H.: 60 cm, L.: 60 cm
  • ‘Kickin Lilac Blue’: Fleurs d’un beau mauve tendre et «joufflues». Florifère. H.: 90 cm, L.: 60 cm
  • ‘Kickin Pink Chiffon’: Fleurs «joufflues» et rose clair. H.: 60 cm, L.: 60 cm
  • ‘Pink Crush’: Forme un petit monticule arrondi de fleurs pourpres et ébouriffées. H.: 60 cm, L.: 85 cm
  • ‘Purple Dome’: Une de mes variétés préférées en raison de sa petite taille. Floraison d’un mauve soutenu. H.: 45 cm, L.: 40 cm
  • ‘September Ruby’: Grande variété aux fleurs rose foncé presque rouge. H.: 115 cm, L.: 60 cm
  • Vibrant Dome’: Jolies fleurs rose bonbon sur un plant de petite taille. C’est une variante de ‘Purple Dome’. H.: 40 cm, L.: 60 cm

Ces différents hybrides permettent de dénicher une variante plus adaptée aux besoins du jardin.

L’aster ‘Alma Pötschke’ est une variété toujours aussi populaire et très appréciée pour ses fleurs presque rouges. Photo: Julie Boudreau.

Partons maintenant sillonner les autoroutes de la province à la recherche des premières taches de mauve annonciatrices de l’aster de Nouvelle-Angleterre. Vivement les jardins noyés de pourpre et d’or!

Étiquettes + Aster, Symphyotrichum


commentaire sur "L’aster de Nouvelle-Angleterre"

  1. Ça donne le goût d’en planter! Est-ce que les hybrides attirent autant les papillons que les fleurs natives?

    • Les hybrides attirent généralement moins de papillons que les fleurs indigènes. Les indigènes sont mieux adaptées aux besoins des papillons locaux, offrant souvent une meilleure source de nectar et des conditions de reproduction plus appropriées. De plus, les hybrides peuvent parfois être moins parfumés ou avoir des formes de fleurs moins accessibles pour les papillons. Cependant, certains hybrides conçus spécifiquement pour attirer les pollinisateurs peuvent être tout aussi attrayants que les indigènes.

  2. J’adore vos articles. Votre enthousiasme est si communicatif! Je n’avais pas d’amour particulier pour les asters, mais après vous avoir lu, ça y est, je les aime. Vous combinez une info rigoureuse et détaillée avec un lyrisme joyeux. Un vrai plaisir!

  3. Chez moi, ils se ressèment ici et là. Les variétés hautes ont souvent besoin d’être tuteurées. Pour éviter ce problème, Harry Hodgson suggère de les rabattre au début de juillet pour éviter qu’ils ne deviennent trop hauts. L’an dernier, je l’ai fait, mais un peu trop tard en juillet je pense car la floraison a été un peu décevante (mais les abondantes pluies d’août ont peut-être nui, elles aussi).

  4. Merci!!! Je suis tellement d’acord c’est vrai que l’identification des différentes aster n’est pas facile! Vos descriptions sont très utiles ?

  5. Il y a une quinzaine d’années j’ai cueilli un petit plant le long d’un boisé à Laval. Je l’ai intégré dans une de mes platebandes et aujourd’hui, ils sont magnifiques et je les divisent à tous les ans. Ils attirent papillons et pollinisateurs et la floraison dure très longtemps .
    Merci pour tes articles Julie, ils sont très cool.

  6. Yves Lambert, vp de la FSHEQ

    L’Aster novae-angliae SP est l’emblème floral de la FSHEQ!
    Lors de la 46e AGA de la FSHEQ en 2023, la FSHEQ a présenté sa nouvelle fleur emblématique : l’Aster novae-angliae SP, une vivace d’automne de la famille des Astéracées.

  7. Marie-andrée Bernier

    Je laisse plusieurs tiges aux oiseaux puis je conserve la fleur qui devient un beau pompon brun comme plante séchée. En juin, chaud, je remets les pompons au sol, egraines, pour qu’elles se répandent à nouveau. Beau!