Par : Audrey Martel
9 mai 2024

Les plantes dans le Sud: rien à jalouser!

Tout d’abord, à mes fidèles lecteurs: wow! L’article de la semaine dernière Le jardinage, c’est du sport! vous a interpellés à un point… Je vous jure, je lisais vos commentaires et je rougissais! Et vous savez quoi? Ça me fait vraiment plaisir que ce soit cet article en particulier qui vous ait autant marqués parce que votre santé physique est super importante.

(En plus, j’ai adoré faire mes vidéos de coach Audrey!)

Aujourd’hui, c’est votre santé mentale que je vais soigner. Je veux rajouter une couche sur la règle des 15 pas de Larry, tout en vous parlant de ma lune de miel en Jamaïque. Oui, oui, même en lune de miel, j’ai pensé à vous!

(Tellement que je vous ai tourné quelques vidéos, mais je garde ça pour cet été. Et cessez de rêver tout de suite: je ne serai pas en bikini!)

La magnifique nature en Jamaïque

Avril 2024, mon conjoint (on n’est pas mariés, mais on a quand même décidé d’aller en lune de miel… Ça en a laissé plus d’un sceptique!) et moi arrivons en Jamaïque comme deux biologistes en vacances: on a choisi un resort plein de végétation, on a notre microscope, notre masque de snorkelling, et nos Imodiums.

On n’est jamais trop prudents en voyage. Heureusement, on n’a pas eu besoin du dernier élément de ma liste!

J’ai été tout à fait subjuguée de voir finalement en nature des plantes que j’avais jusqu’alors seulement vues en pots. Oui, ça existe des plantes géantes en pots, voire gigantesques, dans les jardins botaniques, mais ce n’est pas pareil.

D’abord, il y a la grosseur, mais aussi tout ce qui est naturel autour d’une plante: le vent dans ses branches, les oiseaux qui s’y perchent ou s’y nourrissent, son port naturel et non entretenu par un jardinier zélé qui coupe dès que la ramification n’est pas parfaite… Il y a tant de charme dans une plante «sauvage».

Une fois passé l’émerveillement de la majesté du paysage, je me suis évidemment mise à analyser tout ce que je voyais. À nommer, comparer, essayer d’attraper les lézards à mains nues (un échec), et j’ai réalisé que plusieurs des plantes utilisées dans l’aménagement sont aussi présentes dans nos salons. Jusqu’ici, j’imagine que vous n’êtes pas tombés en bas de votre chaise de surprise à la suite de mes constats. Pas d’empressement, ça s’en vient!

Mes «wow»!

Je me dois de mentionner deux plantes qui m’ont particulièrement marquée durant mon séjour. Premièrement, les crotons.

Je n’aim(ais) pas les crotons.

En général, les feuilles jaunes des crotons (et de certaines sansevières) me répugnent. On dirait qu’elles ne sont pas en santé. Franchement, une plante aux feuilles qui ont l’air d’une maladie? Si la jaunisse et la varicelle avaient un enfant, ça serait un croton.

(C’est un avis personnel, vous avez tout à fait le droit d’aimer les crotons! Mais j’ai pas fini…)

Même le nom est laid! Croton. Franchement.

Au Québec, on mange du creton. C’est globalement une bouette de porc avec des épices. Un peu comme une terrine ou un pâté. C’est bon, mais ce n’est pas glamour. Ce n’est pas une garniture chic. Votre plateau de charcuteries-fromages ne contiendra pas de cretons. Pardonnez cette seconde blague de merde dans un même article, mais croton, j’ai toujours trouvé que ça ressemblait à la contraction des mots crotte et creton. Vraiment, mais vraiment pas glamour!

Mais voilà, depuis que j’ai vu à quoi ressemble un croton au naturel, voire DES crotons… Je ne peux plus les détester. Une forêt de jaune, d’orange, de pourpre, digne des automnes les plus magnifiques du Québec, des arbres fournis jusqu’en bas, différentes formes de feuilles… Je suis… Vais-je oser le dire? Je suis tombée amoureuse… des crotons.

J’ai même été voir son nom latin, histoire de l’appeler autrement pour le trouver plus sexy. Sauf qu’en latin aussi, c’est croton. Tant pis, j’aurai essayé!

(Je n’en veux quand même pas chez moi)

Mon deuxième wow fut les monsteras… heu… pothos! Vous savez, cette plante plutôt banale, en forme de plante, qu’on a tous à la maison? Qui est facile d’entretien, facile à bouturer, facile à vivre? Eh bien, quand elle est en nature, elle a un tout autre potentiel…

Je savais que les feuilles devenaient fenestrées un peu comme les monsteras quand elles sont dans leur milieu naturel, mais ça? Regardez-moi cette tige, que je crois pouvoir appeler tronc. Regardez à quel point elle s’accroche au palmier, à quel point les feuilles sont rendues hautes! C’est complètement fou, fascinant, incroyable. La vie fait des choses merveilleuses.

Je ne vous montrerai pas le mien parce que… Hey! Non! Lâche la souris! FAIS PAS ÇA!

Je n’essaierai même pas de vous expliquer…!

La perfection… n’existe pas!

Je vous ai dit que je prendrais soin de votre santé mentale, ça commence maintenant. Une fois passé le choc de cette beauté (après quelques jours!), je me suis mise à voir autre chose. Les feuilles moches, les bouts dégarnis, les fleurs malformées… Le pauvre petit bégonia qui n’a que deux feuilles, le bout de terre nue où repose certainement un défunt plant.

Bien sûr, ça n’enlève rien du tout au charme, au contraire même! C’est la nature! Et c’est agréable de se dire que même dans son environnement idéal, le dieffenbachia fait dur! Le dracaena perd ses vieilles feuilles, qui pendouillent à plusieurs mètres du sol jusqu’à ce qu’un coup de vent soit assez fort pour les enlever. Les oiseaux du paradis sont pleins de bibittes. Les aglaonema sont molles…

Alors, la prochaine fois que vos plantes d’intérieur ne seront pas parfaites, eh bien dites-vous que même en nature, elles font parfois dur! On ne peut pas empêcher les vieilles feuilles de tradescantia de tomber. La différence, c’est que dans la nature, les tiges qui touchent le sol développent des racines et l’ensemble finit par ressembler à un joli buisson… mais en soulevant les feuilles, on réalise… que c’est tout aussi moche en dessous que dans notre pot à la maison!

Soyez indulgents avec vos plantes, mais surtout avec vous: la nature n’est pas là pour être belle, mais pour être fonctionnelle.

Meilleur exemple: le pothos. Après mon émerveillement sur le «comment c’est possible», je dois lui lancer un regard plus critique. Franchement, regardez cette gigantesque tige qui s’accroche comme un mille-pattes à son palmier!

Avec juste une petite touffe de feuilles au bout!

Honnêtement, si on ne regarde que lui et non le look d’ensemble, c’est laid: notre version «maison» est beaucoup plus esthétique au final.

Verdict: même si on veut la plus jolie des plantes, reculer de quinze pas et la trouver quand même laide, ça peut être juste… normal! Elle n’a pas nécessairement de problème.

C’était une bien belle lune de miel en passant, hihi!

Audrey Martel

Audrey Martel est une biologiste diplômée de l'Université de Montréal qui est dans le domaine de la vulgarisation scientifique depuis 2011. Elle a travaillé notamment pour Parc Canada, le zoo de Granby et Conservation de la nature Canada. Depuis 2022, elle est entrepreneure et se consacre à temps plein à sa passion: la création de contenu scientifique à travers des textes et des conférences. Elle se passionne pour les plantes et champignons comestibles, le comportement animal, les liens entre les espèces dans les écosystèmes, et la sensibilisation à la protection de la nature.

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