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Le chocolat, ça ne pousse pas sur les tablettes de magasins?

J’espère que vous êtes de bonne humeur et d’une ouverture à toute épreuve en lisant cet article, car il n’est pas tout rose. En fait, vous pourriez même éprouver des émotions intenses comme: l’envie de manger du chocolat, de la culpabilité, l’envie de vous faire un chocolat chaud, un certain dédain du capitalisme ou encore l’envie de faire un gâteau au chocolat… Personnellement, les émotions fortes, ça me donne envie de chocolat, alors imaginez si, en plus, il est question de… chocolat!

Photo: Anete Lusina

Quel est le lien entre un blogue de jardinage et le chocolat?

À mon sens, il y en a plusieurs. D’abord, le cacao, élément clé de cette douceur sucrée, pousse dans un arbre. Je sais, c’est surprenant, mais à la base, le chocolat, c’est un fruit.

Photo: Medicaster

Le cacao est d’ailleurs très bon pour la santé et a plusieurs vertus (je dis ça comme ça, hein!).

Ensuite, la culture du cacaoyer est un désastre écologique (et humain).

Quoi? Manger du chocolat est mauvais pour l’environnement à cause de la façon dont c’est cultivé?

En quelque sorte, oui…

Vous voyez le lien, maintenant? Pas d’inquiétude, je ne vous ferai pas la morale. Ça serait très déplacé considérant que je mange moi-même pas mal de chocolat. Mais je veux partager le problème avec vous, simplement pour que vous en soyez conscients. Je pense que c’est une question intéressante pour tous les jardiniers, même si cela ne se passe pas dans vos plates-bandes, et je suis d’avis que pour régler un problème, la première étape, c’est d’en parler!

Cacaoyer, cacaotier, ou cacao? Cabosse ou fève?

Avant de se lancer dans les mauvaises nouvelles, mettons au clair que… cet arbre se nomme Theobroma cacao. En français, on accepte donc d’appeler l’arbre simplement Cacao (puisque c’est le nom latin de l’espèce), mais afin d’éviter la confusion dans cet article, j’utiliserai «cacaoyer» pour parler de l’arbre et «cacao» pour parler de l’ingrédient.

Vous avez toujours dit «cacaotier»? C’est correct aussi! Je préfère la version en Y parce que quand je parle trop vite, cacaotier sonne comme cocotier. Et puis j’aime les lettres oubliées de la fin de l’alphabet!

Quelques faits étonnants sur le cacaoyer

Le cacaoYer, donc, est originaire du nord de l’Amérique du Sud et du Mexique. C’est un arbre assez petit (10 à 15 mètres, c’est tout petit dans le monde des géants tropicaux) avec de grandes feuilles, qui produit annuellement jusqu’à 100 000 fleurs. Pardon? Eh oui! 100 000! Cependant, seulement une fleur sur 500 sera pollinisée, et ce, tout au long de l’année; il n’y aura pas toutes ces fleurs en même temps sur l’arbre ni toutes les cabosses en même temps. Un autre fait étonnant: les fleurs poussent sur le tronc!

Les arbres en culture (qui sont taillés un peu plus petits) produisent jusqu’à 500 cabosses par an, ce qui donne 6 kg de cacao. La cabosse, c’est le fruit. Il ressemble à un ballon de football américain. À l’intérieur de la cabosse, on trouve les graines du fruit, les fèves, qui, une fois torréfiées et transformées, donnent le délicieux cacao.

D’ailleurs, son nom de genre (Theobroma) est en grec et signifie «nourriture des Dieux»! Ni plus ni moins!

Fèves de cacao. Photo: Aude

La domestication de cet arbre remonte à environ 4 000 ans en Mésoamérique (Amérique centrale). Chez les Mayas et Aztèques, le cacao était consommé sous forme de boisson plutôt amère, aromatisée de vanille ou encore de piment. On nommait ce breuvage réservé à la haute société le xocoatl, prononcé «tchocoalt». Une sonorité familière, n’est-ce pas? Le cacao était réputé pour donner de l’énergie et était associé à des divinités. En fait, il était tellement apprécié qu’il servait même de monnaie d’échange! Les Espagnols ont évidemment aussi été charmés par le cacao à leur arrivée en Amérique…

La culture du cacao

Aujourd’hui, la culture du cacao s’est implantée partout où c’est possible de faire pousser un cacaoyer. Après tout, plusieurs peuples semblent s’accorder sur le fait que c’est une plante délicieuse!

Pouvez-vous en faire pousser chez vous? Si c’était le cas, croyez-moi, je n’aurais que ça sur mon terrain! Malheureusement, cet arbre a des besoins très précis: 85% d’humidité, plus de 2 000 millimètres de pluie par an (!), et une température de 25 C° tout au long de l’année.

Franchement, on était émerveillés d’arriver à faire pousser des fraises en serre l’hiver au Québec il y a quelques années, alors on est loin, très loin, de pouvoir faire pousser des cacaoyers, et encore moins des cacaoyers productifs!

Cacaoyer sous les tropiques

La quasi-totalité du cacao est produite dans les régions où le climat est naturellement adéquat. On parle de l’Afrique de l’Ouest (qui produit 70% du cacao du monde), de l’Amérique du Sud et de l’Asie du Sud-Est. Oubliez les cultures en serre pour cette plante; ce serait très ardu et probablement pas rentable.

L’ennui, c’est que les régions tropicales sont également ce qu’on appelle des «hot spot de biodiversité». Ce sont les endroits les plus riches de la planète en espèces animales et végétales, des endroits souvent qui ont un impact sur des zones bien plus vastes, voire sur la planète entière!

Vous avez déjà entendu l’expression du «poumon vert» en référence à une vaste forêt? On parle souvent de l’Amazonie ou du Bassin du Congo en ces termes. Ces «poumons» séquestrent une grande quantité de carbone, un des gaz à effet de serre les plus problématiques actuellement.

Le cacaoyer étant une plante tropicale, c’est dans ces mêmes forêts qu’il se développe le mieux. Mais franchement, qui veut parcourir des kilomètres dans une forêt dense et passablement hostile, à pied, et avec un gros bagage de fèves de cacao sur le dos? D’autant plus que cette méthode n’arriverait JAMAIS à produire suffisamment de chocolat pour rassasier la planète!

La façon de procéder, afin de faciliter le travail (et les profits), est de défricher un territoire pour y installer une plantation de cacaoyers. Jusqu’ici, je ne crois pas vous apprendre grand-chose. Toutefois, les répercussions sur le milieu sont telles que la disparition de la forêt dite primaire entraîne des changements météorologiques dans la région. En plus des changements climatiques, certaines de ces régions tropicales reçoivent de moins en moins de pluie, ce qui affecte grandement le rendement de cette culture aux besoins importants en eau.

Photo: Chennawit Yulue

Des jardiniers en péril

Le prix du cacao est très variable selon les années en fonction de la productivité. Les fèves sont exportées pour être transformées en cacao, celui-ci va d’un pays à l’autre pour devenir du chocolat, puis est encore une fois exporté vers les commerçants: ça fait beaucoup d’intermédiaires. Quand vous achetez votre barre de chocolat favorite avec votre plein d’essence, son ingrédient principal a sans doute voyagé depuis la Côte d’Ivoire jusqu’en Allemagne, puis en Suisse, avant d’arriver à votre station-service. Et c’est sans compter l’entreposage, l’emballage, etc.

Résultat de ce tour du monde: chacun se prend une cote. Le cultivateur n’a qu’environ 6% des profits de la vente de ses fèves de cacao. Imaginez quand c’est une année peu pluvieuse en plus!

En Côte d’Ivoire, plus gros producteur avec 40% de la production mondiale sur son territoire, ce sont approximativement 6 000 000 personnes qui dépendent de cette culture. N’oublions pas que les machineries font souvent défaut dans ces régions du monde et que c’est bien souvent à la main qu’est réalisé le gros du travail. Cultiver, entretenir et récolter un champ de cacaoyers demande beaucoup de main-d’œuvre.

Photo : Pixabay

Le chocolat en péril?

Non, pas pour le moment, ouf!

Nous n’en sommes pas encore au point de non-retour, malgré ce que plusieurs alarmistes veulent nous faire croire. MAIS, il faut prendre soin de cette ressource pour éviter d’en arriver là. Malheureusement, nous ne pouvons pas faire grand-chose depuis notre position d’Occidentaux. Les problèmes de productivité dans les champs sont hors de notre contrôle: arbres vieillissants, sols appauvris, pestes nuisibles, perte de diversité génétique, complications liées aux monocultures ou encore aux mauvaises pratiques de culture ou de séchage des cabosses.

Toutefois, nous sommes les consommateurs, ce qui nous donne un grand pouvoir sur le marché! Je sais que le chocolat équitable ou écologique est plus cher et, pour ne pas vous mentir, je ne suis pas parfaite. Je me vois mal vous dire de boycotter les marques populaires alors que je ne le fais pas moi-même.

Notre pouvoir comme consommateur

Ce que je vous propose, c’est d’être à l’affût: maintenant que vous connaissez le problème, vous vous renseignerez peut-être plus? Peut-être que dans quelques années, une marque populaire annoncera un investissement pour aider les cacaocultures et vous choisirez d’acheter cette marque plutôt qu’une autre? En parler encouragera peut-être plus de recherches sur le sujet?

Je vous invite quand même, si vous en avez les moyens, quelques fois par année peut-être, à acheter une barre de chocolat ne provenant pas d’une grande marque. Renseignez-vous sur la provenance et le traitement apporté à l’ingrédient et voyagez avec votre barre de chocolat. Certes, elle vous coûtera le double ou le triple de ce que vous avez l’habitude de consommer, mais vous ferez un bon geste pour les cultivateurs aux bonnes pratiques et ceux-ci, avec leur succès, en inspireront peut-être d’autres?

J’ai fièrement relevé mon propre défi dès que j’ai mis le point final à mon article. C’est Anne de la boutique Mordicus, à Granby, qui m’a conseillé sur les chocolats responsables. Sa grande passion pour le sujet et la connaissance approfondie de ses produits fut en soi une expérience très agréable. Apprendre l’histoire du chocolat Bonnat fut un réel voyage. Elle m’a appris comment bien déguster mon produit pour en apprécier toutes les saveurs, et j’ai découvert un excellent chocolat qui m’a fait vivre une expérience gustative différente des autres chocolats, même ceux de bonne qualité!

Si vous êtes de la région, je vous invite dans cette charmante boutique récemment ouverte, sinon, je vous propose de vous renseigner sur les épiceries fines de votre région: on y fait de très belles découvertes!

Le présentoir des chocolats chez Mordicus (à ma prochaine visite, je dois essayer la tartinade de chocolat, vanille et noisettes de Madagascar, je dévorerais tout dans cette boutique!)

commentaire sur "Le chocolat, ça ne pousse pas sur les tablettes de magasins?"

  1. Bonjour Audrey, comme toujours j’ai pris beaucoup de plaisir à lire votre article, d’autant plus que je suis une folle dingue de chocolat, celui bien noir et peu sucré et aussi avec des fruits secs dedans . Je connaissais les problèmes concernant la culture et l’impact sur l’environnement et la main d’oeuvre et je dois avouer que comme vous je l’oubliais en faisant mes courses, mais là je vais être un peu plus eco -responsable …habitant en France je ne pourrais pas aller voir la jolie boutique dont vous parlez mais je trouverai bien dans ma ville l’équivalent ! Merci de prendre du temps pour vos lecteurs ! Cordialement

  2. Bonjour Audrey,
    Je suis probablement une des rares personnes à ne pas aimer le chocolat. En fait, j’en ai mal au cœur. Comme on me regarde de travers lorsque je le mentionne, j’en suis venue à dire que j’en étais allergique. Au moins, maintenant, je sais que j’aide la planète. Merci pour cet article et tous les autres d’ailleurs.

    • Nous sommes aux moins 2, moi aussi lorsque je dit que je n’aime pas le chocolat on me regarde comme un extra terrestre, j’assume….

    • Vous n’êtes pas seulement deux ….
      Ma nièce ne mange absolument aucun aliment sucrés; ni bonbon , ni chocolat , ni Aucun fruit . Semble t’il que c’est un problème de papilles 🙁

      C’est étonnamment particulier, surtout que mon père est un pâtissier et chocolatier …
      Elle déguste certains produits fait de pâte non sucré, car mon papa la gâte d’une autre manière!
      Pour ma part , je suis choyée , car recevoir une boîte fait à la main de «chocolat familial » ce n’est pas rien et cela nous en fait plus pour moi hihi !!!

      Excellent article, je comprends mieux maintenant les défis et excellente idée d’acheter du chocolat équitable !

  3. J’aurais aimé apprendre “comment bien déguster mon chocoloat pour en apprécier toutes les saveurs”. Déguster permet souvent de manger moins pour atteindre la satisfaction.

  4. Bonjour Audrey,
    Toujours agréable de vous lire. Je connaissais l’histoire de la face cachée du chocolat, les enfants esclaves…Je ne suis pas parfaite non plus, mais un rappel est toujours de mise. Au Québec, plusieurs commerces offrent des chocolats équitables, de beaux cadeaux de Noel en vue.

    • Bonjour Audrey, très bon article. Je vais justement à Granby la semaine prochaine et je vais faire un saut à cette boutique. Beaucoup de produits tous invitant les uns que les autres. Merci d’avoir partagé cette expérience. Luc

  5. Bel article, Audrey. Bien intéressant. Merci. Mais… le Mexique, c’est en Amérique du Sud, ça? 😉

    • Bien vu, il y a une coquille! On devrait lire : Du nord de l’Amérique du sud et du Mexique.

      Ni moi, ni la correctrice ne sommes infaillibles, une chance que vous étiez bien réveillé ce matin hihi merci, je vais corriger ça de suite!

  6. Merci pour cet article, j’ai appris des trucs! Perso, je consomme du chocolat Theobroma exclusivement et ce, depuis plusieurs années, que ce soit dans ma popote ou juste comme ça en dégustation. Je le recommande, il est délicieux et il y en a pour tous les goûts!

  7. Merci. Merci à ces milliers d´enfants anonymes et sans visages, enlevés de leur famille vers 9, 10 ans.
    Merci à ces jeunes esclaves qui n´ont que pour seul jouet leur machette de travail.
    Merci aux enfants cacaoyers de n´avoir que pour seule école, celle des besoins de la plantation et peut être, qu´après une quinzaine d´années de dur labeur, sans jamais avoir été rémunéré d´aucune façon, rien, niet, nada !! Alors son bon maître verra à lui accorder un tout petit minuscule lopin de terre où l´enfant esclave devenu adulte pourra y vivote de sa culture.
    Pour le reste de sa vie il restera esclave de cette fève sur des sols appauvris.
    Quand au cacao “équitable ” , il n´en a que le nom.
    Quand à l´empire qui a pour logo, une brave maman oiseau, un ver au bec nourissant ses trois oisillons dans le nid, disons que le ver est cet enfant esclave donné en pâture aux proprios de cet empire alimentaire mondial de 267 000 milliards de francs.
    Sous son aile, l´enfant adulte et vieillard esclave vivra heureux et nous devra sa vie
    ainsi que sa descendance pour amuser nos papilles. Bonne dégustation. L´esclave compte sur nous ! …

  8. Là où le bas blesse, ce sont les métaux lourds provenant des sols que l’on retrouve dans le cacao… Pas si sain que ça le cacao…

  9. Je suis une bouliminique du chocolat. Ça fait plusieurs années maintenant que ma source principale sont les morceaux de chocolat de Prana, entreprise québécoise qui a de belles valeurs. Ça fait des décennies que je boycotte les produits des grandes marques, notamment Nestlé. Nous avons de bon.nes chocalatier.ières au Québec, en France, en Espagne, à Prague où j’ai dégusté un chocolat chaud décadent dans un petit café, ma cuillère tenait debout dans la tasse, du chocolat noir fondu en somme. Je ne bois pas de café, le chocolat noir est mon péché mignon et je déplore les conditions de travail de ce secteur agro-alimentaire. Je vous invite à boycotter les produits qui se nomment tablttes (ou autres friandises) où le cacao est enseveli sous un amalgame de sucre et autres additifs. Savourons uniquement le cacao dans des produits qui le mettent en valeur.

  10. Merci Audrey. En tant que consommateur on a le devoir de connaître d’où viennent les produits qu’on consomme et dans quelles conditions on les produit. Je suis aussi un grand amateur de chocolat. Ton article me convainc d’en manger moins mais mieux. Le chocolat, les bananes, les avocats, le café, le sucre de canne et tant d’autres produits importés, aussi bon soient-il, ne sont pas des produits essentiels, on peut s’en priver si on se rencontre que la production, la transformation ou le transport sont trop lourds pour la planète et pour les gens qui habitent les régions où on les produit.

  11. Si on se rend compte, pas si on se rencontre, s’cusez.

    • Bonsoir Audrey,
      Merci pour votre article sur le cacaoyer et les problèmes de sa culture intensive. J’avais quelques infos mais ça a le mérite de la piqure de rappel et c’est nécessaire ! J’achète les tablettes en bio mais pas les cloches de Pâques, ni les pères Noel, ni les gâteaux d’anniversaire ….alors je vais tester le chocolatier talentueux qui a « pignon sur rue » dans ma ville ( France) pour savoir où il achète son chocolat et comment il choisit ses produits ! Réfléchissons à plusieurs ! C’est bien ! Bel automne à vous et au Jardinier Paresseux que je remercie pour les lectures intelligentes qu.il propose
      .Amitiés jardinières
      Catherine

  12. Bravo et merci pour votre article. Il me fait penser au devoir oral que tout élève belge rêve de pouvoir choisir depuis des décennies. A Bruxelles, jusque dans les années nonante (90), on pouvait visiter la grande fabrique de la marque Côte d’Or. Elle était située juste à côté de la gare et embaumait jusque très loin selon l’orientation du vent. Les passagers qui arrivaient à Bruxelles-Midi étaient accueillis par ce parfum ambiant très prononcé. Souvenirs, souvenirs… Beaucoup de marques équitables sont proposées en grande surface maintenant chez nous mais il est vrai que le très bon chocolat respectueux coûte cher. Je me ruine!

  13. Je travaille en Afrique depuis près de 30 ans, je suis spécialisé dans le domaine de la gestion environnementale et sociale de projet/investissement
    Le marché du cacao comme celui du café est souvent géré par des organisations publiques comme un Côte d’Ivoire (office du café-cacao) Pour le café, que je connais mieux que le cacao, le prix est basé sur des cours internationaux qui fluctue en permanence.
    Même si le cours du café vert arabica est un 3$ le kilo le producteur en touchera qu’une faible partie car il y a souvent de nombreux intermédiaires avant que le café soit emballé dans des sacs de 60 kilos et prêt à l’exportation. Le producteur touche à peine 0,50$ par kilo de cerise de café qu’il amène lui-même à une station de lavage (première transformation)
    Quand j’ai travaillé au Burundi sur la filière café en 2005 un groupe de producteurs venait de recevoir la prime « commerce équitable » Un de ces producteurs me dit que l’équivalent de sa prime lui permettra de se payer une bière! Cette société suisse qui avait l’accréditation de commerce équitable leur versait une prime qui était d’environ 5 cents par kilo de café produit.
    Les organismes d’accréditation sont en conflit d’intérêts, ils sont payés pour faire des accréditations et réaliser les audits qui permettre de les maintenir. Leurs coûts sont importants seules les grandes sociétés peuvent se permettre de faire accréditer et s’il ne les accrédite pas leur business tombe!
    Les coopératives de café ne le sont que de nom car c’est eux qui récupèrent l’ensemble des bénéfices et en redistribue très peu. Quelques personnes s’enrichissent sur le dos des producteurs.
    Un kilo de café vert arrivé à Montréal peut coûter entre 5 et 9 $. Le kilo après torréfaction (qui dure entre 15 et 20 min) peut être vendue entre 16 et 40$.
    Un coffee shop qui vend un expresso à 2$ utilise entre 10 et 12 g de café, de la vapeur générer par une machine qui a couté entre 5000 et 10000 $ dont durée de vie et de 15 à 20 ans donc l’amortissement d’un tel appareil est dérisoire. Donc un coffee shop fait entre 170 et 200 $ de revenu par kilo de café transformée en expresso. Bien sûr il y a d’autres charges telles que l’électricité, le barista, la salle, etc.
    Si on voudrait mettre un vrai système équitable en place ce serait les transformateurs de café vert (torréfacteur) et le coffee shop qui devrait faire ce retour vers les producteurs cela n’est pas sorcier il s’agit essentiellement d’établir une traçabilité qui aujourd’hui avec toutes les moyens technologique disponible peut se mettre en place aisément sauf que personne n’a intérêt à faire cela car tous tiennent à faire le maximum de bénéfices sur le dos des producteurs agricoles. Un jour viendra où ces producteurs vont disparaitre car de moins en moins de jeune veulent continuer à exploiter les terres de leur parents pour être en mode survie perpétuel.
    Donc se fier à un logo de commerce équitable pour faire ces achats et souvent payer plus pour rendre quelques personnes encore plus riches. Les retombées réelles au niveau des producteurs sont la plupart du temps dérisoire et non significative.

  14. Contrairement à ce qui est mentionnée dans l’article, il est possible d’appuyer de façon beaucoup plus direct les producteurs à améliorer leur plantation et faire du meilleur cacao sur leur surface et en plus grande quantité.

    Cette ONG https://ong-apaf.org a appuyé des milliers de producteur de cacao au Togo et en Côte-d’ivoire principalement et les libérant du joug des vendeurs d’engrais et de pesticide de manière durable et à peu de frais à l’aide des arbres fertillitaires.

    • Merci Audrey d’avoir abordé le sujet… et à M. Turcotte de nous avoir instruits plus précisément sur la problématique … Peu importe le sujet, il est toujours plus complexe qu’il n’y paraît… Je ne suis pas certaine du goût qu’aura ma prochaine bouchée de chocolat…

  15. Dans notre école secondaire à Oka, on vend du chocolat certifié équitable et biologique à 4$ le 100 gr à notre Magasin du Monde. Donc, pas vraiment plus cher. Il faut magasiner un peu. Il existe des alternatives et souvent le chocolat équitable est de meilleure qualité.

  16. intéresant comme arbre ce cacoyer mais salissant pour la planete merci je vais me retenir sur le chocolat mais c,est tellement bon !!!!!!!

  17. Votre article est vraiment très intéressant et instructif. Merci d’avoir partagé ces informations.

  18. J’adore le chocolat, mais là après ce long article sur le ravage écologique de la production du cacao, proposer une tablette de chocolat de chez Bonnat, chocolatier français en Isère, je fais gloups sur l’empreinte carbone…….!!!!

  19. Merci… je retiendrai “cacaoYer”… bon pour le Scrabble ! 😉