Par Marie-Andrée Asselin
17 août 2023

Créer des écrans végétaux comestibles

Chez mes parents, j’ai eu la chance de grandir en ayant accès à une belle grande cour arrière remplie de fleurs et de végétation. Malgré tout, les voisins n’ont jamais été bien loin. Grâce aux fameuses et si populaires haies de cèdres, j’ai toujours eu cette impression d’intimité. L’abondance de plantes diverses crée cet effet tampon qui éloigne visuellement et auditivement ce qui nous entoure à proximité.

En quittant le nid familial, j’ai bien vite réalisé que ce grand espace n’a rien d’acquis lorsqu’on vit en ville. J’ai déjà eu un appartement sans balcon, un appartement où je partageais un balcon, même un appartement où le balcon était tellement petit que je ne pouvais pas y déposer une chaise! La notion d’intimité prend dès lors un tout nouveau sens. Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir une petite cour. Reste que je suis directement dans la ruelle. Au fil des années, j’ai essayé toutes sortes de stratégies afin de créer une petite alcôve d’intimité autour de moi. Bien qu’une multitude de plantes ornementales puissent remplir à merveille cette mission, pourquoi ne pas avoir des structures végétalisées comestibles? Allons explorer mes bons et moins bons coups pour vous inspirer!

Les haricots grimpants

Bon, je sais que ce n’est pas une grande surprise, mais pourquoi s’en passer? Le haricot grimpant est l’écran d’intimité par excellence pour les petits espaces. Contrairement à une tomate ou à une courgette, le haricot peut être semé dans des pots peu larges et peu profonds. Une simple jardinière rectangulaire posée au sol peut faire l’affaire. On peut le semer très densément afin de créer une masse végétative abondante. À l’inverse du haricot buissonnant, le haricot grimpant fait une suite de floraisons, ce qui étend la production sur une longue période. Plus de haricots plus longtemps, c’est génial non? Assurez-vous que le haricot ait une surface pour s’accrocher: cordes, bambous, filets, clôtures: il grimpe partout où le soleil le mène. N’oubliez pas de porter attention à l’arrosage si vous semez dans un petit contenant. Plus le pot est petit, plus il sèche vite!

Les concombres

J’adore les concombres libanais, la production est tellement abondante! Si vous en plantez plusieurs, vous pourrez certainement les partager avec vos voisins! Faire grimper des concombres n’offrira pas un écran aussi dense que pourraient le faire les haricots, mais j’aime voir les grosses feuilles danser au vent et parfois laisser passer un rayon de soleil. Disons que ça donne un look plus diffus, mais non moins agréable.

Comme les concombres sont destinés à grimper, j’ai tendance à les semer plus rapprochés que si je les laissais courir au sol. Je les sème dans des bacs de 1 pied de large par 8 pouces de profond et ils s’en sortent très bien. Je ne sais pas jusqu’où peuvent grimper les concombres, mais chez moi ils atteignent facilement les arbres. Les petites vrilles partent à la conquête de tout élément avec une circonférence assez petite pour s’y accrocher, c’est assez impressionnant. Seul hic, le concombre étant une plante de la famille des cucurbitacées, il est possible qu’il soit affecté par le blanc ou l’oïdium. Cette maladie fongique peut compromettre l’aspect esthétique des plants durant la saison.

La tomate indéterminée

Mon coup de cœur de la saison! Cette année j’ai décidé de mettre trois plants de tomates indéterminées à l’endroit où je fais habituellement mon mur de haricots. Qui dit indéterminée, dit hauteur à définir (jusqu’où vont-elles grimper?). Les tomates indéterminées vont grimper tant qu’elles le peuvent contrairement aux tomates déterminées qui, elles, cessent leur croissance à une hauteur déterminée.

Les tomates prennent évidemment plus d’espace, elles ont été plantées dans un pot en géotextile de 6 pieds de long comportant 3 compartiments. Il mesure 16 pouces de large ainsi que 16 pouces de profond afin d’assurer un bon enracinement des plants. Il se trouve tout juste devant ma terrasse et j’ai la chance d’avoir une structure de bois en hauteur afin d’y attacher des cordes pour tuteurer les plants. J’ai complètement laissé aller les plants, sans taille, et je dois dire que le résultat est plutôt impressionnant! La multiplication des branches a rendu le tuteurage assez complexe, mais le résultat est plus que satisfaisant. Les plants ont facilement atteint le haut de la structure, qui se trouve à 8 pieds, et on ne voit plus la terrasse depuis la ruelle. Je suis pas mal fière! Et que dire de la quantité de tomates cerises? Une vraie réussite!

D’autres idées

J’ai aussi expérimenté la vigne à raisins et je trouve qu’elle est absolument magnifique. Nous sommes habitués de la voir en rangs et bien taillée dans les vignobles, mais lorsqu’on la laisse se déployer, elle peut être impressionnante. J’ai pu la cultiver en pot ainsi qu’en plein sol. En sélectionnant des variétés adaptées à notre climat, elles peuvent avoir une bonne résistance dans le temps et s’accommoder d’un sol assez pauvre.

J’ai aussi expérimenté le kiwi rustique. Il développe une grande quantité de tiges qui s’entortillent autour de tout ce qui se trouve sur son passage. Pour l’avoir cultivé en pot durant des années je peux dire qu’il est bien résistant, mais c’est en plein sol qu’on peut admirer son plein potentiel. Une amie est propriétaire d’un triplex sur deux étages. Croyez-moi ou non, mais les kiwis plantés devant sa maison atteignent aujourd’hui facilement le balcon du deuxième étage! Je ne le recommanderais donc pas pour les petits espaces. Il faut planter des plants mâles et des plants femelles pour avoir une production de fruits. Si telle est votre intention, prenez soin de le demander en jardinerie.  

Des idées qui ont moins bien marché

Mes essais de jardinage n’ont pas tous été des succès! Il y a quelques années, j’ai essayé le pois mange-tout, en pensant que ça aurait le même effet que les haricots grimpants. Je ne sais pas pourquoi, je n’arrive pas à leur faire prendre une bonne hauteur. Ils arrêtent de grandir à environ 4 pieds et stagnent. Pourtant, autour de moi, on me parle de hauteurs et de productions abondantes. Ce n’est peut-être juste pas pour moi. Chose certaine, après quelques semaines de production, le pois mange-tout a tendance à rapidement sécher et à être atteint par l’oïdium, ce qui réduit considérablement sa durée de vie. Si vous l’essayez, gardez cet élément en tête.

Terminons avec le cucamelon. Lorsque j’ai commencé à travailler aux Urbainculteurs, il y avait un véritable engouement pour le cucamelon. Comme plusieurs j’ai décidé de l’essayer et malheureusement ma passion ne s’est jamais développée. Le cucamelon grimpe de façon rapide et presque sans limite (il a atteint le haut de mes arbres! Oui oui!). Il produit une quantité ahurissante de petits concombres, mais est loin de créer un mur végétal dense. Ses feuilles sont plutôt petites et distancées et sa tige est frêle. Disons que l’aspect est très clairsemé! Pour moi ce ne fut pas un coup de cœur, mais tentez le coup à la maison, l’expérimentation est l’une des joies du jardinage!

Marie-Andrée Asselin

Marie-Andrée travaille comme horticultrice aux Urbainculteurs depuis 2015. Véritable référence au niveau technique, elle planifie et supervise la production des Jardins du bassin Louise et transmet ses connaissances à notre équipe d’horticulteur·rice·s. Vulgarisatrice hors pair, c’est une excellente formatrice et elle coanime Mâche-patate depuis l’été 2019. En dehors du travail, si vous ne trouvez pas Marie-Andrée en train de courir, skier ou boire une IPA sur une terrasse, elle est probablement en train de tricoter… ou de teindre de la laine pour son projet Couleurs locales!

laformation.urbainculteurs.org/courses/champignons?ref=b0696b

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