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La verge d’or, sauvage et si belle

Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au cours de sa carrière, en français et en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père accessibles au public. Ce texte a été publié à l’origine le 21 août 1993 dans le journal Le Soleil.


C’est un fait curieux de la nature humaine: nous ne semblons jamais apprécier ce que nous avons, mais convoitons toujours ce que possèdent les autres. Cela est vrai dans la vie de tous les jours… et tout aussi vrai dans le jardin. Prenons comme exemple la verge d’or…

Ici au Québec, où la verge d’or (Solidago) pousse à profusion à l’état sauvage, nous traitons cette plante comme une «mauvaise herbe» et l’arrachons de nos jardins et champs. Nous lui accordons également l’épithète — et sans raison — de «causeuse d’allergie». En fait, il n’existe probablement pas une seule plate-bande sur 100 où cette fleur sauvage trouve sa place. Et pourtant…

Transportons-nous de l’autre côté de l’Atlantique, en Europe, où la verge d’or n’est pas indigène. L’histoire est très différente. En effet, on aime, on adore, on porte aux nues cette belle étrangère venue d’Amérique. «La plus spectaculaire des fleurs d’automne», dit un spécialiste français. «Un mixed-border sans verge d’or? Impossible!», s’exclame un auteur horticole britannique. On en fait des croisements pour développer des variétés à floraison plus hâtive, à croissance plus compacte, à coloration plus variée. Cette «mauvaise herbe» bien de chez nous est une grande vedette outre-mer!

Photo: AnRo0002

Un mythe persistant

L’un des mythes les plus persistants à son sujet est qu’elle serait la cause du rhume des foins. Cette croyance vient de nos ancêtres qui, voyant que cette allergie commençait à chaque mois d’août en même temps que la verge d’or débutait sa floraison, lui en attribuèrent la cause. On sait aujourd’hui que la rhinite allergique saisonnière de fin d’été est causée non pas par la verge d’or, aux fleurs si voyantes, mais par l’herbe à poux (Ambrosia), aux fleurs verdâtres à peine remarquables. Pour que le pollen de la verge d’or provoque un «atchoum!» (car c’est quand même chose possible), il faudrait carrément se rentrer le nez dans la grappe de fleurs, car son pollen est trop lourd pour voyager avec le vent, contrairement au pollen léger de l’herbe à poux, qui est dépendant du vent pour sa pollinisation.

Mais même si la verge d’or n’était pas faussement accusée d’être allergène, il est peu probable qu’on lui donne de l’attention, car elle est trop courante à l’état sauvage. Après tout, on n’apprécierait pas non plus l’aster sauvage, qui fleurit en même temps que la verge d’or… jusqu’à ce qu’il nous revienne d’Europe avec ses lettres de noblesse et sous forme d’hybrides améliorés. Sous le nom d’aster hybride, il est maintenant l’une des vivaces à floraison automnale les plus populaires.

Une description

Tout le monde a déjà vu la verge d’or, car elle pousse autant en campagne, dans les champs et à l’orée des bois, que dans les terrains vagues en ville; mais peut-être que vous ne vous êtes jamais arrêtés pour essayer de la distinguer des autres «mauvaises herbes» (ou fleurs sauvages, selon votre point de vue), il s’agit d’une plante très variable, car on en dénombre plus de 125 espèces, dont bon nombre d’indigènes au Québec, mais toujours à fleurs jaunes en grappes qui ne s’épanouissent qu’à l’automne. Souvent la fleur est en forme de plumet léger.

La plante est généralement assez haute — 1 m à 1,25 m — et convient à merveille à l’arrière-plan du jardin où ses fleurs jaunes automnales volent la vedette au moment où les autres plantes de jardin commencent à se faner. C’est aussi une excellente fleur coupée et on peut la faire sécher pour décorer nos demeures l’hiver.

Photo: Anastasia Lashkevich.

Facile à cultiver

La culture de la verge d’or est des plus aisée. Soleil ou mi-ombre, sol sec ou humide, sol riche ou pauvre… elle s’adapte à tout. Une fois transplantée dans votre jardin, la verge d’or peut être facilement multipliée: il s’agit de la diviser au besoin au printemps. C’est sans compter qu’elle est riche en nectar pour les insectes.

«Nul n’est prophète dans son pays», dit le dicton, et c’est bien le cas de la verge d’or, une vedette québécoise mésestimée, mais magnifique! À nous maintenant de découvrir ses multiples apparats.


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Étiquettes + verge d'or


  1. Chez moi j´en ai à profusion, la taille lorsque trop haute et étouffe les fleurs pour les colibris. Composte la coupe pour le potager.
    Les plants taillés s´en remettent très bien font souvent des branches, donc plus de fleurs pour les polinisateurs. De plus étant ainsi moins hautes elles ont moins tendance à pencher et vouloir se coucher.

  2. Le miel produit par les abeilles qui butinent la verge d’or est mon favori. En humant une fleur de verge d’or, j’ai l’impression qu’elle sent le miel ! ?

  3. Bravo Mathieu! J’apprécie vraiment que les fleurs indigènes soient magnifiées… Article tellement d’actualité! Apprendre à reconnaître les fleurs indigènes nous permet de participer au maintien de la biodiversité.

  4. J’en ai également beaucoup à l’avant de la maison, cadeau laissé par les propriétaires prédécesseurs. Je croyais au départ avoir affaire avec des mauvais herbe. Mes parents, qui ont assisté à plusieurs conférences de M Hodgson, m’ont raconté l’anecdote que cette fleur était très prisée en Europe. Alors je la laisse tranquille et l’apprécie puisqu’elle nourrie effectivement les butineurs et qu’elle a fière allure

  5. Bonjour, je ne voudrais pas doucher votre enthousiasme pour ce solidago mais ici en France c’est une véritable calamité : une invasive pour laquelle nous dépensons énergie et argent pour en débarrasser nos zones humides où cette plante prend le dessus sur la biodiversité locale ! Un bon point pour elle, elle est facile à arracher contrairement à la renouée du Japon qui est probablement la pire invasive possible ?Aucun moyen d’éradication ici.

  6. Le meilleur miel des abeilles qui ont butiné la Verge d’or.
    Mon enfance à la campagne…

  7. Je me permets de reproduire ce commentaire d’hier à propos de l’ACONIT qui représente un très grave danger .

    DANGER GRAVE !!!!! Effectivement l’aconit est une des plantes les plus toxiques au monde ; l’aconitine est un poison mortel pour lequel il n’existe aucun antidote, donc effectivement à éviter s’il risque d’y avoir des enfants à proximité. La couleur vive et la forme des fleurs de plus présente un peu les mêmes dangers que la digitale (gants de Notre Dame) incitant les enfants à glisser leurs doigts dans les fleurs. Il faudrait vérifier aussi pour l’amsonie qui comme la plupart de apocynacées risque d’être toxique.

  8. Toutes mes excuse, préoccupé par mon sujet, j’ai oublié de m’identifier.

  9. Enfants, nous avions construit un camp couvert de verge d’or; ça sentait bon mais… ça attirait trop les butineuses… hahaha

  10. Je suis heureuse de dire que je cultive de la verge d’or dans mon jardin depuis plusieurs années. C’est aussi une belle plante médicinale, tonique des reins. Et tellement belle!

  11. la verge d’or est utilisée en phytothérapie pour traiter les reins ..

  12. Oui, on peut être allergique à la verge d’or. J’ai passé des tests d’allergie pour des arbres et plantes, et il y en a un pour cette plante. Le test a prouvé que j’y suis allergique (ce n’est donc pas une légende). Je trouve toutefois la plante belle et aussi attirante pour les pollénisateurs. Je ne m’y expose pas en période d’allergie. Je ne vais surtout pas au Marais Léon-Provancher (où il y en a à profusion tout autour) à Neuville au Québec. Mais vous, allez-y.

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