À chaque mois sa plante, juillet 2023: le Radermachera sinica

L’autre jour, comme ça arrive souvent, j’ai ramené une nouvelle plante à la maison et je l’ai montrée à mon copain. D’habitude, il me répond d’un ton au mieux vaguement intéressé «C’est cute» et, deux secondes plus tard, ne pourrait rien nommer de la plante sauf qu’elle est verte. Toutefois, j’ai eu une différente réponse quand j’ai ramené un petit pot de semis de Radermachera sinica: «On dirait du persil».
Toute plante qui tire une réponse divergente mérite d’être la plante du mois!
Origine
Appartenant à la famille des Bignoniacées, Radermachera est un genre de 17 espèces d’arbres d’Asie du Sud-Est. Il a été nommé ainsi en l’honneur du botaniste néerlandais Jacob Cornelis Matthieu Radermacher, qui a beaucoup travaillé sur la faune et la flore d’Indonésie. Il a tragiquement été tué lors d’une mutinerie à bord de son bateau le 24 décembre 1783, alors qu’il était au début de la quarantaine.
De tous les Radermachera qu’il existe, seul R. sinica est cultivé comme plante d’intérieur, un intérêt d’ailleurs plutôt récent. Il n’existe pas encore d’autre cultivar que sa forme de base. Ses noms communs sont Radermacher de Chine et, en anglais, China Doll, Asian Bell Tree, Emerald Tree ou Serpent Tree.
Description
Les Radermachera sont des arbres au feuillage caduc, avec des feuilles bipennées ou tripennées, c’est-à-dire que chaque feuille est composée d’un pétiole commun et, latéralement, de pétioles secondaires d’où émergent les folioles, dentées ou non. Celles-ci sont d’un beau vert luisant et constituent le principal attrait de la plante. Dans la nature, le Radermachera est un arbre au tronc épais, qui peut avoir jusqu’à un mètre de diamètre et qui peut atteindre jusqu’à 30 mètres de haut, et avoir une quantité astronomique de petites folioles de 2 à 4 centimètres de long. Les fleurs en forme de trompette, blanches, fleurissent de nuit et meurent à l’aube.

L’apparence du radermachera est bien différente comme plante d’intérieur. Tout d’abord, bien qu’il grandisse assez rapidement, il dépassera rarement les 1,5 mètre de hauteur. Sa tige dressée, d’abord verte, se couvre d’écorce avec l’âge et reste étroite tout le long de sa vie. Le radermachera peut produire plus de branches et avoir une apparence moins filiforme s’il est taillé. Plusieurs semis ou plantes juvéniles sont souvent vendus dans la même potée pour lui conférer une apparence touffue. Il ne fleurit pas à l’intérieur.

Conseils de culture

Lumière
Certes, on dit que le radermachera peut tolérer une lumière moyenne ou faible, et il le fera… pendant un certain temps. Cependant, il ne poussera bien qu’au plein soleil. Il est recommandé de lui faire passer l’été dehors – on l’habituera alors graduellement au plein soleil.

Arrosage
L’aspect qui est probablement le plus difficile avec le radermachera est de comprendre ses besoins en arrosage. C’est effectivement cela qui fait que plusieurs personnes ont du mal à le conserver longtemps. Il faut y aller avec doigté, car l’arrosage optimal est difficile à atteindre: on veut un terreau uniformément et constamment humide, sans toutefois que les racines traînent dans l’eau. Si le radermachera reçoit trop d’eau, ses feuilles noircissent et s’il n’en a pas suffisamment, elles jaunissent en s’asséchant.
Soyez attentifs au comportement de votre plante pour vous ajuster.
Humidité atmosphérique
Dans un environnement sec, les feuilles basales du radermachera s’assèchent rapidement (surtout en défaut d’arrosage). Il a besoin d’une humidité un peu plus élevée que plusieurs plantes couramment cultivées à l’intérieur. En revanche, il n’est pas non plus trop exigeant: j’ai le mien bien entouré d’une dizaine d’autres plantes, créant ainsi un microclimat légèrement plus humide, et il se porte plutôt bien. Sinon, vous pouvez toujours mettre un humidificateur à proximité, surtout pendant les mois d’hiver, pour augmenter l’humidité.

Terreau et rempotage
Un terreau pour plantes d’intérieur conviendra très bien, notamment celui à base de fibres de coco, qu’il est plus aisé de garder uniformément humide.
Engrais
Dose recommandée durant la période de croissance.
Température
Une température entre 6 et 24 degrés Celsius est recommandée. Dans son livre, Les plantes d’intérieur, le Jardinier paresseux suggère de lui éviter les chaleurs intenses (plus de 25 degrés). Voir plus bas pour ma propre expérience relativement à cette recommandation.
Entretien
Sous de bonnes conditions, le radermachera a une croissance vigoureuse et il faut le tailler pour éviter de le voir monter en flèche. Cette taille permet de stimuler la ramification, permettant à la plante de devenir plus compacte et généralement plus attrayante. À l’occasion, il convient de retirer les feuilles basales séchées (elles se détachent facilement). Enfin, il est bien de le sortir durant l’été et le rentrer dès que les températures descendent sous 15?.
Multiplication
On peut le multiplier en faisant des boutures des tiges qui ne sont pas encore recouvertes d’écorce ou par marcottage aérien, pour les personnes qui aiment se compliquer la vie. Il est aussi apparemment possible de le faire pousser par des semis, mais encore une fois, je me contenterais de la traditionnelle bouture.
Problèmes
- Folioles de base qui jaunissent: manque d’eau, humidité atmosphérique trop basse;
- Folioles dont les extrémités noircissent: excès d’eau;
- Ravageurs: aleurodes, cochenilles (des racines, farineuses ou à carapace), pucerons, tétranyques et thrips.
Toxicité
Non toxique, mais la sève peut irriter les personnes qui y sont sensibles.
Conseils lors de l’achat
Les radermacheras sont souvent vendus sous la forme d’un amas de semis. Bien qu’attrayants, les semis ne sont pas particulièrement heureux dans cet environnement. Que faire quand votre plante d’intérieur est une touffe de semis?
Pour la petite histoire…
J’ai acheté un petit radermachera ressemblant vaguement, selon certaines personnes, à du persil. Je l’ai placé à un mètre d’une fenêtre orientée sud, avec une belle lumière. Un à un, les semis qui constituaient la belle potée se sont mis à sécher et à mourir, bien que j’aie gardé le terreau uniformément humide (au meilleur de ma capacité, disons). C’était le désespoir total.
Il ne restait qu’une plante à la fin de ce funeste printemps et, en proie à un terrible désarroi, j’ai décidé de tenter le tout pour le tout: j’ai pris la malheureuse plante, je l’ai rempotée dans une boîte à fleurs de taille modeste et je l’ai balancée sans grande délicatesse dans un endroit dehors, au plein soleil, pour tout l’été.
Quelques semaines plus tard, alors que je l’arrosais à l’occasion, mais pas tant que ça, j’ai été surpris de voir le radermachera non seulement reprendre, mais également pousser à grands coups de folioles, développer un petit tronc assez solide pour résister aux bourrasques estivales et, surtout, se garnir de nouvelles multiples tiges, lui conférant une bien jolie apparence.
Quelle surprise, quel régal!
Bien sûr, avec le mal qu’il m’avait donné, je redoutais cependant la rentrée, où j’ai dû le rempoter à nouveau en serrant la masse de racines qu’il avait faites entre-temps, et le remettre à sa place dans un pot trop petit, un peu trop loin d’une fenêtre et dans une humidité de maison sans humidificateur, mais avec trop de plantes (une autre observation de mon copain).
Que nenni! Depuis ce jour, cette plante est très facile pour peu que je porte un peu attention à l’arrosage (j’ai oublié une fois et elle a perdu quelques feuilles, c’est tout). Pas d’autre caprice, pas d’autres problèmes, pas d’insectes, que du bonheur.
Peut-être que mon expérience est unique. Toutefois, voici mon conseil si vous voulez vous essayer à cultiver le Radermachera sinica: ne pleurez pas trop si deux trois plantes passent l’arme à droite… et achetez-le au printemps ou au début de l’été!
Conclusion
Le radermachera sinica est une étoile montante des plantes d’intérieur, malgré une culture délicate, surtout sensible au niveau de la lumière et de l’humidité. Toutefois, une fois qu’on s’habitue à elle – et qu’elle s’habitue à nous –, c’est une jolie plante grâce à la forme de ses feuilles et à leur belle couleur vert brillant.

Encore une fois vous m’avez charmée avec votre plante du mois. Je vous remercie monsieur Laverdure de nous transmettre votre enthousiasme pour ces végétaux un peu moins connus. Longue vie à votre chronique.
Bonjour !
J’ ai le bonheur e posséder ce Rachermachera sinica .
Petite plante délicate decouverte chez Tigre Géant.J’ai été séduite par la forme des feuilles et la couleur luisante
C’ est la première fois que j’ entend quelqu’un qui en possède une et décrit ses expériences. La China Doll est ravissante. Que du bonheur !!!
Bonjour monsieur Laverdure,
J’ai bien aimé votre petit chronique sur cette plante que je ne connaissais pas. Une partie de moi a envie de relever le défi. ???
Au plaisir de vous relire!
Bonjour Colin,
À mon humble avis, tant que vous n’aurez pas besoin d’une machette pour vous déplacer dans votre maison, vous n’aurez pas trop de plantes vertes.
Je suis contente de connaître mieux cette plante et ses caprices. Vous écrivez: soyez attentifs au comportement de votre plante. Pour moi, c’est indispensable quand on cultive des plantes.
Enfin, l’expression juste est passer l’arme à… gauche. Voyez d’où vient cette expression https://www.europe1.fr/culture/pourquoi-passe-t-on-larme-a-gauche-quand-on-meurt-4046190
Merci Monsieur Laverdure.
J’ai ramassé un spécimen de cette plante qui était en train de mourir, à la pharmacie, il y a qq années. Je l’installe devant une fenêtre à l’est et elle vivote jusqu’à la fin de l’hiver. Là, je lui fais une sévère coupe de cheveux avant de l’envoyer jouer dehors ! En fait, je lui ai enlevé le 2/3 de la plante cette année et les nouvelles feuilles, qui n’ont pas peur du soleil direct, poussent très vite et ont déjà recouvert les arbres. C’est une belle plante, qui peut perdre toutes ses feuilles si qqch ne va pas, sans en mourir. Elle est magnifique devant une fenêtre, laisse filtrer beaucoup de lumière mais cache du regard extérieur. J’adore !
J’ai déjâ cette petite plante et je l’adore,je traite mes plantes de la même manière et ça vas bien,pas de problême.
“On dirait du persil.”
J’avais tout de suite pensé à une bignone (campsis).
Bignone, allons voir si la rose…comme disait Ronsard.?
j’ai tellement ri! Idem pour mon chum : une autre plante ? Ah bon! Quel espace aura-t-elle besoin aurait été sa question probablement (ayant déjà eu un oiseau du paradis, l’arbre svp! 12 pi de haut… il a déménagé dans un plus grand espace XD).
j’aime les défis mais celui-ci … je me retiens XD
j’aurais besoin du climat des UK pour la cultiver ou…
oh oui! la côte est américaine où il pleut régulièrement et où j’aurais plaisir de la voir s’épanouir (et d’y vivre ! soleil toute l’année sur ma peau !).
Merci pour cette découverte!