Petits arbres fiables pour les jardins de ville
La plantation d’arbres en milieu urbain est pour moi une évidence. Je m’étonne chaque fois que je croise un citoyen qui maugrée parce que la Ville l’oblige à planter un arbre sur sa propriété. Les arbres en milieu urbain contribuent pourtant à réduire l’effet négatif des îlots de chaleur, ils purifient l’air, et que dire de leurs effets bénéfiques, non seulement sur la santé, mais en général!
Voici donc quelques arbres aux dimensions tout à fait adaptées pour les petites cours et les petites façades. Atteignant moins de 6 mètres de hauteur, ils sont tout indiqués pour une plantation sous des fils électriques, des cordes à linge ou tout autre câblage suspendu dans les airs. Ce sont aussi des arbres de bonne qualité: robustes, fiables et peu touchés par les insectes et maladies. Des choix parfaits pour quiconque ne veut pas se soucier outre mesure de ces arbres une fois plantés.
L’indigène au look asiatique
Le cornouiller à feuilles alternes (Cornus alternifolia, zone 3) est un petit arbre que l’on retrouve naturellement dans les forêts du centre et de l’est du Canada et des États-Unis. Dans son environnement naturel, on le remarque bien peu tant il est peu développé et entremêlé dans la strate arbustive. Cependant, donnez-lui un bon sol et un peu de soleil et le voilà absolument splendide et renversant. À maturité, cet arbre qui dépassera à peine 6 mètres déploie ses branches étagées, toutes étalées à l’horizontale. Cela lui donne l’allure d’une pagode, d’où son association fréquente avec les jardins d’inspiration asiatique. Au début de l’été, la plante se couvre de fleurs blanc crème, très appréciées des pollinisateurs. Apparaissent ensuite des grappes de fruits qui passeront du blanc, au rouge puis au bleu foncé, presque noir. Ces derniers sont rapidement dévorés par les oiseaux. Donc, pas de fruits tachants qui tombent au sol.
C’est une plante très rustique qui convient même aux jardins situés plus au nord. Le cornouiller à feuilles alternes est aussi facile à cultiver dans un jardin ombragé. Peu d’insectes et de maladies s’y intéressent. À l’automne, les grandes feuilles tournent au pourpre, au violet ou au bronze, selon les conditions d’ensoleillement. C’est donc un arbre intéressant en tout temps.
Le charme printanier aux fleurs étoilées
Ici, j’ose. J’ose vous proposer un magnolia. Mais pas n’importe lequel! Le magnolia étoilé (Magnolia stellata, zone 4b) est un des magnolias les plus rustiques de tous. Aussi spectaculaire en fleurs que son cousin moins rustique, le magnolia de Soulange (Magnolia x soulangeana, zone 5), le magnolia étoilé aime tout de même les endroits à l’abri des grands vents. Ce sont ces derniers qui, bien souvent, provoquent l’avortement des précieux bourgeons floraux. Cette condition respectée, les magnolias sont des plantes formidables qui poussent aussi bien au plein soleil qu’à la mi-ombre. La floraison, ce moment où l’arbre se couvre de grosses fleurs étoilées, se manifeste très tôt au printemps, souvent avant l’apparition des feuilles. Celle-ci ne dure que quelques semaines, mais quel moment spectaculaire! La floraison des magnolias marque bien la fin du rude hiver. Par la suite, la plante se garnit de larges feuilles vertes, peu attaquées par les parasites. Pas de coloration automnale spéciale chez les magnolias, sinon un jaune doré qui vire au brun. Cependant, l’écorce d’un beau gris clair est assez décorative en hiver. On s’intéressera au cultivar ‘Royal Star’ à fleurs blanches qui atteint 4 mètres de hauteur.
La colonne dorée aux feuilles bilobées
Dérogeons un peu du chemin tracé en proposant un arbre de forme colonnaire, l’arbre aux 40 écus ‘Menhir’ (Ginkgo biloba ‘Menhir’, zone 4). Même si cet arbre peut atteindre 8 à 10 mètres de hauteur à maturité, il est de croissance si lente, qu’il n’atteindra pas cette taille avant plusieurs années. Ensuite, c’est un arbre étroit, d’au plus 2 mètres de largeur, ce qui fait qu’il est facile de le positionner de manière à ce qu’il se faufile entre les fils suspendus de la cour urbaine. Le ginkgo est un arbre reconnu depuis longtemps pour sa grande tolérance aux conditions urbaines. Il est complètement ignoré des insectes et des maladies. Sans floraison spectaculaire et sans fructification, car la plupart des variétés commercialisées sont des plants mâles, le principal attrait de cet arbre est son feuillage de forme unique. La feuille ressemble à un éventail ouvert doté d’une petite fissure en son centre. Ce magnifique feuillage à deux lobes se pare d’un beau jaune doré à l’automne. C’est une des belles colorations d’automne de la ville!
Ceux qui recherchent le charme de l’arbre aux 40 écus, dans une forme plus compacte s’intéresseront au cultivar ‘Pendula’ qui a un port à la fois étalé et pleureur et qui atteindra 3 mètres de hauteur.
Le bel inconnu au doux parfum
Ceux qui auraient envie d’essayer «autre chose» pourront se tourner vers le maackia de l’Amur (Maackia amurensis, zone 3). Relativement nouveau sur le marché québécois, cet arbre d’environ 6 mètres de hauteur mérite qu’on s’y attarde. D’abord pour son joli feuillage composé, un peu comme celui des robiniers, et pour son port assez arrondi. Mais c’est surtout la floraison qui est le principal attrait de la plante. Les minuscules fleurs blanches s’assemblent en longues grappes et elles dégagent un délicieux parfum. On vit alors une scène typique de la floraison des tilleuls: on marche, on hume un doux parfum et on lève les yeux, à la recherche du coupable. Et c’est là qu’on réalise que le parfum provient d’un beau grand tilleul en fleurs! Bref, même scénario avec les maackias, sauf que le délicieux parfum se manifeste en juillet. Dans tous les cas, cet arbre a de bonnes chances de se retrouver de plus en plus sur la liste des arbres à planter en milieu urbain.
Ici aussi, peu d’insectes, peu de maladies sur un arbre très résistant et bien rustique. Le cultivar ‘Summertime’, introduit par l’Université du Minnesota, a un port plus compact et plus arrondi que l’espèce.
On aurait pu ajouter à cette liste l’érable de l’Amur (Acer tataricum subsp. ginnala, zone 3) qui est une valeur sûre à tous les niveaux. Les amélanchiers (Amelanchier spp.) méritent aussi toute notre attention, même si les fruits sont quelquefois touchés par la rouille. L’amélanchier demeure quand même un bon choix pour les petits espaces urbains. On trouvera aussi sur ce blogue une liste très détaillée des petits arbres pour petits terrains. Les possibilités sont nombreuses et le réchauffement climatique ouvre la voie à de nombreuses nouvelles espèces, comme les gainiers (Cercis spp.), les virgiliers (Cladrastys spp.) ou l’arbre des neiges (Chionanthus virginicus). À nous, la ville!
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Faisons-leur une belle place, ils sont très importants. Je pense à tous ceux qui sont tombés durant le verglas comme des soldats au combat…il faudra les remplacer. J’aime beaucoup tes articles. MH
Bonjour Julie,
De quel blogue parlez vous ?
Merci,
Il manquait un lien. Je viens de l’ajouter!
Amur, amur , quand tu nous tiens, on peut bien dire adieu prudence (Jean de la Fontaine). Un peu tiré par les cheveux, n’est-ce pas ?
Soyons sérieux. Je ne sais si c’est une question de climat, mais en France, les ginkos poussent assez vite et peuvent, je l’ai observé peuvent prendre assez rapidement des dimensions considérables.. Quand on achète un plant de ginko, plante dioïque, on a en effet intérêt à exiger un mâle, les fruits du ginko femelle répandant une intolérable odeur. Le ginko, arbre “préhistorique”(on prétend que c’est le plus vieil arbre du monde) est particulièrement résistant, un spécimen a même survécu à a bombe d’Hiroshima.
Au fait, comment va le temps chez vous ? Hier imposable de se connecter sur le Jardinier Paresseux. J’ai pensé en voyant les infos que c’était peut être dû aux graves intempéries qui ont sévi sur le Québec.
En effet, un important verglas a immobilisé la grande région de Montréal pour plusieurs jours. 😉 Mais tout est rétabli maintenant!
Merci de vous informer, J.J.! Ici, dans la région de l’Outaouais (sud-ouest du Québec), la tempête a fait passablement de dommages à nos beaux grands arbres feuillus dont les branches ont ployé et cassé sous le poids du verglas et se sont retrouvées sur les fils électriques. Panne de courant pendant un peu plus de 27 heures (personnellement) mais heureusement, grâce à une génératrice, nous avons réussi à préserver le contenu du réfrigérateur et à déguster un bon petit café pour nous garder au chaud. 🙂 Beaucoup de dommages aussi dans la grande région de Montréal (ou se trouve fort probablement les bureaux du Jardinier Paresseux). Mais…, après la pluie, le beau temps! Le soleil brille haut et fort aujourd’hui et la température sera beaucoup plus clémente et digne du printemps dans les prochains jours. Amour, amour… 😉
Moi qui cherche justement un arbre petit format pour ma cours avant, merci pour les idées!
Article très intéressant!
Je dois faire abattre mes deux frênes malades devant la maison.?? Quel vide ils laisseront… Je veux planter un arbre résistant, à croissance très rapide et qui deviendra grand et gros.On m’a parlé de l’orme accolade. Avez-vous d’autres suggestions (ville de Québec)? Merci!
L’orme ‘Accolade’ est un très bon choix pour la région de Québec. L’orme est pratiquement un arbre-emblème de la région! Les chênes (rouge, à gros fruits, des marais, etc.) sont aussi de très bon choix!
J’ ai fait des recherches pendant plusieurs mois pour trouver une essence sans maladies, n’ intéressant pas les insectes (scarabée japonais) sans cosse, croissance rapide, résistant aux vents. J’ ai opté pour le févier Sunburst au port étalé en voyant un spécimen dans ma ville. Absolument magnifique! Jaune soleil au printemps et à l’ automne!
Véronique @ Renseignez vous à propos du liquidambar (ou copalme d’Amérique). au très beau feuillage surtout en automne. Etant donné son origine, il ne devrait pas poser de problème, et se développe relativement lentement.
Véronique, il y a tout en haut de cette page, un espace prévue pour ta question et sauf erreur, la réponse à ta question s’y trouvera.
Les citoyens qui maugréent à Laval doivent vivre avec des tilleuls énormes, dont les racines et les branchent sont problématiques: à preuve, le mien a perdu une branche qui, à califourchon sur la ligne de basse tension, a privé tout le quartier d’électricité pendant plus de deux jours cette semaine. La branche que les émondeurs de la Ville ont refusé d’élaguer il y a quelques semaines car ils venaient pour dégager le passage de la souffleuse chez mes voisins d’en face, pas pour réduire le risque pour une ligne d’Hydro… Ma branche n’était pas au menu. Si Laval s’occupait des arbres qu’elle à plantés, nous les aimerions davantage.
Je suis à la recherche de petits arbres mais qui poussent relativement vite. La ville a coupé 6 frênes sur le bord de mon terrain et j’aimerais planter des arbres qui pousseraient vite sur mon terrain 5b. J’aime un arbre qui fleurit et donne des fruits pour les oiseaux mais ce n’est pas essentiel. Que pensez-vous des sorbiers? merci
Bonjour pas vraiment d’accord avec votre commentaire concernant le ginkgo. Le nôtre est vraiment très haut et large. Il lui pousse de très longues branches horizontales. Mais c’est un arbre superbe qui perd ses jolies feuilles jaunes à l’automne souvent presque toutes en même temps.
En effet, il faut choisir des variétés naines.
Arbre que jaime beaucoup : lilas japonais
Tronc unique, résistant au froid zone 3, résistant aux maladies, pas de taille à faire
Il fleurit après les autres lilas, de beaux panicules ivoire. Bel forme.