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Le bouturage: petit miracle quotidien

Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au cours de sa carrière, en français et en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père accessibles au public. Ce texte a été publié à l’origine dans le journal Le soleil, le 25 février 1995.

À bien y penser, il est plutôt surprenant de pouvoir couper un morceau d’une plante pour en faire une autre. C’est un peu comme si on pouvait découper son petit doigt afin de faire un autre être humain qui nous est strictement identique! Pourtant, avec les plantes, un tel miracle ne relève pas de la science-fiction, mais d’une action tout à fait naturelle. Pour plusieurs plantes, il s’agit même de leur méthode habituelle de reproduction: le bouturage.

Photo: Julie from Wexford

Bouturer pour se multiplier

En effet, plusieurs plants ont depuis longtemps adopté le bouturage comme moyen principal de multiplication. Presque tous les arbres poussant sur le bord de l’eau : les saules, les peupliers, etc. ont la capacité de se régénérer à partir d’une branche cassée. La branche tombe à l’eau, est emportée par le courant et, si elle échoue sur un banc de sable, s’enracine et fait un nouvel arbre. D’ailleurs, plusieurs îles trouvent leur origine dans des bancs de sable originellement fixés par ces « saules voyageurs ».

Dans le Grand Nord, aussi, le bouturage est un moyen de reproduction fréquent. Durant le court et froid été arctique, les semis n’ont pas toujours le temps d’atteindre la maturité avant l’arrivée du froid, mais une brindille cassée par le vent ou le passage d’un animal aura le temps de s’enraciner… et voici donc que parfois, sur plusieurs kilomètres carrés, tous les mélèzes, épinettes, bleuetiers ou saules arctiques, nanifiés par le froid au point de n’être plus que des buissons aplatis et rabougris, sont tout à fait identiques, résultant d’un clonage à grande échelle à partir d’un seul parent ayant pu prendre racine il y a plusieurs milliers d’années.

Mais nul besoin de vivre dans le Grand Nord ou sur le bord de l’eau pour faire du bouturage : vous pouvez facilement imiter l’œuvre de Dame Nature dans votre propre demeure, avec des matériaux que vous avez sans doute déjà sous la main.

La plante-araignée produit déjà des bébés, complets avec des racines, au bout de leurs stolons retombants. Photo: Auntie P.

Tout un choix

Presque toutes les plantes d’intérieur peuvent être bouturées: plantes vertes, plantes à fleurs, cactées, etc. Il n’y a, essentiellement, que les palmiers qui refusent obstinément de participer! Certains végétaux, comme la plante-araignée (Chlorophytum), rendent même le bouturage particulièrement facile en produisant déjà des bébés, complets avec des racines, au bout de leurs stolons retombants.

Pour votre première expérience de bouturage, choisissez justement une plante «facile», comme la plante-araignée, le coléus, le philodendron, l’impatiente, etc.

Évitez les plantes à tiges ligneuses, c’est-à-dire, avec un tronc en bois, car elles sont plus lentes à s’enraciner, ce qui augmente les risques d’échec.

Quelques matériaux de base: terreau, un pot propre, un couteau tranchant et un sac de plastique transparent. Photo: Mathieu Hodgson

Une méthode infaillible

Vous n’avez besoin, pour le bouturage maison, que de quelques matériaux de base: terreau, un pot propre, un couteau tranchant et un sac de plastique transparent. Il se vend bien des hormones d’enracinement, mais sachez qu’elles sont seulement nécessaires pour les plantes difficiles à bouturer.

Remplissez le pot de terreau , humide. Un petit pot de 6,5 à 7,5 cm de diamètre convient parfaitement pour une seule bouture.

Un grand pot, par contre, pourrait en contenir plusieurs: vous pouvez, par exemple, préparer un panier suspendu pour le jardin estival en insérant sept ou huit boutures dans une jardinière de 20 ou 25 cm.

Il st préférable de faire des boutures directement dans e terreau. Photo: Biusch.

Boutures dans l’eau

Il est vrai qu’on peut aussi faire des boutures dans l’eau… mais cette technique n’est pas recommandée, car ces boutures font des «racines d’eau». Lorsque vous les transférez, dans du terreau plus tard, elles ont tendance à pourrir. Mieux vaut donc faire des boutures directement dans du terreau si vous voulez obtenir un succès complet.

Comment faire

Prélevez une section de tige avec au moins trois à sept nœuds (endroits sur la tige où s’attachent les feuilles). La bouture peut donc mesurer 15 ou 20 cm de long dans le cas d’une grande plante à nœuds bien espacés ou seulement 7,5 à 10 cm pour une plante de taille plus modeste, à nœuds très rapprochés.

Mieux vaut couper la bouture avec un couteau bien aiguisé plutôt qu’avec des ciseaux: un couteau coupe nettement alors que les ciseaux broient la tige, ce qui peut mener à de la pourriture.

Maintenant, tenant la bouture debout, donc avec la pointe de croissance vers le haut, supprimez les feuilles inférieures de façon à dégager la base de la tige. Insérez ensuite la tige dans le terreau déjà humidifié et tassez le matériau pour que la bouture tienne debout. Il ne vous reste plus qu’à recouvrir le tout —pot et bouture— d’un sac de plastique transparent de façon à maintenir une bonne humidité sans éliminer la lumière.

C’est dans le sac!

Un emplacement bien éclairé, mais sans soleil direct à midi, chauffé normalement convient parfaitement pour le bouturage: par exemple, près d’une fenêtre à l’est ou sous éclairage artificiel. Tant que la bouture est scellée dans son sac de plastique, vous n’aurez même pas besoin de l’arroser.

Vous saurez que la bouture a pris racine quand elle commencera à pousser, ce qui peut prendre à peine quelques jours, dans le cas d’un coléus, ou plus d’un mois, dans le cas d’une plante à tige ligneuse. Vous pouvez alors ouvrir le sac de plastique, puis, après deux ou trois jours (le temps que la bouture s’habitue à son exposition à l’air libre), l’enlever complètement. Votre «bouture» est maintenant une plante totalement indépendante et aura besoin des mêmes soins que la plante adulte : éclairage, température, fréquence d’arrosage, etc.

Mettez le pot et la bouture dans un sac de plastique transparent de façon à maintenir une bonne humidité sans éliminer la lumière.

Un petit miracle

Un véritable miracle vient donc de se produire dans votre demeure, le genre de miracle de tous les jours dont seule Dame Nature est capable, mais c’est vous qui en êtes l’instigateur… et vous pouvez en être fier!

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commentaire sur "Le bouturage: petit miracle quotidien"

  1. Doit-on tailler la bouture pour favoriser le développement de sa racine? Je fais des boutures de géraniums à l’automne.

  2. Merci bcp pour cette article. bien agréable de nous rappelé les truc et astuce de basse.

  3. D’abord je réponds au message de “mariefrancedouceta1b6a9582a”du 15 janvier 2023
    Je parle bien de bambou, qui est une graminée, et non de la Renouée du Japon (Falopia japonica) qui est une polygonacée. Il y a diverses variétés de bambous, en particulier, certains à rhizome traçants, une vrai peste, et les bambous non traçants, ou cespiteux. Aucune confusion possible.

  4. À propos des boutures. Traditionnellement, dans mon “jeune temps”, j’ai vu pratiquer avec succès le bouturage dans l’eau pour les lauriers roses (Nerium oleander).
    Des plantes faciles à bouturer, le plus souvent en plein terre, ce sont les tomates, elles s’enracinent facilement.. D’ailleurs souvent on peut observer sur les pieds, près du sol, des amorces de racines adventives qui ne demandent qu’à se développer.

  5. merci pour ces bons trucs très intéressant