Regard sur la saison
Effervescence printanière
J’aime l’aspect cyclique de mon travail. Il y a d’abord l’amorce de la saison, où tout se met en place. L’équipe des Urbainculteurs grossit, on sent que le «rush » arrive. Les installations et les plantations remplissent notre calendrier. C’est un moment d’effervescence, tout le fruit de la planification antérieure prend enfin forme. C’est intense mais satisfaisant tant pour le corps que l’esprit. Il n’y a aucune routine, chaque journée dévoile son lot de surprises et d’imprévus. On passe des heures à tout préparer et organiser, mais si vous saviez comment chaque projet est unique et différent! On est toujours en mode solution, on s’adapte, on se promène partout dans la ville. C’est le moment où l’on travaille le plus en équipe, on s’entraide et on rit beaucoup. C’est parfois difficile, mais à la fin de la journée on est toujours fiers. J’adore ces moments, ils sont concrets et valorisants.
Suite aux installations vient une période rythmée mais définitivement plus calme. Les plantes potagères sont bien en place. Elles s’enracinent et captent l’énergie du soleil, les entretiens débutent. Notre calendrier est alors plus stable, on tuteure, fertilise, dépiste, bref on s’assure que tout soit beau. Ça fait souvent du bien que le tempo ralentisse un peu, on effectue quelques ajustements et on espère de belles récoltes.
La saison suit son cours et en claquant des doigts on se réveille à la fin septembre. Le cycle s’inverse, ça fait un petit bout qu’on n’a pas fait de nouveaux semis, les récoltes se terminent. On défait progressivement les jardins, on plante l’ail, c’est la période des fermetures jusqu’à la fin du mois d’octobre. On boucle la boucle pour une nouvelle saison, un nouveau cycle accompli. Cette fin me permet de tourner la page, un peu comme une année scolaire qui se termine.

Crédit : Les Urbainculteurs

Crédit : Les Urbainculteurs
Et après?
À ce moment on me demande souvent : « Mais que faites-vous lorsque les jardins sont fermés, avez-vous encore du travail ? ». La réponse est oui! On prend enfin un pas de recul pour faire tout ce qui a été mis de côté ou sur pause durant la saison estivale. Mais de toutes les tâches automnales, les bilans sont définitivement ce qui occupe le plus notre esprit. D’ailleurs, je voulais nommer cet article « L’heure des bilans ». En l’écrivant au haut de la page, j’ai réalisé que ça pourrait paraître austère et peu invitant. Disons donc que nous posons un regard sur la saison afin de nous orienter et de nous adapter pour la suivante. Car aussitôt une saison terminée, on se projette dans la prochaine! Et croyez-moi, on le fait pour tous les départements, de la boutique en ligne au Centre éducatif en agriculture urbaine, de la ferme urbaine à la gestion des opérations.
Est-ce que cet exercice est pertinent? Bien évidemment! Au cœur de la saison, nous sommes souvent en mode réactif, on est constamment dans l’action car on travaille avec le vivant. Ce n’est qu’une fois tout cela derrière nous, mais encore frais à l’esprit, que nous pouvons faire de réels constats. Je vous propose donc aujourd’hui, vous aussi, de prendre un temps d’arrêt et de poser un regard sur la saison qui vient de se terminer.
Avoir son jardin en tête
Si cela n’est déjà fait, dessinez une esquisse de votre jardin afin de savoir où étaient vos légumes. Ce sera pratique pour l’année suivante si vous souhaitez faire une rotation des cultures. Questionnez-vous aussi sur vos densités de plantation. Est-ce que votre jardin avait l’air d’une jungle? Est-ce que votre plant de kales avait l’air perdu au milieu des mauvaises herbes? Finalement, pensez à vos zones d’ensoleillement. Est-ce que les emplacements étaient adéquats? Il se peut que vous ayez placé un plant de tomates complètement à l’ombre sans le savoir. J’ai souvent entendu cette histoire, surtout si le plan de jardin a été conçu lorsqu’il n’y avait pas encore de feuilles dans les arbres! Vous pourrez ajuster cela lors de votre prochaine planification.
Pensez à ce que vous avez cultivé. Est-ce que cela correspond à vos besoins? Est-ce que vous avez manqué de quelque chose, ou au contraire, avez-vous récolté un légume en surabondance? Consultez votre famille. Eux aussi ont leur mot à dire sur ce qui était dans le jardin, vous pourriez être surpris. Prenons quelques exemples tirés de mes réflexions pour alimenter les vôtres.
Bonjour la variété!
Je suis abonnée à un panier bio depuis plusieurs années. Mes fermiers de famille cultivent seulement des tomates rouges mais pour ma part j’adore avoir une multitude de variétés dans mon assiette. En ce sens, mon potager est devenu une variation sur le même thème, inspiré par mon panier bio. Par exemple, je cultive maintenant à la maison des variétés plus « funky » comme la Green Zebra ou la Noire de Crimée. Mes salades estivales sont de toutes les couleurs! De plus, je bonifie chaque année mon potager de nouvelles variétés ancestrales ou peu connues, des découvertes qui m’en mettent plein la vue.

Crédit : Les Urbainculteurs

Crédit : Jardins de l’Écoumène
Quand ça nous sort par les oreilles
Aussi, je reçois des concombres chaque semaine. J’avais l’habitude de mettre trois plants de concombres libanais dans mon jardin. Combinés avec ceux de mon panier, je me suis retrouvée en surabondance. Même une consommation quotidienne n’en venait pas à bout. Perdre des récoltes n’est jamais satisfaisant pour un jardinier, il était important pour moi de palier à cela. J’ai donc remplacé ces trois plants par des aliments qui ne se retrouvent pas dans mon panier. Bon complément, non?
Il y a quelques années j’ai essayé le cucamelon, c’était la nouvelle tendance. J’y suis allé fort avec deux plants. Ils ont complètement envahi mes autres plantes potagères, compromettant quelques récoltes. La production était phénoménale mais je vous avoue, je n’ai pas du tout aimé cela, j’étais bien déçue. Constat : j’aurais dû commencer par seulement un plant comme c’était une nouveauté, et plus jamais je n’ai remis de cucamelons dans mon potager!

Crédit : Les Jardins de l’Écoumène
Parfois, ça ne marche pas
Je m’entête depuis plusieurs années à faire pousser des betteraves, mais malgré tous les soins donnés, c’est un échec répété. Je dois me rendre à l’évidence, ça ne marche pas. Avec le recul, je réalise que je monopolise inutilement un espace précieux au potager, seulement motivée par l’orgueil de réussir, en plus de me créer un sentiment de frustration. Pourquoi continuer alors? C’est correct de lâcher prise lorsque ça ne fonctionne pas, on ne peut pas tout réussir à la perfection. Ne vous acharnez pas devant un échec répété, vous trouverez certainement cet aliment dans un marché fermier près de chez vous, il sera tout aussi savoureux.
Avez-vous vécu certaines difficultés? Le jardinage vient souvent accompagné de son lot de bestioles et parfois de maladies. L’automne et l’hiver sont de bons moments pour apprendre à bien reconnaître ces insectes et maladies. Je vous invite à vous plonger dans la littérature à ce sujet afin de bien savoir comment atténuer et contrer ces effets indésirables mais inévitables.
Réflexion sur vos pratiques
Vous pouvez terminer le tout en faisant un tour rapide de vos pratiques. Pensez à votre tuteurage, à la fertilisation ainsi qu’à votre irrigation. Pour ma part, j’ai effectué des changements dans ma fertilisation. J’ai essayé quelque chose de nouveau, et ce, dans tout le potager. J’ai fertilisé à la même fréquence et selon un dosage similaire malgré que j’aie complètement changé d’engrais. Le résultat : la croissance de plusieurs de mes légumes a stagné, j’ai même observé une baisse de rendement dans certaines cultures. Je vais devoir m’ajuster et me renseigner pour l’année prochaine. J’aurais peut-être dû faire des tests dans une section de mon potager avant d’effectuer un changement complet.
Appréciation globale
Mais surtout, est-ce que la pratique du jardinage a été pour vous une belle expérience? Le jardinage nécessite un investissement de temps. Il y a le temps passé au jardin, mais aussi le temps à l’extérieur du jardin pour la gestion et la transformation des récoltes. J’ai vu beaucoup de gens se lancer dans le jardinage avec de grands projets d’envergure. Plusieurs se sont découragés après une année car le ratio temps investi versus plaisir ne tenait pas la route. Si cela est le cas, sachez qu’il est possible de réduire la taille d’un potager afin qu’il cadre mieux avec votre mode de vie. Faire un potager est une activité gratifiante et valorisante à plein de niveaux, il faut seulement trouver son équilibre.

Voici donc ma proposition de bilan horticole. Le niveau de réflexion vous appartient. La prochaine saison pourra se construire en tenant compte des acquis cumulés, une expérience précieuse à consolider et partager.
Merci beaucoup Marie-Andrée pour ce message très intéressant ! Bravo pour votre passion, votre travail avec les Urbainculteurs ! Si je recommençais ma vie, c’est ce que j’aurais aimé faire ! Belle continuation à votre belle gang !
Merci Marie-André. Mon conjoint et moi discutons depuis le début de l’automne se qu’on pourrait faire mieux l’an prochain. Il est grand temps qu’on formalise l’exercice et qu’on place nos commandes de semis.
Merci pour ce bel article. a chaque année, je veux faire un bilan du jardin (cette année était ma troisième année). mais je ne sais pas trop par quel bout prendre ca. Votre article est un bon guide. Comme je suis à Montréal, mon jardin n’est pas encore complètemenet fermé, il reste un plan de kale qui survit à notre belle bordée de neige de mercredi. Je suis présentement votre formation en-ligne et j’aime beaucoup. Merci et bonne journée.
J’ai le même problème avec les betteraves, j’ai beau les changer d’endroit, cela ne fonctionne jamais. Il faudrait que j’arrive a suivre votre conseil et que je laissr tomber pour quelque chose qui donnera un bon résultat. Merci pour la chronique.
Merci pour cet article si intéressant. Pour ma part, ma réflexion n’est pas aussi élaborée que la vôtre, car mon jardin s’est réduit au fil des ans (âge et genoux obligent). Je ne mets donc que ce que nous consommons (tomates, concombres et persil) et une fois instaurée, je passe très peu de temps à son entretient. Salade, carottes et autres petites graines sont semées dans un bac et j’ajoute quelques légumes pas compliqués (patates entr’autres) à travers mes vivaces. Je conserve ma ciboulette d’année en année: l’hiver au jardin et l’été dans un pot sur le patio.
Les « mauvaises » herbes? Je les déracine et les laisse sur place.
Merci beaucoup pour ces conseils !
Bien d’accord d’abandonner des légumes qui ne réagissent pas bien. Pendant 3 ans j’ai essayé de cultiver des zucchinis en pots. Après quelque temps le mildew (le blanc) se mettait de la partie.
Je faisais tout pour les sauver de façon bio. Je me suis tannée et j’ai laissé tomber. Je me concentre maintenant sur ce que je réussis. En été 2021, j’ai récolté 246 tomates dans 3 gros pots sur ma galerie: jaunes, rouges déterminées et italiennes. L’été 2022 fut catastrophique à cause du temps bizarre. Froid en juin, pluvieux en juillet. J’ai même raté mes cornichons. Désespérant…ma je persisterai. Promis
merci de continuer l’oeuvre de votre père
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