Petite oseille: goût suret délicieux, mais comportement de voyou
J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle.
La bonne? Votre plante est comestible et même délicieuse.
La mauvaise? C’est aussi une mauvaise herbe!
Par Larry Hodgson
Question: Pour une deuxième année, je retrouve cette mauvaise herbe dans mon jardin, et ce, en grande quantité. Est-ce que vous connaissez cette espèce?
Nicole Godbout,
Neuville, Québec
Réponse: Oui, je la connais… même trop bien! Car j’ai dû la combattre dans mon propre jardin.
C’est de la petite oseille (Rumex acetosella). Les cueilleurs de plantes comestibles sauvages l’adorent, car elle a des feuilles aigres-douces très savoureuses que vous pouvez facilement ajouter aux salades et aux sauces. De plus, elles sont riches en minéraux et vitamines. Et elles servent traditionnellement pour traiter une longue liste de problèmes de santé, comme la diarrhée, les maux de gorge, la fièvre et les hémorragies. De plus, c’est l’un des ingrédients du thé anti-cancer Essiac, actuellement très populaire.
Jusqu’ici tout paraît bien!
Mais c’est aussi une mauvaise herbe. Et très envahissante, en plus. Son contrôle est loin d’être facile.
Une plante qui s’étend rapidement
La petite oseille vient d’Eurasie et est courante en Europe francophone. Elle a été introduite en Amérique du Nord il y a plusieurs générations, probablement par accident.

Cette plante est remarquablement prolifique. Elle produit d’abondants rhizomes souterrains, chacun portant ici et là sur toute leur longueur des bourgeons pouvant donner naissance à une nouvelle plante. Une seule plante issue de semence peut produire, en seulement 2 ans, 3 500 plantes. C’est assez pour couvrir 4 m2 de superficie!
Et ce ne sont pas seulement les rhizomes voyageurs qui causent un problème. Les plantes femelles (la petite oseille est dioïque et produit des fleurs mâles et femelles sur des plantes séparées) peuvent produire jusqu’à 450 000 graines par an.
C’est ce qui explique comment cette petite plante importée est aujourd’hui si bien acclimatée dans toutes les régions de l’Amérique du Nord, sauf l’extrême Nord.
La mienne est venue dans un sol contaminé
La petite oseille est apparue pour la première fois dans mon propre jardin dans une charge de terre que j’ai achetée. D’ailleurs, théoriquement, une terre de qualité supérieure! En deux semaines, il y avait de petits plants d’un végétal inconnu un peu partout dans mes tout nouveaux parterres de légumes et de fleurs.
Astuce
Ma suggestion pour prévenir un tel fiasco? Lorsque vous apportez de la nouvelle terre dans votre jardin, trouvez un endroit ensoleillé et déposez-en quelques pelletées, faisant un petit tas. Ensuite, arrosez le tas, le gardant humide pendant 2 ou 3 semaines. Ne commencez pas à l’appliquer dans votre jardin tant que vous n’avez pas une meilleure idée de ce qui s’y cache!
Qu’est-ce que la petite oseille?
L’oseille est une plante vivace dioïque de la famille des Polygonacées. L’oseille commune ou grande oseille (R. acetosa), la plante potagère utilisée dans la cuisine, comme dans la recette classique française de soupe à l’oseille, en est une proche parente. Elle s’échappe des jardins aussi, mais pas autant que la petite oseille.
Pour éviter la confusion
Les noms botaniques des deux oseilles se ressemblent. Les voilà côte à côte pour que vous voyiez la différence:
- Petite oseille = Rumex acetosella
- Oseille commune = Rumex acetosa

La petite oseille produit une rosette de 10 à 15 cm de diamètre composée de petites feuilles lisses en forme de flèche. Les feuilles inférieures, et parfois toutes les feuilles, sont munies de lobes pointus.

De minuscules fleurs apparaissent en été sur des tiges dressées et ramifiées, souvent dépourvues de feuilles. Les tiges atteignent environ 50 cm de hauteur. Celles des plantes femelles sont rougeâtres, celles des plantes mâles sont jaune-vert. Les fleurs sont pollinisées par le vent. Les graines (sur les plantes femelles uniquement) sont de petites capsules rouges à 3 côtés.
Elle a une très longue racine pivotante pénétrant profondément dans le sol qui la rend difficile à arracher.
Bien que cette plante soit comestible et couramment récoltée par les cueilleurs de plantes sauvages aux fins culinaires, ses feuilles au goût citronné tirent leur goût de l’acide oxalique qu’elles contiennent. Or, elle est légèrement toxique. Ainsi, la petite oseille ne doit être consommée qu’en petites quantités. En grande quantité, elle est également toxique pour le bétail.
Elle pousse partout!
Comme beaucoup de mauvaises herbes naturellement envahissantes, l’oseille s’adapte à presque tous les environnements. Elle a tendance à être plus courante dans les sols très acides et secs. Cependant, ce n’est pas parce qu’elle a besoin d’une acidité extrême ou de conditions sèches. Elle pousse parfaitement bien dans les sols alcalins et les sols humides. C’est qu’elle trouve moins de compétition dans les sols très acides.
La petite oseille tolère la mi-ombre, mais aime recevoir beaucoup de soleil. En fait, une façon de l’éliminer, graduellement du moins, consiste à l’ombrager en utilisant des plantes plus hautes au feuillage dense.
Si la petite oseille a une qualité rédemptrice, c’est qu’elle pousse assez bien dans des environnements où peu d’autres plantes peuvent survivre. Dans les résidus miniers, par exemple. Elle peut donc aider à récupérer les sols contaminés.
Se débarrasser de la petite oseille
Et voilà le nœud du problème. Comment se débarrasser d’une plante qui se propage si loin et si vite??
Au moment où la plupart des jardiniers réalisent qu’ils ont un problème avec la petite oseille, elle est souvent déjà hors de contrôle. Essayer de la déterrer fonctionne parfois, mais peut aussi être une perte de temps, car les racines sont profondes. Forcément, certaines se détachent lors de l’arrachage et sont laissées pour compte. Et voilà, quelques semaines plus tard, que des bébés oseilles surgissent de partout.
Par contre, si vous persévérez, la contrôler en l’arrachant n’est pas impossible. Essayez simplement de déterrer tous les rhizomes du mieux que vous pouvez! Même un seul laissé dans le sol peut lancer une nouvelle colonie!

J’ai éliminé l’oiselle chez moi en vidant les parterres de leur contenu et en tamisant le sol en utilisant un plateau de boulangerie en plastique à fond quadrillé comme sas. C’était moyennement facile, car la terre était fraîchement posée et facile à déplacer et les plantes n’étaient pas encore bien enracinées. L’énorme quantité de rhizomes qui ont germé en si peu de temps m’avait vraiment étonné.
Vous pouvez également essayer l’occultation, soit tuer la plante en recouvrant cette section du jardin d’une bâche noire qui ne laisse entrer aucune lumière. Puisque cela coupe tout accès à la lumière du soleil et que la plante a besoin de lumière pour survivre, cela la privera de son unique source d’énergie. Laissez la bâche en place pendant 18 mois complets pour être sûr.
Je ne suis pas un grand admirateur des herbicides, même biologiques, car ils peuvent facilement endommager les plantes à proximité. Cependant, si vous les peignez sur la feuille plutôt que de les pulvériser, vous pouvez tuer la petite oseille sans nuire à ses voisines. Plus d’un traitement peut être nécessaire.
La petite oseille: des feuilles curieuses, mais acidulées… et une vilaine habitude de vouloir envahir les jardins. Je pense que c’est une plante dont la plupart des jardiniers pourraient bien se passer. Agissez dès que vous la voyez, car plus que vous tarderez, plus difficile sera le remède!
Je connais cette plante depuis ma tendre enfance grâce à mon cher père. Et j’en ai aussi un peu à quelques endroits sur mon terrain. Lorsque que je passe à proximité, j’aime bien grignoter quelques feuilles.
En est-il de même pour l’oseille-épinard, j’en ai planté dans un de mes jardins?
La petite oseille est arrivée dans mes plate-bande (terre acide) après m’être fait livrer de la terre contaminée. J’ai défait entièrement des plate-bande, arracher les rhizomes profonds, afin de m’en débarrasser. Elle continue de tout envahir, pelouse, potager, etc. Des heures chaque année à en arracher, sans véritable succès. Je vais tenter avec un herbicide.
J’ai effectivement « peint » les feuilles avec un herbicide systémique dans un coin du jardin, et la plante a disparu à cet endroit. Je vais continuer ce traitement cette année. Je ne veux pas qu’elle se répande chez les voisins !
Moi, c’est ma bonne grand-mère (originaire de l’ouest de l’Ontario) qui m’a fait connaître cette plante qu’elle appelait “la sûrette”. Elle cueillait aussi la savoyane qu’elle faisait sécher pour soigner “les bobos dans la bouche”.
Je suis un heureux jardinier qui n’a pas de petite oseille dan ses parterres (rassurez vous j’ai d’autres saloperies : liseron des haies (Calystegia sepium) et des champs (Convolvulus arvensis) ainsi que l’horrible oxalis (je ne parle pas du pissenlit avec lequel on peut organiser un modus vivendi). Mais dans les prés acides du Limousin(où il est connu sous le nom de paradelle) c’est une véritable calamité.