Comment bien jardiner en altitude?
Jardiner en altitude: un défi, mais bien possible. Photo: alikskr@gmail.com, depositphotos
Par Laurie Fourniaudou
Entre 600 et 1500 mètres d’altitude, cultiver une terre n’est plus aussi facile qu’en plaine. Certaines différences vous rendent la tâche plus complexe. Pourtant, cela n’empêche pas les légumes de (très) bien se développer. Ni les fleurs de pousser. Et les arbres de grandir! La clé? S’adapter à ce que notre environnement nous permet de faire. Alors, comment jardiner en altitude? Les réponses vous attendent dans l’article qui suit.
Quelles sont les spécificités de l’altitude?
Le climat
La première particularité du jardinage en altitude est… le climat. Ce n’est pas une très grande surprise à vrai dire. Plus on grimpe en hauteur, plus il fait froid.
Ce froid varie selon les régions et les pays. Il peut être plus ou moins prononcé. En Europe, le climat est plutôt uniforme, exception faite des montagnes (en France, on dénombre les Pyrénées, les Vosges, le Jura et les Alpes). Au Canada, se référer à la carte des zones de rusticité est un bon moyen de connaître sa zone climatique.
Quoiqu’il en soit, en montagne ou en altitude, on rencontre ces principales problématiques:
- Les hivers sont rigoureux et rudes: chutes de neige, gel, vents froids, brouillards humides.
- Les gelées sont tardives au printemps et précoces en automne.
- Les écarts de température entre la journée et la nuit peuvent être assez importants.
Personnellement, je vis dans un petit village des Pyrénées (Montaillou, peut-être connaissez-vous?) perché à 1300m d’altitude. À l’hiver 2021–2022, nous avons connu des températures négatives qui ne descendaient pas à plus de -6°. Cela diffère de Québec qui atteint les -30° si je ne me trompe pas! Toutefois, j’ai vécu pas mal d’épisodes neigeux et de gelées. Et ce, dès la fin octobre/début novembre. Pour suivre mes aventures, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil à mon blogue Le Potager d’Aillou. ?
Vous l’aurez compris, les plantes sont soumises à des conditions climatiques difficiles. Ainsi, la période de jardinage idéale se situe pendant la «bonne saison», soit, de mai à septembre/octobre.
Le relief
En plaine, vous ne rencontrez aucun souci: le terrain est plat. Cultiver et jardiner est donc beaucoup plus facile.
Mais lorsque vous grimpez à plus de 600m d’altitude, vous devez tenir compte du relief. À ce stade, le terrain est naturellement abrupt. Et donc plus difficile à travailler.
La pente est omniprésente. Vallons, côtes, descentes… Cultiver un potager ou avoir un jardin peut paraître complexe dans ces conditions. Et très sportif! Pourtant, il existe des solutions simples à mettre en place pour vous faciliter la main.
En Ariège, dans les Pyrénées, le dénivelé est roi. L’une des surfaces que mon compagnon et moi cultivons est en pente. Ce n’est pas un mur, certes, mais elle est tout de même inclinée.
Comment pallier ces particularités?
Aménager son terrain
La première solution que j’ai à vous apporter est d’aménager votre terrain.
Pour contrer le climat difficile, je vous recommande d’orienter votre jardin au sud. De cette façon, il sera beaucoup plus ensoleillé. Vos plantes apprécieront les doux rayons du soleil posés sur elles.
Pour vous adapter au relief, rien de mieux que de créer des terrasses. Il s’agit d’un moyen de retenir la terre tout en créant une surface plane pour cultiver. Vous voyez les rizières? C’est le même principe visuellement. Des parcelles planes en forme «d’escalier».
Vous pouvez créer des terrasses grâce à des murs de soutènement, des plessis ou des planches de coffrage. Ces trois structures retiennent la terre et vous permettent de jardiner sur une étendue aplanie.
Bien entendu, rien ne vous empêche de cultiver et jardiner en pente. Mais le travail sera moins facile à exécuter. Par exemple, sur la parcelle inclinée que mon compagnon et moi allons cultiver, nous n’avons pas besoin de créer des terrasses. La pente n’est pas assez prononcée. Cela dit (et parce que le terrain est grand), nous savons que les muscles de nos jambes vont s’enflammer. Et c’est tout le charme de la montagne!
Cultiver des plantes adaptées
Dans une région montagneuse où il fait plus froid, vous devez nécessairement adapter vos cultures. Certains arbres, fleurs ou légumes n’apprécient pas les températures négatives. Pensez donc à sélectionner les bonnes plantes.
En explorant votre environnement (la nature, le type de sol, etc.), vous saurez ce que vous devez planter ou non. En discutant autour de vous, vous en apprendrez davantage. Vous l’aurez compris, commencez par planter des végétaux locaux. Ils seront différents selon les régions et les pays. Adaptez-vous à la nature, et non pas le contraire!
Je vous conseille ensuite d’opter pour des espèces rustiques. Il sera plus compliqué de faire pousser des tomates, aubergines, concombres ou melons dans un potager en altitude. Il en est de même pour les arbres et arbustes: privilégiez des variétés qui supportent le climat montagnard.
Il suffit de s’adapter aux conditions climatiques de votre région.
En hauteur, vous pouvez aussi vous pencher vers des espèces hâtives plutôt que longues. Le cycle végétatif de ces variétés est plus rapide. Comme la période de jardinage est souvent limitée (mai — septembre/octobre), travailler avec des plantes à la croissance rapide est plutôt un avantage. Vous n’aurez pas à attendre plusieurs semaines supplémentaires pour récolter.
Protéger ses plantes
La dernière chose à faire pour palier le climat, c’est de protéger ses plantes contre le froid et le gel. Comme je l’ai écrit, en altitude les gelées sont souvent tardives (mai) ou précoces (octobre). De plus, les écarts de températures nocturnes et diurnes sont aussi importants.
Je vous recommande d’installer une serre ou un tunnel de culture sur votre terrain. Pour cultiver des légumes sous abri, il n’y a rien de mieux. Vous pouvez également opter pour des châssis (couches froides).
Sur votre parcelle potagère, recouvrez les plantes moins rustiques à l’aide d’un voile de protection (couverture flottante). Et ce, jusqu’aux dernières gelées. Faites de même avec les arbres fruitiers qui craignent le gel en hiver.
Pour contrer les effets du vent et de l’humidité, vous pouvez installer des haies ou brise-vent.
Enfin, en plein hiver, si une généreuse couche de neige recouvre votre potager, n’essayez pas de l’enlever en croyant aider vos quelques légumes en terre. Elle les protège du gel… et est riche en azote, de surcroît.
Mais alors, concrètement, que planter dans mon jardin?
Quels légumes planter en altitude?
Voici une liste de quelques légumes et fruits qui trouveront leur place au potager en altitude:
- betterave;
- bette à carde (blette);
- carotte;
- brocoli;
- chou;
- courge;
- fève (gourgane);
- haricot;
- laitue;
- mâche;
- navet;
- oignon;
- poireau;
- petit pois;
- pomme de terre;
- radis;
- groseillier;
- fraisier.
Dans les Pyrénées, là où je vis, les fèves poussent incroyablement bien. Nous avons aussi une récolte abondante de fraises, de haricots verts et de mangetouts. Mon compagnon et moi avons même été autonomes en betteraves durant l’hiver 2021–2022.
Toutefois, pour goûter aux délices des tomates, aubergines, poivrons et autres légumes méditerranéens, essayez de les cultiver sous serre. Autrement, il ne vous reste plus qu’à descendre plus bas faire le plein chez un producteur.
Concernant les arbres fruitiers, voici lesquels s’acclimatent bien aux froides températures:
- prunier;
- poirier;
- cerisier;
- pommier;
- noisetier.
Il faut bien veiller à trouver les variétés rustiques, adaptées à votre région.
Quelles plantes pour un jardin d’ornement?
Le jardin d’ornement de montagne n’est pas vide. Bien au contraire:
- bergénia;
- crocus;
- iris;
- lis;
- narcisse;
- primevère;
- tulipe;
- campanule;
- colchique;
Au Canada, le site plantes.ca permet de donner des idées des arbres/arbustes/plantes/fleurs que vous pouvez cultiver selon la zone de rusticité de votre région. Pour découvrir la vôtre, vous pouvez consulter une carte qui répertorie tout ce qu’il faut savoir, comme ici: Comprendre les zones de rusticité.
Vous savez maintenant quelles sont les spécificités du jardinage en altitude et comment faire pour bien vous y acclimater. Alors maintenant, c’est à vous de vous exprimer. Avez-vous des anecdotes à raconter? Vivez-vous en altitude? Souhaitez-vous ajouter quelque chose? J’attends vos commentaires avec impatience. ?
Au sujet de l’auteure
Partie vivre dans les Pyrénées en France, Laurie Fourniaudou accompagne son petit ami dans le développement de son exploitation maraîchère. C’est pour ce projet qu’elle a créé le blogue Le Potager d’Aillou qui traite d’autosuffisance, de culture de fruits et légumes, mais aussi de leur vie aussi simple que naturelle à la montagne.
“Les gelées sont tardives au printemps et précoces en automne.” Un point commun avec mon jardin dans la vallée, à 59 m d’altitude.
Sur la dernière photo de légumes, entre les choux verts et les rouges, je pense que ce sont plutôt des betteraves que de la rhubarbe.
De bien beaux légumes !
J’ai hésité avec la photo aussi, mais j’ai décidé de me fier au photographe. Je n’aurais peut-être pas dû!
En plus de l’altitude qu’est ce que l’on peut planter pour les régions qui sont secs plutôt que froide.
Vous oubliez une montagne:la Corse.qui est toujours française.je vis dans un village de montagne au pied du Monte Cintu (le plus haut sommet de l ile).mon village est à 950 m d altitude
?
Bonjour
Ah tiens on parle de montagne..
Alpes de Haute Provence 900m.
Tout le mois de janvier à -10 et maintenant enre -5 et -10 fin mars.
On peut taper le -12 jusqu’à mi avril comme l’an passé
Le secret?
Surtout pas les serres des bourgeois du 19ème mais
Les coffres des maraîchers qui faisaient vivre des millions de gens durant les siècles passés
De petits volumes faciles à protéger, voire même à chauffer pour quelques centimes.
En ce moment il fait -3 et dans les coffres cela oscille entre +13.1 et +20.2
https://www.youtube.com/channel/UCM2aL9X9Rv1uwUX0mGVxM2A/videos
Très intéressant, votre site! Bravo! ?
Ici dans les Alpes, à 850m d’altitude, on a du -12°C voire -15°C chaque hiver, et les gelées blanches sont fréquentes jusqu’à mi-mai.
Ce qui donne le plus ici, ce sont … les tomates. Sauf cas particulier comme l’été pluvieux dernier. Bien entendu, il faut choisir sa variété : black russian, andine cornue ou tomates cerises … et non, pas de serre.
Contrairement aux aubergines et autres poivrons qui ont besoin de beaucoup chaleur, la tomate est bien plus facile à cultiver en climat froid.
?