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Comment j’ai appris à jardiner sur un balcon

Il est difficile de cultiver de beaux gros légumes dans de petites balconnières. Photo: getinterior.me

Mon premier potager sur un balcon, cultivé il y a près de 40 ans, a été un échec lamentable. Ayant eu ma propre parcelle dans le potager de mon père depuis ma plus tendre enfance, je pensais en savoir assez sur le jardinage, mais jardiner en contenant est quelque chose de tout à fait différent. Ainsi, cette première année, je n’ai presque rien récolté sauf quelques feuilles de laitue plutôt amères.

Au moins, j’ai rapidement compris où était le problème.

J’avais utilisé les contenants les moins chers que j’avais pu trouver (j’étais étudiant avec un très petit budget): trois petites balconnières en tôle de 10 cm de largeur et de profondeur. Le problème? Elles s’asséchaient très rapidement. Par temps chaud, je devais les arroser abondamment deux fois par jour, matin et soir, et même quand je me précipitais à la maison après mon travail d’été à 17 h 30, les plantes étaient souvent déjà flétries.

Dans de petits pots, les légumes sèchent rapidement et la récolte est diminuée. Photo: Christina Sanvito, Flickr

Il faut comprendre un détail sur les légumes: quand ils fanent sérieusement, ou encore, à de multiples reprises, le stress ainsi causé nuit à la production et au goût. Dans mon cas, c’était le désastre. Soit les plantes mouraient rapidement, soit elles montaient en graine avant même je puisse commencer à les récolter!

Deuxième essai

La deuxième année, j’étais mieux préparé. Comme il était clair pour moi que mes mini-balconnières étaient terriblement trop petites, j’ai ramassé des pots de peinture qui avaient une taille que je jugeais convenable pour une plante de laitue ou une carotte ou deux. Évidemment, j’ai percé des trous dans le fond pour le drainage. Ce n’était pas encore la perfection et je voyais bien qu’ils étaient encore trop petits. La preuve? Il fallait encore arroser au moins une fois par jour et parfois deux pour prévenir le stress hydrique. Au moins, j’ai pu avoir une récolte raisonnable. 

Cependant, j’avais également récupéré un vieux seau rouillé d’environ 12 litres dans lequel j’avais également percé des trous de drainage. Dans ce pot, j’avais inséré un seul plant de tomate. Quelle différence! La tomate a atteint une assez bonne taille et a produit des dizaines de tomates fraîches, rouges et délicieuses. Et elle avait seulement besoin d’arrosage tous les deux ou trois jours, pas deux fois par jour. J’étais sur la bonne piste!

Plus c’est gros, mieux c’est

En préparation de la troisième année, je suis parti à la recherche de pots encore plus gros… et j’ai trouvé ce qu’il fallait! Les épiceries, boulangeries et restaurants achètent beaucoup de denrées dans des seaux de 20 l (5 gallons): farines, olives, sauce soya, etc. Et ils ne coûtaient rien: il suffisait de les demander au marchand qui, autrement, les jetait. (Aujourd’hui, la plupart des épiceries, etc. en offrent encore, mais facturent un petit montant: 1$ [0,70€] par seau, du moins dans mon patelin.)

Les seaux de qualité alimentaire semblent être exactement de la bonne taille pour la culture des légumes. Photo: The Rusted Garden, youtube.com

Alors, je m’en suis ramassé une bonne quantité puis, après un bon lavage, j’ai percé des trous de drainage dans le fond. L’argent que je n’ai pas investi dans l’achat de pots est allé dans l’achat de terreau convenable* — un terreau pour pots et jardinières — et oui, il m’en fallait une bonne quantité pour remplir tant de seaux! Heureusement qu’on peut utiliser le terreau acheté encore et encore pendant de nombreuses années: il suffit de rajouter un peu de compost annuellement pour l’aérer.

*N’employez pas en contenant de la terre de jardin ou encore, récoltée dans le jardin: elle devient rapidement dure et compactée et, de plus, contient presque toujours des limaces et d’autres bestioles indésirables.

Le fonctionnement

Ces seaux contiennent une grande masse de terre. Or, une terre aérée est aussi un très bon réservoir d’eau, avec plein d’espaces vides où l’eau peut s’infiltrer et s’accumuler. Le résultat est une excellente autonomie d’arrosage. J’ai trouvé que dans la plupart des cas, il suffisait d’arroser une fois par semaine, rarement plus. Je sais que beaucoup de jardiniers utilisent de tels seaux en y installant diverses sortes de réservoirs d’eau, espérant ainsi fournir encore plus d’autonomie, mais je n’ai jamais eu besoin de faire cet effort supplémentaire: un arrosage par semaine — approfondi, bien sûr! — c’était parfait pour mes besoins. 

On a utilisé de gros pots, recyclés pour la plupart, pour ce potager sur balcon. Photo: The Rusted Garden, youtube.com

Au fil des années, j’ai aussi appris à utiliser comme contenants de culture les grands bacs de rangement en plastique de type Rubbermaid (dans lesquels on peut vraiment faire des rangs comme dans un potager «terrestre»), ainsi que des balconnières extra larges et profondes que l’on peut accrocher à la balustrade du balcon afin de gagner encore plus d’espace de culture. La culture en panier suspendu est possible aussi, mais plus délicate, car les suspensions sont très exposées au vent et alors sèchent plus vite. Choisissez alors le plus gros panier que vous pouvez manipuler, sachant qu’il pourrait malgré tout falloir arroser 2 ou 3 fois par semaine.

La taille du récipient est la clé de succès!

Toutes les autres «complications» du jardinage sur balcon sont bien mineures comparativement aux bénéfices d’un contenant de culture de bonne taille. 

Oui, vous avez besoin de fertiliser, de pailler, de tuteurer et d’offrir des cordes ou un treillis pour les légumes grimpants. Aussi faut-il trouver une façon plus commode pour arroser qu’un arrosoir rempli dans la cuisine et apporté, laissant tomber des gouttes d’eau sur le plancher, jusqu’au balcon. (J’utilisais à cet effet un tuyau d’arrosage: oui, même au 4e étage. Lisez à cet effet Pour faciliter l’arrosage sur un balcon.) Et oui, le soleil aussi est vital… mais la plupart des balcons étant en saillie, ils offrent plus de soleil que vous ne le pensez au premier abord. D’accord, vous n’aurez probablement pas assez de place sur votre balcon pour faire pousser du maïs sucré, des asperges ou de la rhubarbe, mais tout autre légume poussera à merveille.

Mon potager sur balcon était réellement très productif! Ill.: Claire Tourigny, tirée du livre Les idées du jardinier paresseux: Potager

Malgré tout, même si je n’ai plus de balcon (je vis maintenant dans un plain-pied en banlieue avec beaucoup plus d’espace de jardinage), je n’ai jamais obtenu d’aussi bons résultats avec des légumes que sur un balcon. Je ne disposais même pas de 10 mètres carrés d’espace pour cultiver mon potager et pourtant, je produisais assez de légumes pour en donner. À vrai dire, mon balcon était une véritable ferme urbaine miniature! L’absence de limaces, de rongeurs et d’autres parasites sur un balcon est bien sûr d’une grande aide. Et, au cas où vous vous le demanderiez, oui, les abeilles visiteront et polliniseront vos plantes même si vous jardinez au 23e étage.


Le jardinage sur balcon: d’accord, il y a quelques techniques à apprendre, mais si vous voulez vraiment réussir, retenez surtout le conseil suivant: gros contenant = récolte réussie!

Étiquettes + Gros pots pour les légumes, Potager sur un balcon, Jardin sur un balcon


commentaire sur "Comment j’ai appris à jardiner sur un balcon"

  1. Jardin sur balcon.
    Bonjour
    Et le poids? Y a-t-il des références, une ressource ou expertise à consulter pour nos balcons de centre-ville?
    J’ai eu de bon résultat grâce à votre livre sur les semis, et les semences de l’Écoumène. Il semblerait que “je menace la structure du bâtiment” (???), un bac et quelques pots… (Certains passent leur ennui pandémique en cherchant noise à leur voisin, …ils devraient faire du jardinage!!!) ;-))
    Merci.

    • Je n’ai pas d’information spécifique à cet égard, mais la culture sur balcon est largement recommandé même par les municipalités, sans doute votre propre ville. Je n’ai jamais entendu parler d’un problème avec le poids d’un jardin sur balcon.

      • Merci d’avoir pris le temps de me répondre, vous me donnez l’idée de me renseigner auprès de la ville de Montréal.
        Je vais consulter des groupes qui font des aménagements comme les Urbainculteurs, je pourrai partager les réponses que j’obtiendrai sur votre blogue, ça pourrait aider d’autres personnes dans la même situation; trop triste…

  2. Bonjour ! J’ai des soucis de champignons dans mes jardinières! Je ne sais pas si elles sont toxiques pour mes plants de tomates et si je pourrais manger mes légumes et tomates à cause des 100aines de petits champignons…

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