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Le vermicompost au bureau dans le plus grand secret

Il y a environ 25 ans, je travaillais non pas chez moi comme aujourd’hui, mais dans un bureau à l’extérieur. Il n’y avait pas de bac à compost dans l’édifice et pourtant, il y avait beaucoup de matériaux qui pouvaient être compostés. Alors, j’ai discrètement installé un bac de vermicompostage sous mon bureau. Et cela a fonctionné à merveille!

J’ai utilisé de petits vers choisis spécifiquement pour le compostage à l’intérieur, soit des vers rouges (Eisenia fetida). Quant au bac, je l’ai fabriqué à partir d’une boîte de rangement en plastique de type Rubbermaid en perçant des trous dans le fond. Avec un deuxième couvercle sous le bac pour récolter tout liquide en excès, c’était un habitat fort convenable pour les petits grouillards.

J’ai surtout nourri les vers de restes de nourriture de mes repas du midi (trognons de pomme, épluchures, etc.), de marc de café moulu venant de la machine à café du bureau et de feuilles mortes et d’autres résidus des nombreuses plantes que j’avais apportées au bureau. Quant à la litière, dont les vers vivent, j’ai tout simplement utilisé du papier déchiqueté pour la créer: un produit abondant, car il y avait une déchiqueteuse dans le bureau.

À peu près tous les 4 ou 5 mois, j’allais au bureau un week-end quand il n’y avait personne pour me surveiller et faisais un triage grossier, séparant de mon mieux les vers du compost, puis rajoutant une litière fraîche au bac. Quant au compost, encore tout chaud et sentant le bon humus, je le rapportais à la maison pour utilisation dans mon jardin et dans le terreau de mes plantes d’intérieur. Je peux vous assurer que les plantes adorent le vermicompost! À mon avis, c’est le meilleur compost qui existe!

Un secret pas assez bien gardé

Il est facile de cacher un vermicomposteur sous un bureau. Photo: www.lowes.ca, montage: jardinierparesseux.com

Bien sûr, je gardais cette activité secrète. Je suis à peu près sûr que si les autres employés avaient su que je faisais du compost sous mon bureau, quelqu’un s’en serait plaint. Et de toute façon, le composteur était si facile à cacher: il ressemblait à une boîte de rangement comme on en voit tant, le genre de boîte que quelqu’un aurait pu placer sous son bureau pour conserver quelques dossiers. D’ailleurs, je suis certain qu’il y avait des bacs similaires sous d’autres bureaux, mais probablement sans vers.

Ce régime a duré environ deux ans. Je suis sûr que j’aurais pu continuer beaucoup plus longtemps, mais un imprévu a rapidement mis fin au projet.

C’est que j’ai réussi à négocier un accord qui me permettrait de travailler à partir de mon domicile plutôt qu’au bureau. De toute façon, le bureau était encombré et avoir un employé de moins pour occuper de l’espace était considéré comme une bénédiction. De plus, j’ai toujours réussi à accomplir beaucoup plus quand je travaillais à domicile: il y a tellement moins de dérangements!

Il y avait juste un hic.

J’ai parlé trop vite!

Voyez-vous, la seule autre personne au monde qui savait qu’il y avait un bac de vermicompostage sous mon bureau était ma femme. Je lui en avais parlé brièvement et d’ailleurs, seulement une fois, mais elle n’apprécie pas les petites créatures grouillantes et ainsi n’avait pas montré le moindre enthousiasme pour le projet. D’ailleurs, j’étais convaincu qu’elle avait tout oublié. 

Un refus catégorique: les vers ne sont pas les bienvenus chez nous! Illus.: drawception.com & www.schoolrecycling.net, montage: jardinierparesseux.com

Cependant, quand je lui ai annoncé que j’avais négocié une façon de travailler à partir de chez nous, la première chose qu’elle a dite, avant même de me féliciter d’avoir obtenu l’entente, était: «Eh bien, reviens à la maison travailler si tu veux, mais ces maudits vers resteront au bureau! Il n’est pas question de rapporter ces bestioles dégoûtantes à la maison!». J’ai eu beau protester, en promettant de les garder hors de vue dans le sous-sol, mais ce fut en vain. Elle n’avait aucunement l’intention de bouger. Pour elle, les vers vivaient dehors, pas dans la maison.

J’ai facilement trouvé un nouveau chez-soi pour mes vers. Une amie de mon jardin communautaire les a pris en main. Elle est décédée il y a quelques années, mais je crois que sa fille s’en occupe encore.

Mais c’est dommage que je ne puisse plus fabriquer de ce fameux compost, car j’aurais assez de place pour un bac à compost ou deux sous mon bureau actuel. Et, je le répète, le vermicompost est le meilleur additif qui soit pour les sols de jardin. Mais ma femme demeure catégorique: aucun ver ne sera jamais autorisé à pénétrer dans la maison.

La morale de cette histoire est de ne jamais rien dire à votre conjoint, surtout si cela implique des vers.

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