Une plante OGM purificatrice d’air
Un pothos typique, non OGM. Source: gardengoodsdirect.com
Des scientifiques de l’Université de Washington ont annoncé en décembre 2018 avoir modifié les gènes d’une plante d’intérieur populaire, le pothos (Epipremnum aureum), aussi appelé liane du diable, afin de mieux nettoyer l’air des toxines industrielles.

L’air de nos demeures est plus pollué que l’air d’extérieur. Source: www.smallfootprintfamily.com
Il est bien connu que l’air dans la plupart des maisons et des bureaux est très polluĂ©, notamment par des composĂ©s organiques volatils (COV) tels que le formaldĂ©hyde, le benzène et le chloroforme qui sont Ă©mis par de nombreuses sources: cuisine, meubles, peinture, papier, produits de nettoyage, tapis, fumĂ©e, bougies, assainisseurs d’air, produits de beautĂ©, plastiques et beaucoup plus encore. Et il est Ă©galement bien connu que les plantes purifient l’air et qu’elles sont mĂªme capables d’éliminer les particules très fines que les meilleurs filtres HEPA sont incapables d’atteindre. Le problème est qu’elles ne sont pas très efficaces. On estime, par exemple, qu’il faudrait plus de 20 plantes pour Ă©liminer tout le formaldĂ©hyde accumulĂ© dans une pièce typique.
C’est pourquoi Stuart Strand et ses coéquipiers, Ryan Routsong et Long Zhang, du Département de génie civil et environnemental de l’Université de Washington, se sont demandé s’il était possible d’introduire un gène de mammifère, le cytochrome P450 2E1 (2E1 en abrégé), dans une plante de façon à ce que la plante fasse le travail beaucoup plus rapidement. Le 2E1 est connu pour sa capacité à décomposer la plupart des COV en composés plus simples et sécuritaires, mais n’est présent que dans le foie, alors qu’il faudrait qu’il soit présent dans les poumons si on voulait qu’il purifie l’air que nous respirons de façon efficace. L’équipe a réussi à insérer une version de 2E1 prise sur un lapin dans une plante de pothos, un processus qui a pris plus de deux ans.

Dans la nature, le pothos, une liane vigoureuse, se multiplie par tiges rampantes. Elle n’a pas la capacité de fleurir ni de produire des semences. Source: Nyanatusita, Wikimedia Commons
Le pothos a Ă©tĂ© choisi en raison de sa nature presque indestructible. Il peut survivre et mĂªme prospĂ©rer Ă l’intĂ©rieur avec un minimum de soins et dans des conditions de faibles luminositĂ© et humiditĂ©, une combinaison qui tuerait la plupart des autres vĂ©gĂ©taux. En outre, il n’y a aucun risque que cette plante produise des graines et ainsi s’échappe dans la nature, ce qui est toujours une crainte avec les OGM. En effet, l’espèce souffre d’un dĂ©faut gĂ©nĂ©tique qui l’empĂªche de fleurir, mĂªme Ă l’état sauvage, et elle se multiplie uniquement de façon vĂ©gĂ©tative.
Jusqu’à présent, son efficacité contre seulement deux COV, le chloroforme et le benzène, a été testée. Le pothos a pu réduire la concentration de chloroforme de 82% après trois jours et à des niveaux presque indétectables au sixième jour. Le benzène a été absorbé plus lentement: il a fallu 8 jours pour en réduire la concentration de 75%.
Dans un environnement domestique typique, l’air aurait besoin de traverser le feuillage de la plante pour qu’elle puisse le nettoyer efficacement, ce qui nécessiterait un ventilateur ou quelque chose de similaire.
Il est intéressant de noter que lorsque les COV sont décomposés, ils ne nuisent pas à la plante qui, au contraire, utilise les particules produites pour sa croissance future.
Références:
Gibberellin deficiency is responsible for shy-flowering nature of Epipremnum aureum
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La question Ă©tant : quand est-ce que cela va arriver sur le marchĂ© ??? đŸ™‚
Sans doute pas avant plusieurs années!