Les pépins donnent rarement des fruits intéressants
Question : Il y a dix ans, j’ai semé des pépins d’une pomme et j’en ai conservé un plant qui a depuis beaucoup grandi pour devenir un joli arbre. Cette année il a fleuri pour la première fois et c’était très beau à voir avec des centaines de fleurs blanches. Malheureusement les pommes ont cessé de grossir à partir de la mi-été. Elles sont restées toutes petites et de plus elles ont des marques et des taches et ne sont pas très belles. Quel traitement dois-je à mon pommier pour qu’il donne de belles pommes?
Réponse : La taille des fruits est une bonne partie génétique, tout comme leur goût et leur résistance aux maladies. Quand vous semez des pépins de pomme, les semis héritent non seulement de cette variété, mais aussi du parent qui a contribué son pollen. En plus, le croisement recombine les traits des deux parents et peut faire ressortir des gènes cachés (les traits récessifs).
Un peu comme nos enfants ont des traits mélangés des deux parents et parfois des caractéristiques qu’on n’avait pas vu depuis des générations, votre pommier a un bagage génétique complexe et imprévisible et il n’y a rien que vous pouvez faire pour le changer.
La grosseur des fruits, justement, est innée et ne dépend pas, ou si peu, des traitements qu’on donne à la plante, comme la fertilisation ou la taille. Il se peut que le «père» de votre pommier ait été un pommetier, qui n’est qu’un pommier à petits fruits (les pommiers et les pommetiers appartiennent tous deux à la même espèce, Malus domestica), et qu’il ait transmis le trait «petit fruit» à votre pommier.
Quant au fait que les pommes ne sont pas «très belles», cela peut être causé par différentes maladies comme la tavelure ou des insectes comme la mouche de la pomme. Encore, votre pommier peut avoir hérité des résistances ou des susceptibilités aux maladies et aux insectes.
Dans ce coup de dés qui est la multiplication des pommiers par pépins, je crains que vous n’ayez pas gagné le gros lot!
Si les fruits ne sont vraiment pas mangeables, plutôt que de gaspiller 10 ans d’efforts, voici une autre solution possible: greffer sur votre pommier des branches d’une variété (ou de plusieurs variétés) de pommier aux caractéristiques connues. Les pommes produites sur les branches greffées donneront des pommes fidèles au type du donateur des branches.
D’ailleurs, très peu de fruitiers ligneux de climat tempéré sont fidèles au type par semences. Donc, si vous voulez reproduire des cerisiers, des pruniers, des poiriers, etc. et être certain d’obtenir de bons résultats, mieux vaut les multiplier par greffage ou par bouturage plutôt que par semences.
Très intéressant… Ce que l’Homme a fait en des centaines de générations, la mature peut le défaire en une seule…
Je voulais écrire ‘la Nature’ et non ‘la Mature’…amusant et tortueux lapsus. 🙂
C’est une loterie, donc vous pouvez aussi obtenir une nouvelle variété résistante, avec de gros fruits au très bon goût, non ? Pourquoi ne présentez-vous qu’un résultat négatif ?
Et savez-vous comment sont obtenues les nouvelles variétés ? N’est-ce pas justement par croisements et via les pépins ? Parce qu’un bouturage ou une greffe ne produit que des clones.
Tout à fait vraiment: une loterie. Alors, est-ce qu’il est logique pour moi de recommander une loterie à des jardiniers amateurs qui veulent obtenir de bons résultats ou une méthode assurée pour avoir de bons résultats? Surtout quand il prend facilement 10 ans avant de voir les premiers sur les espèces arborescentes? Les hybrideurs font des milliers de croisements avec certains fruitiers pour arriver à une nouvelle variété intéressante. Je vois mon rôle comme étant d’instruire le “grand public”. Si je m’adressais à des hybrideurs qui aiment expérimenter, je présenterais les choses autrement.