Des belles-mères qu’on aime recevoir!
Par Julie Boudreau
S’il y a une plante qui n’a pas besoin de présentation, c’est bien la langue de belle-mère (Sansevieria sp., maintenant regroupées dans le genre Dracaena sp.). C’est la numéro un des numéros un des plantes faciles. C’est une des rares plantes à cultiver à l’intérieur dans des endroits moins ensoleillés. C’est littéralement la plante que l’on peut oublier un mois entier sans qu’elle trépasse!

À mon avis, c’est en raison de toutes ces belles qualités qu’on l’appelle langue de belle-mère. Mais en vérité, c’est plutôt en honneur des méchantes belles-mères qu’elle a gagné ce nom. En anglais, la plante se nomme «snake-plant», ce qui fait référence à la forme allongée et mouchetée des feuilles. De là, son nom de langue de vipère. Ajoutons à cela les bords tranchants des feuilles aplaties, où tout est en place pour imager les paroles acerbes d’une vilaine belle-mère.
En général, on connaît bien la langue de belle-mère classique, Dracaena trifasciata, qui est haute d’environ 45 cm et qui forme à la longue une épaisse colonie de feuilles élancées et aplaties, plus ou moins panachées, selon les variétés. C’est celle qui est partout! Toutefois, il est intéressant de découvrir qu’il existe près de 100 espèces de sansevières, maintenant toutes déplacées dans le genre Dracaena (qui contient maintenant 214 espèces).
Voici donc quelques espèces et cultivars à découvrir qui démontrent bien à quel point les sansevières peuvent sortir du placard de la «kétainerie» et briller au grand jour comme des plantes de collectionneurs (débutants, hourra!) qui sauront piquer la curiosité.
La sansevière ‘Laurentii’
Aussi nommée Dracaena trifasciata var. laurentii, cette variété populaire est tout simplement une sansevière classique avec une large bande dorée des deux côtés de la feuille. Mine de rien, cette bande jaune fluo apporte un beau contraste au feuillage et elle mérite d’être redécouverte et mieux mise en valeur. Elle est intéressante à cultiver dans un large contenant rectangulaire.

Dans de bonnes conditions, les feuilles peuvent atteindre entre 45 et 70 cm de haut et certains spécimens peuvent dépasser le mètre en hauteur. Comme la plupart des sansevières, c’est une plante à croissance lente qui se multiplie par rhizomes. Ce cultivar a remporté le Award of Garden Merit de la Royal Horticultural Society.

En plus de ce joli cultivar, la sansevière classique (D. trifasciata) propose de nombreuses variations. Mon coup de cœur du moment est ‘Bantel’s Sensation’ qui est une variété aux feuilles plus étroites et bien dressées. Elles sont striées verticalement de vert et de blanc crème. En large massif, l’effet est assez saisissant. Puis, il faut souligner le cultivar ‘Silver Queen’ dont les feuilles sont principalement d’un blanc verdâtre. Le cultivar ‘Moonshine’ est aussi très recherché à cause de la couleur grise des feuilles.

La sansevière ‘Hahnii’
Pour les variantes du cultivar ‘Hahnii’, car elles sont nombreuses, le feuillage se déploie comme une rosette de feuilles larges et courtes. Cela lui vaut parfois le nom de sansevière nid d’oiseau. Tout au plus, la plante atteindra 20 cm de haut.
C’est une variante intéressante qui convient aux tables de salon ou aux bords de fenêtre, loin du soleil direct. Chez le cultivar tout simplement appelé ‘Hahnii’, on retrouve les mêmes mouchetures vert pâle sur un fond vert foncé de l’espèce pure.
Parmi les cultivars que l’on peut trouver assez facilement, ‘Golden Hahnii’ porte une large bande dorée en bordure, exactement comme ‘Laurentii’. Si on recherche un feuillage avec des stries plutôt argentées, c’est le cultivar ‘Silver Hahnii’ qui nous intéresse. Mon dévolu va sur ‘Black Jade’ qui a un feuillage vert foncé et uni, sans stries. Et si on ajoute une bande dorée en bordure des feuilles de cette dernière, on obtient ‘Black Star’! Les amateurs de perles rares tenteront de mettre la main sur ‘Solid Gold’ où c’est le cœur de la feuille qui est doré et la marge, verte. Et la liste continue. Bref, on peut aisément devenir collectionneur de ces petites variétés qui prennent peu de place.

La sansevière cylindrique
J’aime assez ce nom que je viens de découvrir, mais d’ordinaire, je l’appelle simplement la sansevière cylindrique. Ici, les feuilles sont parfaitement rondes et bien dressées. Elles peuvent faire jusqu’à 3 cm de diamètre. En hauteur, les feuilles peuvent atteindre un mètre, mais en général les variétés proposées atteignent environ 40 cm de haut. C’est une variété qui est de plus en plus connue, mais pour certains, il s’agit encore d’une curiosité inédite. Les feuilles se déploient en éventail, ce qui donne un look très unique à cette plante. Pour en ajouter une couche, sur le commerce, il n’est pas rare de la voir vendue en tresse… ou de voir des feuilles dont l’extrémité a été saucée dans la peinture!
Je la cultive depuis plusieurs années et après 7 ans, je l’ai enfin rempotée dans un contenant un peu plus gros. Cela confirme sa croissance lente et bien sûr sa grande facilité de culture. Une bonne jardinière paresseuse se doit d’oublier d’arroser ses plantes de temps en temps!
Ici aussi, on peut dénicher plusieurs cultivars qui varient en forme et en couleur. La variété ‘Starfish’ (parfois identifiée comme D. angolensis ‘Starfish’) porte des tiges plus courtes et bien joufflues ce qui fait que la plante prend effectivement des allures d’étoile de mer.

La sansevière… de Francis?
Pour celle-ci, je n’ai pas trouvé de nom français… ni anglais, d’ailleurs, et puisqu’elle se nomme D. francisii en latin, déduisons qu’elle a été nommée en l’honneur d’un certain monsieur Francis. Blague à part, cette espèce est assez récente, car elle a été découverte au Kenya en 1995 et on l’a effectivement nommée en l’honneur d’un grand explorateur et collectionneur de plantes succulentes, Francis K. Horwood (1924-1987).
Celle-là, c’est la plus petite de toutes. Si votre douce moitié insiste pour dire qu’il n’y a plus de place pour des plantes (mais comme cette douce moitié se trompe!), procurez-vous cette mignonne sansevière qui ne dépasse pas 25 cm de haut. Bon… en vérité, elle peut atteindre 75 cm, mais cela prendra tellement de temps que ça ne compte pas!
Il s’agit d’une toute petite rosette de feuilles assez courtes. D’année en année (pour ne pas dire toutes les décennies), la rosette se développe en son centre et la plante s’allonge à la verticale.

La sansevière queue de baleine
Enfin, on se doit de découvrir les cultivars issus de D. masoniana. Ce sont des feuilles larges, si larges, qu’elles rappellent les nageoires des baleines. Même si je n’en ai jamais observé de si grandes, on dit que la feuille peut faire 18 cm de largeur et atteindre plus d’un mètre de long. C’est aussi une plante d’introduction récente, car elle fut découverte au Congo en 2000.
Il n’est pas rare, au moment de l’achat, d’avoir une seule feuille par pot! Et, comme vous le devinez, il peut s’écouler plusieurs mois avant de voir une deuxième feuille apparaître.
Par bonheur, cette espèce est tout aussi facile de culture que les autres sansevières et avec un peu de patience on finit par obtenir un glorieux quatuor de feuilles!

Et ce n’est que la pointe de l’iceberg! Ce sont plus d’une centaine de cultivars de sansevières qui peuvent s’offrir au passionné de plantes faciles. Imaginez: pouvoir enfin dire que vous êtes un grand collectionneur et vous élever aussi facilement au rang de passionné horticole… tout en demeurant un fier jardinier paresseux. Le rêve!
Merci Julie pour vos articles toujours aussi intéressants et instructifs !
Très intéressant, vous donnez le goût d’en savoir plus.
Merci Julie pour ce bel article. Votre amour des plantes fait chaud au cœur.
Comment font les producteurs pour obtenir des sansevières cylindriques rectilignes comme une botte d’asperges ?