Par Julie Boudreau
18 octobre 2025

Quand le jardin fait les beaux-arts!

Par Julie Boudreau

Il est simple comme bonjour d’ajouter de la fantaisie au jardin avec des ornements ou par l’intégration d’une œuvre d’art extérieure. Que ce soit sous la forme d’un beau contenant décoratif qui se démarque, sous forme de sculpture abstraite ou de vieille roue de charrette, les objets décoratifs trouvent toujours une petite place au jardin. Et pour cause! Quoi de mieux qu’un objet d’art pour accompagner un aménagement paysager qui est une œuvre d’art en soi!

En manipulant les végétaux et en les disposant d’une certaine manière, le jardinier crée un jardin selon ses goûts. Il donne un style à son jardin qui est la représentation de son expression personnelle. C’est la même chose avec les objets décoratifs. Un objet bien choisi et qui fait vibrer le jardinier ne peut qu’améliorer l’allure du jardin, tout en révélant un peu plus les goûts du créateur. Plusieurs humbles jardins se métamorphosent par l’ajout d’une statue.

Faire le bon choix

La dimension et le caractère du jardin doivent servir de lignes directrices lors du choix d’un ornement. Mais, par-dessus tout, l’objet doit plaire à son propriétaire. Le choix du matériau est aussi à considérer. L’objet sera-t-il en pierre, en bois, en métal ou en verre? Tout dépend encore une fois du jardin, de son style et des matériaux déjà existants.

Pour les parterres classiques, les vases pleins ou vides ou les bustes sur colonne se prêtent bien au jeu de la formalité. Cependant, de nombreux autres objets peuvent s’intégrer à merveille, dans la mesure où l’objet dégage un sentiment de perfection ou de beauté.

Dans les jardins où l’approche est plus naturelle, les statues de nymphes puisant de l’eau ou de fées dans leurs robes fluides s’accordent avec leur environnement, aussi bien que les bains d’oiseau ou les reproductions animales. Dans ces jardins chargés, un peu comme mon jardin fouillis, les petits objets ludiques ont tous leur place et créent des effets de surprise, lorsqu’on les dispose ici et là.

Les sculptures excentriques aux allures futuristes ou faites de matériaux recyclés seront réservées pour les jardins audacieux. Il est bon de souligner que les grandes œuvres d’art doivent être mises en valeur par la végétation. Nul besoin de mentionner que si l’œuvre, peu importe sa taille, est complètement cachée par les plantes… à quoi bon? Aussi, si on positionne une plante vedette à côté d’une œuvre d’art, il se forme une petite rivalité qui vient amenuiser l’effet recherché tant d’un côté que de l’autre.

Ainsi, mieux vaut utiliser des végétaux humbles et discrets et travailler en massif de plantes pour bien mettre en valeur une sculpture aux formes complexes. L’inverse est aussi vrai: si l’œuvre est simple et sobre, on l’entourera d’une végétation diversifiée. Au fond, c’est le même principe que l’agencement robe-collier: un collier excentrique avec une robe sobre et un collier sobre avec une robe excentrique (mais ne vous fiez pas trop à mes conseils de mode… ma spécialité, ce sont les plantes!).

Évidemment, les jardins d’inspiration asiatiques invitent aux lanternes de pierre sur trépied et aux shishi odoshis. Enfin, même les sculptures douteuses, installées dans des ronds de fleurs dans un pneu de tracteur, peuvent trouver leur raison d’être dans des jardins aux allures rococo.

Faut-il absolument sortir les gros billets?

Pas du tout! Même s’il est possible de commander une œuvre directement à un artiste de renom, de l’acquérir à fort prix, de mobiliser une équipe de coffrage pour couler une base de béton et une équipe de grues pour l’installation (mon rêve), on peut être très créatif pour dénicher des aubaines. Ou mieux (ou pire, dans mon cas), on peut libérer sa créativité et édifiant sa propre œuvre.

Les possibilités pour trouver l’objet parfait sont vastes. On peut faire les encans ou la tournée des antiquaires. On peut dénicher de petites pépites dans les vernissages d’étudiants en art ou carrément faire de belles trouvailles au centre de jardin local.

Les plus curieux et les moins pressés cherchent la petite merveille à 10$ dans les marchés aux puces, fouinent ici et là dans les magasins de meubles usagés ou se lèvent de bon matin pour faire la tournée des riches quartiers de la ville, un jour de collecte des déchets. Sait-on jamais!

Chaque chose à sa place et une place pour chaque chose

Choisir l’emplacement (pour la vie) d’un ornement de jardin est un art en soi et demande un brin de réflexion, surtout quand l’objet est lourd et volumineux. L’objet décoratif, dans un sens, joue le même rôle qu’une plante, c’est-à-dire qu’il a une forme géométrique et il occupe un certain volume. Sa couleur et sa texture peuvent s’harmoniser ou contraster avec son entourage. Quand on positionne bien un objet décoratif, on obtient immédiatement ce sentiment que sans l’objet, il manquerait quelque chose.

L’œuvre peut servir de point central autour duquel gravite le reste de jardin. Il peut diriger le regard vers une vue ou un paysage enchanteur. On peut le dissimuler à moitié dans une végétation foisonnante pour créer un effet de surprise. Certains objets peuvent délimiter des aires; séparer la terrasse du parterre, par exemple. On peut aussi jouer d’astuce en utilisant un objet décoratif pour détourner le regard d’une vue moins intéressante.

Quand on parle d’objets décoratifs, on y inclut aussi des objets utilitaires, comme des bancs, du mobilier extérieur ou même un four à pizza à qui on donnerait une touche plus artistique.

Du bibelot ludique miniature à la sublime œuvre artistique, les objets ornementaux doivent charmer, surprendre, toucher, choquer. L’essence même de leur fonction est de nous émouvoir, peu importe l’émotion. Ce sont de belles valeurs ajoutées et parfois, devant ce sentiment qu’il manque un petit quelque chose pour que le jardin soit parfait, la réponse se trouve parfois dans l’ajout d’une œuvre décorative.

Julie Boudreau

Julie Boudreau est horticultrice, diplômée de l’ITA de Saint-Hyacinthe. Elle œuvre dans le domaine l’horticulture depuis plus de 25 ans. Elle a publié une dizaine de livres et participé à de nombreuses émissions de télévision et de radio. Elle est enseignante au Centre de formation horticole de Laval. Passionnée de son métier, Julie Boudreau se consacre à promouvoir le jardinage, le design de jardin, la botanique et l'écologie, sous toutes ses formes. Un peu grano, écolo depuis toujours, gourmande et essayeuse, Julie est une épicurieuse avec un fort penchant pour tout ce qui se prononce en latin.

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