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Inspection mensuelle des orchidées: là où tout commence

L’amateur d’orchidées qui souhaite améliorer ses compétences devra consacrer du temps à l’observation de sa collection. En fait, c’est la base de toute bonne pratique horticole. Dans cette chronique, je vous suggère une méthode d’inspection mensuelle des orchidées qui est à la fois facile, rapide et plutôt agréable. 

Les trois objectifs de l’inspection des orchidées

D’abord, il faut vérifier régulièrement que les quatre besoins fondamentaux de la plante sont comblés.

1. Quatre besoins fondamentaux

Vous vous souvenez probablement de la chronique sur la photosynthèse qui expliquait l’importance d’une:

  • 1.1 – lumière suffisante et adaptée à l’espèce cultivée;
  • 1.2 – hydratation abondante seulement quand la plante a bien séché;
  • 1.3 – variation journalière de la température ambiante (jour/nuit);
  • 1.4 – ventilation douce et régulière en permanence (24/7).

2. Avancement de la plante dans son cycle annuel

Deuxièmement, on essaiera de déterminer l’avancement de la plante dans son cycle annuel, ce qui permettra d’adapter les soins. On sera particulièrement attentif à l’émergence des:

  • 2.1 – nouvelles racines marquant le début d’un nouveau cycle de croissance;
  • 2.2 – nouvelles feuilles en déploiement;
  • 2.3 – inflorescences en formation;
  • 2.4 – boutons floraux qui sont particulièrement fragiles.

3. Soins horticoles complémentaires

Finalement, on en profitera pour identifier tout besoin en soins horticoles complémentaires, comme:

  • 3.1 – le nettoyage de tout débris (vieilles feuilles, gaines florales, etc.);
  • 3.2 – l’évaluation de la dégradation du substrat;
  • 3.3 – la redirection des racines aériennes vers le substrat;
  • 3.4 – le redressement et le tuteurage des inflorescences et des feuilles;
  • 3.5 – la détection des maladies et pestes.

Comment procéder pour ne rien manquer et pour bien réagir?

Tout cela peut paraître compliqué au premier abord, mais il suffit d’un peu de méthode pour y parvenir promptement et efficacement. Voici une petite routine générique que vous pourrez adapter à vos besoins.

A. L’inspection

Il est préférable de choisir un endroit bien éclairé et assez dégagé. Il est recommandé d’inspecter une plante à la fois, de préférence en la prenant dans vos mains quand cela est possible. Il faudra l’examiner sous tous les angles. Avant de commencer l’inspection proprement dite, il est recommandé de se laver les mains (ainsi que les outils de travail) pour éviter toute contamination au cours du processus.

B. Le nettoyage

On devrait commencer par nettoyer les débris végétaux. Il est normal qu’une plante en croissance abandonne certaines vieilles feuilles qui jauniront avant de brunir et tomber. Celles-ci doivent être éliminées, de même que les gaines florales desséchées qui n’apportent plus rien à la croissance, mais représentent un certain risque de contamination (cf. 3.1). Si vous utilisez une couche de sphaigne en surfaçage, assurez-vous qu’elle n’est pas trop détériorée. Généralement, la couche de sphaigne devra être remplacée tous les six mois (cf. 3.2).

Un Miltoniopsis dont le nettoyage a été négligé et qui commence à montrer des signes de pourriture sur un pseudo-bulbe. À droite, la même plante après son nettoyage et l’application de désinfectant à base de cuivre chélaté. Photo: Robert Charpentier

C. L’examen des nouvelles pousses

On poursuivra par l’examen des nouvelles pousses, c’est-à-dire les nouvelles racines, les nouvelles feuilles et les nouvelles inflorescences. Ce sont les tissus les plus fragiles puisqu’ils n’ont pas eu le temps de s’endurcir comme le tissu végétal plus ancien. Les problèmes devraient normalement se manifester sur le jeune tissu en premier, sauf s’il s’agit de dégradation causée par le vieillissement évidemment. 

D. L’inspection des anomalies de croissance

On cherchera toute anomalie de croissance qui pourrait indiquer une lacune dans les besoins fondamentaux. Par exemple, une déformation et/ou une coloration anormale peuvent être causées par une luminosité inadéquate. Un feuillage bien dressé, rigide et de couleur vert tendre indique normalement que les conditions d’éclairage sont bonnes (cf. 1.1). Une luminosité excessive peut se manifester par un rougissement du feuillage (souvent au niveau des pointes) ou par des brûlures localisées dans le cas d’une exposition au soleil direct.

Ratatiné et plissé?

Si les pseudobulbes se ratatinent et se plissent, il est fort probable que la plante manque d’eau (cf. 1.2). Il faudra alors revoir votre routine d’arrosage et/ou la spongiosité du substrat pour corriger ce type de problème. Un surplus d’eau entraînera, quant à lui, la pourriture du substrat et éventuellement l’asphyxie des racines. Toute la plante dépérira alors rapidement. Pour une meilleure gestion de l’eau, revoir la chronique sur les racines.

La division de ce Cattleya montre plusieurs signes de déshydratation causée par la perte de racines lors de l’opération de division et de rempotage. Photo: Robert Charpentier

Inflorescence absente?

Lorsqu’une orchidée refuse de générer une inflorescence, cela peut signifier qu’elle manque de lumière et/ou que la baisse de température nocturne est insuffisante (cf. 1.3). L’explication complète a été donnée dans la chronique du mois de mai 2025. 

Taches brunes?

Si des taches brunes apparaissent sur le feuillage, elles sont probablement provoquées par la présence de bactéries et/ou de champignons; souvent symptomatiques d’une circulation d’air insuffisante surtout en soirée au moment où les risques de condensation sont plus élevés (cf. 1.4). Il est conseillé d’éviter d’arroser ses orchidées en fin de journée pour ne pas contribuer au processus de condensation en soirée. L’arrosage matinal est nettement préférable! Pour limiter les dégâts causés par les bactéries et les champignons (souvent difficiles à distinguer), il est possible de vaporiser sur le feuillage une solution de cuivre chélaté qui permettra de contenir les deux ravageurs simultanément. Demandez conseil à un spécialiste dans une jardinerie près de chez vous.

E. Synchroniser nos interventions

Sachant que les orchidées se développent et fleurissent dans un cycle annuel assez régulier, nous tenterons de synchroniser nos interventions plus importantes avec les besoins de la plante. Par exemple, l’apparition de nouvelles racines peut nécessiter une légère «redirection» vers le substrat afin d’éviter la forme aérienne nettement moins efficace en culture domestique (cf. 3.3 et 2.1). Lorsque le nouveau feuillage apparaît, on pourra appliquer une fertilisation azotée jusqu’à l’émergence d’une inflorescence, puis utiliser une fertilisation moins stimulante (cf. 2.2 et 2.3). La fertilisation des orchidées fera l’objet d’une prochaine chronique.

Après l’ouverture de la dernière fleur de la saison, on pourra réduire radicalement la fertilisation, car la période de repos qui suivra la floraison n’exigera aucun apport supplémentaire de nutriments (cf. 2.4). On redoublera de précautions lors de la manipulation d’une plante en fleur et on prendra soin de tuteurer les inflorescences avant que les boutons de fleurs ne deviennent trop lourds (cf. 3.4).

Une orchidée en bonne santé peut être inspectée très rapidement. Ici, nous avons un Miltoniopsis Maui Mist ‘Golden Gate’ bien vigoureux; le feuillage est impeccable et la floraison est très satisfaisante. Photo: Robert Charpentier

F. L’étape du possible rempotage

Si le substrat dégage une mauvaise odeur (celle de champignon ou de pourriture bactérienne), il faudra prévoir le rempotage de la plante à la prochaine occasion, c’est-à-dire au début du prochain cycle de croissance lorsque de nouvelles racines émergeront. Ces jeunes racines pourront assurer l’approvisionnement en eau de la plante malgré les pertes de racines anciennes qui sont inévitables lors d’un rempotage. Généralement, le substrat à base d’écorce devra être remplacé tous les 3 ou 4 ans pour éviter la pourriture du système racinaire (cf. 3.2).

Les orchidophiles expérimentés porteront une attention particulière aux pointes des feuilles qui auront tendance à noircir et à se dessécher lorsque le substrat sera saturé de minéraux toxiques. C’est souvent le cas d’un vieux substrat très détérioré (ou surfertilisé) que l’on devra rincer à l’eau courante pour en purger les sels d’engrais. 

La présence de ravageurs

Occasionnellement, on peut détecter la présence de ravageurs dans nos orchidées (cf. 3.5). Les cochenilles et les pucerons sont les plus courants. Il faut rester calme et méthodique! D’abord, éliminez tous les insectes visibles à l’aide d’une lingette désinfectante (par exemple Lysol ou Clorox). Ensuite, saupoudrez de la terre diatomée autour du pied de la plante afin de bloquer les passages des larves qui se sont développées dans le substrat. La terre diatomée est un abrasif microscopique sur lequel les larves en déplacement se coupent, ce qui provoque une hémorragie mortelle.

On peut aussi traiter la plante infestée avec un savon insecticide en suivant les instructions du fabricant du pesticide. Il peut être utile d’installer des petits pièges collants (jaunes) et de les vérifier périodiquement. En cas de récidive, il faudra consulter un spécialiste dans un centre de jardinage ou au sein d’une association d’orchidophiles. Emportez avec vous un échantillon pour faciliter le diagnostic du conseiller. 

Produits d’hygiène fréquemment utilisés: terre diatomée pour contrer les insectes rampants, lingettes désinfectantes, savon insecticide (5 ml / litre d’eau), huile de Neem (10 ml / litre d’eau), cuivre chélaté, savon insecticide commercial et avant-plan: vaporisateur d’alcool à friction incluant un bâtonnet de cannelle, quelques pièges collants jaunes utiles et un piège lumineux USB. Photo: Robert Charpentier

G. L’hygiène de base pour l’observation

Au risque de me répéter, lavez-vous les mains entre l’observation de chaque plante pour éviter la propagation des infestations. L’utilisation de lingettes désinfectantes (par exemple Lysol ou Clorox) peut s’avérer très pratique et très efficace si l’accès à un évier est difficile. Elles sont sécuritaires et efficaces. Je vous recommande d’ajouter un peu d’eau au contenant de lingettes de façon à toujours avoir environ un centimètre d’eau au fond du contenant. Ainsi, les lingettes seront bien humides et bien plus efficaces. Il est recommandé de vider la poubelle après chaque séance d’inspection et/ou de nettoyage d’orchidées.

Avec un peu de pratique, tout cela devient facile et rapide

Évidemment, les premières inspections vous prendront quelques minutes, mais très rapidement vous prendrez de l’expérience et gagnerez en rapidité. Après seulement une dizaine d’inspections, vous devriez pouvoir diagnostiquer une orchidée en quelques secondes. 

En prime, vous y trouverez probablement une certaine satisfaction. Pour l’amateur d’orchidées, il est vraiment agréable de voir se développer une jolie plante jusqu’à la floraison. Surtout quand on sait que l’on y est pour quelque chose!

Un dernier conseil, si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à rejoindre un groupe d’orchidophiles. Il y en a un peu partout en Amérique et en Europe. Une simple recherche sur Google devrait vous permettre d’identifier une association d’orchidophiles qui vous conviendra. Notez que plusieurs de ces groupes diffusent leurs réunions en ligne (via Zoom) et les rendent ainsi accessibles à un large public géographiquement très dispersé. En plus d’avoir accès aux conférences et aux ateliers, vous pourrez discuter avec des orchidophiles expérimentés qui vous guideront à travers l’univers passionnant des orchidées.

Remerciements

Je tiens à remercier mon ami Martin Rondeau pour sa patience et sa rigueur dans la révision de mes chroniques sur les orchidées. Ses commentaires me sont très utiles et très précieux. Je remercie également les lecteurs du blogue qui prennent le temps de commenter mes publications. Sincèrement, merci!

Note de l’éditeur

Les chroniques de M. Charpentier sur les orchidées sont publiées sur le site du Jardinier paresseux dans un modèle légal de type «Copyleft». Les sociétés horticoles qui le souhaitent peuvent intégrer ses chroniques dans leur journal technique ou simplement diffuser le lien internet auprès de leurs membres. Veuillez toutefois inclure la mention suivante: 

Cet article a initialement été publié en français sur le site internet du JardinierParesseux.com et en version anglaise sur le blogue LaidBackGardener.


  1. very informative articles or reviews at this time.

  2. Cette chronique est très intéressante et suscite certaines questions. Qu’entendez-vous par fertilisation azotée? 25-10-10 ?
    Aussi, j’aimerais savoir comment redresser une grosse Phalaenopsis complètement affalée sur un côté de son pot en terre cuite, et dont les racines aériennes ont complètement adhéré au pourtour du pot? Comment la redresser et surtout comment faire en sorte qu’elle reste plutôt droite sachant qu’en général elles ont tendance à se coucher?
    Merci de vos conseils, toujours très appréciés.
    Bonne journée Roméo des orchidées!

    • Très chère Juliette, en effet un engrais 25-10-10 est riche en azote; c’est le premier chiffre du code N-P-K pour Azote-Phosphore- Potassium. L’azote stimule la production du feuillage alors que le phosphore encourage la floraison et finalement le potassium serait déterminant dans la santé globale des plantes.
      En nature, les Phalaenopsis poussent inclinés en s’appuyant sur la branche sur laquelle ils grandissent. En culture domestique, ils cherchent souvent à reprendre cette position couchée après quelques années de croissance. C’est normal. Vous pouvez tenter de le redresser au prochain rempotage. Faites d’abord tremper (30 minutes) le pot dans l’eau à température de la pièce – cela devrait assouplir les racines et vous aider à décoller les racines qui ont adhéré au pot. Ensuite sortez délicatement la plante de son pot, éliminez tout le substrat dégradé et la remettre dans un pot propre (ou neuf) en lui redonnant la position verticale que vous souhaitez. Complétez ensuite le remplissage du pot avec un substrat neuf. Ne soyez pas surprise si plusieurs racines aériennes meurent après la mise en pot. Elles sont adaptées à l’air libre et quand elles se retrouvent en pot, elles sèchent plus lentement (trop lentement) et elles finissent par en mourir d’asphyxie. Pour maximiser vos chances de succès, il sera préférable d’attendre que votre Phalaenopsis ne soit pas en fleur mais plutôt en train de faire de nouvelles racines. Ainsi, les nouvelles racines pourront assurer l’approvisionnement en eau malgré la perte de plusieurs racines anciennes. Bonne Chance 😉

  3. j’aimerais savoir comment retrouver la première chronique parue en mai 2025. j’ai dû l’effacer par accident.
    Merci de votre implication pour continuer le travail titanesque de votre père.

  4. Merci pour vos précieux conseils, Robert. Votre passion pour les orchidées est évidente et… contagieuse! Si je ne possédais pas déjà plusieurs orchidées, j’irais de ce pas m’en procurer une pour le plaisir de suivre vos directives et recommandations. Au plaisir de vous lire dans un prochain article.

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    EMAIL : ILLUMINATITEMPLEOFRICHES279@GMAIL.COM

  8. Dans les objectifs de l’inspection vous nommez, au point 3.3 – la redirection des racines aériennes vers le substrat; comment fait-on pour rediriger une racine vers le substrat? J’ai déjà essayé trois fois sur différentes orchidées; la 1ère fois ça a fonctionné mais pas les deux autres fois.
    Comment faites-vous?