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Créer un champ fleuri avec des plantes indigènes et naturalisées

Il vous est sûrement arrivé, au détour d’une petite marche, de tomber par hasard sur un champ abandonné rempli de belles fleurs sauvages! Il est facile d’être émerveillé par une aussi belle composition. Les couleurs des fleurs, les textures, les formes. Tout est parfait! C’est à croire qu’un paysagiste s’est amusé à tout planter avec tant de talent qu’on croirait que c’est naturel!

Les champs fleuris laissés à l’état naturel peuvent devenir des sources d’inspiration pour nos champs fleuris cultivés. Photo : Julie Boudreau

Avec un peu de doigté, on peut arriver à recréer des parcelles de ce paysage chez soi. L’idée paresseuse derrière les champs fleuris est qu’une fois bien installés, ils ne nécessitent presque pas d’entretien. Regarder pousser deviendra notre seule mission! Enfin, presque.

Le champ fleuri a indéniablement plusieurs avantages qui vont au-delà de limiter la surface de tonte de la pelouse. Un champ fleuri rempli de plantes indigènes et naturalisées est un grand contributeur à la biodiversité, tant végétale qu’animale ou fongique! Il devient une oasis pour les pollinisateurs et les amateurs de nectar. Les abeilles, les papillons et les oiseaux y trouvent un merveilleux sanctuaire.

Il serait faux de prétendre que la création d’un champ fleuri ne se fait pas sans effort. Les deux ou trois premières années d’implantation des champs fleuris demandent une attention particulière, surtout du côté du désherbage, afin de contrôler les indésirables. Il faut aussi ressemer ou replanter ce qui a moins bien réussi.

Aussi appelé pré fleuri ou mini-prairie, ce type d’aménagement est de plus en plus populaire. On retrouve des mélanges de semences de pré fleuri dans tous les bons commerces. Plusieurs semenciers spécialisés dans les plantes indigènes offrent aussi des mélanges intéressants. On peut même se procurer des multicellules ou des plants plus développés.

Plusieurs municipalités qui se sont tournées vers la gestion différenciée des espaces verts ont opté pour les prés fleuris. Ils apparaissent partout dans les parcs!

De plus en plus de municipalités adoptent une approche plus naturaliste dans la composition de leurs aménagements, en utilisant des plantes déjà présentes dans leur secteur. L’épilobe et l’achillée volent la vedette en attendant la floraison des verges d’or. Photo : Julie Boudreau

Encourager les plantes indigènes… et quelques introduites

L’essentiel pour créer un champ fleuri réussi est de sagement choisir les plantes que l’on va installer. Il faut, le plus possible, encourager les plantes indigènes, c’est-à-dire des plantes qui poussent naturellement dans la région depuis des millénaires! Les plantes indigènes sont bien adaptées au climat et elles sont en harmonie parfaite avec le milieu.

Toutefois, se limiter aux plantes indigènes, surtout pour le Québec, c’est se priver de plusieurs autres plantes naturalisées et bien intéressantes. Par exemple, les marguerites blanches (Leucanthemum vulgare) qui poussent partout dans les champs ne sont pas indigènes au Québec. C’est une plante introduite. C’est-à-dire qu’elle est arrivée d’Europe avec les premiers colonisateurs. Mais, elle s’est fondue au paysage, si bien, qu’on la croirait d’ici! C’est ce qu’on appelle une plante introduite naturalisée.

Il est bon d’aborder le sujet, car certaines plantes introduites ne se comportent pas du tout avec la délicatesse des marguerites. Ce sont les plantes envahissantes indésirables, celles qui détruisent le milieu naturel pour prendre le contrôle total de l’espace. On a qu’à penser à la renouée japonaise (Reynoutria japonica). Celles-là, on ne les invite pas dans le champ fleuri!

D’abord et avant tout, ne pas réinventer la roue!

Lors de la création d’un champ fleuri, le meilleur conseil à donner pour faire sa sélection de plantes est d’aller voir ce que la nature a à offrir, à proximité. Oui, les réponses sont toutes là, dans les champs, les terrains vacants et même aux bords des routes et des autoroutes de votre région. Ces plantes, juste là sous votre nez. La voilà, votre palette de couleurs pour créer votre tableau à la maison.

C’est une simple question de logique. Il faut rechercher les plantes les mieux adaptées au milieu. Celles qui s’implantent sans envahir tout l’espace, celles qui cohabitent bien les unes avec les autres. Une simple observation et prise de notes de ce qui se déroule déjà dans un environnement proche équivaut à toutes les étapes d’analyse du sol, de son pH, de sa qualité drainante.

Semer ou planter?

Il existe deux manières d’implanter un champ fleuri. La première est de faire un semis. Cela implique de retirer toute la pelouse et de partir avec un sol nu. Le meilleur moment pour semer un pré fleuri est à l’automne, car la majorité de nos plantes indigènes ont besoin d’une période de froid pour bien germer au printemps. Implanter un champ fleuri à partir du semis demande beaucoup de patience. Cela peut prendre 3 ans avant que les premières fleurs se manifestent. Pour approfondir le sujet, le pré fleuri d’Edith Smeesters est tout simplement inspirant.

De mon côté, j’aime bien l’option paresseuse qui est de partir d’une pelouse que l’on cesse tout simplement de tondre et dans laquelle on plante quelques indigènes, ici et là, histoire de rendre le tableau plus intéressant.

Créer un champ fleuri comme une vraie paresseuse!

Comme vous le savez, je suis une grande optimiste! J’ai la plus grande confiance envers les forces de la nature. Je sais qu’invariablement, si on ne fait rien… la nature revient au galop! Je sais pertinemment que sans aucune intervention, des fleurs indigènes vont apparaître d’elles-mêmes. Et mieux encore, je n’ai aucun doute que ce qui va repousser là, ce sont les meilleures plantes pour cet endroit!

Puis, on aide le champ fleuri à gagner en beauté florale, en y ajoutant des plants de fleurs indigènes bien adaptés au milieu. Ainsi, on encourage la présence des achillées, des asters de Nouvelle-Angleterre et des asclépiades, trois valeureuses plantes qui s’adaptent à plusieurs conditions!

Mais… je sais aussi que les plantes introduites à tendance envahissantes veillent aussi! C’est pourquoi il faut garder un œil constant pour détecter la moindre tentative d’une indésirable à occuper l’espace. Pour y arriver, bien sûr, il faut une connaissance aiguë des plantes!

En guise d’inspiration de base, voici un aperçu de quelques plantes indigènes ou naturalisées qui sont intéressantes pour le Québec, en fonction du type de sol. Rappelons que la meilleure sélection sera locale et spécifique au lieu!

L’immortelle est une plante magnifique qui présente une très grande tolérance à la sécheresse. Photo : Julie Boudreau

Choix de plantes pour un champ fleuri en sol sec

Choix de plantes pour un champ fleuri en sol moyen

Choix de plantes pour un champ fleuri en sol humide

Il s’agit là d’une proposition de base à laquelle on peut ajouter des dizaines d’autres espèces. Aussi, certaines plantes sont interchangeables d’une catégorie à l’autre. Bref, avant quelques interventions de départ et un petit suivi occasionnel, le champ fleuri peut devenir un nouvel attrait du jardin qui se veut en harmonie avec la nature!

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