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La coriandre, l’herbe qui ne laisse personne indifférent!

Aimez-vous la coriandre ? J’ai remarqué que plusieurs personnes adorent la coriandre alors que d’autres l’ont carrément en horreur. Ce qui est certain, c’est que peu de gens sont indifférents à la saveur intense des feuilles de coriandre. Bref, on l’aime ou on ne l’aime pas. Moi, je l’adore ! Mais ça n’a pas toujours été le cas !

Il y a une dizaine d’années, j’étais de ceux qui n’aimaient vraiment pas la coriandre. Mais, ne reculant devant rien pour maîtriser sa culture afin de transmettre mes connaissances, je la cultivais année après année. Et quand je passais à côté des plants, je me risquais à grignoter un petit bout de feuille. Au début, je grimaçais, puis progressivement, j’ai appris à apprivoiser la coriandre au point où je suis devenu accro.

La coriandre, de son nom latin Coriandrum sativum, est une des plantes condimentaires les plus utilisées partout dans le monde. On la cultive principalement pour la saveur de ses feuilles, mais ses tiges, ses racines, ses fleurs et bien sûr ses graines sont comestibles. D’ailleurs, ces dernières ont une saveur tellement différente de celle des feuilles que l’on pourrait croire qu’elles proviennent de deux plantes différentes.

Les feuilles ont une saveur et un arôme très puissants, voire pénétrants, tandis que les graines, utilisées une fois séchées, ont une odeur et un goût fruité et épicé rappelant celui de l’écorce d’orange. Il est très facile de produire des graines de coriandre, mais il n’en est pas de même pour les feuilles.

Le hic dans la culture de la coriandre

Si vous avez déjà acheté un plant de coriandre, je parie que vous avez été déçu, car très vite la production de feuilles a cessé. Le principal problème de la culture de la coriandre vient du fait que le plant entame la montaison (en langage courant, on dit qu’il monte en graines) lorsqu’il subit le moindre stress. Et ce ne sont pas les stress qui manquent. La transplantation, le soleil, la chaleur intense, le manque d’eau, une récolte trop drastique sont autant de situations qui peuvent entraîner la montaison de la coriandre.

Les premières feuilles de coriandre sont larges et dentelées, un peu à la façon du persil plat. C’est à ce stade que leur saveur est optimale. Lorsque la montaison s’amorce, les feuilles suivantes deviennent progressivement très divisées et peu savoureuses. Puis la floraison et la production de graines suivent. Mince consolation, les fleurs sont attractives pour les pollinisateurs et les graines peuvent être utilisées ou conservées pour de futurs semis.

Cette aptitude à initier rapidement la montaison peut être vraiment frustrante pour les amateurs de feuilles de coriandre. Même si certaines variétés sont commercialisées comme étant plus lentes à monter en graines, mon expérience avec ces dernières a été décevante.

Les fleurs de coriandre sont attractives pour les pollinisateurs.

Semer, semer et semer !

Si, comme moi, vous désirez profiter de la bonne saveur des feuilles de coriandre durant tout l’été, courez vite acheter des graines et effectuez des semis successifs toutes les trois semaines. Semez les graines espacées de 2 cm à une profondeur de 5 mm directement au jardin ou dans des pots à l’extérieur. Lorsque les plants atteignent 3 cm de hauteur, éclaircissez-les tous les 5 cm et consommez les jeunes pousses récoltées. Surtout, ne perdez pas votre temps à démarrer les semis à l’intérieur au printemps, car la transplantation à l’extérieur risque d’initier la montaison.

Semis de coriandre au jardin.

Un peu d’ombre !

Pour retarder la montaison durant les périodes les plus chaudes de l’été, cultivez la coriandre dans un secteur mi-ombragé. Si votre terrain ou votre balcon bénéficie d’un ensoleillement maximal, cultivez la coriandre à l’ombre de plantes plus imposantes.

Cultiver la coriandre dans un secteur mi-ombragé est une bonne stratégie.

Viser l’autonomie en coriandre

La rapidité de la coriandre à initier la montaison peut être utilisée à profit. Laissez quelques plants monter en graines. Vous pourrez récolter les graines (détails à venir) ou les laisser tomber sur le sol pour qu’elles se ressèment naturellement. L’année suivante, dès que la chaleur du printemps s’installera, il y a fort à parier que vous verrez apparaître de petits plants de coriandre dont vous pourrez profiter en primeur.

La récolte et la conservation

On peut commencer à récolter les feuilles à partir du moment où le plant atteint 15 cm de haut. Il est souhaitable d’effectuer les récoltes avec parcimonie, autrement une récolte trop intense risque d’initier… la montaison.

La récolte des feuilles peut commencer dès que le plant atteint 15 cm de haut.

Pour conserver les feuilles à long terme, hachez-les finement puis congelez-les dans l’huile ou l’eau. On peut aussi les faire sécher en étalant les feuilles hachées sur un plateau ou une grande assiette. Toutefois, la saveur des feuilles séchées se dégrade en quelques mois.

Pour récolter les graines, coupez la tige florale lorsque les graines commencent à brunir et placez-la dans un sac de papier brun. Conservez le tout dans un endroit chaud et sec. Après quelques semaines, les graines se détacheront facilement des tiges. Vous pourrez les entreposer dans un contenant hermétique à l’abri de la lumière.

Pour récolter les graines, coupez la tige florale et placez-la dans un sac de papier brun.
Graines de coriandre.

La culture de la coriandre à l’intérieur

Cultiver la coriandre à l’intérieur durant la saison froide est une pratique qui peut occasionner des frustrations. Des plants chétifs résultent souvent d’un éclairage inadéquat ou d’une température trop élevée. Si vous désirez tenter l’expérience, démarrez les semis dans des pots à l’extérieur à la fin de l’été, puis rentrez-les lorsque les températures nocturnes descendent sous 10 °C. À l’intérieur, envisagez un éclairage artificiel.

Une autre méthode plus satisfaisante consiste à cultiver des micropousses de coriandre.

Micropousses de coriandre.

Trois alternatives à la coriandre

Si l’idée de semer la coriandre plusieurs fois durant l’été vous rebute ou si vous souhaitez explorer davantage le monde des fines herbes, ces trois alternatives pourraient vous intéresser : la coriandre vietnamienne (Persicaria odorata syn. Polygonum odoratum), la coriandre mexicaine (Eryngium foetidum) et le papalo (Porophyllum ruderale).

Coriandre vietnamienne.
Coriandre mexicaine.
Papalo

Miam, de la coriandre !

À partir de maintenant, vous n’avez plus de raisons de vous priver de la délicieuse saveur de la coriandre dans vos salades, vos sauces et bien plus encore. Et si vous n’aimez pas la coriandre, vous ne perdez rien pour attendre. La petite enquête que je mène à chaque fois que je donne une conférence sur les fines herbes me laisse croire que vous êtes de moins en moins nombreux. D’ailleurs, mon conjoint, souvent réfractaire aux nouvelles saveurs, a fini par être séduit par la coriandre. Heureusement, car j’en mets partout.

Miam, de la coriandre !

Ce texte est tiré principalement du livre Les fines herbes de la terre à la table par Lili Michaud.

Note : toutes les photos sont de l’autrice.


  1. Merci pour ces bons conseils! J’adore la coriandre, maintenant, je saurai comment la savourer plus longtemps durant l’été.

    • Un gros merci pour votre article. Je ne comprenais pas pourquoi je je réussissais pas avec la coriandre.maintenant je comprends.

  2. Contente de vous retrouvez sur le site du jardinier paresseux . Vos explications sont toujours claires et intéressantes à bientôt j’espère

  3. Onnnnn merci beaucoup madame Lily,c’est tellement génial d’avoir ces infos. Cependant pour la coriandre vietnamienne, oufff ça vient très haut et c’est vivace .
    Merci encore , je cour dans mon jardin pour ressemer .

  4. Quelle belle découverte! J’ai été très déçue effectivement par mes essais précédents, au point où je voulais laisser tomber cette année. Je me suis laissée séduire par la coriandre vietnamienne: contente d’apprendre grâce à vous que j’ai fait un choix qui pourra être gagnant! Vive la coriandre! Et heureuse de faire votre connaissance!

    • La coriandre vietnamienne n’a pas du tout le goût de la coriandre classique et crue elle engourdit les lèvres. C’est aussi une plante très envahissante, mais assez contrôlable. La coriandre mexicaine est supposée avoir un bon goût. Mais je n’ai pas réussi à faire germer les gaines. Bonne chance!

  5. Bonjour. Intéressant cet article. J’ai toujours de la difficulté avec la coriande et j’aime le trucs des semis successifs. J’aurais bien aimé voir les photos des différentes coriandes mais pour une raison ou une autre, les 3 photos n’apparaissent pas et je n’ai pas de difficulté avec les photos sur Firefox habituellement. J’ai donc essayé sur Chrome, j’ai dû ajuster pour permettre les annonces mais sur Chrome, mais aucune photo n’apparait. Ça montre le petit icônes du lien brisé pour toute. Je devrai faire une recherche moi-même…. Merci à toute l’équipe pour les articles super intérresants et instructifs :).

  6. Est-ce une bonne idée de la tailler lorsqu’elle commence à fleurir pour essayer de la faire « durer » le plus longtemps possible?

  7. Fait intéressant avec la coriandre… Si vous côtoyé quelqu’un qui déteste la coriandre et que vous le trouvez fort capricieux, et bien vous avez probablement tort. Il y a une raison génétique derrière cela. En effet, sans entrer dans les détails de la génétique, la façon dont notre cerveau (via nos papilles gustatives) interprète la saveur de la coriandre dépend d’un gène particulier lequel, selon – disons le ainsi – lequel vous avez va vous donner une saveur exceptionnellement bonne ou, carrément exceptionnellement exécrable. Pour en savoir plus, je vous recommande le livre «Un dîner avec Darwin».

  8. En effet, sa culture est difficile mais c’est tellement bon!

    Merci pour ces informations, je vais essayer de produire mes propres semences…

  9. Merci pour ces informations, j’adore la coriandre, mais j’étais très déçu qu’elle monte si vite en graine…

  10. Je me permets d’insister pour signaler que les graines vertes (pas encore séchées) de la coriandre ont un goût très proches des feuilles et que congelées elles restent savoureuses jusqu’au printemps. Elles sont parfaites pour un guacamole en hiver par exemple. Essayez les et donnez m’en des nouvelles.

  11. Mon cher jardinier,
    Je suis toujours avec plaisir vos chroniques. Je me permet cependant de vous rappeler un extrait d’un « Jardnier paresseux » . Selon Philippe Pouillard, entre 15 et 25 % de la population déteste son odeur ou son goût. Cette proportion varie cependant selon les régions. Cette sensation est due à une défaillance du gène OR6A2, qui contrôle la sensibilité aux aldéhydes et donne un goût de savon à l’aliment. Je fais malheureusement partie de ce groupe pour qui la coriandre goûte le savon et est amère.