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L’orchidée – florifère en cycle!

La majorité des plantes que nous cultivons sont cycliques, ce qui n’a rien de surprenant puisqu’elles doivent composer avec le cycle des saisons et avec l’alternance jour/nuit de l’environnement où elles se développent. La séquence de transformations qui amène l’orchidée tropicale à fleurir est significativement différente de celle de nos plantes indigènes (plus nordiques). En effet, les jours sont plus constants et les saisons moins radicalement contrastées sous les tropiques que sous nos latitudes. Tout cela aura donc un effet direct sur les conditions de culture qu’il nous faudra recréer.

D’abord, l’espèce botanique dans son milieu naturel 

Au fil de leur longue évolution botanique, les orchidées ont su s’adapter aux conditions environnementales qui les entourent. Elles se sont progressivement «spécialisées» dans leur niche écologique, ce qui les rend relativement uniques en termes de besoins de culture. Certaines se sont adaptées aux conditions froides des montagnes tandis que d’autres ont appris à croître dans des conditions chaudes et humides comme en bord de mer, par exemple. La luminosité requise pour leur croissance peut aussi varier considérablement en fonction du milieu naturel où elles sont adaptées. 

Identifier leurs besoins de croissance

Ce sera donc le premier défi à relever pour quiconque souhaite faire fleurir des orchidées: identifier précisément leurs besoins de croissance. Comme il existe des dizaines de milliers d’espèces botaniques sur terre, il faudra se référer à de bonnes sources pour s’y retrouver. 

Un bon livre de référence est indispensable pour connaître les conditions de culture des orchidées. On recherchera un ouvrage assez technique et rédigé par des orchidophiles compétents. Photo: Robert Charpentier 

La majorité des espèces d’orchidées qui viennent de leur milieu naturel (ce que l’on appelle une espèce botanique) ont un cycle de croissance et de floraison assez strict, étroitement lié à leur environnement d’origine. Le cycle redémarre normalement au moment où les journées s’allongent (hiver et printemps), d’abord par la production de nouvelles racines qui est généralement suivie de la production de nouveau feuillage. Lorsque les journées commencent à raccourcir (été et automne), la plante modifie sa chimie pour commencer la maturation des tissus. Dans de bonnes conditions de culture, cette maturation devrait normalement engendrer la production d’inflorescence, la floraison et finalement la production de graines le cas échéant.

Il est normalement facile de déterminer le degré d’avancement de l’orchidée dans son cycle: les racines émergent (à gauche), le feuillage se développe (au centre) et l’inflorescence apparaît lorsque les réserves sont suffisantes pour la floraison (à droite). Photo: Robert Charpentier

La situation est moins claire quand il s’agit d’orchidée hybride

La majorité des orchidées que l’on trouve dans le commerce sont toutefois des hybrides, c’est-à-dire le résultat des croisements d’espèces. Les hybrides présentent toutefois beaucoup d’avantages en termes de qualité et de quantité de floraisons. Leur cycle de croissance est toutefois moins clair et moins strict. Plusieurs spécialistes de l’hybridation introduisent délibérément des plantes peu cycliques dans leur programme de croisement pour permettre des floraisons multiples au cours d’une même année et ainsi commercialiser des orchidées «en fleur» à plusieurs périodes de l’année, comme à Noël, à la Saint-Valentin, à Pâques, pour la fête de Mères, etc.

Le phalaenopsis hybride

C’est notamment le cas du phalaenopsis hybride dont la production industrielle permet maintenant sa commercialisation à longueur d’année. Les phalaenopsis conservent toutefois une certaine périodicité qui se «synchronisera» avec le temps à vos conditions de culture domestique. Il faudra découvrir cette périodicité en observant sa croissance et sa floraison sur une période de quelques années. 

Ne soyez pas surpris de voir de nouvelles racines émerger pendant 6 à 8 mois et/ou de voir la floraison se produire à un moment très différent de celui où vous l’avez achetée en fleur. Les environnements de production industrielle peuvent être radicalement différents de votre domicile, surtout si les plantes ont été produites en Asie. Ne vous inquiétez pas, avec de «bons soins horticoles», elles s’adapteront et reprendront leur croissance naturelle une fois qu’elles auront trouvé leurs «repères climatiques».

Certaines orchidées de la grande famille des Oncidiums présentent quant à elles un cycle déroutant dans lequel la production de nouveau feuillage précède l’émergence des nouvelles racines. Je cherche toujours une explication à cette anomalie botanique. Si un lecteur peut m’éclairer sur ce sujet, je lui serais reconnaissant de bien vouloir m’en faire part dans la section «commentaires» de ce blogue.

Le phalaenopsis hybride nous réserve souvent des surprises, comme celui du centre qui produit simultanément une nouvelle feuille tout en étant en fleurs. Celui de gauche produit des racines tandis que celui de droite forme une inflorescence. Photo: Robert Charpentier 

Les soins horticoles doivent également être synchronisés au cycle

En pratique, il est essentiel de connaître le degré d’avancement de l’orchidée dans son cycle pour bien la cultiver. Chaque saison de croissance requiert des soins spécifiques que l’on s’efforcera de combler.

Voici quelques exemples.

En saison de production racinaire:

En saison de production de feuillage:

En saison de maturation:

En saison de floraison:

Après la floraison, on donne normalement un temps de repos à l’orchidée en réduisant l’arrosage et en arrêtant toute fertilisation. C’est souvent le meilleur moment pour tailler la plante et éliminer d’anciennes pousses moribondes (vieilles feuilles jaunies, vieilles racines noircies et vieux pseudobulbes brunis). 

Après quelques semaines, vous verrez apparaître de nouvelles racines ce qui confirmera qu’un nouveau cycle de croissance est en train de s’amorcer.

Voici quelques conseils pratiques

Les propriétaires de grandes collections peuvent avoir du mal à se souvenir des besoins de culture spécifiques de chacune de leurs plantes. Certains noteront dans un «journal de culture» les périodes de l’année où les nouvelles racines émergent, où les inflorescences se forment et, bien évidemment, la période de floraison normale. 

Personnellement, je préfère coller une petite étiquette sur chacun de mes pots qui résume succinctement le cycle de la plante. On y retrouve d’abord le nom de la plante et la date du dernier rempotage précédée de la lettre «P:» (pour mise en pot). Sur une deuxième ligne (ou une deuxième étiquette), j’inscris un «R» pour nouvelle racine, un «i» pour l’émergence d’inflorescence et un «F» pour floraison à côté de mois de l’année où j’ai observé l’événement. C’est clair, facile à lire et très pratique pour ajuster mes traitements horticoles.

On peut résumer le cycle de nos plantes par une étiquette comme celles-ci – ce qui simplifiera grandement la gestion de votre collection d’orchidées. Photo: Robert Charpentier

Note de l’éditeur

Les chroniques de M. Charpentier sur les orchidées sont publiées sur le site du Jardinier Paresseux dans un modèle légal de type «Copyleft». Les sociétés horticoles qui le souhaitent peuvent simplement diffuser le lien internet auprès de leurs membres ou intégrer ses chroniques dans leur journal. Veuillez toutefois inclure la mention suivante: 

Cet article a initialement été publié en français sur le site internet du jardinierparesseux.com et en version anglaise sur le blogue LaidBackGardener.

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