Une pelouse peut être beaucoup plus que de l’herbe!
Par Édith Smeesters, biologiste et auteure
Qu’est-ce qu’une belle pelouse?
On a souvent tendance à comparer une belle pelouse à celle d’un terrain de golf. Et si on changeait de point de référence?
Si on comparait la pelouse idéale à celle qui embaume comme un matin de printemps avec toutes ces odeurs qui vous rappellent votre enfance?
Une pelouse fleurie et colorée qui attire par le fait même une quantité d’organismes utiles pour contrôler les infestations: oiseaux, insectes prédateurs ou autres?
Une pelouse originale et sensuelle que vous pouvez fouler sans crainte sous vos pieds nus?
Une pelouse où vos enfants pourront se rouler sans danger et que votre chat pourra mâcher sans tomber malade?
Ne seriez-vous pas fiers d’une telle pelouse?
La biodiversité est la clé de l’équilibre naturel
Dans une prairie ou une forêt sauvage, il y a toujours plusieurs espèces qui vivent en association. Ces plantes qui apparaissent spontanément sont toujours les plus appropriées à l’habitat. Elles germent et prospèrent parce que l’environnement leur convient. Elles s’entraident, stabilisent le sol et préparent le terrain pour d’autres variétés plus exigeantes ou plus délicates. De plus, les plantes sauvages vivent en étroite association avec les autres organismes vivants du sol: insectes, nématodes, bactéries, vers de terre, etc. Si un ravageur détruit une plante, ou même une espèce au complet, il y aura toujours d’autres espèces présentes pour combler les espaces vacants et prendre la relève.
La pelouse «parfaite»
Le concept de pelouse idéale véhiculé depuis quelques décennies est aux antipodes de ces mécanismes naturels. La pelouse soi-disant «parfaite» est un milieu excessivement pauvre d’un point de vue écologique, car elle se compose seulement de graminées (herbes) souvent posées à la hâte sur de la terre pauvre et compactée. Pour survivre dans des conditions aussi artificielles, une telle pelouse a besoin d’engrais chimiques et de pesticides.
Accepter la nature
Pour avoir une pelouse dense et naturelle dans un environnement sain, vous pouvez améliorer le sol de façon à le rendre plus propice aux herbes à gazon. Il est cependant impossible d’obtenir seulement des graminées sans livrer une guerre de tous les instants aux autres plantes qui supportent une coupe régulière. De plus, une monoculture est une source de problèmes constants. Ne serait-il pas plus simple et surtout plus naturel d’accepter la biodiversité dans votre pelouse?
Encore des pelouses traitées aux herbicides toxiques
Beaucoup de gens croient à tort que les pesticides utilisés à des fins esthétiques ont été bannis au Québec et donc que les produits appliqués sur les pelouses sont biologiques, mais ils ont tort.
Le Code de gestion des pesticides du Québec n’a interdit qu’une vingtaine de pesticides (ingrédients actifs) et même là, seulement sur les pelouses. Le produit qu’on utilisait autrefois abondamment pour détruire les pissenlits (le 2,4 D) est maintenant interdit. Par contre, le Dicamba (un produit qui a le même effet) est encore permis d’utilisation par les professionnels. C’est pourquoi on voit encore tant de pelouses «parfaites».
Si vous êtes le moindrement intéressé par les causes environnementales, informez-vous auprès de votre entrepreneur pour connaitre les produits qu’il utilise. Et n’exigez pas une pelouse parfaite.
Heureusement, de plus en plus de municipalités interdisent tous les pesticides sauf quelques produits à faible impact. Parlez-en à vos élus si ce n’est pas le cas!
À propos de l’auteure
Édith Smeesters est l’auteure de plusieurs livres sur l’horticulture écologique tels que le Guide du jardinage écologique aux Éditions Broquet, 2013.
Photos d’Édith Smeesters

