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À la découverte des familles botaniques: Les Cucurbitacées

Les Cucurbitacées ignorent les conventions et font fi des frontières que le potager ou le jardin leur impose. S’invitant sans gêne dans tous les espaces qui les entourent, elles voyagent et traversent pelouses et plates-bandes. Ainsi enjambent-elles clôtures et balustrades, agrippent-elles tonnelles et treillis grâce à leurs puissantes vrilles. Les Cucurbitacées créent alors des décors verticaux vertigineux. Quand l’automne bat son plein, elles colorent admirablement les champs avec leurs fruits volumineux et contribuent au succès de nos portraits d’Halloween. Mais plus concrètement, la famille des Cucurbitacées se compose de plantes herbacées annuelles et vivaces, plus rarement arbustives. C’est une famille de plantes dicotylédones qui compte 800 espèces réparties en 180 genres, principalement originaires des régions tropicales ou subtropicales.

La citrouille, une fière représentante des Cucurbitacées. Photo: Mathieu Gaudreault

Caractéristiques morphologiques

Tiges, feuilles et vrilles

Les tiges sont habituellement rampantes ou grimpantes. Elles possèdent fréquemment des vrilles axillaires (ramifiées ou simples). Les vrilles sont des feuilles modifiées. Ici, l’évolution a fait en sorte que certaines feuilles se sont peu à peu transformées en petits lassos permettant à la plante de s’agripper pour grimper. Ces vrilles sont incroyablement fortes et peuvent soutenir des plants portant des fruits très lourds.

Les vrilles présentes chez la majorité des Cucurbitacées en font d’excellentes plantes grimpantes. Photos: Mathieu Gaudreault

Comme il existe toujours des exceptions, les courgettes zucchinis (Cucurbita pepo var. cylindrica) ne sont ni grimpantes, ni rampantes et ne possèdent pas de vrilles. Par contre, elles satisfont d’autres critères importants en ce qui a trait aux fleurs et aux fruits leur permettant de faire partie de cette famille.

Courgettes zucchini (Cucurbita pepo var. cylindrica) au port buissonnant. Photo: Mathieu Gaudreault.

Les feuilles sont alternes, souvent larges, palmées et lobées. Il existe des Cucurbitacées aux feuilles composées, mais retenons que la majorité sont simples comme celles illustrées ci-bas.

A et B: Feuilles aux nervures palmées. C: Lobes présents sur les feuilles de Cucurbitacées. Illustration: Mathieu Gaudreault

Les tiges et les feuilles présentent des poils (trichomes), pouvant être simples ou glanduleux. Habituellement, ces poils sont raides, ce qui en fait des plantes rudes au toucher et pas toujours agréables lors des récoltes.

Poils (trichomes) sur les tiges et les feuilles. Photo: Mathieu Gaudreault

Fleurs

Les plantes de cette famille sont monoïques, on y retrouve donc des fleurs mâles et des fleurs femelles sur un même individu. Les fleurs femelles se distinguent par leur ovaire situé sous la fleur. La symétrie est souvent actinomorphe (radiale). La corolle compte généralement 5 pétales soudés et le calice comporte souvent 5 sépales.

A: Fleur mâle B: Fleur femelle. Le renflement (l’ovaire) sous les pétales permet de bien discerner la fleur femelle de la fleur mâle chez les Cucurbitacées. Illustration: Mathieu Gaudreault

Fruits

Le fruit est une péponide, un type de baie spécialisé avec une pelure (épicarpe) coriace et une chair (mésocarpe) charnue. C’est le cas des courges, citrouilles, melons, etc. À l’intérieur, les graines sont souvent disposées en 3 compartiments, parfois enveloppées d’une pulpe comme chez le concombre.

Le fruit du melon représente bien une péponide. A: Pelure (épicarpe) coriace. B: Chair (mésocarpe). On observe aussi les 3 compartiments. Source: Wikipedia

Voici quelques exemples connus et d’autres moins des Cucurbitacées

Courge poivrée ‘Célébration’ (Cucurbita pepo var. turbinata ‘célébration’) Les Cucurbitacées nous offrent maintenant une grande variété de péponides colorées et savoureuses. Photo: Mathieu Gaudreault
Vous connaissez sûrement la courgette ‘zucchini’ (Cucurbita pepo var. cylindrica). Mais saviez-vous que ses fleurs sont comestibles? A: Fleurs femelles, B: Fleurs mâles. Photo: Mathieu Gaudreault.
Le concombre sauvage (Echinocystis lobata) est une espèce indigène au Québec. On observe ici 3 critères importants des Cucurbitacées, les vrilles, les feuilles palmées et les fruits de type péponide. Photo: Mathieu Gaudreault.
Courge éponge (Luffa aegyptiaca). Cultivée comme légume lorsqu’elle est jeune, cette Cucurbitacée produit, en mûrissant et en séchant, une fibre naturelle utilisée comme éponge végétale. Un bel exemple de plante à la fois utile et étonnante! Source: Tomas nevado, Wikipédia

La plus grosse citrouille du monde!

La famille possède aussi son record! En effet, c’est en 2023 que Travis Gienger, un enseignant en horticulture du Minnesota, a battu le record Guinness de la plus grosse citrouille du monde. Elle pesait 2749 livres! Source: hmbweighoff.com

À plus d’un égard, les Cucurbitacées représentent une famille fascinante: avec leur croissance vigoureuse, leurs fruits démesurés et colorés, elles ne se contentent pas d’occuper un espace, elles le transforment. Leurs origines tropicales et subtropicales ne les empêchent pas d’inspirer les créateurs de jardins tempérés. Elles ne vous décevront pas pour peu que vous leur fournissiez un sol amendé en compost, de la chaleur et des arrosages réguliers.

Succès garantis!

En résumé, pour identifier une Cucurbitacée :

  • Plante grimpante ou rampante avec tiges souvent rugueuses
  • Feuilles alternes et palmées
  • Présence de poils
  • Fleurs à 5 pétales et unisexuées (des fleurs mâles et des fleurs femelles)
  • Fruit de type péponide

Dans notre prochain volet… les Euphorbiacées!


  1. Hum… succès garanti si vous n’avez pas de perceurs de courges. Parce qu’alors, vous ne pouvez cultiver que la courge musquée et les concombres. Quant aux courgettes, c’est à la grâce de la déesse des cucurbitacées. Nous en avons eu quelques-unes cette année, malgré les vilains perceurs. Nous habitons la Montérégie et ces invasifs du sud (ils viennent des USA) sont arrivés depuis quelques années.

  2. Allo mes profs préférés! Encore un bel article qui me rappelle mes cours et rafraichît ma mémoire, merci de nous partager votre passion.

  3. Marie-Alice Sourroubille

    Pour éviter cette calamité, nous abritons nos plants de courgettes sous un filet en fermant bien toutes les ouvertures pour que le papillon perceurs de courges ne puisse pas pondre. J’ai ramassé mes dernières courgettes la semaine dernière!
    Un petit inconvénient pour la pollinisation: il faut procéder avec un pinceau d’une fleur mâle à dune fleur femelle, faute d’insecte sous le filet.

  4. Est ce que les concombres sauvages sont comestibles?.
    Merci.

    • Bonjour Christine. Sans être botaniste il semble que non, corroboré par Google. Vous pouvez même acheter des semences au Québec. Je trouve cette plante simple et bien jolie. Il lui faudrait un sol bien humide. Pourtant elle a bien poussée et faits ses graines malgré la sécheresse de cet été et mon sol glaiseux dur comme du béton.

  5. Belle chronique de saison !!!!!

  6. Quand j’étais enfant, mes amis et moi ramassions des centaines de concombres sauvages qui poussaient allègrement le long d’une vieille grange. Ensuite, nous nous séparions en deux clans de guerriers qui se lançaient des concombres!
    Beaucoup de plaisir dans ces années 1940. Sans internet…

  7. Merci à Chantal et Mathieu pour cet article très intéressant! Cette année nous avons eu une récolte impressionnante de courgettes jaunes et vertes. Nous avions un peu de compétition avec des petits rongeurs qui

  8. Merci pour cet article qui m’en a appris beaucoup sur les cucurbitacés. Je me rappelle avoir cultivé le cantaloup quand je demeurais en Montérégie et j’ai eu la chance de récolter 3 beaux fruits. Le goût était exquis.