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Les 5 étapes lorsque survient un dommage au potager

Ça y est, vos semis et vos plantations du printemps sont terminés au potager et vous êtes fier du travail accompli. Mais voilà qu’un beau matin, vous observez un ou plusieurs dommages. Pas de panique!

Enfin, les semis et les transplantations de printemps sont terminés. Crédit photo: Lili Michaud

Avant de sortir les «armes de destruction massive» et ainsi causer plus de torts que de bien, prenez le temps de réfléchir à la situation. Si vous m’interpelliez de façon impatiente en disant «Lili, j’ai un problème dans mon potager. Qu’est-ce que je fais, qu’est-ce que je fais?». Je serais tenté de vous répondre: «Je ne peux rien pour vous. Vous êtes trop pressé».

L’approche écologique n’est pas une approche de solution toute faite. Il faut prendre le temps d’évaluer la situation. D’ailleurs, l’écologie se définit comme étant la science qui étudie les relations entre les êtres vivants et leur milieu. Si vous désirez vraiment jardiner de façon écologique, il faut «étudier» et non pas appliquer bêtement des recettes.

C’est pourquoi, lorsque survient un dommage au potager, je vous suggère les 5 étapes suivantes.

Étape 1. Identifier le coupable

Les dommages aux plantes légumières peuvent être causés par des ravageurs (le plus souvent des insectes qui se nourrissent de nos plantes), des maladies associées à la présence de micro-organismes pathogènes (ex.: le blanc), de mauvaises pratiques culturales ou des conditions météorologiques inadéquates (ex. le froid). Enfin, un mammifère de passage… une marmotte ou même un humain pourraient se retrouver au «banc des accusés».

Si vous arrivez à «prendre le coupable sur le fait», l’identification devrait être plus aisée. Mais encore faut-il éviter de porter des accusations trop rapides sur la bestiole que vous observez. Il se peut que le perce-oreille (ce mal aimé que l’on accuse souvent à tort) que vous avez observé alors qu’il était camouflé dans un trou effectué dans un poivron ne soit pas l’auteur de ce méfait qui pourrait être attribué plutôt à une limace.

Le plus souvent, ce sont les dommages qui parlent.

  • Un plant de haricot coupé à la base, mais laissé sur place. Il y a fort à parier qu’il s’agisse du vers gris qui est venu grignoter le plant au niveau du collet durant la nuit.
  • Les feuilles et la tige d’un plant de concombres ont été totalement mangées. Il faut jongler à la possibilité qu’une marmotte ou un lièvre se soit sustenté loin de votre vue.
  • De nombreux trous minuscules ont transformé les feuilles d’aubergine en véritable dentelle. Regardez de près, vous observerez sans doute des altises, ces minuscules coléoptères qui sautent lorsqu’on touche les feuilles.
  • On remarque des trous irréguliers et des endroits luisants sur les feuilles de chou. Il faut penser aux limaces qui se déplacent grâce au mucus visqueux qu’elles produisent et qui devient luisant en séchant.
Dommages causés par le froid sur plants de concombres. Crédit photo: Lili Michaud
Les feuilles et la tige d’un plant de concombre ont été visiblement mangées… un possible indice du passage d’un mammifère. Crédit photo: Lili Michaud
On peut identifier les dommages causés par les limaces à cause de la traînée visqueuse qu’elles laissent et qui devient luisante en séchant. Crédit photo: Lili Michaud

Plusieurs bestioles accomplissent leurs méfaits la nuit. Votre enquête pourrait drôlement avancer si vous faites une petite visite nocturne au jardin muni d’une lampe frontale. D’ailleurs, je vous suggère de faire l’exercice au moins une fois durant l’été. À défaut de visiter l’insectarium, vous découvrirez qu’il y a parfois tout un party dans votre jardin durant la nuit.

Bref, c’est le moment de mettre à profit vos talents de détective.

Étape 2. Choisir d’intervenir ou non

Maintenant que vous avez identifié le coupable, vous avez le choix entre intervenir ou… ne rien faire.

Selon le coupable, l’importance de la culture, l’étendue du dommage et votre seuil de tolérance, il se peut que la meilleure attitude soit de laisser la nature effectuer le travail à votre place.

Un jardin diversifié et en santé accueille tout un ensemble de bestioles dont plusieurs sont des alliées. Pensons aux araignées, aux coccinelles et aux carabes qui se nourrissent de plusieurs ravageurs. Mais également aux essentiels pollinisateurs tels que le bourdon.

Un jardin diversifié et en santé accueille plusieurs alliés comme ce carabe. Crédit photo: Lili Michaud

Étape 3. Contrôler le dommage avec des méthodes physiques

Lorsqu’il est vraiment nécessaire d’intervenir pour sauver la récolte, les méthodes physiques devraient être le premier choix, car elles ont peu de conséquences négatives sur l’environnement et sur notre santé.

Plusieurs insectes ravageurs pondent leurs œufs à l’endos des feuilles des plantes visées. C’est le cas du doryphore de la pomme de terre, de la piéride du chou et de la pégomyie de la betterave. Prenez le temps de retourner régulièrement les feuilles de ces plantes et si vous observez des œufs, n’hésitez pas à les écraser à l’aide de votre pouce. Au besoin, mettez des gants.

Des œufs de pégomyie sous une feuille d’épinard peuvent être facilement écrasés d’un seul coup de pouce. Crédit photo: Lili Michaud

Ramasser régulièrement les larves et les adultes de doryphore à la main en les faisant tomber dans un petit seau d’eau savonneuse ou encore en les aspirant à l’aide d’un petit aspirateur portatif. Cela demeure une excellente méthode pour contrôler plusieurs ravageurs.

Installer des pièges ou encore des barrières, ces dernières ayant comme but de bloquer l’accès des ravageurs à la culture convoités. Le filet anti-insecte est une barrière très efficace à condition qu’il soit installé de la bonne façon et au bon moment et qu’il soit combiné avec la rotation.

Le filet anti-insecte doit être installé de façon à empêcher tous les accès aux insectes ravageurs volants. Crédit photo: Lili Michaud

Étape 4. Contrôler le dommage avec un biopesticide

Bien qu’il existe quelques biopesticides tels que le BTK, le savon insecticide ou le soufre, l’utilisation de ces produits devrait toujours être une solution de dernier recours. Même si ces produits sont considérés comme «à faibles impacts» sur l’environnement, il faut savoir que «faibles impacts» ne veut pas dire «aucun impact».

Ainsi, les biopesticides peuvent également porter préjudice à l’environnement, incluant certains insectes alliés ou en voie de disparition. Même le populaire BTK, qui a l’avantage d’être spécifique pour les Lépidoptères (les papillons), n’affecte pas essentiellement les papillons ravageurs. Ainsi, il pourrait être dommageable pour le célèbre papillon monarque dont la population a considérablement diminué ces dernières années.

Tous les papillons, incluant le monarque, peuvent être affectés par le BTK. Crédit photo: Lili Michaud

Étape 5. Se questionner sur la cause et repenser ses pratiques

Malgré les dommages, vous avez réussi à obtenir des récoltes satisfaisantes en utilisant un biopesticide!

Avec le recul, c’est le moment de se questionner. Est-ce que vous avez le goût de continuer à traiter ainsi vos plantes légumières dans l’avenir?

Bien sûr, une des options serait d’abandonner la culture en cause. Ce qui serait dommage.

Prévenir plutôt que guérir

Je vous suggère plutôt de «Prévenir plutôt que guérir» en adoptant les pratiques de jardinage suivantes:

  • Créer un environnement diversifié pour encourager la présence des alliés (insectes et autres animaux) en leur offrant le gîte et le couvert.
  • Effectuer la rotation des cultures en évitant de cultiver les mêmes plantes au même endroit année après année.
  • Apprendre à connaître son sol et à le dorloter en minimisant le travail, en utilisant du compost, de même que des engrais naturels si nécessaire.
  • Couvrir le sol de paillis. En plus des bienfaits connus (contrôle des adventices et conservation de l’eau du sol), cela contribue à minimiser les problèmes de ravageurs et de maladies.
  • Arroser de la bonne façon et au bon moment. Opter pour l’arrosage manuel ou la micro-irrigation, des méthodes qui permettent d’arroser directement le sol et non la plante. Arroser moins souvent, mais en plus grand volume. Arroser le matin et surtout pas le soir, car cela crée en environnement humide propice à l’établissement des maladies fongiques.
  • Offrir des conditions de croissance optimales aux plantes à la suite des semis et des transplantations. Ceci pour que les plantes soient plus vigoureuses si un ravageur ou une maladie se manifestent.
  • Favoriser les bonnes associations de plantes en combinant les fines herbes avec les légumes par exemple.
  • Faire de bons choix pour la culture en pots ou en bacs. Opter pour de grands contenants et des terreaux de qualité. Éviter la terre noire.
Le paillis contribue à prévenir les problèmes de ravageurs et de maladies. Crédit photo: Lili Michaud
Crédit photo: Lili Michaud

Sur ce, je vous souhaite de belles récoltes… sans trop de dommages au potager.


  1. Hello ??
    Est-ce que le paillis de feuilles serait nuisible si l’on a des limaces ?
    Jamais mis pour cette raison.

    • Les avantages de l’utilisation du paillis dépassant largement le risque. Le paillis héberge également les ennemis naturels des limaces tels que les carabes. Toutefois comme les jeunes plants sont plus vulnérables, il est sage de retarder le paillage de quelques semaines suite aux semis et aux transplantations.

  2. C’est un réel bonheur de vous lire, Mme Michaud. Merci de partager votre expertise et expérience avec nous! 🙂

  3. Dois-ton mettre vraiment du paillis ds son jardin avec basilic,romarin, épinards,tomates,etc…
    Merci de me répondre et félicitations pour votre travail
    Claire

    • La paillis est avantageux pour toutes les cultures. Il est essentiel pour les tomates et les autres légumes-fruits (poivron, concombre, courges, etc.). Alors, mieux vaut privilégier ces cultures si le paillis manque.

  4. Bonjour Mme Michaud, Depuis 2ans, les perce-oreilles s’attaquent aux fruits de mes poivrons, piments. Ils y percent des trous et j’en retrouve à l’intérieur,,,, ce sont les seuls plants auxquels ils s’attaquent,,Avez-vous une solution à me suggérer?-Merci!

  5. Il faudrait observer attentivement vos plants la nuit ou tôt le matin, je ne serais pas surprise que le dommage soit causé plutôt par des limaces! Les perce-oreilles sont souvent accusés à tort parce qu’ils aiment bien se réfugier dans les trous!

  6. Très intéressante observation!–Merci!-Bon été!

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