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J’aimerais ça, des belles pommes bio, cette année!

Dans mon «immense» jardin écologique, je cultive des pommes bio. Des Belmac bio. Mais, un tout petit problème persiste… la mouche de la pomme.

Photo: Pixrepo

Le pommier ‘Belmac’ est une variété développée dans les années 1990 et mise de l’avant pour sa grande résistance à la tavelure. À l’époque, j’ai trouvé cela incroyable et c’est donc le pommier que j’ai volontairement choisi pour ma petite cour de banlieue. Et côté résistance aux maladies, il répond pleinement aux attentes.

La mouche de la pomme, cet obstacle à de belles pommes bio

Même si mon pommier est très résistant aux maladies, il n’est pas du tout à l’abri des insectes. Tous les deux ans (car mon pommier produit tous les deux ans), 90% des pommes que je récolte sont «piquées». Et le coupable, c’est la mouche de la pomme (Rhagoletis pomonella).

Fondamentalement, ce n’est pas si grave que cela. Je garde les belles pommes épargnées pour la consommation fraîche (comme  pommes à croquer) et une partie de ces belles pommes sont rangées au frigo pour être mangées pendant l’hiver. (Le ‘Belmac’ produit une très bonne pomme de conservation.) Quant aux pommes endommagées, elles entrent dans les mille et un projets de transformation et de cuisson initiés par mon fabuleux «Party Pommes».

Eh oui, je vous rassure: au moment de la récolte, les insectes sont sortis des fruits depuis longtemps. Et même si ces pommes ne sont pas nécessairement jolies, elles sont parfaites pour les tartes, les compotes et les gelées diverses. Le fait qu’elles soient endommagées a donc bien peu d’impact.

Toutefois, c’est parfois le quart ou la moitié de la pomme qui est inutilisable en raison des dommages trop avancés. Comment faire pour limiter les dégâts? Pour gaspiller moins… et faire plus de tartes et de compotes!

Connaître son ennemi

C’est bien sûr le meilleur moyen de lutter contre la mouche de la pomme. Où sont ses faiblesses? Comment lui faire une jambette?

La mouche de la pomme est une vraie mouche et elle ressemble à une mouche domestique. La seule différence notoire est que ses ailes sont rayées de blanc et de noir. Elle apparaît vers la fin juin, juste au moment où les pommes commencent à ressembler à des pommes en devenir. C’est alors qu’elle pond ses œufs juste sous la pelure de la pomme. Avec de bons yeux, on peut observer un tout petit point rouge sur la pelure. On dit qu’une mouche peut pondre environ 200 œufs, mais qu’elle pond rarement plus d’un œuf sur la même pomme. Je suis assez d’accord avec cette observation, car il est rare de trouver plus d’un réseau de tunnels par pomme.

La mouche de la pomme se reconnaît assez facilement par les rayures noires et blanches sur ses ailes. Photo: Joseph Berger sur Wikimedia Commons

De cet œuf naît une petite larve blanche qui n’atteindra pas plus de 8 mm de long. Celle-ci se nourrit de la chair de la pomme en creusant de petits tunnels. Après 20 à 30 jours à jouer à la mineuse, la larve se laisse tomber au sol où elle se transforme en pupe. La pupe est le stade de transformation entre la larve et la mouche. Un peu comme le cocon d’un papillon. Cette pupe passe l’automne, l’hiver et le printemps dans le sol, à une profondeur de 2 à 5 cm.

Et enfin, vers la fin de juin, l’adulte émerge du sol et le cycle recommence. Par chance, il n’y a qu’un cycle par année.

Passer à l’action

Avec ses connaissances en poche, on constate qu’il est possible d’intervenir à différentes étapes de la vie de la mouche de la pomme. Par exemple, si le pommier se trouve dans une plate-bande, un léger binage du sol à l’automne ou au printemps peut faire remonter les pupes à la surface et les rendre plus vulnérables aux prédateurs.

Puisque les larves se trouvent dans les pommes, principalement aux mois de juillet et août, toute pomme qui tombe au sol avant son temps doit rapidement être ramassée et mise au bac brun. Cela empêche des larves de compléter leur alimentation et de facilement accéder au sol pour la métamorphose vers le stade de pupe.

Et enfin, entre la fin juin et la mi-juillet, on peut piéger les mouches adultes.

La solution: un verre de beer pong?

Parce qu’une mouche a toujours bien le quotient intellectuel d’une mouche! C’est rouge, ça sent la pomme… c’est une pomme! Et voilà comment on déjoue la petite coquine. Dans les vergers, on utilise de fausses pommes rouges en plastique, enduite de colle pour faire le dépistage de la mouche de la pomme. Attirées par la couleur, les mouches s’y posent dans l’intention d’y pondre… et les voilà prises.

Depuis plusieurs années on a découvert que le célèbre gobelet de plastique rouge si omniprésent dans nos partys de famille a, lui aussi, le pouvoir attractif de la fausse pomme. On trouve assez facilement sur le marché la colle requise pour enduire le piège.

À partir de la fin juin, jusqu’à la fin août, on installe environ 4 à 5 pièges par pommier. Chaque mouche qui s’y englue en est une de moins à pondre ses œufs sur les vraies pommes.

Votre meilleur allié pour lutter contre la mouche de la pomme: le gobelet de plastique rouge! Photo: Michael Mate sur Wikimedia Commons

Avec ces trois modes d’action (binage au sol au printemps et à l’automne, ramasser rapidement les pommes tombées au sol et installer un jeu de beer pong), il est espéré de réduire considérablement les dommages causés par la mouche de la pomme. Je ne m’attends pas à totalement annihiler l’espèce. D’ailleurs, je préfère la cohabitation. Mais, si je pouvais augmenter mon pourcentage de pommes utilisables en cuisine, ma réserve de compotes de pommes pourrait me sustenter jusqu’au mois de septembre. Car, je viens à l’instant d’engloutir les dernières cuillères de mon dernier pot. Et nous sommes en mai.

Étiquettes + Mouche de la pomme, Malus


  1. Intéressant, mais de quoi est composé votre colle?

  2. Chère Julie, Dans ton jardin écologique, tu peux faire pousser des pommes « au naturel », mais pas des pommes « bio ». En tous cas, pas sans que ces fruits soient certifiés conformes au cahier de charge de la norme biologique par un organisme de certification accrédité. La confusion règne dans le public mais quand on est chroniqueur, on a l’obligation d’une plus grande rigueur hein. 😉

    • j’irais plus loin dans l’idée de réfléchir comme une mouche 😕 je pense à la mouche à fruit qui est attirée par le jaune qu’on a juste à rendre collant. J’ai aussi déjà mis des rubans collants à mouche accrochés aux branches, mais la destruction est un peu massive, incluant les guêpes. Merci pour la description de la mouche, je me rend compte que j’en ai confondu une avec une mouche « à chevreuil ». PS : le truc pour avoir de la compote sur 2 ans, c’est un gros pommier ?

  3. j’irais plus loin dans l’idée de réfléchir comme une mouche 😕 je pense à la mouche à fruit qui est attirée par le jaune qu’on a juste à rendre collant. J’ai aussi déjà mis des rubans collants à mouche accrochés aux branches, mais la destruction est un peu massive, incluant les guêpes. Merci pour la description de la mouche, je me rend compte que j’en ai confondu une avec une mouche « à chevreuil ». PS : le truc pour avoir de la compote sur 2 ans, c’est un gros pommier ?

  4. Merci , très intéressant, j’ai des framboises noire que l’on appelait chez nous des  » Catherinettes », il y a des petites mouche qui viennent pondre leurs oeufs et une chenille se développe a l’intérieur…qui devienne des framboises protéinée….y a t-il des intervention naturelle qui fonctionnerais pour ce problème.

  5. ENFIN une explication simple et précise !!
    Merci, merci, merci 🙂 !

  6. Si vous voulez consommer des pommes vraiment bio sans utiliser de produits pour arroser, nous avons trouvé le seul moyen c’est de couvrir le pommier d’un bon filet . Merveilleux , on avait essayé des pommes rouges avec une colle. Cela a produit des résultats mais onmangeait encore des pommes piquées et maintenant on mange des pommes parfaites

  7. Merci pour vos informations, elles sont intéressantes et très pertinentes. J’ai une petite question. Dans mon petit potager, je sème à chaque année des haricots et les feuilles se font manger. Que faire?

  8. J’aimerais bien avoir plus de précision sur le type de colle à utiliser. Merci pour toutes ces informations très utiles.

  9. Bonjour, où peut-ton acheter cette colle? J’ai vérifié à plusieurs places et il en non pas.

    • À Québec, le Jardin Hamel en vend (ou du moins en vendait récemment, ça dure longtemps un tube de colle !)
      Aussi, j’utilise des boules de noël ROUGE que j’enduis de cette colle et que j’accroche aux branches, autant pour les pommiers que les cerisiers. Très efficace!

  10. De mon temps en école d’horticulture les jeunes fruits étaient ensachés ce qui ne laissait aux prédateurs des fruits pas ou peu de chance de ponte .Chez nous les sacs papiers ne sont pas jetés et vont vers les petits vergers envelopper les fruits. Frelon n’aime pas une piqure dans la chair fait pourrir les fruits

  11. Merci ! très pertinent.

  12. Merci Julie pour les moyens de lutte naturels contre les compotes de fruits protéinées. Jadis on utilisait la colle Tangle Trap (recommandée par Larry) pour la mouche de la pomme (sur fond rouge) et autres bibittes (sur fond jaune). Évitez cependant d’utiliser la Tangle Trap dans vos compotes.