Les Journées québécoises de l’horticulture : semer la nature, récolter la communauté
Si vous lisez régulièrement ce blogue, en particulier mes articles, vous savez probablement que j’entretiens un lien particulier avec les sociétés horticoles et autres associations de jardinage. J’ai passé une grande partie de ma jeunesse à visiter des jardins et à participer à des activités aux côtés de mon père, le communicateur horticole Larry Hodgson, qui a collaboré avec ces groupes tout au long de sa carrière, notamment en leur présentant des conférences.
Quand j’étais jeune, nous avions une parcelle dans un jardin communautaire local, dans notre quartier de Québec, où j’ai grandi. C’est là que j’ai appris les bases du jardinage potager. J’ai passé d’innombrables heures à jouer dans le jardin Van den Hende avec les enfants des autres membres de la société horticole, pendant que les adultes vaquaient à leurs occupations. Aujourd’hui encore, je suis étroitement lié à diverses associations et je donne régulièrement des conférences pour des organisations horticoles.
Une tradition enracinée dans la communauté
Je suis convaincu que le jardinage est, à la base, une activité communautaire. Historiquement, l’agriculture et le jardinage – qui sont à l’origine même de nos civilisations – étaient essentiels à la survie des populations. On cultivait collectivement pour nourrir l’ensemble de la communauté et non seulement sa propre famille. Dans de nombreuses sociétés, la terre appartenait à la collectivité et les jardins étaient souvent entretenus et partagés par tous.
Ce sentiment d’effort commun perdure encore aujourd’hui. Le jardinage continue de rassembler les gens: qui n’a jamais discuté avec un voisin de ses tomates malades, échangé des semences ou des boutures, ou prêté un outil? D’après mon expérience, c’est aussi une activité familiale qui unit les générations, leur permettant d’apprendre les unes des autres et de transmettre des traditions précieuses. J’ai moi-même appris de mon père, qui, lui, avait appris de son père.
Au-delà de l’aspect familial, le jardinage est aussi une activité communautaire. Des quartiers entiers se mobilisent pour embellir les espaces publics, tandis que des associations pilotent des projets de verdissement et de naturalisation. Les jardins communautaires, quant à eux, rassemblent les citoyens autour d’un même sol, tout en rendant notre environnement plus sain et nos écosystèmes plus vivants.
Les sociétés horticoles
Une société horticole est un organisme à but non lucratif qui regroupe des passionnés de jardinage, qu’ils soient débutants, expérimentés ou professionnels. Sa mission est de promouvoir l’horticulture au sein de la communauté par le biais d’activités éducatives, sociales et environnementales. Présentes à l’échelle locale ou régionale, ces sociétés font souvent partie d’un réseau plus vaste et jouent un rôle clé dans le rayonnement du jardinage écoresponsable.
Une fédération au service de l’horticulture citoyenne
La Fédération des sociétés d’horticulture et d’écologie du Québec (FSHEQ) est un organisme à but non lucratif qui regroupe des sociétés d’horticulture, des comités d’embellissement et des jardins communautaires partout au Québec. Fondée en 1978, elle vise à promouvoir l’horticulture comme loisir actif, écologique et accessible à tous. Avec plus de 22 000 membres, elle soutient ses groupes membres par des formations, des outils et des activités, et agit comme moteur de verdissement citoyen dans toutes les régions du Québec.
Les sociétés horticoles organisent une foule d’activités: des conférences sur des sujets variés, des ateliers pratiques, des visites guidées de jardins publics ou privés, des échanges de plantes ou de semences. Elles participent également à des projets de verdissement communautaire, à l’entretien de jardins publics ou scolaires, ainsi qu’à des collaborations avec des organismes locaux, des bibliothèques ou des écoles.

Fonctionnant grâce à l’engagement de bénévoles, elles sont dirigées par un conseil d’administration élu et soutenues par les cotisations annuelles de leurs membres. En retour, ces derniers bénéficient de nombreux avantages: rabais chez certains partenaires, accès exclusif à des activités, infolettres, documentation spécialisée, et surtout, la possibilité d’échanger avec d’autres jardiniers passionnés.
Par leur action, les sociétés horticoles contribuent non seulement à embellir les milieux de vie, mais aussi à renforcer les liens sociaux, à favoriser la biodiversité et à sensibiliser la population aux pratiques horticoles durables.
Autres groupes de jardinage ancrés dans la communauté
Outre les sociétés horticoles, plusieurs autres types d’associations jouent un rôle clé dans la promotion du jardinage et de l’embellissement local. Plus informels ou orientés vers des objectifs spécifiques, ces groupes permettent aux citoyens de s’impliquer activement dans la vie de leur quartier, de partager leurs connaissances et de cultiver ensemble des espaces vivants.
Parmi les plus présents, on retrouve les comités de verdissement, souvent rattachés à des associations de quartier. Leur mission: transformer des lieux négligés en havres de verdure, entretenir des ruelles vertes, planter des arbres ou aménager des coins fleuris dans les espaces publics. Ces comités misent sur la mobilisation citoyenne et la collaboration avec les municipalités ou divers organismes partenaires.
Les jardins communautaires sont également au cœur du tissu horticole local. Gérés par des comités de jardiniers bénévoles, ils offrent des lots de culture aux résidents et organisent parfois des formations, des corvées collectives ou des fêtes des récoltes. Ils favorisent l’autonomie alimentaire tout en tissant des liens sociaux durables.
Il existe aussi des groupes plus spécialisés, comme les clubs consacrés aux orchidées, aux bonsaïs ou aux roses, les cercles d’herboristerie, les collectifs de permaculture ou encore les associations d’agriculture urbaine. Chacun, à sa manière, contribue à enrichir la culture horticole locale, en mettant l’accent sur l’éducation populaire, l’écologie et la transmission des savoirs.
Souvent dynamiques et accueillants, ces groupes constituent une excellente porte d’entrée pour s’initier au jardinage ou approfondir ses connaissances… tout en contribuant activement au bien-être collectif.
L’importance du jardinage communautaire
Nous sommes bombardés dans les médias par toutes sortes de problèmes: changement climatique, perte de biodiversité, pollution, déclin de la santé mentale, insécurité alimentaire… Face à ces enjeux qui semblent insurmontables, il est facile de se sentir impuissant, surtout lorsqu’on est seul. Et pourtant, à une échelle locale, bien concrète, des citoyens s’organisent pour faire une différence. Jardiner ensemble, ce n’est pas seulement planter des fleurs ou des légumes: c’est aussi semer des solutions.
Les groupes de jardinage communautaire – qu’il s’agisse de comités de verdissement, de jardins communautaires, de sociétés horticoles et d’écologie ou de groupes d’agriculture urbaine – répondent à ces défis par des actions simples, accessibles et transformatrices. En végétalisant nos quartiers, ils atténuent les îlots de chaleur et améliorent la qualité de l’air. En favorisant la plantation de plantes indigènes, ils restaurent des habitats pour les pollinisateurs et contribuent à enrayer la disparition de la biodiversité.

Sur le plan humain, ces initiatives renforcent le tissu social, brisent l’isolement, offrent des lieux d’apprentissage pour les jeunes comme pour les aînés, et cultivent un profond sentiment d’appartenance. Elles rendent également les aliments frais plus accessibles, valorisent les savoirs locaux et redonnent du pouvoir d’agir aux citoyens.
Les Journées québécoises de l’horticulture 2025
Du 15 au 25 mai 2025, la 7e édition des Journées québécoises de l’horticulture, organisée par la FSHEQ, invite les Québécois à célébrer l’horticulture comme loisir écoresponsable et vecteur de lien social. Ateliers, visites de jardins et rencontres sont au programme, accessibles à tous, du débutant au passionné.
L’organisme sera également présent au Rendez-vous horticole 2025 au Jardin botanique de Montréal, les 23, 24 et 25 mai, avec un kiosque dédié à la promotion de ses membres et de leurs activités.
Impliquez-vous
Vous avez envie de rencontrer d’autres passionnés? De partager vos surplus de semences, vos astuces de culture ou simplement un moment au soleil dans un jardin collectif? Rejoindre une société horticole, un comité de verdissement ou un jardin communautaire, c’est une façon concrète de passer à l’action – à votre rythme, selon vos intérêts.

Vous pouvez commencer en douceur: participer à une corvée, assister à une conférence, ou offrir un peu de temps à l’organisation d’une activité. Et si aucun groupe n’est actif près de chez vous, pourquoi ne pas en créer un avec quelques voisins? Le terreau est fertile. Il suffit parfois de quelques personnes motivées pour faire fleurir un projet.
Alors, cette année, à l’occasion des Journées québécoises de l’horticulture, pourquoi ne pas planter un peu plus que des fleurs? Impliquez-vous! Semez la nature, récoltez la communauté.