Par Julie Boudreau
12 avril 2025

Des plantes pour ton jardin de geek

Par Julie Boudreau

C’est assez facile de deviner ma grande passion pour les plantes, les jardins, les milieux naturels et tout ce qui touche de près ou de loin quelque chose qui fait de la photosynthèse. Mais ce n’est pas ma seule et unique passion. Je m’intéresse à beaucoup de choses! J’aime aussi la mycologie et mon intérêt pour l’ornithologie a franchi le cap des parulines. J’ai maintenant un curieux intérêt pour les Laridées, la famille des goélands, des mouettes, des sternes et des guifettes! Et enfin, je suis aussi mordue de films de série B, de romans graphiques et de science-fiction! J’ai un petit côté geek bien assumé. Je connais quelques mots de klingon. Je peux vous souhaiter longue vie en vulcain et j’ai déjà fait un sapin de Noël Dalek.

Il m’arrive souvent de tomber sur des articles où on annonce que des insectes ont été nommés en honneur de célèbres «rockstars». Par exemple, en 2019, on a enfin nommé un coléoptère (Ptomaphagus thebeatles) en hommage aux Beatles (parce qu’en anglais, «beetle» veut dire coléoptère). Un entomologiste australien a immortalisé Beyoncé en lui dédiant une mouche (Scaptia beyonceae). Puis il y a une petite guêpe, Metallichneumon neurospastarchus. Celle-ci est un hommage bien avoué à l’album «Master of Puppets» de Metallica! Récemment, je suis tombée sur un article qui mentionnait l’arrivée dans le monde des amphibiens de sept nouvelles espèces de grenouilles dont chacune porte le nom d’un des capitaines de la série Star Trek.

Il n’en fallait pas moins pour faire jaillir en moi une question unissant deux de mes passions: est-ce qu’on a déjà fait de même pour les végétaux? Existe-t-il, quelque part au monde des plantes qui ont été nommées en hommage de célébrités? Trouve-t-on, chez les botanistes du 21^e siècle, des geeks assumés qui s’amusent à latiniser des personnages de séries cultes?

Oui! Il y a des geeks chez les botanistes!

Bien sûr qu’il y a de petits comiques chez les botanistes et les hybrideurs de plantes! Par exemple, en 2014, on a trouvé, dans les forêts tropicales humides de l’île de Bornéo, une nouvelle espèce de bégonia aux feuilles presque noires qui fut baptisé Begonia darthvaderiana. Le père de Luke Skywalker et de la princesse Leia (divulgâcheur!) a donc son bégonia! Malgré son nom évocateur, la Force n’est pas nécessairement de son côté. Il s’agit d’une plante assez rare dans son milieu naturel. Il est donc avisé de bien se renseigner sur l’origine des plants, qui doivent être multipliés de façon végétative, pour s’assurer de la protection de l’espèce. La jeune reine Amidala a aussi son bégonia (Begonia amidalae) trouvé dans la même région, lui aussi fragile à la destruction de son habitat.

Dans le même esprit, il existe un Mandevilla sherlockii. Celui-ci fait allusion au célèbre détective privé. Personnage fictif dont sir Arthur Conan Doyle n’a jamais réussi à se débarrasser, même en plongeant aux tréfonds des chutes du Reichenbach.

Une autre orchidée sud-américaine, Pterichis aragogiana, a trouvé son inspiration auprès du célèbre Harry Potter et en particulier de l’araignée géante de Rubeus Hagrid, Aragog. Se pourrait-il que cette plante ait une préférence pour la chair humaine?

Que la Force soit horticole!

La série La guerre des étoiles (Star Wars) a aussi soulevé des passions chez les hybrideurs. Ainsi, il existe une pulmonaire ‘Dark Vader’ et également des primevères ‘Darth Vader’, ‘Star Wars’ et ‘Palpatine’. Ce sont toutes de très belles primevères auriculées (Primula auricula) qui seraient potentiellement rustiques dans les jardins nordiques d’Amérique du Nord.

L’Empire galactique a aussi donné naissance à l’iris de Louisiane, Iris ‘Princess Leia’, introduit en 1997. Notre princesse bien-aimée a aussi sa fleur ananas, Eucomis ‘Leia’. Puis, c’est du côté des hémérocalles (Hemerocallis spp.) que l’on va retrouver notre irremplaçable ‘Han Solo’, son vaisseau, le ‘Millenium Falcon’.

Le magnolia ‘Star Wars’, le fuchsia ‘Star Wars’ et le dahlia ‘Star Wars’ figurent également dans les possibilités horticoles des vrais geeks de la série. Dans un autre ordre d’idées, on trouve aussi un dahlia ‘Braveheart’, ‘Dracula’ et ‘Pulp Fiction’!

Les «trekkies» seront bien servis avec les hostas et les hémérocalles

Il y a quelques années, j’ai acheté, sans me poser aucune question, le hosta ‘Captain Kirk’… juste pour son nom! Un bel hosta de grande taille avec un feuillage vert panaché, ton sur ton. Puis, j’ai ajouté la planète de son plus fidèle compagnon, ‘Vulcan’. Puis j’ai transgressé vers les héros de la série Marvel en faisant l’acquisition du hosta ‘Wolverine’. Je l’ai volontairement planté bien loin du ‘Vulcan’. Histoire de ne pas provoquer des conflits ou des dérapages dans le multivers multicomplexe! On ne sait jamais… Il existe également un hosta ‘Enterprise’ et un hosta ‘Starship’ qu’il me reste à trouver pour compléter ma collection!

Mais c’est chez les hémérocalles que l’on confirme son degré de connaissance (lire sa «geekness») de la série Star Trek (incluant Deep Space Nine, Voyager et tout ce qui concerne Khan). Il y existe des cultivars comme ‘Borg Technology’, ‘Cardassian Borders’, ‘First Officer’s Log’, ‘Gort’, ‘Neelix’, ‘Photon Torpedo’, ‘Vulcan Logic’ et ‘Spock’s Ear’.

Pour les nostalgiques

Certaines plantes nous replongent dans nos doux souvenirs d’enfance. Ainsi, les amateurs de la bande dessinée Peanuts, mettant en vedette Charlie Brown, seront heureux de découvrir la bergénie ‘Peppermint Patty’.

Et pour ceux qui, comme moi, ont appris à lire et à parler anglais en écoutant la populaire émission pour enfants Sesame Street, une petite orchidée a été nommée pour honorer, étonnamment, Oscar the Grouch… La fleur du Stelis oscargrouchii a un peu la bouille de cette marionnette grincheuse, échevelée et de couleur vert kaki.

Et la liste continue! Quel univers fabuleux! Poursuivons notre périple en recommandant la culture des dionées. Après tout, ce sont des descendantes directes de la plante carnivore de la Petite boutique des horreurs. Et plongeons dans la haute littérature en mentionnant Alexander Olsen (ou Alec Holland, selon l’époque). C’est le seul superhéros (ou antihéros, selon les perspectives du moment) photosynthétique de la série de DC Comics des années 1970, Swamp Thing. Une lecture obligatoire pour tout geek horticole qui se respecte!

Julie Boudreau

Julie Boudreau est horticultrice, diplômée de l’ITA de Saint-Hyacinthe. Elle œuvre dans le domaine l’horticulture depuis plus de 25 ans. Elle a publié une dizaine de livres et participé à de nombreuses émissions de télévision et de radio. Elle est enseignante au Centre de formation horticole de Laval. Passionnée de son métier, Julie Boudreau se consacre à promouvoir le jardinage, le design de jardin, la botanique et l'écologie, sous toutes ses formes. Un peu grano, écolo depuis toujours, gourmande et essayeuse, Julie est une épicurieuse avec un fort penchant pour tout ce qui se prononce en latin.

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