Protéger son potager de Lili Michaud: une ode à la biodiversité
Les lecteurs réguliers du Jardinier paresseux connaîtront probablement la règle des 15 pas de Larry Hodgson qui dit: «Avant de traiter, reculez de 15 pas: si le problème n’est pas évident à cette distance, ce n’est probablement pas un problème qu’il vaille la peine de traiter!»
Par la suite, Francis Cardinal a apporté une nouvelle perspective à cette règle dans La règle des 15 pas revisitée, en suggérant de se rapprocher pour mieux comprendre. «Après avoir reculé de 15 pas et avoir décidé de ne pas intervenir, rapprochez-vous de nouveau et observez attentivement.»
C’est ce que propose Lili Michaud dans Protéger son potager.

Une ode à la biodiversité
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce nouveau livre, de l’auteur de La tomate: de la terre à la table (Multimondes, 2018) et Germinations et pousses (Multimondes, 2022), n’est pas un guide sur les traitements à utiliser pour se débarrasser des nuisibles et maladies, mais plutôt une ode à la biodiversité.
Le premier chapitre en entier, «Prévenir plutôt que guérir», nous apprend comment favoriser la présence des alliés naturels dans nos potagers. «Que votre jardin soit très grand ou qu’il se limite à quelques plants sur le patio, lorsque vient le temps de choisir ses végétaux, le premier objectif devrait être d’y créer un environnement diversifié», nous suggère-t-elle, en proposant des listes de plantes qui attirent les prédateurs des ravageurs, les pollinisateurs et les oiseaux.
On apprend aussi à mieux connaître ces petits alliés que sont les insectes et les arachnides (comme les araignées et les acariens), en explorant leur morphologie, leur cycle de vie et leur alimentation – sans oublier les mammifères, les amphibiens, les reptiles et les oiseaux.
Pour y parvenir, Lili Michaud nous explique comment gérer le sol, les amendements, l’eau, les plantes indésirables, les associations végétales et bien plus encore, afin d’attirer les formes de vie qui contribueront à établir un équilibre écologique capable de prévenir bon nombre de ravageurs et de maladies.

Faire face à l’inévitable
Même avec un jardin diversifié, il est inévitable de recevoir la visite de ravageurs et de maladies. Lorsqu’un dommage apparaît dans le potager, il est tentant de vouloir intervenir rapidement, mais encore faut-il savoir quoi faire – et surtout, savoir pourquoi le faire. Dans un deuxième chapitre, «Protéger son potager» nous guide à travers cinq étapes simples pour gérer la présence des visiteurs non invités: identifier le coupable, évaluer s’il est nécessaire d’intervenir, essayer des méthodes physiques, puis, au besoin seulement, recourir à un biopesticide.
Mais l’étape la plus précieuse reste peut-être la dernière: se questionner sur les causes du problème. Une plante affaiblie, un sol appauvri ou un manque de diversité peuvent souvent expliquer l’apparition des ravageurs et maladies. En fin de chapitre on trouve des tableaux clairs, avec des cultures populaires ainsi que leurs principaux ravageurs et maladies pour nous aider à poser un diagnostic juste.
Des fiches pour identifier les coupables
Les prochains chapitres répertorient les ravageurs principaux, les ravageurs occasionnels ainsi que les maladies les plus communes. On commence par brosser le portrait des ennemis les plus fréquents du potager, à l’aide de fiches claires et complètes: altises, chrysomèles, pucerons, limaces, hannetons et compagnie. Pour chacun, on découvre leur description, les dégâts qu’ils causent et les stratégies pour les contrôler sans nuire à l’équilibre du jardin.
On retrouve même un chapitre sur les mammifères présents au jardin, ces visiteurs qui font souvent rager les jardiniers!

Le chapitre suivant présente une catégorie à part: ces créatures à double face, à la fois alliées et ravageuses selon le contexte – comme les fourmis, les perce-oreilles ou les mille-pattes. Puis vient une section consacrée aux ravageurs occasionnels, ces visiteurs plus rares, mais parfois spectaculaires (comme l’énorme chenille du sphinx de la tomate!).
Enfin, nous plongeons dans le monde des maladies des plantes: champignons, bactéries, virus et autres infections y sont décortiqués avec des descriptions précises et des pistes concrètes pour les prévenir, mais aussi pour les traiter de façon écologique.
Dans tous les cas, les fiches sont généreusement illustrées avec plusieurs photos couleurs, pour faciliter l’identification des coupables. L’accent est toujours mis sur la prévention, car tout pesticide – même biologique – peut avoir un impact sur la santé des êtres vivants utiles au jardin.
Des méthodes de contrôle efficaces et écologiques
Et finalement, Lili Michaud passe en revue toutes les méthodes de contrôle décrites dans les fiches pour gérer ravageurs et maladies, en commençant toujours par les options les plus douces et respectueuses. Les mesures de contrôle proposées privilégient les méthodes mécaniques, comme la récolte manuelle ou les filets anti-insectes, en réservant l’usage des biopesticides en tout dernier recours.
Ensuite viennent les biopesticides, à utiliser avec prudence et seulement en dernier recours. Lili fait le tour des options disponibles: savon insecticide, terre de diatomée, BTK, etc. Elle propose aussi plusieurs recettes maison pour fabriquer des répulsifs à faible impact avec des ingrédients courants comme l’ail, les piments forts ou le bicarbonate de soude.
Elle aborde même la lutte biologique, soit l’introduction d’insectes prédateurs, de bactéries ou de champignons bénéfiques pour aider à régler les problèmes… sans bouleverser l’équilibre du jardin.
Un livre que j’attendais, sans le savoir
Je dois avouer que j’ai ressenti un petit stress avant de lire ce livre. Dans mes écrits, je fais souvent la promotion d’un jardin basé sur une plantation diversifiée, l’usage d’amendements naturels comme le compost, le paillis, et l’absence de pesticides – des solutions que je considère efficaces contre la majorité des problèmes. Je me demandais si ce livre, fruit de plusieurs années de travail et de recherche, en viendrait à la même conclusion que moi. Et je suis soulagé de constater que oui!
Mais au-delà de ça, je suis heureux de l’avoir sous la main: pour pouvoir, au besoin, reculer de quinze pas et laisser la nature faire son œuvre… ou au contraire, m’approcher en toute confiance et mieux connaître toutes les formes de vie présentes dans mon potager – et surtout, savoir quoi faire si jamais je perds le contrôle de la situation.
Protéger son potager est un livre complet, facile à consulter, en plus d’être très beau! Il est rempli d’outils concrets comme des photos en couleur, des tableaux clairs et des illustrations qui facilitent la compréhension. Porté par la voix chaleureuse de l’autrice, ce guide adopte une approche holistique qui nous aide à mieux comprendre l’écologie de notre jardin, pour agir sur les causes des problèmes plutôt que simplement sur leurs symptômes.
Merci, Lili! C’est le livre de référence qu’il manquait aux jardiniers québécois pour s’y retrouver dans le dédale des ravageurs et des maladies tout en respectant la nature. Il trouvera assurément une place sur mon bureau, juste à côté des livres de mon père. Et je ne doute pas que ses pages finiront par s’user, comme tous mes livres préférés.
Ça semble drôlement intéressant ! J’ajoute à ma liste d’idées cadeaux pour des amies … et pour moi !
C’est le titre de ton article, Mathieu, qui m’a fait rire! Qu’est-ce que Lili Michaud aurait bien pu faire au potager pour avoir besoin de le protéger d’elle !
Son livre a l’air très utile. Merci de nous en avoir fait part !
Maggy
Lol! Lili adore les tomates, ne la laissez pas les approcher!
pouquoi mon amarali ne veut pas entrer en dorment
C’est le meilleur livre à ce jour sur les « ravageurs » du potager basé sur le principe fondamental de la prévention. Tout comme notre santé ne dépend pas des vitamines ou de médicaments, mais plutôt de notre hygiène de vie comme l’exercice, une bonne alimentation, etc. Mais il y a toujours des solutions de dernier recours en cas de besoin..