Une histoire de gravillons, de couche de drainage et de sécurité publique
Il y a de ces techniques horticoles qui sont si répandues qu’on n’y pense même pas: on les applique, un point c’est tout.
L’une de ces techniques, c’est l’utilisation d’une couche de drainage dans le fond des pots de nos plantes d’intérieur et de nos contenants pour l’extérieur.
Pourtant, les experts horticoles nous disent depuis longtemps qu’une couche de drainage est inutile, voire néfaste pour les plantes. Cela fait belle lurette que l’on a cessé de l’appliquer dans l’industrie horticole (quand, pour la dernière fois, avez-vous vu une couche de drainage au fond d’une potée achetée au magasin?). Or, si quelque chose ne se fait plus à l’échelle de la production, il vaut peut-être la peine de découvrir pourquoi.

La couche de drainage…
Dans mon cas, le début de la fin fut en 1979. J’avais pris l’habitude d’utiliser une couche de drainage bon marché: les gravillons du stationnement de l’édifice à logements où j’habitais.
C’était bien pratique: même pas besoin de courir au magasin! Et comme je n’avais pas d’auto, ramener un sac de 50 livres de gravillons par autobus, avec correspondance, pour finir le tout par une marche de dix minutes était tout un exploit.
J’avais tout l’équipement en main. Une pelle, un râteau, un seau et un manteau de couleur foncée avec capuchon. Comme cela, quand je sortais à la noirceur pour faire mon prélèvement, je pouvais espérer que mes voisins ne me voient pas (je suis certain qu’ils me trouvaient déjà assez bizarre comme ça, avec mes lampes fluorescentes éclairant jour et nuit ma production quasi industrielle de plantes d’intérieur).
Cependant, un soir, alors que j’étais à la recherche des sacro-saints gravillons, je découvre que le stationnement est complètement glacé! J’eus beau gratter, tous les gravillons étaient solidement pris dans la glace.
Que faire?
Pourtant, je n’avais pas de temps à perdre: le bébé dormait et j’étais donc libre pour quelques minutes! Je pris mon courage à deux mains et décidai de ne mettre que du terreau dans mes pots jusqu’au printemps. À ma grande surprise, je remarquai que les plantes sans couche de drainage poussaient mieux que celles qui en étaient pourvues. Depuis ce temps, même si j’ai longtemps eu l’impression de faire quelque chose d’illicite, je ne mets plus de couche de drainage dans mes pots.

C’est aussi à cette époque que j’avais commencé à donner des conférences sur les plantes d’intérieur. Devais-je avouer devant mon auditoire que je ne respectais pas l’une des lois les plus fondamentales de l’horticulture? Bien sûr que non! J’ai présenté mes conférences comme tout bon conférencier qui se respecte, avec le bon vieux «faites ce que je dis, mais pas ce que je fais».
(D’ailleurs, ça m’a pris des années avant d’admettre publiquement que, dans le fond, j’étais un jardinier paresseux et que je ne faisais presque rien selon les normes, mais toujours de la façon la plus expéditive possible!)
Totalement inutile, et même nuisible
Puis, plusieurs années plus tard, j’ai trouvé par hasard une preuve que je n’étais pas si fou! Une étude publiée dans la revue Quill© Trowel, en 1990, en était arrivée, mais de façon scientifique, à la même conclusion que moi. La couche de drainage est, à tout le moins, totalement inutile et parfois carrément nuisible.
Ce que l’étude a démontré, c’est que, quand il y a une différence trop radicale entre la taille des particules avoisinantes du sol, le drainage n’est pas favorisé, bien au contraire, il ralentit ou s’arrête. En fait, pour un drainage parfait, il faut avoir des particules d’environ la même grosseur ou, pour un drainage extraefficace, une diminution graduelle dans la taille des particules. Les plus grosses en haut, les moyennes au milieu et les plus petites au fond. Donc tout à fait le contraire de ce que veut la tradition. (Curieusement, cette étude vient confirmer la tradition japonaise, où l’on a toujours mis les grosses particules en surface des pots de bonsaïs, les moyennes au milieu et les plus fines au fond!)
Je le répète, la couche de drainage est inutile
À partir du moment où j’ai eu sous la main une preuve scientifique que ma méthode d’empotage était tout à fait acceptable, j’ai commencé à admettre mon péché, même publiquement. Comme j’avais alors commencé à écrire, j’en ai glissé un mot dans mes articles et dans mes livres. Toutefois, il faut croire que personne ne me lit ou ne me croit, car c’est encore la vieille méthode que l’on peut rencontrer dans tous les livres, dans tous les articles (à part dans Fleurs, Plantes, Jardins) et dans toutes les émissions de télévision. Dès que l’on parle de la culture en pot, on parle de couche de drainage. J’ai parfois l’impression de prêcher au fond d’une couche de gravier!

Malgré tout, ce n’est pas que je veuille seulement alléger la souffrance de quelques millions de petites plantes d’intérieur mal drainées. Je m’inquiète davantage pour la sécurité publique.
Après tout, si moi j’allais chercher mes gravillons dans un stationnement privé où l’on roule à basse vitesse, imaginez le nombre de jardiniers qui vont récolter les leurs sur le bord de la route! Or, si vous faites comme moi (le soir en manteau foncé), je crois que vous serez soulagés de ne plus avoir à fréquenter ces lieux dangereux. C’est parfois si facile de sauver des vies humaines!
Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au cours de sa carrière, en français et en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père accessibles au public. Ce texte a été publié à l’origine dans Fleurs, plantes et jardins en avril 2001.
Ds les très gros pots je mets du styromousse déchiqueter pour diminuer le poids et économiser sur la terre. Avez-vous d’autres alternatives ?
De base : trop paresseuse et un peu cheap. Donc je n’en mettais jamais. Et tout pousse très bien. Contente de savoir qu’il y a une raison scientifique derrière ?
Par manque de temps, je souhaite me désabonner à l’infolettre, mais je ne trouve pas le lien nécessaire au bas de la page. On dirait que des annonces Google se superposent sur ce lien pour le désabonnement. Pouvez-vous me désabonner ? Merci à l’avance.
Super info! Je mets ça dans mon bagage de paresseux (qui n’est pas encore trop lourd à traîner…)
Économie de temps et argent, voilà qui est tout à fait dans mon budget. Merci pour le tuyau.
Merci pour cette information, je me sens moins coupable maintenant, d’avoir agit en paresseuse 🙂
Comme la nature fait toujours mal les choses, et sait moins bien que NOUS, pas étonnant
qu’en creusant dans le sol, sous les arbres et la végétation, une bonne terre est libre de tous ces immondices. Pire, le gel fait remonter ces pierres à la surface, espérant
qu´une âme charitable l´en débarrasse. Est ce une belle preuve cher Larry. Vous espérant tout là haut, libre de verglas et respirant la joie de vos semis. Merci cher Larry et Mathieu.
Bonjour, je fais partie du défi Pimpe ta platebande et j’ai tenté de m’inscrire au concours sans succès. Svp me donner un lien pour le faire. Merci!
Allez au jour 1 du défi: https://training.tisanji.com/defi/pimpe-ta-plate-bande/jour1/ et cliquez sur REMPLIR LE QUESTIONNAIRE ou https://forms.gle/LQ9HP84dji3rH2666
En mai 2022 Larry avait suggéré d’offrir pour la fête des mères une Mère de Milliers ou Kalanchoe daigremontiana.
J’en ai finalement trouvé une, assez capricieuse mais, surprise, une fois bien installée, elle m’a fait le cadeau de fleurir de centaines d’adorables minis clochettes roses sur un capitule.
Quelle belle En mai 2022 Larry avait suggéré d’offrir pour la fête des mères une Mère de Milliers ou Kalanchoe daigremontiana.
J’en ai finalement trouvé une, assez capricieuse mais, surprise, une fois bien installée, elle m’a fait le cadeau de fleurir de centaines d’adorables minis clochettes roses sur un capitule.
Quelle belle suggestion!