Par Julie Boudreau
15 mars 2025

Est-ce que je cultive un pothos ou un philodendron?

Par Julie Boudreau

Ce sont deux plantes d’intérieur bien populaires. Elles se développent toutes deux sous forme de longues lianes garnies de feuilles en forme de cœur. Le pothos et le philodendron sont aussi de bons sujets pour la culture en jardinière suspendue. Elles se ressemblent tant que bien souvent on les confond. Pour un citoyen du monde qui ne rêve que de verdure et d’embellissement, que ce soit l’un ou l’autre n’a que très peu d’importance. Mais pour ce jardinier débutant qui découvre que les plantes ont des noms, des noms communs et des noms latins, être capable d’identifier correctement ces plantes devient un beau défi. Et un bel encouragement pour aller plus loin! Voici donc le guide ultime pour faire la différence entre un pothos et un philodendron.

Quatre noms: une seule plante!

Le simple fait de distinguer un pothos d’un philodendron est déjà un petit défi en soi (que nous surmonterons avec beaucoup de facilité!). Mais la complexité augmente d’un cran quand on s’attarde simplement la juste identification du pothos! En effet, cette plante populaire a porté plusieurs noms tout au long de sa glorieuse carrière de plante vedette des appartements peu éclairés.

Son tout premier nom latin était bel et bien le Pothos aureus. Ce nom est demeuré et, de toute évidence, il persiste comme nom commun et populaire de la plante. Puis, on l’a renommé Scindapsus aureus et même Raphidophora aurea! Toutefois, c’est le nom latin Epipremnum aureum qui est actuellement accepté.

Mais entre nous, et parce que c’est le nom d’usage, nous continuerons à l’appeler affectueusement «pothos».

Une seule plante parmi 600 possibilités

De l’autre côté, faisons plus ample connaissance avec LE philodendron qui risque d’être confondu avec un pothos. Car, chez les philodendrons, on compte plus de 600 espèces différentes (622, si on se fie au précieux site Plants of the World Online)! Toutefois, c’est une espèce en particulier, Philodendron hederaceum, qui ressemble à s’y méprendre à un pothos. Et pour ajouter à la confusion, en 1775, le Philodendron hederaceum a déjà porté le nom de Pothos hederaceus. Quoi?

Mais revenons à notre philodendron, communément appelé le philodendron à feuilles de lierre (P. hederaceum). Il ressemble effectivement à une longue liane, avec des feuilles en forme de cœur. C’est une description en tout point identique à celle d’un pothos.

Alors, je cultive un philodendron ou un pothos? D’abord, la feuille!

Avec un minimum de sens de l’observation, on peut assez aisément différencier ces deux plantes. D’abord les feuilles. Simplement au toucher, on peut assez facilement remarquer que les feuilles des pothos sont plus épaisses et plus cireuses. Celles du philodendron sont minces et plus facilement pliables. Mais ce n’est pas toujours le cas! Les feuilles du pothos ‘Glacier’ (aussi appelé ‘Pearls and Jade’) sont un peu plus minces que celles des autres variétés de pothos.

Même si les deux feuilles sont en forme de cœur, celle du pothos semble plus gondolée et la nervure centrale est plus apparente. On a aussi l’impression que le tracé en forme de cœur du philodendron est plus net que celui du pothos, en particulier au niveau du point d’attache de la feuille avec le pétiole. On remarquera aussi la pointe de la feuille du philodendron qui est plus prononcée, ce qu’on appelle une pointe acuminée. Cela donne à la feuille du philodendron une forme plus parfaite et plus régulière que celle du pothos.

Ensuite, la gaine foliaire

Une gaine foliaire? Aussi appelée la bractée ou la stipule, c’est une petite membrane qui se développe à la base du pétiole. Et c’est une des manières les plus précises de différencier le pothos du philodendron. En effet, les jeunes feuilles des philodendrons émergent de cette gaine foliaire, une sorte d’enveloppe qui protège la feuille. Éventuellement, quand la feuille a atteint sa pleine maturité, cette gaine tombe naturellement.

Chez les pothos, cette enveloppe est complètement inexistante. La feuille se déroule sur elle-même au bout d’un pétiole nu.

On continue avec les racines aériennes

Étant des lianes qui s’accrochent aux troncs d’arbres pour pousser, le philodendron et le pothos produisent tous deux de petites racines qui apparaissent le long de la tige. C’est ce qu’on appelle des racines adventives ou racines aériennes. Celles-ci apparaissent précisément au niveau du nœud, c’est-à-dire au point d’attache de la feuille sur la tige.

Dans le cas du pothos, ces racines adventives sont d’abord courtes et trapues. Elles prennent l’apparence de petites excroissances. Et elles sont peu nombreuses partant du même point. Chez le philodendron, les racines adventives sont plus nombreuses et plus fines. Elles s’allongent plus rapidement aussi.

Bref, tous ces indices suffisent à démêler les deux plantes. Et au final, on constate que c’est assez facile de les différencier! J’ajouterais, par observation personnelle, que les tiges des pothos sont souvent très vertes, alors que celles des philodendrons prennent une teinte rougeâtre. Je trouve aussi que le pétiole du philodendron est parfaitement cylindrique alors que celui du pothos a un petit sillon.

Deux plantes faciles!

Ce qui est aussi fascinant de ces deux petits sosies, c’est que ce sont deux plantes extrêmement faciles de culture. De bonnes candidates pour les jardiniers débutants. Cela dit, je remarque que le philodendron est un peu moins tolérant à la sécheresse que le pothos. Aussi, le pothos semble plus tolérant au manque de luminosité que le philodendron. Mais, malgré cela, ils demeurent tous deux de bons candidats pour ceux qui cherchent des plantes sans soucis.

Julie Boudreau

Julie Boudreau est horticultrice, diplômée de l’ITA de Saint-Hyacinthe. Elle œuvre dans le domaine l’horticulture depuis plus de 25 ans. Elle a publié une dizaine de livres et participé à de nombreuses émissions de télévision et de radio. Elle est enseignante au Centre de formation horticole de Laval. Passionnée de son métier, Julie Boudreau se consacre à promouvoir le jardinage, le design de jardin, la botanique et l'écologie, sous toutes ses formes. Un peu grano, écolo depuis toujours, gourmande et essayeuse, Julie est une épicurieuse avec un fort penchant pour tout ce qui se prononce en latin.

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