Top 10 : Les pires plantes d’intérieur pour jardiniers débutants
Il existe une grande variété de plantes d’intérieur disponibles pour la personne qui commence à s’y intéresser. On peut rapidement s’y perdre. Les magasins de grande surface, comme les épiceries ou les quincailleries, offrent d’ailleurs plus de choix que jamais. On pourrait croire que ces plantes, qui survivent des conditions de transport pas toujours délicates, sont toutes bonnes pour le jardinier débutant…
Mais ce n’est pas le cas. Malgré les progrès de l’hybridation, qui propose des plantes toujours plus solides, l’éventail des disponibilités pour l’acheteur amateur contient quand même des «pièges»: des plantes particulièrement difficiles à entretenir à la maison qui, généralement, meurent en quelques mois ou encore moins, ébranlant le jardinier novice quant à ses capacités véritables à s’occuper des plantes. Ne t’en fais pas, jardinier novice: si ta première plante était l’une des dix de cette liste, ce n’est pas toi, c’est elle.
Pour compléter les listes de plantes faciles, je vous présente leur contraire. En avant pour le Top 10 des pires plantes d’intérieur pour jardiniers débutants! Les plantes de cette liste sont toutes faciles à trouver en épicerie ou en quincaillerie, généralement abondamment disponibles… et difficiles à garder à la maison sans connaissance et expérience des plantes.
10. Figuier pleureur (Ficus benjamina)
On cultive beaucoup de figuiers dans nos maisons, mais ils ont tous le même problème: lors de changements d’environnement, ils tendent à perdre une quantité non négligeable de feuilles! C’est encore pire pour Ficus benjamina, surnommé avec raison «figuier pleureur», surtout que les sujets sont souvent achetés quand ils sont de taille adulte, et les grosses plantes s’adaptent encore moins bien aux changements.
Cette plante figure sur la liste pour le choc qu’elle procure aux jardiniers novices quand elle perd le trois-quarts de ses feuilles en plusieurs semaines. Une fois qu’ils se sont adaptés, les figuiers sont plutôt faciles d’entretien, pourvu qu’on leur donne une belle lumière.
Quelle serait une meilleure plante?
En fait, il est possible d’éviter la défoliation massive du ficus, donc on pourrait conseiller F. benjamina pour le jardinier novice enthousiaste. Les ficus finissent généralement par reprendre après quelques semaines traumatisantes. Sinon, d’autres plantes forment de petits arbres d’intérieur, comme son cousin F. elastica (qui est plus facile), Schefflera, Pachira et Dracaena, qui sont toutes des plantes d’intérieur faciles.

9. Orchidée papillon (Phalaenopsis)
La plupart des potées fleuries qu’on retrouve sur les magasins de grande surface ne sont pas de bonnes plantes d’intérieur (hyacinthes, hydrangées, azalées, rosiers miniatures…), mais il est rare qu’on les considère comme des colocataires permanents de nos demeures.
Ce n’est pas le cas pour l’orchidée papillon (Phalaenopsis), qui peut très bien survivre et refleurir dans la maison. Le problème n’est pas non plus la difficulté de la plante en tant que telle; le problème est que l’orchidée papillon ne se comporte pas comme les autres plantes d’intérieur, surtout au niveau de l’arrosage, du rempotage et de la fertilisation. Pour le jardinier novice, le soin n’est pas intuitif.
Quelle serait une meilleure plante?
Il est certainement possible d’avoir du succès avec les orchidées, pour peu qu’on apprenne à les entretenir. Sinon, il existe d’autres plantes à floraison facile et qu’on peut traiter comme n’importe quelle plante d’intérieur: Anthurium, Schlumbergera (cactus de Noël) et Saintpaulia (violette africaine).

8. Lierre (Hedera helix)
Sur presque tous les aspects, le lierre est une plante d’intérieur raisonnable: elle ne demande pas trop de lumière, on l’arrose quand elle commence à sécher et elle tolère de rester à l’étroit dans son pot. Une bonne plante d’intérieur, non? À vrai dire, le seul problème que les lierres rencontrent, c’est qu’ils sont un véritable aimant pour les tétranyques à deux points. En effet, dès que l’hiver arrive et que le chauffage est en fonction, il y a une véritable explosion démographique de tétranyques sur le pauvre lierre et, le temps que le jardinier novice remarque les fines toiles qui couvrent le revers des feuilles, la plante a souvent succombé.
Quelle serait une meilleure plante?
Encore une fois, il n’est pas impossible de garder un lierre à la maison, mais il faut être prêt à gérer les inévitables tétranyques. Les autres plantes grimpantes ne connaissent pas ce problème: Epipremnum aureum (pothos), Philodendron hederaceum et Hoya sont des exemples de plantes faciles qui peuvent occuper l’espace laissé vacant par le lierre.

7. Crotons (Codiaeum variegatum)
Le feuillage sensationnel des crotons a tout pour charmer et il séduit de nombreuses personnes à faire un achat impulsif, surtout à l’automne où ses tons d’orange, de jaune et de rouge rappellent la chute du feuillage à l’extérieur. Malheureusement, le croton est un peu comme l’enfant du lierre et du figuier pleureur: il conjugue un gros problème de tétranyques avec une chute de feuillage importante (ce qui, quand on y pense, continue de faire automnal). Encore une fois, il est possible de sauver un croton en déclin ou même de le garder à l’intérieur, mais ce n’est pas du tout une plante que je recommanderais au jardinier novice!
Quelle serait une meilleure plante?
Aucune plante n’offre des feuilles similaires au croton. Le Ficus elastica ‘Ruby’ a des feuilles à la panachure rose ou rouge sous une belle lumière. Il existe des coléus (Coleus scutellarioides) avec le feuillage chartreux, rouge et orange, auxquels on peut donner la forme d’un petit arbre pour imiter le croton. Les coléus sont des plantes d’intérieur adéquates, mais qui demandent un arrosage soutenu et beaucoup de lumière.

6. Petites succulentes colorées
La plupart des minis succulentes non identifiées qu’on propose dans les plus petits pots font de bonnes plantes d’intérieur et sont faciles à gérer. Cette rubrique concerne plutôt celles aux couleurs improbables comme roses, rouges ou mauves. Elles connaissent deux problèmes principaux.
Le premier problème, c’est qu’il est quasiment impossible de leur donner la lumière dont elles ont besoin à l’intérieur. Les difficultés se multiplient alors: elles risquent de pourrir si elles sont trop arrosées, de perdre leur belle couleur ou de s’étioler; si ce premier est fatal, les autres sont plutôt un problème d’esthétique qui pourrait déranger le jardinier novice.
Le deuxième problème n’est pas la faute des plantes elles-mêmes, mais du manque de recherche. Les succulentes sont en général des plantes faciles, ou plutôt qui meurent lentement; ainsi, on peut longuement les maltraiter sans voir les effets de nos lacunes. Il existe ainsi toute une série de mythes qui entourent leur culture, comme le fait qu’elles n’aient pas besoin d’arrosage ou qu’elles peuvent pousser sans lumière.
Quelle serait une meilleure plante?
À moins que vous n’ayez des fenêtres ensoleillées la plus grande partie de la journée, privilégiez des succulentes au feuillage vert ou bleuté plutôt que d’autres couleurs. Et lisez le guide d’entretien des succulentes!

5. Fougères
Dans un élan de généralisation abusive, je groupe ici toutes les fougères. S’il est vrai que les fougères crocodiles sont légèrement plus faciles que les autres fougères qu’on retrouve habituellement sur le commerce (notamment les capillaires), toutes ne sont pas de bonnes plantes pour débutants. Il y a certainement quelqu’un qui sait comment s’en occuper sans qu’elles deviennent un tas informe de frondes séchées*, mais, pour la plupart des jardiniers, les fougères sont synonymes de mort prochaine. Elles demandent simplement trop d’humidité ambiante pour survivre dans nos maisons.
*En fait, je la connais. Une de mes amies a une énorme fougère de Boston (Nephrolepis exaltata) resplendissante. Une fois par semaine, elle la met dans une chaudière pendant une trentaine de minutes pour l’arroser. Peut-être que le bassinage est le secret avec les fougères. Mais je pense quand même que son histoire fait office d’exception au travers des milliers de témoignages de fougères séchées!
Quelle serait une meilleure plante?
Il existe d’autres plantes qui font semblant d’être des fougères et qui sont un peu plus faciles: Pilea microphylla, Dischidia ruscifolia et Asparagus sont des exemples. J’aimerais aussi proposer Radermachera sinica, une de mes plantes préférées, mais elle n’est pas non plus une plante pour débutants, malheureusement.

4. Plantes prieuses (Calathea, Stromanthe et Maranta)
Après, promis, j’arrête les généralisations. Mais d’abord, levons la main: qui d’entre nous s’est laissé séduire par le feuillage sensationnel d’une plante prieuse, pour la voir mourir en quelques mois dans nos intérieurs? Je suis coupable de cette expérience et je vais probablement l’être à nouveau dans le futur.
Les calathéas sont des plantes dont les feuilles sont de véritables œuvres d’art, aux motifs parsemés d’argenté et de rose. Leurs cousines, les stromanthes, ajoutent généralement des teintes de blanc sur leurs feuilles pour une explosion de couleurs. Et que dire des marantas, avec leurs feuilles striées de rouge ou de chartreux? Il en existe pour tous les goûts.
Mais leurs problèmes se multiplient aussi. Elles ne tolèrent pas que le terreau s’assèche et dépérissent drastiquement au moindre oubli. Le manque d’humidité fait sécher le bout de leurs feuilles et, comme les lierres et les crotons plus hauts, les tétranyques s’en donnent à cœur joie l’hiver (en fait, pas mal toutes les pestes d’intérieur apprécient le feuillage ornemental des plantes prieuses).
Quelle serait une meilleure plante?
D’autres plantes au feuillage ornemental pourraient ravir vos intérieurs: les aglaonémas couvrent tout désir de feuillage vert ou rose, les dieffenbachias s’occupent du chartreux et du néon, tandis que les dracénas se chargent des feuillages panachés de blanc. Si vous voulez quand même tenter votre chance, commencez par les marantas qui sont un poil plus faciles et j’ai entendu beaucoup d’histoires de succès avec certains types de calathéas au feuillage épais, comme c. lancifolia ou c. musaica.

3. Alocasia
Voici une autre plante impossible à ignorer, les oreilles d’éléphant. Rarement ai-je vu des feuillages aussi dramatiques que ceux de ces plantes tubéreuses. Le travail de venaison est particulièrement saisissant sur les feuilles dentelées aux teintes argentées, rouges et noires. C’est définitivement une plante qui fait tourner les yeux dans une maison.
C’est dommage qu’elle fasse tourner les yeux seulement deux semaines avant de mourir. Là où il était difficile de trop arroser les plantes prieuses (mais possible, tout est possible quand on y met du sien!), les alocasias sont autant susceptibles au trop-plein d’eau comme au manque d’eau. Ils ont besoin de beaucoup de lumière et, étant des plantes bulbeuses, peuvent interpréter le manque de lumière comme le signe qu’il est temps de s’endormir pour l’hiver, mais leur réveil n’est pas garanti. Le manque d’humidité amène la dyade «feuillage séché, piqué par les tétranyques», si bien qu’on finit parfois par souhaiter que la plante achève ses souffrances et entre enfin en dormance, tant elle semble souffrir.
C’est simple, les alocasias sont de belles plantes pour notre terrasse l’été, mais de mauvaises plantes d’intérieur.
Quelle serait une meilleure plante?
Les syngoniums présentent une croissance assez similaire, certes moins dramatique, que les alocasias, mais leur culture est beaucoup plus facile. Certains anthuriums ressemblent aux alocasias et leur difficulté varie de très facile à tout aussi difficile qu’eux. Pour des plantes au feuillage très foncé, il est possible de s’en tirer avec F. elastica ‘Burgundy’ ou Zamioculcas zamiifolia ‘Raven’; la croissance est différente, mais la possibilité de survie dans nos intérieurs va avec!

2. Begonia rex
Une autre plante au feuillage improbable. Je me souviens que quand j’ai acheté mon premier bégonia rex, j’étais plein d’espoir que la plante survivrait au moins quelques mois, pour la voir dépérir en quelques jours seulement après être entrée chez moi.
La famille des bégonias est une famille de plantes variées, dont certaines se prêtent davantage à la culture que d’autres. Les bégonias à floraison, par exemple, garnissent nos balcons l’été d’ombre sans demander l’aide de personne, et les bégonias bambou tolèrent plutôt bien des conditions d’intérieur. La même chose ne peut être affirmée pour les bégonias rex; on les reconnaît facilement à leur feuillage métallique et leur désir de causer notre souffrance.
Il serait plus simple de dresser la liste de ce qui est facile chez les bégonias rex: la propagation est aisée. Pour le reste, il s’agit d’une plante extrêmement capricieuse: leurs racines tubéreuses pourrissent facilement, leur feuillage grille sous le soleil, leur croissance s’étiole par manque de lumière, leurs feuilles sèchent par manque d’humidité, le moindre choc les déchire, les maladies foliaires foisonnent en situation d’humidité accrue, les tétranyques les adorent en situation d’humidité restreinte et elles entrent en dormance au moindre petit rafraîchissement (environ 16 °C), dormance dont elles ne se réveillent généralement pas.
Quelle serait une meilleure plante?
Encore une fois, difficile d’égaler le feuillage des bégonias, mais certains coléus sont assez effervescents pour leur voler la vedette. Les saxifrages (Saxifraga stolonifera) ont également des reflets métalliques, on les appelle après tout «bégonias fraise», et ils sont beaucoup moins difficiles. Enfin, bien que ce ne soit pas la meilleure plante pour débutant, les bégonias bambou sont appréciablement plus raisonnables dans leurs attentes et leurs feuilles sont certainement ornementales.

1. Dionée Tue-Mouche (Dionaea muscipula)
La grande gagnante de ce palmarès de la honte, sans conteste, est la dionée tue-mouche. Écoutez, je comprends l’attrait: les pièges se referment quand les insectes s’approchent. C’est… trop, trop cool. Mais la plante n’a aucune qualité en ce qui concerne l’entretien. Elle a besoin d’une lumière vive, mais que son terreau ne s’assèche jamais, l’eau du robinet ne lui convient pas, car elle est trop riche en minéraux, il faut négocier une période de dormance qui est non négociable à la survie de la plante, il faut lui donner une humidité accrue puisqu’elle vient des marécages et, la plupart du temps, la plante délicate est déjà sur son lit de mort quand elle nous parvient en raison des conditions de transport.
Quelle serait une meilleure plante?
Vous pouvez lire cet article sur les plantes insectivores, mais c’est probablement seulement la grassette (Pinguicula) qu’il sera possible de cultiver à l’intérieur. Toutefois, force est de constater, aucune plante insectivore n’est à conseiller pour un débutant. Et les autres plantes aux feuilles qui bougent ne sont guère mieux (sauf l’oxalide)!

Mot de la fin
Tout comme on ne peut pas commencer à jouer Tchaïkovski la seconde où on commence à apprendre le piano, soyons bienveillants avec nous-mêmes: commençons par des plantes faciles et évitons les plantes de cette liste jusqu’à ce que nous nous soyons fait la main. Il existe des tonnes de plantes très attrayantes et qui ne demandent qu’un peu de lumière, d’eau et d’amour pour survivre des années.
Ou alors, faites comme moi, et achetez-vous régulièrement des bégonias rex tout en sachant pertinemment qu’il n’y aura que déception et souffrance liées à cette idylle.
Bonjour Colin,
Vous êtes très divertissant aujourd’hui et je suis certaine que plusieurs lectrices/lecteurs sans doute occupés à déneiger se reconnaitront dans vos expériences ratées avec des plantes charmeuses auxquelles ils n’ont pas pu résister au magasin. Au fil des années, j’ai moi-même vu dépérir trois grosses fougères de Boston, deux mignonnes fougères capillaires, un magnifique Calathea lancifolia, un beau philodendron Brésil panaché de vert lime et combien d’autres!
Par contre, j’ai fini par avoir un bon succès avec des plantes dites difficiles comme le Ficus benjamina, les Phalaenopsis et plusieurs de mes succulentes et cactus fleurissent année après année. Ce qui me redonne espoir! Bravo pour votre humour délicieux!
J’ai une dionée venus flytrap en santé depuis quelques années. Sur le bord de la fenêtre de cuisine, sans aucun soleil mais au-dessus de l’évier. La base du pot toujours dans l’eau déminéralisée.
Effectivement, vous êtes très divertissant dans votre description des plantes difficiles! J’ai appris certaines choses à ma grande surprise, comme par exemple que les lierres sont difficiles. j’en ai plusieurs (faciles à bouturer) et je n’ai jamais eu d’insectes. Ils sortent l’été dans une véranda grillagée. Je retiens tout de même votre mise en garde car j’ai tendance à en offrir sous prétexte que c’est facile… Quant à mon bégonia rex, un monstre, (on l’appelle agripine), son emplacement sur le haut d’un piano droit, à deux trois mètres de deux fenêtres éclairées, semble bien lui convenir. je l’arrose abondamment seulement quand il est sec sur le dessus. Lui aussi passe l’été dans la véranda oui il explose. Vais devoir le diviser. La fougère brunit en ses bouts en dépit d’une vaporisation régulière. Votre chronique me rassure. Elle ira passe l’été au jardin à l’ombre et à la pluie d’où elle rentrera resplendissante mais l’hiver, elle perd ses plumes.
Je vous remercie beaucoup pour cette chronique intéressante.
J’habite avec une fougère exaltata que je dirais très exaltée depuis plus de 20 ans :o)
On a même déménagé plusieurs fois.
Je suis tombée sur une perle rare!
J’adore vos chroniques!
….Ma fougère Exaltata adore faire trempette dans le bain ….
Merci pour ce palmarès. Pour ma part, j’ai trouvé comment garder mes fougères en bon état. Un verre d’eau par jour et un peu de lumière. Bien sûr elles perdent quand même un peu de leurs fronces mais rien de drastique, un petit coup de balai et le tour est joué. Elles demeurent magnifiques. Bonne journée.
Et j’oubliais, un petit quart de tour toutes les semaines pour toutes mes plantes.