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Asperge: origine, variétés et conseils de culture

Photo par Krzysztof Ziarnek.

Je ne suis pas un grand admirateur de fougères comme plantes d’intérieur: même si elles poussent très vite et facilement sur la terrasse l’été, je ne pense pas que ce sont de bonnes plantes quand on les rentre à l’intérieur (en effet, les frondes tendent à sécher une à une jusqu’à ce que la plante meure, triste spectacle). Je dois toutefois admettre que la forme des fougères, avec leurs frondes délicates et aériennes, ajoute un côté victorien et enviable à toute pièce. Comment alors marier le désir d’avoir une fougère avec ses difficultés de culture? La solution est l’asperge d’intérieur.

Origine

L’asperge d’intérieur ne désigne pas une seule plante, mais plutôt quelques espèces d’asperges du genre Asparagus, dont les conditions de culture les prêtent bien à la vie de plante d’intérieur. Ces asperges poussent à l’état sauvage dans le sud de l’Afrique, mais leurs cousines apparaissent tant en Asie qu’en Europe. En effet, il existe environ 300 espèces d’asperges différentes, dont A. officinalis, l’espèce comestible qu’on retrouve bien souvent à l’épicerie et parfois dans nos jardins. Cet article ne porte pas sur la culture d’asperges dans le but de garnir nos assiettes, mais bien sur la culture d’asperges dans le but de garnir nos salons.

Toutes ces espèces d’Asparagus se retrouvent donc dans le genre Asparagus, lui-même de la famille des Asparagacées. On y retrouve beaucoup de plantes très communes, comme les hostas (hostas sp.) et les jacinthes sauvages (hyacinthoides non-scripta) de nos jardins. Pour rendre le tout plus confus, on place aussi parfois ces plantes dans leur propre famille ou sous-famille (Agavoidea et Hyacinthaceae, respectivement) et les «vraies» asperges dans la sous-famille des Asparagoideae… Bref, on se croirait le premier juillet avec tous ces déménagements de familles de plantes.

En ce qui concerne les plantes d’intérieur, on cultive d’autres membres de la famille des Asparagacées, notamment les plantes-araignées (chlorophytum comosum) et les dracénas (dracaena sp., incluant également celles qu’on appelait avant les sansevières). Ces plantes partagent avec l’asperge leur facilité de culture. Cette tolérance aux oublis (et aux pesticides) rend l’asperge envahissante dans plusieurs pays, notamment Hawaii et en Floride, où il est interdit de la cultiver à l’extérieur.

On peut reconnaître une asperge (ici, A. densiflorus) poussant comme couvre-sol. Si les conditions s’y prêtent, elle va rapidement dominer le paysage. Photo créditée à Auckland Museum.

Description

Les asperges sont des plantes herbacées, c’est-à-dire qu’elles ne se couvrent pas d’écorce, et poussent généralement dans le sous-bois. Leur système de racines est particulièrement impressionnant: de taille disproportionnée, les racines elles-mêmes sont épaisses et ponctuées de tubercules coriaces qui servent de réservoir d’eau en cas de sécheresse. De la couronne poussent des tiges sarmenteuses, d’abord arquées puis retombantes, qui semblent couvertes de feuilles.

Ce n’est pas le cas. Les «vraies» feuilles ont abandonné la fonction de photosynthèse, pour la plupart, et ont la forme d’écailles sur ces tiges. Certaines se modifient et deviennent des épines particulièrement mesquines, puisqu’elles pointent vers le bas; ainsi, il est facile de mettre sa main dans les branches duveteuses et invitantes des asperges d’intérieur, mais les épines se feront sentir lorsqu’il sera temps de la ressortir, comme un piège végétal.

Les branches elles-mêmes ont l’apparence de fougères parce qu’elles sont couvertes de petites ramilles, qui portent le nom de cladodes. Il s’agit de branches modifiées pour assumer des fonctions de photosynthèse. Elles sont généralement d’un vert tendre et brillant, qui devient plus foncé avec l’âge. Les tiges peuvent atteindre plus d’un mètre chez les spécimens plus âgés.

La floraison des asperges d’intérieur est irrégulière, mais fréquente. Les cladodes se couvrent alors de petites fleurs blanches, légèrement parfumées, mais souvent insignifiantes, qui sont suivies de baies rouges.

De gauche à droite: une feuille modifiée en épine, par Frank Vincentz; la floraison, par Ram Viktor et les baies par Harry Rose.

Variétés

Les asperges d’intérieur désignent généralement Asparagus aethiopicus, qui est la plus commune sur le commerce au Québec. Densément ramifiée, ses tiges peuvent atteindre plus d’un mètre. On la désigne encore parfois sous son ancien nom d’A. densiflorus ‘Sprengeri’ ou asperge de Sprenger, en l’honneur de Carl Ludwig Sprenger, un botaniste germain qui a contribué à sa popularité en Europe.

La vraie A. densiflorus désigne plutôt cette asperge aux tiges plus dressées et coniques, atteignant jusqu’à 80 cm. De taille plus compacte, ce qui explique son surnom d’asperge queue-de-renard, ses feuilles sont d’un vert un peu plus tendre et ses épines, plus petites. Pour la distinguer d’A. densiflorus ‘Sprengeri’, on lui donnait le nom de cultivar ‘Meyersii’, mais cette distinction n’est pas nécessaire maintenant qu’elle a été rapatriée sous A. aethiopicus. Le nom de densiflorus rappelle d’ailleurs le port dense de l’asperge queue-de-renard, c’est donc tout approprié de les distinguer.

On peut aussi cultiver A. setaceus, avec ses tiges densifiées solides et ses baies noires. Les tiges de cette asperge d’intérieur peuvent atteindre trois mètres et finissent par devenir grimpantes. On l’utilise parfois pour garnir des bouquets de fleurs coupées. Son ancien nom est A. plumosus, en raison de son allure plumeuse.

Finalement, il est possible d’avoir du succès avec A. falcatus, dont les cladodes sont plus gros et plus larges, et avec A. retrofractus, qui rappelle très légèrement la forme des conifères.

De gauche à droite, ligne du haut: A. aethiopicus, par George E. Koronaios; A. densiflorus, par Andrew Butko. Ligne du bas: A. setaceus, par Fanghong; A. falcatus, par Tangopaso.

Conseils de culture

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Lumière

L’asperge d’intérieur est assez flexible au niveau de la lumière: si elle préfère une lumière vive, elle peut se contenter d’une lumière moyenne et, lorsqu’elle est bien hydratée, tolérer les rayons directs du soleil.

Une lumière vive sera nécessaire pour stimuler la floraison. Photo par SAplants.

Arrosage

Il est recommandé de laisser le terreau s’assécher légèrement entre les arrosages. Cela étant dit, les asperges sont des plantes assoiffées. Malgré leurs racines tubéreuses qui emmagasinent l’eau, il semble que les asperges aient toujours besoin d’eau! C’est que leur système racinaire, particulièrement imposant, laisse peu de place pour le terreau qui permet de les abreuver.

Ce qui veut dire que pour une asperge d’intérieur nouvellement rempotée, on veut en effet attendre que le terreau s’assèche sur les premiers centimètres, mais bien rapidement, il faudra l’arroser fréquemment pour assurer ses besoins élevés en eau. Un arrosage par bassinage est souvent requis.

Heureusement, elle se remet plutôt vite des périodes de sécheresse.

S’il s’agit d’un kokedama, il faudra de toute façon l’arroser par bassinage. Ici, A. setaceus.Photo par Karelj.

Humidité atmosphérique

Comme beaucoup de plantes d’intérieur faciles, une humidité atmosphérique est appréciée, mais pas forcément nécessaire.

Terreau et rempotage

L’asperge s’accommode d’un terreau habituel pour plantes d’intérieur, de même que d’un terreau pour cactus et succulentes (qu’il est alors plus difficile de garder humide, mais qui évite les risques de trop-plein d’arrosage).

Lors du rempotage, il faut choisir un pot suffisamment spacieux pour contenir son système racinaire dense. Il est aussi recommandé de choisir un pot auquel on n’accorde aucune valeur sentimentale: les racines sont tellement denses qu’elles peuvent parfois briser les pots si on les laisse trop longtemps dedans. Dans le même ordre d’idées, il est parfois nécessaire de casser le pot lors du rempotage, surtout pour les plantes qu’on a ignorées trop longtemps.

On voit sur cette photo les racines épaisses de même que les organes arrondis de conservation d’eau. C’est à se demander pourquoi la plante a quand même tant besoin d’arrosage! Photo par Frank Vincentz.

Engrais

Si on choisit de fertiliser l’asperge, un engrais tout usage à la dose recommandée peut être utilisé durant la période de croissance. Pour les plantes dont on souhaite limiter la croissance débordante, on peut éviter la fertilisation entièrement.

Température

Une température entre 12 °C et 18 °C est optimale pour la plante. Elle peut tolérer des chaleurs plus élevées, mais elle apprécie généralement les pièces plus fraîches. Ne vous inquiétez pas si les températures chutent davantage: la plante peut survivre à des baisses graduelles de température, tant que ça ne baisse pas en dessous du point de congélation.

Même si les feuilles d’A. retrofractus rappellent vaguement celles d’un conifère, elle ne pourra pas servir de décoration extérieure durant l’hiver… sauf si les températures restent au-dessus de zéro, évidemment. Photo par Michael256.

Entretien

À moins que la taille ne devienne incommodante, il n’est pas nécessaire de tailler l’asperge d’intérieur. En revanche, il faudra la placer à un endroit où c’est facile… de balayer toutes les épines qu’elle laisse tomber! Certaines tiges finissent par s’assécher: ce n’est que lorsqu’elles sont très sèches qu’elles sont faciles à retirer de la couronne.

Multiplication

On peut multiplier une asperge d’intérieur en la divisant. Il faut probablement utiliser une scie pour tailler les racines tubéreuses et séparer la plante. Il est aussi plus facile d’enlever une partie du feuillage, sous peine d’être griffé par les feuilles épineuses.

Les fruits peuvent aussi donner des semis, pour peu que quelques conditions soient respectées. La plupart des asperges sont soit mâles, soit femelles, ce qui ne les rend pas autofertiles (et qui achète deux asperges pour les mettre côte à côte?). En revanche, il arrive que certains spécimens soient hermaphrodites , mais il n’y a aucune manière de le savoir avant que les fleurs n’aient été fécondées.

Après la fructification, on peut récolter les graines. On peut les laisser tremper dans l’eau tiède 12h avant de les planter dans le terreau humide. La germination prend entre un et deux mois.

Cette A. densiflorus pourrait être divisée. La seule chose que j’ai à vous dire, c’est… bonne chance! Photo par Dandarmkd.

Problèmes

Peu de problèmes affectent les asperges d’intérieur. On voit à l’occasion certains insectes nuisibles les déranger (cochenilles farineuses, pucerons, tétranyques) et les arrosages excessifs peuvent causer la pourriture des racines. La plante qui est affectée par divers problèmes communs (lumière insuffisante, température trop élevée ou humidité trop basse) le montre par le jaunissement des cladodes. Pour les asperges aux cladodes plus fines comme A. setaceus, il peut être bénéfique d’augmenter un peu l’humidité, surtout l’hiver. Cela étant dit, tous ces problèmes sont plutôt rares.

Les spécimens trop gros, dont les racines ne laissent plus de place pour le terreau, peuvent être affectés négativement par des arrosages inconstants. En effet, malgré les racines épaisses qui stockent l’eau, les asperges ne tolèrent pas longtemps la sécheresse. Elles font payer le jardinier oublieux par une chute rapide des cladodes. Laissées sans arrosage, les branches peuvent se dessécher entièrement. Cela dit, une bonne taille à quelques pouces du sol et la plante repart de plus belle… pourvu qu’elle soit plus régulièrement arrosée!

Toxicité

Il s’agit d’une plante légèrement toxique pour les animaux de compagnie. Les fruits, toxiques eux aussi, peuvent être attrayants pour les enfants. Dans tous les cas, il est mieux de garder la plante hors de portée de chacun en raison de ses feuilles épineuses.

Conclusion

Pour les amateurs de fougères qui n’arrivent pas à les garder vivantes à l’intérieur, l’asperge d’intérieur est une plante très facile, sans trop de problèmes, qui peut allègrement remplacer des plantes plus capricieuses. Son le feuillage délicat contraste avec sa robustesse: c’est une plante d’intérieur solide et facile d’entretien.

Ma préférée, A. densiflorus. Photo par Bramanditya Tiar.

  1. Désolée, mais Colin Laverdure est du genre féminin et le texte a probablement été mal traduit.
    Lors de sa description.

  2. Bonjour Colin !
    Cet article fait mon mois XD
    Je viens de découvrir une variété à port vertical d’asparagus

  3. Merci encore une fois monsieur Laverdure pour ce texte très instructif. Longue vie à votre chronique!

  4. Merci beaucoup pour cet intéressant tour d’horizon des asperges d’intérieur. J’ai hérité il y a quelques mois d’une asperge aethiopicus. Elle était alors desséchée; il m’a suffi de l’arroser et de couper quelques tiges au ras du sol pour qu’elle se mette à pousser comme de la mauvaise herbe. Certaines tiges ont plus d’un mètre de long et ne montrent aucun signe de faiblesse. Et que dire des épines traitres? Il faut porter des gants quand on s’approche pour l’arroser ou l’entretenir. Je l’ai placée dans une fenêtre froide côté sud-ouest. Son apparence délicate est trompeuse: c’est une force de la nature!

  5. Merci pour ce texte M. Laverdure. J’adore cette famille de plantes et j’en cultive plusieurs variétés depuis longtemps mais ce que j’ai appris c’est que les fougères sont difficiles à garder à l’intérieur ?! Je ne sais pas ce que je fait de spécial mais ma collection de fougères m’a toujours sembler tellement simple à cultiver en intérieur. C’est peut-être dû aux intérieurs de maison surchauffés chez ceux qui les ratent ou au manque d’humidité ambiante qui vient avec. Je garde un taux d’humidité de 50 et le chauffage à 20 degrés le jour et 15 la nuit. Je crois qu’une bonne différence de température entre le jour et la nuit est très bénéfique pour toutes les plantes
    Ça simplifié de beaucoup leur culture en intérieur en hiver. Pareil pour nous d’ailleurs, on dors mieux la tête au frais et le corps au chaud dans une bonne couette de lit!

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