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Le monde de l’infiniment petit: la vie sur les plantes

Saviez-vous que partout dans le monde, sur pratiquement toutes les surfaces, il y a de la vie? Même si on ne voit absolument rien, même si on a mis du désinfectant, il y a de la vie! Et c’est tant mieux, car ces tout petits organismes ont une grande influence sur leur environnement, particulièrement chez les plantes!

Photo: turek

Le microbiote: un très, très petit monde

Que sont ces «intrus» qu’on ne voit pas? Il s’agit de microbes, de champignons, de bactéries, de virus, de protistes, de procaryotes.

Oubliez le champignon de Paris! On parle de levures, et certaines de ces toutes petites choses sont même des unicellulaires. Eh oui, certains organismes vivants sont composés d’une seule et unique cellule. C’est dire comment c’est petit!

Oh, bien sûr, il y a des organismes unicellulaires assez gros qu’on peut les voir, mais la majorité est microscopique. Avez-vous déjà vu un virus, vous? Probablement pas à l’œil nu!

Photo: CDC

L’ensemble de ces organismes ont des rôles très importants: décomposer la matière, nettoyer les impuretés, transformer les molécules, etc. Évidemment, les microorganismes qui vivent dans la terre ne sont pas les mêmes que ceux qui vivent sur votre visage: ils ont tous leur propre rôle et leur habitat spécifique.

Quand on parle du microbiote, c’est l’ensemble des petits organismes qui vivent dans un endroit donné. On entend ce mot plus souvent dans un contexte d’organe: le «microbiote intestinal» est le mot par excellence pour vendre des probiotiques. Ça sonne juste assez scientifique pour être impressionnant.

Mais aujourd’hui, je vous parle du microbiote végétal. La vie sur les feuilles, dans les feuilles. La vie sur les troncs, dans le sol… Bref, les microbiotes de la nature.

À chaque environnement, ses microbes

Il existe assurément des milliards d’espèces de microorganismes. Comme c’est un monde difficilement accessible, il est très ardu de l’étudier, mais avec les méthodes de plus en plus efficaces dont nous disposons, notamment au niveau de l’analyse de l’ADN, on appréhende de plus en plus ce monde mystérieux. On arrive à le détecter, mais aussi à comprendre le rôle de ces microbes.

Les recherches démontrent que d’une plante à l’autre, le microbiote change énormément. Un érable et un bouleau n’auront pas les mêmes microbes. Et d’une ville à l’autre, d’un continent à l’autre, c’est tout aussi changeant. Il pourrait, par exemple, y avoir une très haute concentration d’une espèce de levure pour une plante, une grande variété de levures sur une autre, ou encore une grande diversité de levures, bactéries, etc., sur une autre plante!

Outre les espèces de plantes et leur origine, il y a bien d’autres facteurs qui influencent le microbiote: la température, l’exposition aux caprices de la météo, la qualité de l’air, la présence humaine, etc.

Imaginez le microbiote du sol dans un champ: plein de microbes vivent sur et dans les racines. S’il s’agit d’un sol labouré, il y aura moins de vie: la perturbation que représente le labour rend difficiles la survie et la reproduction. Si c’est un sol abreuvé de fongicide, peut-être qu’il y aura énormément de protistes et de bactéries qui proliféreront, plus que s’ils avaient été en compétition avec les champignons. Si c’est un sol où pousse une monoculture de la même plante depuis vingt ans, la diversité sera très faible.

Bref, plusieurs facteurs influencent ce monde minuscule à l’équilibre fragile. Un organisme pourrait être bénéfique en petite quantité, mais nuire s’il prolifère trop.

Parfois, quand on remarque que quelque chose ne va pas avec nos plantes, c’est en fait le microbiote qui ne va pas bien. On donne de l’engrais, on met des pesticides ou on rempote, et tout se place: le petit monde qui habite sur, dans, et autour de votre plante a été rétabli, sans que vous le sachiez.

Le rôle de ces microbes

Certaines plantes ont coévolué avec des microbes et partagent avec eux les bénéfices de leur association. Par exemple, les membres de la grande famille des Fabacées (qui comprend, entre beaucoup d’autres, les légumineuses) font une association au niveau des racines avec des bactéries du genre Rhizobium. Cette association permet ainsi aux haricots, trèfles, luzerne, etc., de développer des nodules sur leurs racines et d’avoir accès à une forme d’azote dans le sol qui n’est d’ordinaire pas accessible aux plantes.

Voici des racines de soya avec lesdits nodules (les petites boules). Photo: JoJan

Certaines graines d’orchidées, dont la vanille, ne germent qu’en association avec un champignon du genre Sebacina. Les champignons mycorhiziens font également partie des microorganismes utiles.

Ce sont des exemples assez connus, mais il y a énormément d’autres interactions moins étudiées ou plus passives. Ainsi, les microbes, particulièrement au niveau des racines, ont différents rôles et effets. Certains rendent disponibles certaines molécules, d’autres stimulent la croissance en produisant des nutriments. Il y a des éléments protecteurs qui limitent les infections ou les maladies des plantes et certains qui permettent de survivre à ses sécheresses.

Les mycorhizes rendent service aux plantes en leur faisant développer un système racinaire plus vaste, mais saviez-vous qu’elles emmagasinent aussi du carbone? Eh oui, un double rôle utile! Et ce n’est rien ça: au niveau des feuilles, il y a des microbes ayant un effet positif sur la photosynthèse!

Le rôle des microbes est très diversifié, mais tous ensemble, ils contribuent à la croissance et à la survie des plantes… Et aussi au bien-être général de l’environnement, quand on y pense! Ces petits amis sont un peu comme des bonus ajoutés aux plantes. (Bien sûr, il existe des microbes moins «gentils», mais il faut de tout pour faire un monde!)

La plante, un ensemble d’organismes?

Certains chercheurs considèrent les plantes non pas comme des individus, mais comme des ensembles d’organismes. C’est à la fois intéressant et étrange comme point de vue… Mais sans doute pas totalement faux!

Plusieurs végétaux, qu’il s’agisse de votre arrangement paysager, du blé dans un champ, d’un arbre dans la forêt ou de vos tomates, ne survivraient pas dans un environnement aseptisé. Enlevez tout ce qui vit sur la plante et… elle en mourra! Peut-être lentement, mais certainement. Elle manquera d’eau, de nutriments, tombera malade, ses feuilles avorteront, bref, ça lui manquera beaucoup! Elle ne peut vivre sans toutes ces associations.

C’est donc logique de dire qu’une plante, c’est un ensemble, une communauté, non?

Eh bien, si on garde cette logique, on peut dire la même chose de nous! Car les humains ont un paquet de microbes sur et dans leur corps qui les maintient en vie.

Photo: Freddie Ramm

Vous savez, dans le vaste monde du vivant, tout est lié: chaque être vivant dépend des autres. Je répète souvent que la vie veut vivre: les différentes associations avec les plantes sont un bon exemple. On manque de phosphore? Pourquoi ne pas s’associer avec un champignon capable d’aller en chercher?

J’espère avoir chatouillé votre curiosité et vous avoir fait réaliser tout ce qui se trame dans l’invisible sous nos yeux. Prenez soin de vos microbiotes: laver chaque feuille de vos plantes au vinaigre, ça peut causer bien des dérangements quand on y pense!


commentaire sur "Le monde de l’infiniment petit: la vie sur les plantes"

  1. Votre texte est très intéressant !
    Le partage de vos connaissances est aussi très enrichissant. C’est grandement apprécié ! Merci !

  2. Renée-Johanne Campeau

    Ce monde microscopique est tout simplement fascinant !

  3. Bien écrit et super intéressant. Étonnant toute cette biologie invisible !

  4. Merci pour ce partage sur l’infiniment petit!. Dans notre société de “prrroprrreté” on oublie à quel point les êtes vivants présentent des formes multiples, sont partout et sont dépendants les uns des autres. Quand on est un jardinier paresseux et qu’à travers un jardin un minimum entretenu mais sauvage où on laisse de la place à la biodiversité, on a de belles surprises!!!

  5. Très intéressant, merci

  6. Passionnant! Merci beaucoup.

  7. Merci Audrey,
    Lorsqu´on pense à tous ceux qui vit dans 1 cm cube de sol, on ne peut que se questionner sur les milliers de km carrés qui est mort, ou endormi dans le pergélisol ou permafrost et qui pourrait se réveiller lors d´un dégel même partiel.
    Des trucs totalement inconnus depuis mille ans ou plus. Bénéfique ou maléfique ?
    Des recherches auraient intérêt d´y être menées. On se souvient à quelle vitesse la covid (grâce à
    l´aviation) ou dans une moins grande mesure, la grippe espagnole se sont propagées. Du bon et du mauvais pourraient reprendre vie avec rien pour l´arrêter ou disparaître faute
    d´éléments favorables à son implantation. La question, dans notre cm cube de sol actuel, y a t il plus d´amis ou d´ennemis ? Peut être qu´il en serait de même dans ces glaçons de terre.
    Allez Audrey, du vrai travail pour vous…….

  8. Marie-France Despatie

    J’adore le Jardinier paresseux et vos articles mais je suis constamment dérangée par des publicités qui flashent et me déconcentrent. Je sais que vous devez vivre par les dons et la pub aussi, j’ai fait ma part comme contributrice mensuelle. SVP placez les publicités au début et à la fin car je pense abandonner cette lecture si passionnante. Albi qui flashe, Sephora qui arrive dans le milieu du texte et sans compter les annonces en anglais seulement, Temu qui vient de Chine et qui a floué un paquet de gens, etc.. vraiment, ce n’est pas à votre hauteur.

  9. Que tu pique notre curiosité !
    À chacun de tes articles, nous découvrons un volet de la science environnementale.
    J’ai toujours plaisir de te lire, de me mettre à jour dans mes connaissances pour mieux comprendre et donc, mieux intervenir dans le jardin (& mieux conseiller).
    Rendre la science compréhensible pour tous stimule nos neurones et dedramatise le jardinage.
    C’est donc extraordinaire !
    Ta plume et la nature 😉

  10. Merci Audrey pour ce rappel. c’est une belle vision.

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