La protection hivernale des hydrangées bleues
Je reçois beaucoup de questions au sujet de l’hydrangée à grandes feuilles (Hydrangea macrophylla), que les gens d’ici appellent hydrangée bleue, car c’est sa couleur habituelle sous notre climat. Notamment, les gens ne parviennent pas à la faire fleurir. Mais ils me posent leurs questions au printemps, quand il est trop tard pour faire quoi que ce soit. Pourquoi pas ne pas regarder la question quand il est encore temps d’agir?
Cartes sur table
D’abord, l’hydrangée bleue n’est pas un bon choix pour notre région. Elle n’est tout simplement pas assez rustique pour notre climat. Les pépiniéristes lui donnent souvent une cote zonière de 5, mais je les trouve drôlement optimistes. Dans les ouvrages sérieux, on trouve une cote 6b ou même 7. C’est très loin de notre de la zone de rusticité dans la majorité du Québec. Autrement dit, le jardinier le moindrement sage ne plante pas l’hydrangée bleue et évite alors les déceptions.
Toutefois l’hydrangée bleue, comme plusieurs autres arbustes limites, a un atout dans sa manche: elle est capable de régénérer à partir du sol si ses racines n’ont pas été tuées par le froid. Et avec l’épaisse couche de neige qui tombe dans la région, justement ses racines sont protégées des pires froids de l’hiver. Donc, au printemps, l’arbuste repousse de la base, apparemment en santé. Il s’agit de couper les branches mortes au froid. Mais où sont les fleurs? Il n’y en aura pas! Chez cette espèce, les boutons floraux sont formés l’été précédent, sur les tiges en croissance. Comme les branches ont gelé au sol, les fleurs embryonnaires sont mortes aussi. D’où la désolation des gens qui ne comprennent pas que leur hydrangée ne fleurisse pas, mais que, pourtant, elle produit de belles branches nouvelles et apparemment en santé.
Un rayon d’espoir
Pourtant, on voit des hydrangées bleues fleurir dans la région. Pas tous les ans, mais à l’occasion. Pourquoi? C’est que si la protection hivernale est excellente, il est possible que les branches ne gèlent pas sur toute leur longueur. Dans ce cas, certains boutons floraux passent l’hiver et la floraison peut avoir lieu.
Comment faire en sorte d’augmenter les chances pour qu’au moins une partie des branches survivent à l’hiver? D’abord, il faut dire que les protections hivernales habituelles (jute et géotextile) ne donnent strictement rien. Elles ne protègent nullement contre le froid, seulement contre le vent (c’est-à-dire qu’il fera exactement la même température à l’intérieur de la protection qu’à l’extérieur). Or, ce n’est pas le vent qui est le problème ici.
Les cônes à rosier en styromousse, par contre, peuvent protéger contre le froid. Ils sont isolés sur les parois et le haut, mais ouvert à la base et la chaleur du sol (la terre est plus chaude que l’air durant l’hiver) peut alors monter l’intérieur de l’abri. Malheureusement, il n’y a aucune circulation d’air dans un cône à rosier et l’hydrangée alors peut pourrir. Il faut trouver une autre solution.
La neige et les feuilles mortes
Il faut savoir que nous avons dans la région deux grandes protections naturelles contre le froid: la neige et les feuilles mortes. D’ailleurs, souvent les hydrangées non protégées fleurissent quand les hydrangées protégées ne fleurissent pas. Pourquoi? C’est que, quand les hydrangées bleues fleurissent, on a eu de belles bordées de neige, commençant tôt dans la saison et persistant tout l’hiver. Ainsi, les branches sont bien protégées du froid extrême et peuvent ainsi fleurir au printemps suivant. Déjà, juste le fait de planter l’hydrangée bleue là où la neige s’accumule fait toute une différence.
Mais on peut faire encore mieux! Les feuilles mortes aussi protègent contre le froid. Déchiquetez-les (sinon elles partiront au vent) et empilez-les sur vos hydrangées. Il ne faut pas se gêner pour en mettre épais: 15, 30, voire 60 cm de feuilles mortes. Les feuilles déchiquetées ont un avantage sur toutes les autres protections hivernales: elles dégagent de la chaleur! En effet, même en plein hiver, elles se décomposent… et la décomposition produit de la chaleur. De plus, alors que la neige peut fondre trop tôt, laissant la plante exposée aux gels tardifs et qu’il faut enlever les «protections» tôt dans la saison pour éviter que la plante étouffe, vous n’avez pas besoin d’enlever les feuilles mortes, car elles disparaissent d’elles-mêmes, à leur propre rythme. D’ailleurs, l’hydrangée bleue est une plante de sous-bois dans son milieu d’origine. En la bordant de feuilles, vous ne faites que répliquer dame Nature!
Il reste que même les feuilles et la neige ne peuvent pas toujours garantir une floraison. S’il fait -35 ou -40 °C pendant de longues semaines, c’est certain que le froid finira par pénétrer et tuer les boutons floraux, mais la plupart des hivers, sous une épaisse couche de feuilles, et avec la neige habituellement abondante dans notre région, l’hydrangée bleue fleurira sans trop de peine.
La situation idéale
Pour mettre toutes les chances de votre côté, plantez l’hydrangée bleue à la mi-ombre (surtout pas au plein soleil où la neige fond beaucoup trop vite!) dans un endroit où la neige s’accumule, peut-être du côté nord ou est de la maison. Elle préfère un sol riche en matière organique et humide, mais non détrempée. Évitez les engrais censés rendre les fleurs plus bleues: souvent ils sont toxiques pour les hydrangées! Le meilleur engrais pour cette plante, c’est son paillis de feuilles qui se décompose en enrichissant le sol.
Pas de taille!
Sous notre climat, il ne faut tailler l’hydrangée bleue que pour enlever les branches mortes. Leur présence sautera aux yeux au printemps, car elles ne portent pas de feuilles! Surtout, on ne les taille pas à l’automne, sinon on supprimera tous les boutons floraux du printemps prochain!
Bonne chance!
Bleue ou rose?
Saviez-vous que l’hydrangée à grandes feuilles peut être à fleurs bleues ou à fleurs roses, selon le sol? Dans les sols acides, leurs fleurs sont bleues; dans les sols alcalins, elles sont roses. Or, dans notre région, les sols sont toujours acides et les hydrangées à grandes feuilles fleurissent toujours en bleu.
Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au cours de sa carrière, en français et en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père accessibles au public. Ce texte sur les concombres amers a été publié à l’origine dans Le Soleil le 13 novembre 2005.
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Bonjour,
J’ai été surprise de constater que ce qu’au Canada vous appelez des hydrangées bleues, en France on les appelle des hortensias et c’est surtout en Bretagne qu’on les trouve. C’est une région où ils se plaisent beaucoup car on en voit partout dans les villages et autour des églises en Mai et Juin et c’est magnifique. Des bleus, des roses et des mauves et certains avec une forme légèrement différente. Il semblerait qu’ils soient originaires de Chine mais si c’est vrai, çà doit remonter fort loin dans le temps … !
Question tiques …
Puisqu elles aiment les environnements humides et sombres et feuilles mortes, est ce que cet amas de feuilles devient un “condo” à tiques où elles se protègent l’hiver pour mieux nous croquer pendant la saison douce :/
J’avais appris la méthode de Larry, la cage remplie de feuilles, très efficace. Toutefois notre quartier cette année est envahi de tiques. Nous vivons aux abords d’une forêt protégée par le fédéral (commission de la capitale nationale-Gatineau)
Bonjour, cela fait plusieurs années que je me sers de feuilles déchiquetées comme paillis, une amie me les garde, surprise de voir que je garde ce qu’elle enlève (même dans ses rocailles 🙂 Pour les hydrangées, est-ce qu’on les enterre littéralement sous les feuilles ? ou juste la base ?
Concernant la présence des boutons floraux dès l’année précédente, est-ce la même chose pour tous les hydrangées?