Par Edith Smeesters
15 octobre 2024

Un beau projet de naturalisation en milieu urbain

J’aime beaucoup la ville de Magog et particulièrement pour sa quantité d’espaces verts publics, ses magnifiques pistes cyclables le long du lac Memphrémagog et de la rivière Magog et sa proximité avec le parc du Mont-Orford. De plus, c’est une petite ville à l’échelle humaine où le citoyen occupe une place prépondérante.

Cet été, j’ai découvert l’Espace Saint-Luc: un projet de naturalisation sur un terrain de 22 000 mètres carrés complètement nu (l’équivalent de 4 terrains de football). Il est situé dans un vieux quartier de la ville et il abritait autrefois le site d’entreposage des travaux publics et l’écocentre.

Le projet visait à transformer cette vaste zone d’îlots de chaleur en espace de fraîcheur en favorisant la plantation d’arbres, d’arbustes, de vivaces et de gazon dans un secteur qui souffrait d’un grand manque de verdure. La conception de l’espace Saint-Luc a débuté en 2021, mais il fallait d’abord décontaminer le terrain. Cette opération de 4,6 millions a heureusement été subventionnée à 60 % par le programme ClimatSol-Plus du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC).

Une belle collaboration avec les citoyens

Au-delà des bénéfices environnementaux de ce nouvel espace vert, ce projet a été une belle opportunité de collaborer avec les citoyens pour améliorer leur qualité de vie. Il y a eu d’abord une vaste consultation publique sur l’avenir du parc en 2022, ensuite la ville de Magog a également mis en ligne une plate-forme de suggestions à la disposition des citoyens.

En juin 2023, plus d’une centaine de bénévoles se sont manifestés pour planter un total de 820 végétaux en majorité indigènes sur l’ensemble du terrain, soit 350 arbres et 470 arbustes. Le projet a été coordonné en collaboration avec Arbre-Évolution, une coopérative de solidarité située à l’Islet dans Chaudière-Appalaches. Cet organisme met à la disposition des communautés un outil pour financer des initiatives de verdissement avec les citoyens. Le résultat n’est pas un aménagement paysager standard manucuré, mais une plantation d’arbres et arbustes qui devrait devenir une petite forêt urbaine «naturelle». La Ville s’est d’ailleurs engagée à entretenir et à protéger ce futur boisé pour au moins 50 ans.

Le projet comprend bien sûr l’aménagement de sentiers de même que l’installation de mobilier urbain. Par exemple, les amateurs de dames et d’échecs peuvent apporter leurs pièces pour jouer des parties en famille ou entre amis sur les tables imprimées en damier. S’ajoutent des zones de pique-nique, de jeux libres et des espaces d’entraînement extérieur. Une glissade sera aménagée l’hiver.

Des légumes à petit prix pour les citoyens du quartier

De plus, un espace nourricier communautaire de 557 mètres carrés est animé et géré par le Centre d’écoinitiatives populaires (CÉPOP) de Magog. Une coordonnatrice s’occupe des légumes et des fines herbes comme si c’était son propre jardin. Lorsqu’il sera pleinement en fonction, le potentiel de récolte de la cinquantaine de bacs est estimé à une demi-tonne de tomates, carottes, courges, ail, etc.  La distribution des aliments à prix modique s’effectue lors des marchés de quartier mensuels et de mini-ventes. Des surplus sont également écoulés dans le frigo communautaire extérieur et le congélateur intérieur situés tout près du parc.

Les travaux d’aménagement de l’Espace Saint-Luc auront coûté 549 000 $ sans compter la planification, la consultation, les communications et la gestion du projet. Mais Magog a bénéficié d’une subvention de 330 000 $ accordée par le programme Climat Municipalité 2 du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

Un parc sportif revampé en prime

Par la même occasion, Magog a revitalisé le parc Maurice-Théroux situé juste à côté de l’Espace Saint-Luc. La réfection de ce parc sportif en fin de vie et l’ajout d’infrastructures comprend une surface multifonctionnelle avec bandes pour la pratique d’activités sportives douze mois par année, soit du pickleball en été (4 terrains) et du patin (hockey) l’hiver. La réfection des deux terrains de baseball, le remplacement des modules de jeux pour enfants ainsi que l’aménagement d’une aire de pique-nique complètent le tout.

Je trouve que c’est un bel exemple d’aménagement qui marie bien les espaces de sports et de loisirs avec la nature et c’est un nouvel atout pour ce petit joyau des Cantons-de-l’Est.

Arbres et arbustes plantés dans l’espace Saint-Luc:

30        Amélanchier du Canada
26        Érable rouge
23        Micocoulier occidental
6          Févier d’Amérique sans épines
30        Peuplier à feuilles deltoïdes
2          Peuplier à feuilles deltoïdes ‘Siouxland’
36        Peuplier faux-tremble
22        Chênes rouges
37        Sorbier des oiseaux
23        Orme de Sibérie
20        Sapin baumier
20        Thuya occidental
25        Genévrier de Virginie
20        Épinette blanche
30        Mélèze laricin
50        Caragana arborescent
50        Aulne crispé
50        Spirée à larges feuilles
50        Viorne flexible
100      Saule de l’intérieur
50        Rosier rugueux
50        Cornouiller stolonifère
15        Amélanchier à feuille d’aulne
10        Aronie noire
10        Sureau du Canada
10        Chèvrefeuille du Canada
15        Potentille frutescente
10        Ronce odorante

Edith Smeesters

Edith Smeesters est biologiste et est une pionnière en horticulture écologique au Québec. Elle a donné d’innombrables conférences et formations et elle a écrit plusieurs livres à ce sujet depuis plus de 20 ans. Elle a fondé et a été présidente de plusieurs organismes environnementaux, comme Nature-Action Québec et la Coalition pour les alternatives aux pesticides. Elle a été une personne clé dans la création d’un Code de gestion des pesticides au Québec en vigueur depuis 2003.

edithsmeesters.org/

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