Devenir semencier… de la forêt!
Par Julie Boudreau
Ça vous est déjà arrivé de rêver de planter une petite forêt d’arbres indigènes que vous auriez fait pousser à partir des graines? Moi, oui! Tout le temps! C’est bien satisfaisant de pointer une plante et de dire «Je l’ai partie par semis, celle-là!». Imaginez, s’il s’agissait d’un arbre!
Semer des arbres est en fait une merveilleuse aventure! Pour certains arbres indigènes, le semis peut être ridiculement facile. C’est le cas des chênes, entre autres. Mais il y a d’autres espèces qui demandent un peu plus de connaissances. Mais une fois que l’on a percé leurs secrets, on augmente de beaucoup les chances de réussite.
Récolter les semences au bon moment
Récolter des semences d’arbres est une activité qui s’étire de l’été à l’automne. En effet, chaque espèce produit des semences qui arrivent à maturité à différents moments de l’année.
Il faut aussi savoir que la production de semences fluctue d’année en année. Il est assez rare qu’un arbre produise beaucoup de semences plusieurs années de suite. Par exemple, le bouleau jaune (Betula alleghaniensis) a une bonne production semencière une année sur deux. Dans le cas du pin blanc (Pinus strobus), il peut s’écouler de trois à dix ans entre deux bonnes années de production de semences. Cela ne veut pas dire que l’arbre ne produit pas de semences aux autres années, mais que leur nombre et que leur viabilité sera plus limitée.
Enfin, il faut récolter les semences lorsqu’elles ont atteint leur plein degré de maturité. En général, les graines sont matures lorsqu’elles sont bien sèches. C’est un bon indicateur! On peut aussi deviner que des fruits sont prêts à être récoltés lorsqu’ils commencent à tomber au sol. Ce sera le cas des glands de chêne, des faînes des hêtres ou des noix de caryer. Puis, la troisième condition pour récolter des semences matures est d’être plus rapide que les écureuils et autres animaux qui raffolent de ces graines bien nourrissantes.
Ce sont là quelques généralités que l’on peut appliquer à une grande quantité d’arbres indigènes. Cela dit, il est utile de savoir que les semences de frênes arrivent à maturité quelques semaines après la chute des fruits. À l’inverse, certains cônes, comme ceux du pin blanc, de l’épinette blanche (Picea glauca) et de l’épinette noire (Picea mariana) peuvent être récoltées lorsque les cônes sont dans leur phase de changement de couleur, du vert au brun. Ces cônes sont ensuite mis à sécher et la maturation des graines se poursuit en même temps que le séchage.
Petit calendrier de récolte des semences d’arbres
Voici, dans un ordre chronologique, la séquence de récolte des semences des arbres. Les dates ne sont que suggestives et s’appliqueraient à une forêt située dans la grande région de Montréal, en zone 5. Il faudra décaler ces dates au fur et à mesure qu’on se déplace en latitude et en altitude. Le fait que la forêt soit sur le flanc exposé au sud ou au nord peut aussi influencer la période de récolte. Mais l’ordre d’arrivée à maturité des graines reste le même.
Mi-mai à la mi-juin | Érable rouge, Orme d’Amérique |
Fin août à mi-septembre | Cerisier tardif, Épinette blanche, Sapin baumier, Tilleul d’Amérique |
Début septembre à fin septembre | Mélèze laricin, Pin blanc |
Mi-septembre à mi-octobre | Caryer cordiforme, Chêne bicolore, Chêne à gros fruits, Chêne rouge, Noyer cendré, Pin rouge, Pruche du Canada |
Mi-septembre à décembre | Épinette noire |
Fin-septembre à octobre | Bouleau à papier, Érable à sucre |
Mi-octobre à début novembre | Bouleau jaune |
En tout temps | Pin gris |
Entre la récolte et le semis
Une des façons les plus simples de faire des semis d’arbres indigènes est de s’inspirer de la nature. Car la nature, étonnamment, est une fabuleuse source d’inspiration pour un jardinier paresseux!
Dans cette fameuse nature, les fruits tombent au sol, espèrent de ne pas être mangés par les écureuils ou les tamias rayés, puis arrive l’hiver. Au printemps, si les conditions sont favorables, les graines qui ont eu la chance de tomber au bon endroit germent! Autrement dit, dès la récolte, on place les semences directement en terre, on les recouvre d’un grillage, pour les protéger d’on sait qui, et on ne fait plus rien! C’est d’ailleurs la meilleure façon de semer des glands de chêne!
S’il est impossible de procéder au semis en pleine terre ou que l’on veut faire ses semis dans une période prédéterminée, on devra utiliser diverses méthodes d’entreposage des semences, afin d’assurer la viabilité des semences.
Par exemple, les glands de chêne et les samares d’érables doivent être entreposés au frais, dans un réfrigérateur par exemple. D’autres semences, comme celles de l’orme, des peupliers ou des pins peuvent être mises à sécher et entreposées dans un endroit sombre et sec. Les graines contenues dans des fruits charnus, comme les graines des cerisiers tardifs (Prunus serotina) ou des genévriers (Juniperus spp.) doivent être extirpées, puis mises à sécher.
Et enfin, mes préférées, certaines graines sont libérées de leur fruit après avoir subi un feu de forêt. C’est le cas du pin gris (Pinus banksiana). Alors que mettre le feu partout peut être une idée douteuse, on peut user d’astuce pour produire un effet similaire. On imposera aux cônes du pin gris un traitement de chaleur afin de faire fondre la résine qui empêche l’ouverture du cône. Ainsi, on installe les cônes bien fermés dans une marguerite pour une petite cuisson à la vapeur d’environ 30 secondes! Les cônes d’épinette noire peuvent aussi subir un traitement similaire.
Et vous voilà bien préparés pour récolter et entreposer correctement la plupart des semences d’arbres que vous récolterez lors de vos prochaines balades en forêt.
Je n’avais penser à cela ….Qui n’a pas été inspiré par le film « L’homme qui plantait des arbres « …je trouve que ça serait une belle contribution de ma part ….
Je vais voir à cela….quelle essence j’ai envie de voir grandir …à suivre…
Merci pour toutes les informations
Je demeure à Ottawa et j’ai le bonheur de demeurer voisin d’un parc. Dans ce parc il y a 4 Ormes dont le feuillage est dévasté par des insectes. Les autres espèces d’arbres se portent bien. Comme c’est un nouveau quartier les arbres ont été plantés il n’y a que cinq ans. J’aime beaucoup ces ormes qui nous procure un peu d’ombre durant la canicule.. Est-ce que je peux faire quelques chose pour aider les ormes?
J’ai un if du Canada (taxus) que j’ai essayé de faire pousser les graines, sans succès. Est-ce qu’il y a une recette pour cet arbre?
Votre commentaire m’a beaucoup inspiré et comme les ormes sont déjà en grande difficulté ,il serait bien d’avoir plus info en ce sens …
Merci
Est-ce que les insectes de “vos” ormes ressemblent à celui sur la photo?
https://aimfc.rncan.gc.ca/fr/insectes/fiche/2850
Espérons que non!
Peut-?tre prendre des photos des insectes et signaler vos observations à la municipalité? Elles sont toutes vigilantes quand il s’agit de l’orme d’Amérique!
Est-ce que les insectes de “vos” ormes ressemblent à celui sur la photo?
https://aimfc.rncan.gc.ca/fr/insectes/fiche/2850
Espérons que non!
Peut-?tre prendre des photos des insectes et signaler vos observations à la municipalité? Elles sont toutes vigilantes quand il s’agit de l’orme d’Amérique!
Les graines les plus chanceuses sont peut être celles qui sont bien grosses comme les glands de chênes ou de noyers. En effet les écureuils jardiniers vont en enterrer une grande partie et nombreuses bien placées sous terre et oubliées pourront germer, ce qui bien sûr ne sera le cas avec le bouleau et ses mini graines. Si vous trouver les noix de noyers, elles tombent au sol dans leur gangue verte légèrement poilues au fort parfum citron coriandre. Au fil des semaines la gangue verte va brunir, noircir (attention ça tache) et pourrait, libérant la noix. Vous vous questionnez sur la dentition et mâchoires de
l´écureuil ? Essayez de casser ou ouvrir la noix. Bonne chance ! À moins
d´avoir un casse noix spécial, le classique en sera incapable ! Le marteau en tenant bien la noix va tout émietter. Un étau est préférable
puisqu´on augmente la pression lentement. Une fois ouverte, le cauchemar
d´atteindre toutes les alvéoles n´est pas terminé. Au final avec de la patience vous pourrez la goûter avec un arrière goût de fromage bleu !
Vous décidez d´en semer dans votre cour ?
N´oubliez pas que c´est un arbre magnifique, qui survit bien aux vents et verglas, si je me fie aux miens, mais toute sa beauté en fait un arbre qui monte en hauteur avec de longues branches. Il est volumineux. J´ignore le côté racinaire. Je dois en arracher plusieurs que les écureuils ont planté contre la maison. Jeunes avec une croissance rapide il ressemble à un vinaigrier en plus beau. Ses feuilles composées, soit “plusieurs” sur une longue tige peut être agaçant à ramasser, la tige durcissent en bois. N´oubliez pas la juglone contenue dans tout l´arbre qui est toxique aux autres végétaux. À
l´exception des plantes aux racines courtes comme le gazon, cet asocial qui veut tout le soleil et le sol pour lui va tuer tous ses voisins. Arbre majestueux, il pompe également beaucoup
d´eau dans le sol et mature il n´est pas rare de voir le sol craquelé de sécheresse sous sa canopée. Petit détail. Il est tentant de
s´installer dessous, profiter de son ombrage les chaudes journées d´été, jusqu´au moment de recevoir sur la tête une de ses mini balles de tennis de noix. À ne pas oublier si vous songez installer un mobilier de jardin dessous. Pour les grands espaces il est majestueux et fera la joie des écureuils. Compte tenu de la juglone il n´est pas conseillé de le mettre au compost à moins d´en faire un à part pour nourrir ultérieurement sa “sainteté “. Avant d´avoir votre grandeur, il fera déjà un bon mètre de diamètre.
Quel bonheur, cette chronique. Merci pour ces conseils pleins de lumières, Julie! Ça donne des belles idées!
C’est poétique! j’adore!
Bonjour,
Qu’en est-il pour les semences de pommiers et de pommettiers? Peut-on procéder de la même façon?
Merci !
Merci bcp pour cette chronique . Jai accès a bcp de fruit de noyer noir et je vais tenté l’expérience grace a vos conseil.
merci
Très intéressant! Cela m’amène à vous partager une information que j’ai reçue via une formation inspirée d’une méthode japonaise créé par Akira Miyawaki. Il s’agit du programme FONA offert par Permafforest qui propose la création de micro-forêts autonomes. J’aimerais beaucoup vous lire et en savoir davantage à ce sujet.
Bonjour . J’ai la chance ou plutôt j ‘ai choisi d’habiter les Vosges ( France ) , je suis entourée de forets .mais je récolte les graines de fleurs des plates bandes de la ville pour donner à la grain thèque de la bibliothèque Dans la foret je vais ramasser des châtaignes (reste du passage des corses pendant la guerre )Il y a un peu partout en France des plantes qui sont dues au passage de la guerre