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La pyrale du buis est officiellement arrivée

Il y a quelques années, je me souviens avoir discuté avec une collègue de travail au sujet de la pyrale du buis, un papillon nocturne originaire d’Asie, reconnu pour ses larves qui dévorent le feuillage des buis (Buxus). À l’époque, elle s’attaquait déjà aux buis en Ontario et dans le nord-est des États-Unis, et je me suis demandé si elle avait atteint le Québec. Les buis sont un choix très populaire pour les haies basses et formelles, surtout dans les climats plus frais. Il serait donc peut-être temps de réfléchir à des options pour remplacer les buis avant que la pyrale ne fasse trop de dégâts.

Pyrale du buis sur un buisson de buis. Photo: StromBer

Dernièrement, cette ancienne collègue de travail m’est revenue pour m’avertir: elle est arrivée! Elle avait aperçu les premiers dégâts causés par la pyrale du buis. En fait, durant l’été 2023, la pyrale du buis avait déjà été détectée dans plusieurs propriétés privées au Québec, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick.

Organisme nuisible réglementé

La pyrale du buis est désormais un vrai problème au Canada, où elle est classée comme organisme nuisible réglementé. Ça veut dire qu’on surveille de près sa propagation, surtout dans des provinces comme l’Ontario, le Québec et les provinces maritimes. Des règles strictes empêchent le transport des plants de buis et de tout matériel végétal qui pourrait être infesté.

Pyrale du buis. Photo: Didier Descouens

L’arrêté relatif à la pyrale du buis de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), datant du 9 mai 2024, déclare que les provinces de l’Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador sont officiellement infestées par la pyrale du buis (Cydalima perspectalis). En vertu de cet arrêté, il est interdit de déplacer des plants de buis (et leurs boutures) hors des zones infestées sans un certificat de circulation émis par un inspecteur.

Aux États-Unis, la pyrale est aussi dans le collimateur depuis sa découverte en 2021 à New York. Les États comme le Michigan et le Massachusetts l’ont aussi repérée. Là-bas, l’USDA impose des restrictions pour éviter que l’insecte ne se déplace d’un État à l’autre, et les propriétaires doivent suivre les consignes pour gérer l’infestation avant qu’elle ne fasse trop de dégâts sur les buis ornementaux. En gros, soyez vigilant et signalez tout signe suspect pour aider à stopper l’invasion!

Distribution

La pyrale du buis (Cydalima perspectalis) est originaire d’Asie, où elle est principalement présente en Chine, Corée, Japon et en Inde. Elle a été introduite accidentellement en Europe au début des années 2000, probablement par le commerce international de plants de buis. La première détection européenne a été signalée en Allemagne en 2006. Rapidement, l’insecte s’est propagé à travers plusieurs pays européens, touchant la France, les Pays-Bas, l’Italie, le Royaume-Uni, la Belgique et bien d’autres. En raison de son absence de prédateurs naturels et de la grande popularité des buis dans les jardins européens, l’invasion s’est accélérée, causant d’importants dégâts.

Aspect d’un buis cultivé infesté. Photo: Hungchaka

En Amérique du Nord, la pyrale du buis a été détectée pour la première fois au Canada, à Toronto, en 2018. Depuis, elle s’est répandue dans plusieurs provinces canadiennes, notamment au Québec, en Ontario et dans les provinces maritimes. Aux États-Unis, elle a été signalée pour la première fois en 2021 dans l’État de New York, puis s’est propagée à d’autres états comme le Michigan et le Massachusetts. Sa capacité à voler sur plusieurs kilomètres et à se déplacer via des plants infestés vendus dans le commerce a contribué à sa rapide expansion en Amérique du Nord.

Cycle de vie

La pyrale du buis (Cydalima perspectalis) est un insecte nuisible originaire d’Asie, introduit en Europe et en Amérique du Nord via le commerce de plantes ornementales. Son cycle de vie comporte plusieurs étapes. Les œufs sont pondus sous les feuilles des buis en groupes de 5 à 20 et éclosent en 3 jours environ. Les larves, d’abord jaunes et petites, deviennent vertes avec des rayures noires et blanches. Elles se nourrissent du feuillage des buis, les dévorant en ne laissant que les nervures. Elles passent par 6 à 7 stades larvaires, puis se transforment en chrysalides dans des cocons de soie dissimulés dans les branches. Les adultes émergent en été, volant jusqu’à 10 km, et vivent environ 14 jours. La pyrale peut avoir de 1 à 5 générations par an, selon la région. En hiver, les larves entrent en diapause dans un cocon.

La chenille. Photo: Didier Descouens
Chrysalide forme initiale. Photo: Photo: Didier Descouens

Dépistage

La pyrale du buis n’est pas bien compliquée à identifier. Les œufs, petits et translucides, sont pondus en groupe sous les feuilles. Vous verrez un petit point noir à l’intérieur avant qu’ils n’éclosent. Les jeunes larves sont d’abord jaune verdâtre, mais elles deviennent vertes avec des rayures noires et blanches à maturité. Elles atteignent jusqu’à 4 cm de long et se nourrissent avidement du feuillage de votre buis. Les chrysalides sont cachées dans les branches, passant du vert pâle au brun, mais elles sont assez discrètes. Les papillons, eux, sont actifs la nuit et ont des ailes blanches bordées de brun. En bref, dès que vous voyez ces signes, agissez vite avant qu’ils ne fassent des ravages dans vos buis!

Infestation des chenilles de la pyrale du buis. Photo: I.Sá?ek, senior

Contrôle

Prenez régulièrement quelques minutes de temps en temps pour vérifier vos buis, surtout sous les feuilles, afin de repérer les œufs ou les larves. Si vous voyez des chenilles ou des œufs, enlevez-les à la main, ça peut suffire si l’infestation est légère. Si vous avez une infestation majeure de pyrale du buis, il y a plusieurs options sécuritaires pour y faire face.

  1. Pièges à phéromones: Ces petits gadgets attirent les papillons mâles et aident à limiter la reproduction. Installez-en autour de vos buis pour détecter et attraper les papillons avant qu’ils ne pondent.
  2. Traitement biologique: Utilisez un insecticide biologique comme le Bacillus thuringiensis var. kurstaki (BTK), qui s’attaque uniquement aux chenilles sans nuire aux autres insectes. Une application facile et vous êtes tranquille pour un moment.
  3. Nématodes: Les nématodes entomopathogènes, comme Steinernema carpocapsae et Heterorhabditis bacteriophora, peuvent être utilisés pour combattre la pyrale du buis en parasitant ses larves. Toutefois, leur efficacité dépend d’un environnement humide et de leur capacité à atteindre les larves cachées dans les buis. 
  4. Nettoyage des débris: Retirez régulièrement les feuilles et branches tombées, surtout à l’automne. Les chenilles peuvent y passer l’hiver, donc mieux vaut nettoyer pour limiter leur retour au printemps.

Avoir un jardin diversifié avec des plantes indigènes pourrait encourager la présence de prédateurs naturels de la pyrale, tels que certains oiseaux ou insectes. Par ailleurs, la recherche en matière de contrôle biologique et génétique pourrait offrir des innovations prometteuses pour l’avenir. 

Les oiseaux sont d’excellents prédateurs de la pyrale du buis. Photo: Jamard hervé

Alternatives aux buis

Tout cela vous semble être beaucoup de travail? Moi aussi! Il est grand temps de chercher des alternatives aux buis, au moins temporairement. Si vous en avez déjà, il pourrait être judicieux de les remplacer avant qu’une infestation majeure ne survienne. De toute façon, ce n’est pas comme si les buis n’avaient pas déjà de nombreux problèmes!

Les deux principales alternatives pour des haies basses taillées, le troène (Ligustrum vulgare) et le houx japonais, sont à la limite de leur rusticité au Québec et sont considérées comme potentiellement envahissantes dans certaines régions d’Amérique du Nord.

Hydrangea arborescens ‘annabelle’. Photo: KENPEI

La fin des haies formelles? Ça ne me dérangerait pas! Mais il faut toutefois penser aux jardins historiques et patrimoniaux qui en contiennent. Donc si vous détectez la présence de la pyrale du buis, agissez rapidement en les retirant ou en optant pour une mesure de contrôle pour éviter sa propagation!

Pourquoi ne pas opter pour une haie libre, où l’on permet aux arbustes de conserver leur port naturel, ou une haie mixte, composée d’une variété de végétaux? Voici quelques idées:

Nom (Nom botanique) – Hauteur / Largeur / Zone de rusticité canadienne

  1. Amorpha blanchâtre (Amorpha canescens) – 60 à 90 cm / 60 à 90 cm / Zone 3
  2. Arbre de neige (Chionanthus virginicus) – 150 à 180 cm / 120 à 150 cm / Zone 5
  3. Aronie noire (Aronia melanocarpa) – 90 à 150 cm / 90 à 150 cm / Zone 4
  4. Busserole ou Raisin d’ours (Arctostaphylos uva-ursi) – 15 à 30 cm / 60 à 90 cm / Zone 2
  5. Céanothe d’Amérique (Ceanothus americanus) – 60 à 120 cm / 60 à 120 cm / Zone 4
  6. Cerisier des sables déprimé (Prunus pumila) – 60 à 120 cm / 120 à 150 cm / Zone 3
  7. Comptonie voyageuse (Comptonia peregrina) – 60 à 90 cm / 90 à 120 cm / Zone 3
  8. Diervillée chèvrefeuille (Diervilla lonicera) – 60 à 120 cm / 60 à 120 cm / Zone 3
  9. Dirca des marais (Dirca palustris) – 120 à 180 cm / 120 à 150 cm / Zone 4
  10. Gadelier alpin (Ribes alpinum) – Hauteur: 1 à 1,5 m / Largeur: 1 à 1,5 m / Zone 4b
  11. Genévrier rampant (Juniperus horizontalis) – 15 à 30 cm / 120 à 180 cm / Zone 2
  12. Hydrangée arborescente (Hydrangea arborescens) – 90 à 150 cm / 120 à 150 cm / Zone 3
  13. Millepertuis de Kalm (Hypericum kalmianum) – 60 à 90 cm / 60 à 90 cm / Zone 4
  14. Physocarpe (Physocarpus spp.) – Hauteur: 1,5 à 3 m / Largeur: 1,5 à 2,5 m / Zone 2b
  15. Physocarpe nain (Physocarpus opulifolius ‘Nanus’) – Hauteur: 60 à 90 cm / Largeur: 60 à 90 cm / Zone 2b
  16. Potentille arbustive (Dasiphora fruticosa) – 60 à 100 cm / 60 à 100 cm / Zone 2
  17. Ronce odorante (Rubus odoratus) – 120 à 180 cm / 120 à 180 cm / Zone 3
  18. Rosier du Labrador (Rosa blanda) – 90 à 180 cm / 90 à 120 cm / Zone 3
  19. Seringat ‘Blizzard’ (Philadelphus lewisii ‘Blizzard’) – Hauteur: 1,5 à 2 m / Largeur: 1,5 à 2 m / Zone 3
  20. Spirée blanche (Spiraea alba) – 90 à 150 cm / 90 à 120 cm / Zone 3
  21. Spirée de Vanhoutte (Spiraea x vanhouttei) – 180 à 225 cm 175 à 200 cm / Zone 3
  22. Sumac aromatique (Rhus aromatica) – 90 à 180 cm / 120 à 150 cm / Zone 3
  23. Symphorine blanche (Symphoricarpos albus) – 120 à 180 cm / 120 à 180 cm / Zone 3
  24. Viorne (Viburnum dentatum ‘Christom’) – 90 à 150 cm / 120 à 150 cm / Zone 3
  25. Weigela (Weigela spp.) – 90 à 180 cm / 120 à 150 cm / Zone 4

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commentaire sur "La pyrale du buis est officiellement arrivée"

  1. Question: est-ce possible que cette chenille s’attaque à d’autres plantes que le buis? Je crois avoir vu un spécimen très semblable dévorer mes fougères (pourtant indigènes) cet été…

  2. Ritzenthaler Geneviève

    J’avais + de 50 buis que j’ai fait arracher en désespoir de cause !
    Remplacés par des fusains et du Stachys latana ( oreilles d’ours) qui fait des bordures argentées.
    Gardé le seul buis provenant d’un vieux buis de + de 100 ans et qui, je l’espérais, allait résister
    sister !! Il est mort…et je l’ai peint en vert vif .

  3. bonjour
    je suis en france et depuis deja 6ou 7 ans je me bagarre avec ctte chenille, en vain, j envisage serieusement de remplacer mes buis par des fusains
    a mon grand regret!!

    • Bonjour
      Je suis en France
      La pyrale a attaqué un buis dans mon jardin, mais pas l’autre .. qui se situe près d’un romarin.
      J’ai donc paillé mon buis avec la taille (branchages) de mes romarins et la pyrale n’est pas revenue !
      La pyrale n’aime pas le romarin

      • encore une qui n’aime pas les tisanes, je n’ai pas traité cette année cause hospitalisation ,les chenilles se sont occupées des buis , il ne reste rien Pour leur refaire la cerise en hiver il faudra désherber et béquiller dessous en incorporant un engrais organique sans oublier la bactospéine et bacille thuriengensis.

    • J’ai un buis attaquer deux fois par la spirale du buis et deux fois sauver ,il aime pas l eau bien chaude avec du vinaigre blanc et produits a vaisselle cela les a tuer

  4. Bonjour , je crois qu’ils dévorent aussi les physocarpus car c’est la 2 ième année que les miens sont dévorés au 3/4 .
    J’ai vider une bouteille de liquide vaisselle et j’ai sauvé le 1;4 …

  5. Pour ce qui est de l’aronie noire, la mienne fait partie du menu des scarabées japonais. Chaque année, il n’est pas joli très longtemps. Ce serait remplacer un problème par un autre.

  6. Aucun cgez nous
    Si. ..
    Mathieu, mes buis sont à soleil / mi-ombre / ombre et facile à avoir forme haie basse et dense SANS fleurs.
    Je ne connais aucun arbuste qui répondrait à ces conditions. Suggestion ?

  7. J’ai un gros nid de frelons dans un arbre comment le détruire.
    Merci beaucoup.
    Monique Masson

  8. J’ai arraché tous les buis de mon jardin. Tous les ans et presque tous les 14 jours il fallait les traiter. Je les ai remplacé par du lugustrum japonica qui garde ses feuilles en hiver (Belgique).

  9. Ma haie de gladeliers alpins est sévèrement attaquée par les scarabées japonais. J’envisage de les arracher si la situation ne s’améliore pas l’été prochain.

  10. Bonjour
    Je suis en France
    La pyrale du buis est présente depuis plusieurs années
    Elle a attaqué un buis dans mon jardin, mais pas l’autre, celui qui se situe près d’un romarin.
    Je me suis dit que la pyrale n’aime pas le romarin
    J’ai donc paillé mon buis avec la taille (branchages) de mes romarins et la pyrale n’est pas revenue !

  11. Luxembourg : Même attaque au printemps. Nous avons taillé d’une bonne moitié puis traité en recouvrant les plantes de sacs plastiques noirs pendant plusieurs jours. Ils sont maintenant très dynamiques et sous surveillance. Attention de détruire les coupes porteuses des chenilles pour ne pas contaminer un éventuel compost.

  12. Je suis de la province de Québec ,pays Canada…j’en ai vu quelques uns seulement dans mon plan de fenouil…eau avec savon, ma solution..