Devenir paysagiste: l’humain et la nature au centre de la création
Le 20 septembre, j’aurai l’honneur de participer à la première journée portes ouvertes de l’École des métiers de l’horticulture de Montréal, qui se tiendra sur le terrain du Jardin botanique de 13 h à 18 h. J’ai été invité à donner une conférence sur l’aménagement paysager, un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Avant d’être chroniqueur et éditeur du blogue Jardinier paresseux, j’ai travaillé comme paysagiste et concepteur d’aménagement pendant près de 15 ans. C’est un métier qui me passionne toujours.
Retour aux sources
Je me souviens de mes débuts comme paysagiste. À cette époque, je ne cherchais pas vraiment une nouvelle carrière, mais plutôt une pause et un changement de rythme. J’ai accepté un emploi de manœuvre en aménagement paysager, pour un été seulement. Ce que je voulais, c’était passer du temps à l’extérieur, bouger et reconnecter avec la nature. Eh bien, j’ai été servi ! Certaines journées étaient dures, c’est vrai. Travailler sous le soleil, le vent ou la pluie pouvait être pénible. Pourtant, au fil du temps, ce contact direct avec les éléments m’a revigoré. J’avais l’impression de redevenir cet enfant, à moitié sauvage, qui passait ses journées dehors, beau temps, mauvais temps.
En rentrant à la maison, je devais souvent me déshabiller avant même de franchir la porte tellement j’étais couvert de boue ou de poussière. L’eau de la douche virait au brun. Mais une fois propre, je me sentais incroyablement léger, le corps et l’esprit libérés après une journée de dur labeur. Pas besoin d’aller au gym : le travail était mon entraînement quotidien, et le repos du soir, bien mérité.
Cette expérience m’a également rapproché de mon père. Je crois qu’il aurait aimé que je devienne auteur, comme lui. Mais les études universitaires n’ont pas collé ! Finalement, j’ai trouvé ma propre façon de me connecter à la nature : lui, c’était par l’écriture, et moi, par la création de jardins. Nos discussions tournaient désormais souvent autour des meilleures plantes à utiliser au jardin, de la création d’aménagement à entretien minimal ou de l’écologie en général. C’était pour moi un vrai retour aux sources.
Camaraderie et diversité
L’autre aspect qui m’a marqué pendant ces années, c’était la camaraderie que j’ai connue. Oui, le travail pouvait être éreintant, les journées longues et le réveil souvent trop matinal. Mais, avec mes collègues, on trouvait toujours un moyen de se divertir. Entre les blagues, les petites danses improvisées ou une tournée de bière en fin de journée, l’ambiance était toujours au plaisir.
J’ai eu l’occasion de travailler avec des gens de tous horizons. Certains, comme moi, avaient fait des études universitaires mais cherchaient quelque chose de plus terre à terre. D’autres étaient des immigrants venus des quatre coins du monde, à la recherche d’une nouvelle vie. J’ai collaboré avec d’anciens artistes, des agriculteurs et même un ex-détenu. Ce melting pot humain m’a ouvert les yeux et, malgré nos différences, nous partagions le même respect et le même plaisir à travailler ensemble.
Créateurs de rêve
Ce qui m’impressionnait le plus, c’était la transformation que nous opérions. On partait souvent d’un terrain assez ordinaire, parfois juste une pelouse et quelques plates-bandes fatiguées. En quelques semaines ou mois, on métamorphosait les lieux en véritables jardins de rêve pour nos clients. Le processus était loin d’être propre – entre les tas de terre et les machines, c’était souvent un chaos. Mais au fur et à mesure que le projet avançait, l’espace prenait forme. Et quand arrivait la touche finale, avec la plantation des végétaux, l’endroit prenait vie sous nos yeux. Même aujourd’hui, je suis souvent surpris par le résultat.
Pendant cette période, je travaillais comme ouvrier, puis comme chef d’équipe, tout en étudiant la conception d’aménagement à temps partiel. Au fil des années, j’ai appris l’importance primordiale de la collaboration avec mes clients. On commence par apprendre à se connaître, à discuter de leurs envies, mais aussi de leurs besoins. Ensuite, je leur propose des esquisses, ils ajoutent leurs idées, et ensemble, nous ajustons jusqu’à atteindre un résultat qui les enchante. Souvent, il y a ce moment d’inspiration qui rassemble le tout. Et même lorsque les plans sont terminés, les ouvriers ont aussi des idées qui amènent un projet à un autre niveau. C’est vraiment un travail d’équipe, et les projets les plus réussis sont toujours ceux qui sont nés d’une collaboration étroite et de l’ouverture.
Chacun apporte sa pierre à l’édifice
La collaboration dans le domaine de l’aménagement paysager va bien au-delà du travail d’équipe quotidien et avec les clients. C’est une aventure où des professionnels aux compétences variées se croisent et se complètent pour donner vie à des projets uniques. Que ce soit un ingénieur qui s’assure de la stabilité des structures, un horticulteur qui choisit les meilleures plantes pour le climat, ou encore un architecte avec qui on intègre harmonieusement les éléments bâtis au paysage, chacun apporte sa pierre à l’édifice. Les spécialistes en irrigation, par exemple, jouent un rôle clé pour garantir que l’eau est distribuée efficacement, tandis que les experts en éclairage veillent à ce que les espaces soient sublimés la nuit et sécuritaires. Les fabricants de matériaux, qu’ils produisent de la pierre, du bois ou des matériaux innovants, sont également essentiels pour s’assurer que chaque composante du projet soit durable et esthétiquement cohérente.
Ce qui rend ces collaborations particulièrement enrichissantes, c’est la possibilité d’apprendre des autres. Chaque rencontre avec un spécialiste est une occasion de découvrir de nouvelles techniques, d’adopter des solutions inédites ou tout simplement de voir les choses sous un autre angle. La diversité des expertises garantit que chaque détail est soigneusement étudié. Même après près de 15 ans dans le domaine, j’en apprends encore et je sais que j’en ai beaucoup plus à apprendre.
Un métier en évolution
Je suis parti d’un simple manœuvre qui apprenait sur le tas. Mais avec le temps et l’expérience, j’ai gravi les échelons, devenant ouvrier spécialisé, puis chef d’équipe, et enfin concepteur d’aménagement et chargé de projet. Ce métier offre de nombreuses opportunités de progression. Certains se spécialisent dans des domaines précis comme la pierre naturelle ou les jardins d’eau, tandis que d’autres se lancent dans l’entrepreneuriat. Les possibilités sont infinies pour ceux qui sont prêts à évoluer et à saisir les opportunités.
Le métier aussi est en évolution. Auparavant, l’accent était mis principalement sur la création de jardins esthétiques et fonctionnels, mais aujourd’hui, les paysagistes intègrent des pratiques plus durables et écologiques, comme l’utilisation de plantes indigènes, la gestion de l’eau et la conception d’espaces verts favorisant la biodiversité, sans oublier les plantes comestibles.
Si j’ai un regret concernant ma carrière, c’est de ne pas avoir suivi une formation dès le début. J’ai dû travailler très fort pour apprendre le métier sur le terrain, tout en suivant des ateliers ici et là ou en assistant à des conférences, sans oublier d’innombrables lectures et l’étude des normes en vigueur. J’aurais aussi pu éviter de nombreuses erreurs en apprenant, dès le départ, les bases du métier avec des spécialistes. D’ailleurs, la conférence que je donne lors de la journée portes ouvertes de l’École des métiers de l’horticulture de Montréal s’intitule « Les erreurs à éviter en aménagement paysager ». J’ai vu un bon nombre d’erreurs dans mon parcours et j’en ai fait un bon nombre moi-même, alors je suis bien placé pour en parler.
Venez me voir le 20 septembre à 17 heures à l’École des métiers de l’horticulture de Montréal, sur le terrain du Jardin botanique de Montréal.
Pour les personnes qui ne pourront pas se déplacer, est-ce que votre conférence sera enregistrée pour une diffusion future?
Oh que oui! En balado ou en rediffusion ce serait tellement super :))
Sur ce, je retourne à mon terrain chaotique ! Encore bien du boulot à faire pour que l amenagement soit synonyme d harmonieux ?
Oh que oui! En balado ou en rediffusion ce serait tellement super :))
Sur ce, je retourne à mon terrain chaotique ! Encore bien du boulot à faire pour que l amenagement soit synonyme d harmonieux ?
Oh que oui! En balado ou en rediffusion ce serait tellement génial
Sur ce, je retourne à mon terrain chaotique ! Encore bien du boulot à faire pour que l amenagement soit synonyme d harmonieux ? merci pour cet article bienveillant qui me donne une bonne dose d energie !
Je ne sais pas pour cette conférence mais vous aurez accès à beaucoup de vidéos et conférences lives de Mathieu pendand le défi: pimpe ta plate-bande. Tout à fait gratuit vous pouvez vous inscrire à: https://training.tisanji.com/funnel/defi-5-jours-pimpe-ta-plate-bande/inscription-au-defi/
Article très, très intéressant et joliment écrit. On sent votre amour pour le métier.
Je seconde Josée, un podcast de votre conférence serais apprécier car je demeure a Gatineau. j’aurais bien aimer assisté a votre conférence. Y a t’il des cours en ligne de prévu ? car j aimerais bien m’inscrire. bonne journée.
Bravo pour votre parcours M. Mathieu! J’ai toujours apprécié le travail de votre regretté père mais je tenais à vous dire que vous avez aussi de belles connaissances à nous partager. Vous avez votre propre couleur. Bravo! Merci de nous informez et de nous transmettre votre passion.
Très interessant ,bravo pour votre cheminement.
J’appuie la demande faite par Josée. Merci. Bonne journée
Je serais très intéressée aussi a une conférence vidéo, j’appui la suggestion de Josée
J’ai une question, il y a 10 ans j’ai planté un poirier et ajouté un autre pour la pollinisation
Cette semaine j’ai enfin, aperçu des poiriers dans un arbre, les fruits sont de petits ratafia en boule tordu, déformé, que s’est-il passé?
Bonjour Caro, les poiriers prennent plus de 7 ans à s’implanter et à produire leur premier fruits. Les premières récoltes (2 ou 3 ans) sont petites mais augmenteront significativement après quelques années. Vous n’avez pas indiqué la variété du poirier planté. Si vous avez utilisé une variété adaptée au climat du Québec, vous devriez finir par obtenir une généreuse production. Selon la variété cependant, le mode de récolte est différent, les poires de certaines variétés tombent lorsque suffisamment mures et, pour d’autres variétés la cueillette des fruits se fait dans l’arbre avant murissement complet pour en permettre la conservation au frigo jusqu’à fin novembre. Habituellement, un certain pourcentage des fruits sont moins beaux mais les poiriers sont habituellement moins touchés par la maladie que les pommiers. Bon jardinage
Je suis aussi un paysagiste et dessinateur de plans de jardin formé “sur le tas”. Votre article est bellement écrit et rend compte de votre cheminement de manière très vivante tout en renseignant les lecteurs sur les différents aspects du métier…. jusqu’à l’eau brune de la douche!
Difficile d’imaginer un meilleur tour d’horizon que ce bref (mais si dense) article.
Peut-être sauriez-vous s’il y a un voyage organisé par autobus de Québec pour aller assister à cette journée à Montréal
Merci de partager votre parcours! Inspirant! J’essaierai d’être là le 20!
Des gens auront la chance d’assister à cette conférence, je les envie… Apprendre sur le tas a aussi ses bons côtés: bravo & merci de continuer à ta façon l’immense travail de ton père 🙂
Quel magnifique parcours. Merci de nous le partager.