La consoude, une plante très utile pour les jardiniers
La consoude est une grande plante vivace de la famille des Boraginacées dont il existe une trentaine d’espèces. C’est une plante très commune en Europe dans les prairies humides, les sous-bois et les vieux jardins. La consoude est utilisée depuis des siècles en médecine traditionnelle, mais aussi pour améliorer la fertilité du sol au jardin. Plusieurs espèces sont originaires d’Eurasie et se sont répandues dans toute l’Europe, probablement par l’intermédiaire des pèlerins et des «gens du voyage» qui s’en servaient pour soigner leurs blessures en cours de route. Dans le Nouveau Monde, les premiers colons ont importé la consoude pour la cultiver dans leurs jardins de plantes médicinales.
Des hybrides stériles
Malheureusement, la plupart des espèces sont très envahissantes et Larry nous en parlait comme une plante détestable dans un article publié en 2019. Cependant dans les années 1950, un agronome britannique, Lawrence D. Hills, a créé des cultivars stériles à partir de la consoude de Russie (Symphytum × uplandicum) qui provient d’un croisement naturel entre deux espèces: S. asperum et S. officinale. Cet hybride avait déjà été décrit pour la première fois en 1854 en Suède. Passionné par les vertus de la consoude, mais préoccupé par son caractère envahissant, Lawrence D. Hills a poursuivi des expériences dans sa station de recherche située à Bocking (Essex) et a sélectionné une vingtaine de cultivars. Le cultivar Bocking no 14 serait particulièrement intéressant pour le jardin et le Bocking no 4 idéal comme fourrage pour les animaux de ferme.
C’est probablement un plant de Symphytum × Uplandicum ‘Bocking 14’ que j’ai moi-même reçu d’un membre de la Société d’horticulture et d’écologie de Saint-Bruno dans les années 1980, car mes plants de consoude se tiennent bien tranquilles dans leur coin depuis des décennies et ne se reproduisent que si je divise les plants pour les partager avec des amis.
Ça ressemble à quoi la consoude?
La consoude est une grande plante qui peut atteindre plus d’un mètre de hauteur d’après les espèces et qui possède des racines vigoureuses de 1 à 2 cm de diamètre pouvant s’étendre à plus d’un mètre de profondeur si la nature du sol le permet. Ses grandes feuilles sont lancéolées et très rugueuses. Les fleurs tubulaires tombantes forment des cymes scorpioïdes et leur couleur passe du rose-crème au bleu au cours de la floraison.
Une plante médicinale
On se sert de la consoude depuis la nuit des temps pour soigner les entorses et même les fractures, à une époque où la médecine était plutôt rudimentaire. Mais elle est encore utilisée aujourd’hui en herboristerie, surtout sous forme d’onguent, pour ses propriétés hémostatiques, anti-inflammatoires, astringentes, cicatrisantes et émollientes. Le nom de «consoude» vient d’ailleurs du latin consolidare: consolider, cicatriser et «Symphytum» vient du grec: souder.
Une plante comestible contestée, puis blanchie
En Europe, la consoude est utilisée avec succès par les connaisseurs pour l’alimentation des animaux de la ferme comme la volaille, les cochons et le gros bétail. Cependant, sa consommation fait encore l’objet d’un débat depuis une étude menée en Australie en 1970 qui présentait la consoude comme dangereuse à cause de la présence d’alcaloïdes toxiques pour le foie. Cette affirmation a été contestée par le même Lawrence D. Hills et la HDRA*. D’après lui, il y a eu confusion avec l’héliotrope, une autre borraginacée beaucoup plus riche en alcaloïdes et vraiment toxique.
Sur le site de Passeport santé, on peut lire que : « … Plusieurs des sept cas de nocivité relatés dans la documentation scientifique étaient d’ailleurs reliés à une consommation excessive et prolongée d’une variété non spécifiée de consoude. En revanche, une étude clinique portant sur 29 sujets a démontré que la consommation à long terme (de 1 à 20 ans) de consoude ne causait pas de dommages hépatiques. »
Néanmoins, Santé Canada recommande aux Canadiens de ne pas consommer de produits de santé qui contiennent de la consoude en raison du risque de la présence d’alcaloïdes insaturés du type pyrrolizidine et, donc, du risque de lésion hépatique.
La prudence est donc de rigueur et le sujet de cet article concerne le jardinage de toute façon.
*La HDRA est l’acronyme d’une association très renommée en Angleterre : la Henry Doubleday Research Association que L. D. Hills a créé en mémoire d’un autre ardent défenseur de la consoude. La HDRA est maintenant connue sous le nom de Garden Organic.
Une plante amie des jardiniers
La consoude est une merveilleuse plante mellifère très appréciée des abeilles, mais aussi de tous les insectes pollinisateurs bien sûr, comme les bourdons, les papillons, les syrphes et bien d’autres qui vont féconder les fleurs de nos cultures et aider à la production de nos légumes dont les fleurs ne sont pas toujours très voyantes.
La consoude ‘Bocking 14’ est particulièrement prisée comme fertilisant naturel. Cette variété est très riche en potassium (K), un élément essentiel pour la floraison et la fructification des plantes. Elle contient également de l’azote (N), du phosphore (P), du calcium, du magnésium et d’autres oligo-éléments bénéfiques pour les plantes.
Ensuite, la consoude peut être utilisée sous forme de purin. Tout comme le purin d’orties, le purin de consoude peut stimuler la fertilité naturelle du sol et la croissance des plantes. Si l’ortie est riche en azote, la consoude apporte plus de potassium au jardin. La méthode est la même: hachez grossièrement 1 kilo de plantes fraîches dans un seau en plastique, ajoutez 10 litres d’eau et laissez macérer environ 2 semaines en remuant tous les jours avec un bâton de bois. En été, le processus peut prendre seulement une semaine. Ça ne sent pas très bon, mais seulement lorsqu’on remue le purin. Couvrez quand même le seau pour prévenir les odeurs ou éviter que des petits animaux ne tombent dedans.
Après une semaine ou deux, filtrez et diluez au moins dix fois avant de répandre sur le sol (jamais sur les feuilles) autour des plants. Le purin de consoude serait surtout favorable aux espèces dont on récolte les fruits ou les tubercules, comme les tomates ou les pommes de terre. Certains jardiniers enterrent des feuilles de consoude lors de la plantation de leurs légumes gourmands. Le purin d’ortie, riche en azote, peut être utilisé en alternance, mais surtout autour des légumes-feuilles comme les laitues et les choux.
D’autres utilisent les feuilles de consoude comme paillis, car la plante produit une abondance de grandes feuilles et elles peuvent aussi servir à enrichir le compost.
La consoude peut être cultivée comme engrais vert. Après la coupe, les feuilles sont laissées sur place pour se décomposer et enrichir le sol en matière organique et en nutriments.
Ne plantez pas la consoude dans un petit potager, car, même la consoude stérile ‘Bocking 14’ prend beaucoup de place. Mais c’est une belle plante décorative à mettre en arrière-plan dans un grand parterre de vivaces.
On peut facilement trouver les hybrides de consoude ‘Bocking 4’ et ‘Bocking 14’ en Europe et aux endroits suivants au Québec:
Bonjour,
Si je veux utiliser la consoude comme paillis au jardin à l’automne, puis je couper toutes les feuilles sans nuire à la plante?
Il me semble que j’en laisserais un peu, même si en automne les feuilles vont disparaitre de toutes façons. C’est quand même une plante très vigoureuse. Pourquoi ne pas faire l’essai?
Merci pour cet article! Il réactive mon intérêt pour cette plante que j’ai invité dans mon jardin il y a quelques années et qui accueille nombreux pollinisateurs dont un ou des colibris…
ATTENTION. Comme vous le mentionnez, la consoude, Symphytum spp., contient des alcaloïdes très toxiques comme nous l’avons démontré lors d’études rigoureuses à Santé Canada (Awang et al., journal of Herbs, Spices and Medicinal Plants, 2(1), 21-34, 1993). Des cas d’intoxication ont été rapportés (vide infra). Comme on le dit si bien « ce n’est pas parce que c’est naturel que c’est inoffensif ». Le venim de serpent est tout ce qu’il y a de plus naturel.
L’excès nuit en tout! Ce qui m’étonne c’est que Santé Canada autorise encore le glyphosate pour usage domestique malgré les preuves qui s’accumulent sur ses effets néfastes pour notre santé et l’environnement.
Vous avez tellement raison Edith : glyphosate ou consoude? Qu’est-ce qui est plus toxique à grande échelle???…
Pourquoi changer le sujet? Très typique de ceux qui ne veulent ou ne peivent discuter scientifiquement. Vous êtes surement au courant que pendant des millénaires le mercure, le plomb, et beaucoup d’autres composés ont été utilisés sur la base de leur propriété « médicinale ». Et ce n’est que tout récemment, disons au cours des 200 dernières années, que ces produits ont été reconnus pour leur pouvoir toxique. Et d’un autre coté, vous connaissez peut-être les effets bénéfiques du taxol, un composé chimique isolé de plusieurs espèces de Taxus, et qui sauve des vies de plein de femmes aux prises avec des cancers du sein. Mais, ne vous aventurez pas à bouffer des feuilles de ces espèces, même les oiseaux ne le font pas. C’est que le taxol est un des composants des alcaloides toxiques qui se retrouvent chez les taxus tout comme la consoude et ses alcaloides toxiques. Comme vous le dites si bien, l’excès nuit en tout. Un des problèmes avec certaines personnes, et surtout chez les biologistes de votre acabit, c’est de statuer sur les vertus miraculeuses de plantes ou autres sources de guérisons miraculeuses sans vraiment faire une démarche scientifique rigoureuse. J’espère seulement que vous n’aurez pas à regretter les affirmations que vous tentez de faire croire à ceux qui n’ont pas nécessairement les moyens ou la possibilité de faire des recherches méthodologiques adéquates. En pour finir, il vous faudra sans doute faire la différence entre les produits à usage humain et ceux à usage autre tel que le glyphosate. M.
J’ai oublié de vous inviter à vous joindre à Santé Canada si vous croyez être en mesure de faire en sorte que le glyphosate soit éliminé de toute utilisation. Vous aurez dès lors l’expérience de ne pas vous en remettre qu’à une seule option. Avant de vilipender ceux qui essaient de faire une différence constructive, il faudrait peut-être que vous sachiez de quoi il en ressort. M.
Je plante un pied de consoude dans chaque partie de mon jardin. Ainsi j’en ai toujours sous la main et j’en mets régulièrement quelques feuilles en paillis sous mes plantes.
Bonjour à vous, désolé mais ma cour et celle de mon voisin, ainsi que le bord de la rivière ou un voisin a eu la brillante idée d’en planter… on est infecté de consoude ?, on n’en vient pas à bout comme le terrain qu’avait M. Larry . La seule chose qui la détruit , le 2-4D …Impossible d’arracher la racine qui a 2 pieds de profond et plus. Ça tue tout ce qui est au alentour et le feuillage me crée des brûlures sur la peu
Vous faites mention d’un phénomène bien particulier propre à certaines plantes, l’allélopathie. C’est la libération de substances dans le sol environnant ses racines limitant l’approche de d’autres plantes. Effectivement, planté chez-moi entre un noisetier et un rosier, mon plant de consoude limite de façon appréciable leur développement et leur vigueur comparativement au autres noisetiers et rosiers plantés ailleurs.
La consoude est une merveilleuse plante médicinale que j’utilise depuis plus de 30 ans. J’en ai une dans mon jardin. Elle s’est reproduite seulement quand j’ai laissé les fleurs faire des graines et laissé la plante se coucher sur le sol. Quelques plants sont apparus. Je les ai éliminés en mettant une planche par-dessus pendant un ou 2 étés complets. Maintenant, je coupe les fleurs pendant la floraison. Quand je me suis fracturé la cheville, j’ai demandé à mon mari d’aller déterrer la moitié de la racine de consoude. Je l’ai écrasée et appliquée sur la blessure. J’ai ensuite badigeonné ma cheville avec la teinture de consoude avant d’aller faire mettre un plâtre. Le médecin m’a dit 6 semaines. En 4 semaines, c’était complètement guéri, aucune séquelle!
Mais pourquoi faire mettre un plâtre si la consoude pouvait miraculeusement retrancher 2semaines au calvaire de votre cheville? Trêve de plaisanterie , ce que vous rapportez n’est fort probablement qu’une situation unique qui ne passerait pas les critères d’une étude clinique. Il faut arrêter de penser que n=1 est la preuve de la véracité.
J’ai eu le malheur de planter une consoude dans mon potager et effectivement je dois me battre avec elle à chaque été et arracher ses bébés. Cependant d’en ai planté dans mes plates-bandes afin de boucher quelques trous. Quelle ne fut pas ma surprise de constater qu’elle se tient bien tranquille lorsqu’entourée de hostas !