Categories

Recherche

Une entrée en gravelle vue sous un angle environnemental

Tous ceux et celles qui possèdent une entrée non asphaltée vivent la même situation, celle de se retrouver avec des mauvaises herbes qui poussent au travers de la gravelle. Le défi, c’est d’arriver à empêcher ces plantes non désirées. Dans la réalité, le défi est de tenter de se battre contre une loi fondamentale en environnement que je nomme «Les vêtements de la terre» et que j’ai expliqué dans un article précédent.

Cette loi a pour but de protéger toutes les surfaces terrestres. La nature se sert donc des végétaux pour couvrir tous les types de sol, les rochers, les lacs et les étangs peu profonds et, bien entendu, les surfaces en pierre concassée.

Partout où l’on retrouve les cinq paramètres vitaux des végétaux, ceux-ci s’implanteront! Si l’eau, l’air, les éléments nutritifs, la chaleur et la lumière sont présents, soyez assuré que des végétaux vont croître un jour ou l’autre. Dans certains milieux, leur implantation sera plus rapide. Par exemple, un sol riche et fertile sera colonisé par des végétaux plus rapidement qu’un rocher. Il en est de même pour la gravelle d’une entrée de cour.

La plupart du temps, on utilise de la pierre concassée de calibre 0 – ¾ pour une entrée de cour. Pour éviter que l’entrée finisse par se contaminer de mauvaises herbes, il faudrait utiliser de la pierre concassée de ½ ou ¾ de po net. Cependant, ce n’est pas pratique, car ça ne se compacte pas. La pierre 0 – ¾ étant composée de particules fines, l’humidité est retenue et offre ainsi tous les paramètres vitaux pour que les végétaux s’y implantent.

Tout comme ils le font dans le jardin ou dans les aménagements paysagers, les végétaux utilisent deux moyens pour s’implanter sur une surface de gravelle afin de couvrir le sol et d’ainsi répondre à la grande loi immuable «Les vêtements de la terre».

Le premier, c’est la propagation par rhizomes et par stolons.

Le deuxième, c’est par les semences

La propagation par rhizomes et par stolons

Si votre entrée de cour n’est pas délimitée par des bordures d’au moins 8 po de profondeur, les végétaux composant votre pelouse iront graduellement coloniser la gravelle en faisant croître des rhizomes au travers de celle-ci et des stolons en surface qui s’enracineront au travers de la gravelle de l’entrée. Au fil des années, l’entrée perdra de la largeur se faisant envahir par les côtés et cela est tout à fait normal sur le plan environnemental.

La végétalisation par les semences

Du printemps jusqu’à l’automne, la nature produit des semences de toutes sortes qui se propagent par le vent et par les animaux pour ainsi s’assurer d’avoir ce qu’il faut pour habiller les surfaces qui sont nues. C’est ce que je nomme «L’assurance protection du sol». Donc, des semences s’installent constamment dans la gravelle et finissent par germer, le but étant pour la nature de couvrir cette surface dénudée. Cela est aussi tout à fait normal sur le plan environnemental.

Devant cette évidence, on fait face à deux choix:

  1. Tenter d’empêcher la nature d’effectuer son travail en déployant toutes sortes de moyens.
  2. S’harmoniser avec elle pour se simplifier la vie et faire un gain sur le plan environnemental.

Dans un esprit de solutions paresseuses, il est toujours plus simple de suivre l’exemple de la nature. Celle-ci nous montre qu’une surface non végétalisée n’est pas acceptable sur le plan environnemental. Se battre contre cette évidence ne peut que nous apporter des efforts, de la consommation de produits, des dépenses, de la production de GES et de la contamination de l’environnement.

Alors, pourquoi ne pas simplement laisser l’entrée de cour se végétaliser?

Ou encore, pourquoi, sachant que tôt ou tard l’entrée se remplira de végétaux, ne pas choisir dès le départ le type de couverture végétale que vous aimeriez avoir afin de vous harmoniser avec la loi «Les vêtements de la terre»?

Mon entrée en gravelle végétalisée.

Beaucoup de pratiques d’aménagement qui se sont développées au fil des décennies ne l’ont été que pour satisfaire un côté esthétique sans tenir compte de l’impact que cela pourrait avoir sur l’environnement. L’entrée de cour en gravelle en fait partie et on doit se battre contre nature pour conserver cette surface nue. Une entrée de cour ainsi exposée devient un îlot de chaleur en été. Les fortes pluies ne sont pas retenues et ruissellent vers les égouts pluviaux et les fossés, entraînant avec elles les matières organiques (pollen, débris de feuilles, semences) ainsi que les minéraux de la pierre concassée qui se retrouvent dans nos cours d’eau.

Personnellement, j’ai cessé de me battre et j’ai implanté un couvert végétal de thym et de trèfle dans un de mes stationnements. Quand les clients et la visite sortent de leurs véhicules, l’odeur du thym leur monte au nez et c’est le premier plaisir qu’ils vivent avant même que je les salue. Je tonds environ 2 à 3 fois par saison afin d’uniformiser la surface végétalisée et c’est tout. Comme j’aime faire d’une pierre deux coups, les résidus de tonte me servent dans le jardin comme paillis. Ce stationnement n’est pas déneigé l’hiver. C’est pourquoi j’ai pu implanter ce type de plante. Cependant, si votre entrée est déneigée tout l’hiver, je vous recommande de laisser mère nature choisir les plantes indigènes qui résisteront à ces conditions extrêmes et vous aurez votre entrée végétalisée écologique et durable.

Est-ce de la paresse de laisser faire la nature? Peut-être pour certains! Mais moi, je pense qu’il s’agit plutôt de sagesse de comprendre que nous ne serons jamais gagnants d’un combat contre nature!


  1. Un court moment, j’ai craint que votre article indique quelque moyen de contrarier Mère Nature et perdre ainsi l’occasion d’une joie visuelle des plus paisibles qui soit : une entrée naturelle…
    Homme de peu de foi que je suis ! Et vous arrivez avec votre solution de Jardinier Paresseux, aussi colorée qu’odorante que fleurie : thym et trèfle ! Les papillons n’auront rien de mieux à faire quevd’aller gambader toute la saison !

    • Merci! Quand on s’adapte à la nature, celle-ci nous rend service en nous offrant d’agréables surprises et ce, avec moins d’effort! 🙂

  2. J’adore vos propos si éclairés. Bonne journée!

  3. Très bonne suggestion. Suite aux inondations du 9 août passé, j’en avais discuté avec des amis pour l’idée d’enlever tout asphalte ou pavé uni des stationnements résidentiels. Alors d’accord avec vous.

    • Vous avez raison Jocelyne! Si l’être humain ne comprend pas par lui-même, la nature finira par lui faire comprendre de force. Comme vous dites, les surfaces imperméables sont la cause de ces inondations et de tous les sédiments qui voyage dans ces eaux de ruissellement. Végétaliser le maximum de surface est un moyen pratique d’être résilient face aux changements climatiques.

  4. Bonjour! Quel article inspirant!
    Et réjouissant! Vos propos me fournissent les argumentaires nécessaires à ma pratique intuitive de la végétalisation de mon entrée en gravelle!. Merci!

  5. Bonjour, merci pour ces infos en harmonie avec la nature. J’aime la couleur de votre gravelle dans les teintes de pierre de rivière. Pouvez vous nous indiquer où se la procurer? Nous en sommes à faire notre entrée et personne ne semble connaître autre chose que le gris.

    • Elle provenait d’une carrière de pierre à Ste-Sophie d’Halifax près de Plessisville. C’était une couleur de pierre concassée que j’avais en stock il y a 20 ans au moment où j’ai fermé mon centre de jardin. Dans le temps, il y avait une mode d’aménagement où on mettait comme paillis un géotextile et de la pierre concassée de couleur, ce qui était complètement illogique sur le plan environnemental.

  6. Ayant un chemin d’accès en gravelle pour mon chalet, j’ai le problème que celui ci se ravine à chaque grosse pluie. Mes autres pentes qui sont végétalisées tiennent bien le coup. Par contre, les plantes nuisent à la traction des véhicules, surtout en remontée.

    • Il y a possibilité de mettre au sol dans la partie la plus abrupte de la pente des grillages ancrés dans le sol afin d’améliorer la traction tout en laissant pousser l’herbe entre le grillage.

  7. Elle provenait d’une carrière de pierre à Ste-Sophie d’Halifax près de Plessisville. C’était une couleur de pierre concassée que j’avais en stock il y a 20 ans au moment où j’ai fermé mon centre de jardin. Dans le temps, il y avait une mode d’aménagement où on mettait comme paillis un géotextile et de la pierre concassée de couleur, ce qui était complètement illogique sur le plan environnemental.

  8. Chez nous on a une entrée en « tuff » très compacte qui se creuse de rigoles quand il pleut assez pour que l’eau déborde de la rue (on est juste un peu en contrebas). J’aimerais bien que des végétaux puissent ralentir ce phénomène. Comme nous n’avons pas installé de bordure, depuis les 30 ans qu’on habite là, l’entrée s’est effectivement retrécie, mais au rythme où ça va, on en a pour plusieurs décennies avant que la colonisation soit complète. Que faire pour végétaliser de la terre si dure qu’elle ressemble presque à de l’asphalte?

    • Il y a la possibilité du moins de végétaliser le centre de l’entrée, là où les roues des véhicules ne passent jamais.
      En enlevant un peu de tuff pour remplacer par quelques pouces de terre et voir à garder cette espace plus basse afin que l’eau de pluie se déverse dans cette section du chemin. Si cette partie d’entrée est légèrement plus basse, le déneigement l’hiver risquera moins d’abimer les plantes.

  9. J’adore votre idée avec le thym, mais la seule entrée que j’aie est utilisée à l’année. Toutefois je m’interroge sur l’impact qu’une entrée végétalisée peut avoir sur le dessous des voitures. On m’a toujours dit que stationner une voiture dans l’herbe accélère la corrosion sous celle-ci. J’en ai déduis que c’est pour cela que l’on fait des entrées où l’eau peut s’écouler. Je sais ça fait pas naturel de parler de voiture, mais on en a besoin en campagne et on les garde près de 20 ans. S’il faut les changer avant pour excès de corrosion, on est pas plus avancé. 🙂 Merci de votre éclairage.

    • Stationner dans l’herbe haute, oui, cela peut entraîner un véhicule à se corroder plus vite, mais pas si cette surface est tondue. Dans le cas d’une entrée qui doit être déneigée, le thym n’est pas l’Idéal. On est mieux de laisser les végétaux que la nature choisie d’elle même car ce qui poussera sera les variétés qui sont capable de supporter ces conditions.

  10. Je laisse les plantes pousser dans mon stationnement, mais depuis cette année, j’ai une plante qui devient gluante et très glissante après une pluie. Cela devient alors très dangereux de glisser et tomber! Comme cette plante sèche facilement en galettes au soleil ensuite, j’ai tenté d’enlever ces galettes et les racines quand c’est possible, mais cela repousse tout le temps des qu’il pleut. Que faire alors? C’est la seule plante qui est glissante: c’est un genre de petit couvre sol que je n’arrive pas à identifier… merci de vos conseils, car j’ai peur de tomber en allant à ma voiture .

  11. Bonne question Marie!

  12. Enfin! une solution intelligente et durable!

  13. Que pensez-vous d’une solution de borax?

    • Contamination des nappes phréatiques et des cours d’eau, opération à recommencer constamment, dépense récurrente, ruissellement et îlot de chaleur. Se battre contre nature ne peux qu’apporter des ennuis.

  14. bonjour, quel bon article et pertinent aussi. Vous dites qu’on a deux choix: empêcher OU hamoniser, voilà pour le premier choix. Quel serait le 2e? Merci et bonne journée.

    • S’harmoniser est le 2e choix. Laisser la nature implanter des végétaux ou choisir quels végétaux pour couvrir cette surface exposée.

    • 2 choix: empêcher ou harmoniser.

      Le jardinier paresseux à choisi de ne pas traiter le premier choix qui est d’empêcher car se battre contre la nature ne peut que nous apporter des efforts, de la consommation de produits, des dépenses, de la production de GES et de la contamination de l’environnement.sans surprise, le jardinier paresseux a choisi de consacrer son article au 2e choix, soit d’harmoniser, à la solution la plus facile, exigeant le moins d’efforts et en harmonie avec la nature.

      C’est clairement expliqué.

  15. Ce fut très intéressant de vous lire ce matin , bien hâte à votre prochain sujet

  16. J’aimerais bien, mais c’est interdit par le règlement municipal où j’habite.

  17. Bonjour,
    J’ai une entrée en gravelle moi aussi, en cailloux de granit 3/4. C’est joli à mon avis. Mais, voilà, il y a tellement de mauvaises herbes, je devrais dire des « plantes adventices », que ça fait négligé. J’ai pensé acheter une torche pour brûler les plantes (avec du propane). Il y a du géotextile sous les cailloux et mon conjoint craint qu’il prenne feu. Et je ne suis pas sûre que ce soit écologiques. Jusqu’ici, je faisais le ménage manuellement, mais là, je suis découragée et mon dos me crie « Pitié »! Votre solution me sourit même si ça prend beaucoup de temps que le thym s’établisse. Et le trèfle que vous suggérez est-il court? Sinon, y a t-il du danger pour la tondeuse de tondre dans les cailloux ou encore d’en faire revoler sur le terrain du voisin et pire, d’en lancer sur le clabord du côté de sa maison? Pour finir, j’étais fière d’avoir une entrée en gravelle plutôt qu’en asphalte: je croyais que j’évitais le ruissellement! Cela fait beaucoup de questions et de réflexions à répondre! Je vous remercie à l’avance de votre attention et … de votre patience! Et je suis ravie, enchantée que vous répondiez à vos lecteurs! À mon tour, maintenant!

  18. J’ai souvenir qu’il y a trente cinq ans on voyait encore fréquemment des entrées de cours avec du gazon au milieu et que c’était normal.