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Aimez vos ennemis

Chaque printemps, alors que la nature s’éveille, nous avons tous hâte de voir apparaître les premières fleurs du jardin. Toutefois, ce qui est certain, c’est que, peu importe nos techniques de jardinage, nous verrons aussi apparaître les mauvaises herbes. Même si les plates-bandes et le potager du jardinier paresseux, toujours bien paillés, ne contiennent que peu de ces intrus, il y en a toujours néanmoins quelques-uns, même dans les plates-bandes à entretien minimal. Quant au gazon, c’est la même chose: toujours des mauvaises herbes, peu importe les efforts.

Photo: Artur Henryk Bialosiewicz/Getty Images

La bataille contre les mauvaises herbes

Alors, si vous avez décidé d’entreprendre une bataille sans fin contre les mauvaises herbes, vous pouvez les combattre de façon traditionnelle. Soit en les arrachant à la main, soit en les empoisonnant. Dans les deux cas, bien sûr, elles repousseront, mais ça, c’est la vie, du moins dans le jardin.

Rassurez-vous, il y a une autre façon, beaucoup plus originale, et beaucoup plus controversée, de s’y prendre. Il paraîtrait que l’on peut contrôler les mauvaises herbes par la pensée… positive!

Sans blague! Plusieurs études indiquent que les plantes réagissent à la pensée humaine. En effet, si on place une plante dans une pièce et que l’on fait entrer un humain en lui demandant d’avoir des pensées positives envers la plante («Tu es belle, je t’aime, je veux que tu réussisses», etc.), celle-ci pousse et grossit. Par contre, si la personne lui envoie des ondes négatives («Tu es laide, je te déteste, je veux que tu crèves!», etc.), la pauvre plante dépérit et finit par mourir. Ajoutons que pour les plantes aimées et mal aimées, les soins sont identiques.

Une faille…

On a cependant trouvé une faille dans la théorie voulant que les pensées positives stimulent une belle croissance végétale et les pensées négatives l’inhibent. Après avoir empoté un pissenlit et lui avoir envoyé des ondes négatives, contre toute attente, il s’est mis à prospérer, à pousser et à fleurir comme jamais! Alors que, quand on lui envoyait des ondes positives, il dépérissait et mourait. En fait, on a découvert que le pissenlit est une plante bornée et bête, carrément méchante, qui profite des pensées négatives des jardiniers qui le détestent pour envahir leurs jardins.

La plus belle preuve de cela, c’est que, ailleurs qu’en Amérique du Nord, le pissenlit étant considéré comme une mauvaise herbe mineure dont on ne s’occupe pas trop, sans mal le traiter, ni maugréer, il demeure une plante somme toute assez rare. Par contre, en Amérique du Nord où cette haine atteint presque les proportions d’une hystérie collective, on les voit partout, souvent par centaines, par milliers, parfois par millions!

Mon expérience avec les pissenlits

Photo: DmitryTkachev/Getty Images

À la suite de ces expériences, j’ai décidé de changer de cap et de me mettre à aimer les pissenlits. À trouver les fleurs dorées jolies, à admirer leur feuillage joliment découpé, et même à trouver leurs fruits couronnés d’aigrettes attrayantes. D’ailleurs, la nuit, quand je ne peux pas m’endormir, je rêve de champs de pissenlits en fruits et de vents doux emportant les graines si délicatement ailées vers le ciel bleu comme autant de petites étoiles blanches. La scène est si tranquille, si reposante que j’ai à peine le temps de créer l’image que je m’endors!

Même si je n’ai pas de preuves scientifiques, je crois que ça marche. En fait, j’ai très peu de pissenlits sur mon terrain, alors que mon voisin d’en face, qui fait pourtant des traitements chimiques tous les ans, en a plein. Durant tout l’été, je chéris chaque petit pissenlit que je trouve, je l’encourage à pousser, je lui souhaite bonne chance contre les envahisseurs que sont les autres plantes… et, inévitablement, soit il reste maigrichon, soit il disparaît.

Évidemment, il y en a qui diront que c’est parce que je suis trop négligeant envers ma pelouse et mes jardins. C’est vrai que j’applique beaucoup de paillis décomposable dans mes plates-bandes et mon potager, et que je n’engraisse ou ne traite jamais ma pelouse. Je laisse même les rognures de gazon sur place (comble de la paresse!).

Comment voulez-vous qu’une mauvaise herbe réussisse sur un terrain aussi négligé? Tout le monde sait que plus on combat les mauvaises herbes, plus il y en a!

Les ondes positives à la rescousse

Photo: microgen/Getty Images

Toutefois, je crois fermement que ce sont mes ondes positives qui font le travail. J’essaie d’aimer toutes les plantes, tout le temps, même les pires mauvaises herbes, de trouver des avantages dans tous leurs défauts, d’inonder mon terrain de pensées positives.

Malgré tout, il y a encore plusieurs plantes moins désirables sur mon terrain, mais ce n’est pas ma faute! Je mets le blâme sur les autres membres de la maisonnée. Personne d’autre de ma famille ne fait le moindre effort pour envoyer des ondes positives vers le terrain.

Même mon épouse refuse de trouver beaux les pissenlits et autres mauvaises herbes. D’ailleurs, mon beau-fils a admis qu’il déteste tondre la pelouse et ferait n’importe quoi pour l’éviter. Quelle attitude horrible! Je suis certain que si, l’an dernier, la pelouse paraissait maladive dans le coin sous les épinettes et que si mes épinards ont fait patate, cela dérive carrément de son attitude négative.

Adoptons une attitude positive

Alors, jardiniers, remplissez votre cœur d’ondes positives. Soyez positifs. Si vous réussissez à toujours être de bonne humeur, votre terrain sera toujours beau! Encore mieux, même s’il ne l’est pas, vous aurez une attitude tellement positive que vous le trouverez beau! C’est peut-être ça le secret principal du jardinier paresseux: si on refuse carrément d’admettre qu’on a un problème, eh bien, on n’en a pas!

L’herbe aux goutteux (Aegopodium podagraria) ou égopode (le nom que je préfère) est un des couvre-sols les plus souvent utilisés dans nos jardins… et aussi l’une des mauvaises herbes les plus pernicieuses.

Enfin, si vous avez quelques minutes, s’il vous plaît, envoyez des pensées positives vers l’herbe aux goutteux qui envahit mon terrain. J’ai beau essayer, je suis incapable d’avoir des pensées positives envers cette plante maudite… qui est en train de conquérir toute ma cour!


Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au cours de sa carrière, en français et en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père accessibles au public. Ce texte a été publié à l’origine en mai 2000 dans Fleurs, plantes et jardins.


commentaire sur "Aimez vos ennemis"

  1. Chez moi , arrivée il y a trois ans , vergerette s’est installée tranquille çà et là .Moult insectes dessus faisaient de la balançoire dessus Apn n’en est pas revenu fatigué d’avoir cliqué .Depuis mes bras arrachent cette invasive venant du Canada. Pas besoin de passeport pour les minuscules graines portées par les courants d’airs. La punition et ric et rac se trouvant gisantes à terre puis brulées vives. Une autre invasive les bardanes aux racines profondes tondues régulièrement au ras du sol. Après des années chardon vulgaire est revenu , pour le détruire ce n’est pas facile la tondeuse c’est le mieux , le pourpier dans sa jeunesse passe dans les salades .Après la raclette s’en charge .La saison prochaine bêchage à double jauge puis plantes comestibles comme sorgho, féverolles, millet qui n’ont jamais soif sur la partie champêtre. Les ignames des voisins de saint Claude de Diray aux lianes volubiles .Il y a d’autres plantes dites mauvaises comestibles, nos estomacs ne sont pas habitués pour leur consommation bises de Sologne.

  2. Je ne me lasserai jamais de lire les chroniques de Larry! Quelle personne inoubliable et merveilleuse.

  3. Chez nous, les pissenlits sont chez eux.
    Je ne sais si je peux amener ici le sujet qui m’intéresse de toute urgence, alors je me lance en espérant réponse.
    Comment empêcher le sphinx du tabac de pondre sur les plants de tomates sans nuire aux insectes pollinisateurs?
    Merci pour la mine d’infos qui survit à ce cher Larry.

  4. Ça fait 23 ans que l’herbe au gouteux est dans le jardin. À force de l’arracher il n’en reste que très peu. Je lui ai laissé de l’espace près de la forêt. Elle est très contente.

  5. la photo présentée n’est pas de l’herbe aux gouteux!

  6. Non c est l herbe a gratteux

  7. C’est bien de l’herbe aux goutteux, mais la variété non panachée qui est en fleur ici.

  8. J’aime vous lire régulièrement. Merci.
    J’ai des sphynx 26 cette année. Que faire???
    Je les déteste ( pas de pensée +)

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