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L’épiscia: origine, variétés et conseils de culture

Photo par Hans Hillewaert.

J’ai acheté cet été une épiscia non identifiée dans un panier suspendu, parce que la plante a de belles feuilles et de belles fleurs. Malgré tous mes efforts, je n’ai jamais pu identifier le cultivar dont il s’agissait. Au gré de mes recherches, j’ai constaté qu’il s’agissait d’une variété de plantes qui peut vraiment avoir différentes apparences! Puisque je ne connaissais pas ses besoins, j’en ai profité pour faire des recherches et écrire ce petit article.

Origine

Les Episcias sont originaires du nord de l’Amérique du Sud, plus précisément de la Colombie, du Brésil et du Venezuela. Dans la nature, ce sont des couvre-sols herbacés, c’est-à-dire qu’elles ne produisent pas de tronc, poussant au ras du sol de la jungle tropicale. Diverses espèces d’épiscias occupent le genre Episcia, faisant partie de la famille des Gesnériacées. D’autres plantes de cette famille ont d’ailleurs été les plantes du mois sur le site, comme le Nematanthus et l’Aeschynanthus. La cousine la plus connue de l’épiscia demeure sans conteste la violette africaine (Saintpaulia). On voit d’ailleurs certains airs de famille entre elles.

Bien que leur faible rusticité réduit grandement leur usage dans la plupart des pays, les épiscias sont utilisées comme couvre-sols ornementaux sous les tropiques. Photo par Patrice78500.

Fait particulier: une rareté dans le monde des plantes, les épiscias ne semblent pas avoir de surnom commun en français. En anglais, elles ont un seul surnom, peu usité, celui de flame violet.

Description

Les épiscias sont de petites plantes d’environ 20 cm de hauteur pour 30 cm d’étalement. Elles forment des touffes de feuilles ovoïdes en rosette à la texture rugueuse et aux teintes métalliques. Les feuilles sont velues et couvrent un éventail étendu de couleurs diverses.

Les épiscias produisent rapidement de nombreux stolons, comme la saxifrage ou les fraisiers, qui sont rampants ou retombants. Ces stolons produisent à leur tour plus d’une épiscia miniature.

Durant la floraison, les plantes se recouvrent de plusieurs petites fleurs en clochettes, à cinq pétales ouverts. Elles sont typiquement rouges, mais on voit d’autres couleurs selon l’espèce ou le cultivar.

Ce gros plan d’un cultivar inconnu permet de saisir le détail des feuilles, ici particulièrement velues. Beaucoup d’épiscias ont des fleurs rouges, mais celle-ci a une floraison rose. Photo de PEAK99.

Variétés

Il existe entre 7 et 10 espèces d’épiscias reconnues (leur nombre dépend des auteurs), de même que de nombreux cultivars et des hybrides. Pour compliquer le portrait, une même plante peut avoir une apparence qui varie selon les conditions dans lesquelles elle pousse. Sur le marché, il est rare que la plante ou sa parenté soient identifiées.

E. cupreata est parfois considéré comme l’épiscia «de base» et la plupart des hybrides proviennent de cette espèce et d’E. Reptans. Photo par Daderot.

Il existe donc une variété incroyable d’épiscias, pour tous les goûts. On les distingue selon plusieurs caractéristiques. 

  • La couleur des feuilles: les épiscias avaient d’abord des feuilles vertes, partant du vert pâle, lumineux et allant au vert foncé, presque brun. L’hybridation a permis de développer des épiscias aux teintes rosées, parfois tellement loin du vert qu’elles paraissent incapables de photosynthèse. La couleur des cultivars d’épiscias peut aller du rose métallique pâle jusqu’au pourpre!
  • Les reflets: la couleur des feuilles peut être influencée par les reflets, plus ou moins métalliques qui les rendent argentées, cuivrées ou rougeâtres. L’épiscia ‘Silver Skies’ est tellement métallique qu’elle paraît presque entièrement argentée.
  • La panachure: certaines épiscias ont des feuilles panachées de blanc, de rose ou alternant les deux teintes. La panachure rend ces épiscias particulièrement variables.
  • Le revers des feuilles: il est souvent vert, mais peut être aussi rouge ou pourpre cuivré.
  • La couleur des nervures: les feuilles épiscias ont des nervures d’une couleur qui contraste avec celle de leur limbe. Parfois, c’est seulement la nervure centrale qui se distingue, parfois ce sont les nervures latérales et, chez certains cultivars, il arrive que la nervure centrale et les nervures latérales soient de couleurs différentes, formant une plante aux feuilles tricolores. Les marges peuvent être argentées, blanches, roses, vert pâle ou vert néon.
  • La marge des feuilles: elle est parfois d’une couleur contrastant avec les feuilles, comme rose ou presque noire. Par exemple, le cultivar ‘Gold Digger’ présente des feuilles presque noires, ourlées d’une marge rose métallique.
  • La couleur des fleurs: chez la majorité des cultivars, les fleurs sont généralement rouge vif, mais elles peuvent également être plus orangées, roses, lavande, blanches, crème ou encore jaunes, quoique cette couleur soit plus rare. Enfin, les fleurs peuvent être bicolores, avec un cœur légèrement bleuté, des pétales avec un contour coloré ou des fleurs dont certains pétales se distinguent. Les fleurs du cultivar ‘Temptation’, par exemple, varient entre le jaune, l’orange et le rouge.
  • La forme des pétales: certains cultivars ont des pétales velus ou dentelés, comme le cultivar ‘Star of Bethlehem’.
Comme vous pouvez voir, il en existe bel et bien pour tous les goûts. Photo par Karl Wimmi.

Des caractéristiques particulièrement intéressantes

Étant donné que les cultivars multiplient les différentes caractéristiques énoncées plus haut, certains sont particulièrement époustouflants. Un des plus célèbres, E. ‘Cleopatra’, porte des feuilles vert pâle, tachées de blanc et ourlées d’une bande rouge vif. De nombreux autres cultivars sont issus de celui-ci, probablement dans l’optique de changer la couleur des fleurs, car leur rouge s’agence mal avec celui des feuilles. Le cultivar ‘Ember Lace’ règle ce problème en proposant des fleurs roses sur un feuillage vert panaché de rose.

Pour compliquer le tableau, deux cultivars semblables peuvent avoir une apparence assez différente. Selon les conditions de culture, notamment la lumière, et la génétique de la plante elle-même, les teintes peuvent être plus ou moins foncées et les couleurs des nervures, du pourtour ou de la panachure peuvent varier. Comme s’il soulignait cette caractéristique des épiscias, un cultivar porte le nom très adéquat de ‘Unpredictable Valley’.

Avant de se lancer dans la culture des plantes particulièrement colorées, il convient de noter que les plantes qui ne sont pas vertes sont considérées comme plus difficiles à entretenir que l’espèce de base, qui n’est déjà pas facile. La suite de l’article présente des conseils pour garder les épiscias en bonne santé.

Comme les cultivars et les hybrides se sont allègrement mélangés, il est impossible de dresser une liste complète de ceux-ci. La plupart des épiscias ne sont donc pas identifiés. Photo de Feloidea.

Conseils de culture

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Lumière

Les épiscias sont plutôt flexibles du côté de la lumière. Elles peuvent supporter un éclairage intense, mais craignent la chaleur et l’assèchement causés par le soleil direct. Habituées des sous-bois, un éclairage moyen leur suffit et elles peuvent également bien survivre sous un vif éclairage artificiel.

Arrosage

Le terreau doit être maintenu légèrement humide en tout temps, mais pas détrempé. Les feuilles de la plante s’enroulent et sèchent rapidement si elle n’a pas un apport suffisant d’eau. Lors des mois froids, il est important d’utiliser de l’eau tiède, car les racines de la plante (et la plante en général) sont très sensibles au froid. Comme les autres plantes aux feuilles velues, il vaut mieux éviter de les mouiller.

Humidité atmosphérique

L’humidité est nécessaire pour que les épiscias survivent dans la maison. Durant les mois plus secs, notamment l’hiver dans l’hémisphère nord, il peut être nécessaire de l’enfermer dans un terrarium, une cloche de verre ou un sac de plastique. Une humidité de plus de 50 % est considérée comme étant le minimum requis par la plante.

Comme beaucoup de plantes qui ont besoin d’humidité, les épiscias sont particulièrement sensibles à la climatisation. En plus d’assécher l’air, la climatisation produit un courant d’air alors que dans leur environnement habituel, le sous-bois tropical, le vent est pratiquement toujours absent. Photo par Mokkie.

Terreau et rempotage

Un substrat très léger et poreux est recommandé; celui pour les violettes africaines convient bien.

Au niveau du rempotage, bien qu’elles croissent vite, les épiscias acceptent d’être un peu serrées dans leur pot et n’ont besoin d’être rempotées que lorsqu’elles sont particulièrement disproportionnées par rapport à leur substrat.

Engrais

On peut leur donner un engrais tout usage durant la période de croissance, à la moitié de la dose recommandée. Par contre, les épiscias étant sensibles à l’accumulation de sels minéraux dans le sol, un nettoyage fréquent sera apprécié.

Température

Les épiscias sont des plantes très frileuses qu’il est préférable de garder entre 18 °C et 27 °C. Selon certaines sources, elles peuvent supporter des températures aussi «basses» que 15 °C, mais il faut les laisser dans un terreau plus sec, ce qui peut également les endommager. Malgré ces températures, les épiscias craignent les chauffages centraux qui réduisent dangereusement l’humidité dans l’air ambiant.

Heureusement, la plupart des maisons tiennent des températures justement entre 18 °C et 27 °C! Photo par Psyberartist.

Entretien

Les épiscias ne demandent guère d’entretien. En effet, aucune taille n’est nécessaire et elles n’entrent pas en période de repos. Pour laver les feuilles, éviter l’eau et opter plutôt pour un pinceau sec. Le plus difficile reste de les faire survivre face à la sécheresse atmosphérique.

Pour plus d’information pour les aider à passer l’hiver, découvrez ce texte.

Multiplication

Les épiscias sont très faciles à multiplier puisqu’elles produisent elles-mêmes leurs bébés miniatures au bout des stolons – elles les produisent d’ailleurs très rapidement. Comme les stolons sont difficiles à manipuler, étant à la fois rigides, mais très cassables, il est peut-être nécessaire de les détacher de la plante mère pour les mettre dans le terreau. Heureusement, les plantules s’enracinent rapidement.

On peut aussi les bouturer avec une feuille attachée à un pétiole. On les traite alors comme des violettes africaines.

Cette photo de Nadiatalent permet de bien mettre évidence les stolons, auxquelles sont attachées de petites plantules.

Problèmes

  • Presque tous les insectes trouvent ces jolies plantes délicieuses. Elles peuvent être attaquées par les cochenilles en tous genres, les tétranyques (surtout en humidité basse), les thrips, les pucerons et les mites du cyclamen. La gestion des parasites est d’autant plus compliquée que les feuilles sont sensibles à la plupart des produits utilisés pour lutter contre eux.
  • Taches foliaires: celles-ci sont causées par les éclaboussures d’eau froide sur les feuilles. Si elles ne sont pas esthétiques, elles ne sont pas dommageables.
  • Feuillage enroulé: l’humidité atmosphérique est trop faible ou le terreau doit être arrosé.
  • Feuillage desséché, croustillant, surtout aux marges de la feuille: l’humidité atmosphérique est trop faible.
Toxicité: les épiscias ne sont pas toxiques pour les humains, les chiens et les chats. Photo par Krzysztof Ziarnek.

Conseils de présentation

Avec leurs stolons retombants, il est difficile de concevoir les épiscias comme autre chose que des plantes à présenter en suspension. Ce sont aussi de bonnes plantes de terrarium, du moins au début, car elles poussent vite et peuvent envahir l’espace, surtout là où l’humidité est élevée.

Les pots de fantaisie, comme celui-ci, conviennent très bien aux épiscias, qui finissent toujours par avoir un côté désordonné avec divers stolons de tailles différentes. Photo par Aris Riyanto.

Conclusion

Même après la rédaction de l’article, je ne sais toujours pas comment se nomme le cultivar de l’épiscia dont j’ai fait l’acquisition, mais je sais pourquoi elle souffre autant depuis qu’elle est sous mes soins: l’humidité ne lui convient pas. C’est normal, c’est l’hiver, c’est la pire période avec le chauffage. Ce n’est pas une plante facile. Après tout, il faut bien payer le prix de la très grande beauté des épiscias!

Photo par Rumi Borah.

commentaire sur "L’épiscia: origine, variétés et conseils de culture"

  1. Bonjour Colin! Toujours un plaisir de te lire! On appelait les épiscias “violettes flamboyantes” au temps de mon enfance! Bonne semaine!

  2. Merci Colin pour cet excellent article. Grâce à vous et les photos, j’ai pu identifier la plante rapportée à la maison suite au décès de ma chère maman. Je vais garder votre article précieusement. Une question: comment la faire fleurir? Merci Colin.

  3. Toujours très intéressant de vous lire. Merci

  4. Merci pour ce topo ; j’aime beaucoup les articles de ce blog.
    J’aimerais une précision: vous dites que sensible à l’accumulation de minéraux dans le sol , un “nettoyage” fréquent est apprécié par la plante . Qu’entendez-vous par nettoyage s’il vous plaît?

  5. Votre blogue est une belle boîte à surprises. Pratique, souvent saupoudrée d’humour. 🙂

  6. Avez vous un truc pour se débarrasser des plants avec les boules qui ont donné naissance au velcro…, je pense que son nom c’est la grande bardane, une vraie plaie. Mes petites filles aux cheveux frises, ont eu de mauvaises expériences avec ca, et j’en ai de plus en plus dans mon environnement. Merci

    • Pour éliminer la grande bardane, un fléau pour les cheveux frisés, commencez par arracher les plantes manuellement en retirant complètement les racines avec une bêche pour empêcher la repousse. Couvrez les zones infestées avec des matériaux opaques comme des bâches ou du carton pour bloquer la lumière et étouffer les nouvelles pousses. La tonte régulière des zones envahies peut également aider à affaiblir les plantes avant qu’elles ne produisent des graines.