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Visez 70% de plantes indigènes

En 2018, Desirée L. Narango, étudiante diplômée, et Douglas W. Tallamy, professeur au Département d’entomologie et d’écologie de la faune sauvage de l’Université du Delaware, ont collaboré à une étude qui indique que lorsque la proportion de plantes indigènes dans une zone atteint ou dépasse 70 %, il y a un impact positif significatif sur les populations d’oiseaux.

Réseau alimentaire soutenu par les plantes indigènes

La raison de cette augmentation est principalement due au réseau alimentaire soutenu par les plantes indigènes. La végétation indigène accueille une plus grande diversité et une plus grande abondance d’insectes que les plantes non indigènes. Étant donné que de nombreuses espèces d’oiseaux dépendent des insectes comme principale source de nourriture, en particulier pendant la saison de reproduction pour nourrir leurs petits, la disponibilité des plantes indigènes a un impact direct sur leur succès reproductif.

Le quatre-temps (Cornus canadensis), un magnifique couvre-sol indigène.

En maintenant ou en rétablissant la diversité des plantes indigènes au-dessus du seuil de 70 % dans les paysages, en particulier dans les banlieues et les zones urbaines, il est possible de créer des environnements plus favorables aux populations locales d’oiseaux. Cette recherche souligne l’importance de tenir compte du choix de plantes dans l’aménagement paysager et la planification urbaine afin de soutenir la biodiversité et la santé des écosystèmes.

La mésange de Caroline

L’étude, axée sur la mésange de Caroline (Poecile carolinensis), décrit la relation directe entre l’abondance des plantes indigènes et le succès de la reproduction de ces oiseaux. Narango et Tallamy ont constaté que le succès de la reproduction des mésanges de Caroline était significativement plus élevé dans les zones où la biomasse des plantes indigènes était supérieure à 70 %. Ce succès a été mesuré selon le nombre d’oisillons produits par tentative de reproduction. Plus précisément, ils ont observé une augmentation de 20 % du nombre d’oisillons, ce qui indique un taux de reproduction plus élevé.

Photo: Aaron J Hill

La recherche a également mis en évidence l’importance des chenilles, qui sont plus abondantes dans les zones de plantes indigènes, en tant que source de nourriture essentielle pour les oisillons de la mésange. La disponibilité des chenilles est directement liée à la présence de plantes indigènes, ce qui influe sur le taux de survie des oisillons et sur le succès global de la reproduction.

L’article a introduit un seuil critique, suggérant que les paysages comportant moins de 70 % de biomasse de plantes indigènes ne sont pas suffisants pour soutenir des populations autonomes de mésanges de Caroline. Cela est dû à la plus faible disponibilité des chenilles dans ces environnements.

Les résultats suggèrent que les pratiques d’aménagement paysager urbain et périurbain ont un impact significatif sur la biodiversité locale. En augmentant la proportion de plantes indigènes dans ces environnements, il est possible de soutenir non seulement les mésanges, mais aussi une gamme plus large d’oiseaux insectivores et d’autres espèces sauvages.

Limites de l’étude

Bien que l’étude de Narango et Tallamy donne une cible claire à ceux qui cherchent à concevoir des habitats favorables aux oiseaux, elle présente plusieurs données qui influencent son applicabilité plus large.

Sa portée géographique se limite à certaines zones suburbaines, ce qui influence potentiellement la pertinence des résultats dans des écosystèmes, des climats et des modèles urbains variés, et la généralisation à d’autres régions et environnements.

Photo: Tina Nord

Le fait que la recherche soit principalement axée sur une seule espèce d’oiseau signifie que les résultats peuvent ne pas s’appliquer universellement à d’autres oiseaux ayant des exigences écologiques et des comportements différents, car les espèces réagissent de manière unique à leurs habitats.

L’étude simplifie également les interactions entre les écosystèmes en soulignant le rôle des plantes indigènes dans le soutien des chenilles et, par la suite, des mésanges, sans entrer dans le réseau complexe de facteurs tels que la prédation, la concurrence pour les ressources et les perturbations humaines qui affectent également les populations d’oiseaux.

En outre, la recherche présente un instantané temporel, examinant le succès de la reproduction des mésanges au cours d’une saison précise sans tenir compte des changements environnementaux à long terme.

Elle mesure également le succès principalement par la production d’oisillons, sans tenir compte d’autres indicateurs vitaux de la santé écologique, tels que la diversité génétique et la survie à long terme.

Ces limites suggèrent la nécessité d’une recherche plus large et plus inclusive pour comprendre et appliquer pleinement les implications de l’étude dans différents contextes.

Des preuves de plus en plus nombreuses

La recherche de Desirée L. Narango et Douglas W. Tallamy s’aligne sur un consensus scientifique plus large. Bien que je ne connaisse pas d’études spécifiques reproduisant à l’identique leurs résultats, les principes de base de leur recherche sont largement soutenus. Diverses études ont démontré que la végétation indigène est essentielle au maintien et à l’amélioration de la biodiversité, car elle offre un habitat et des ressources alimentaires indispensables à une multitude d’espèces, y compris les oiseaux et les insectes. Ces travaux soulignent que les paysages riches en plantes indigènes peuvent abriter des populations d’animaux sauvages plus diversifiées et plus robustes.

Chêne rouge (Quercus rubra).

Les avantages des plantes indigènes mis de l’avant

La recherche dans des domaines tels que la biomasse et la diversité des insectes, le succès des populations d’oiseaux, la biodiversité urbaine et suburbaine et les services écosystémiques renforce les avantages des plantes indigènes. Ces études soulignent collectivement que les plantes indigènes font partie intégrante des services écosystémiques tels que la pollinisation, la filtration de l’eau et la captation du carbone, au-delà de leur rôle de soutien à la faune et à la flore. L’accent mis sur l’augmentation de la proportion de plantes indigènes afin d’améliorer la biodiversité et la santé des écosystèmes est un élément clé à retenir, qui reflète l’appel à l’action lancé par les travaux de Narango et Tallamy. Ce domaine de recherche en plein essor souligne le rôle essentiel de l’aménagement paysager à base de plantes indigènes dans la promotion de l’équilibre écologique et de la durabilité dans les paysages dominés par les humains.

Asclépiade tubéreuse. Photo: Derek Ramsey

Bien qu’elle ne soit peut-être pas adaptée à toutes les situations et qu’elle nécessite davantage d’études, cette recherche propose des lignes directrices pratiques et réalisables pour les propriétaires, les paysagistes et les urbanistes désireux de soutenir la faune et la flore sauvages. Le seuil de 70 % constitue une cible claire pour ceux qui cherchent à concevoir des habitats favorables aux oiseaux, ce qui facilite la mise en œuvre de pratiques favorables à la biodiversité.

Pas juste pour les oiseaux

L’augmentation des populations d’oiseaux est essentielle au maintien de l’équilibre écologique et de la biodiversité. Les oiseaux jouent un rôle clé dans la lutte contre les parasites, la pollinisation et la dispersion des graines, contribuant ainsi à la santé des écosystèmes et à la diversité des plantes. Ils sont des indicateurs de la santé de l’environnement, leur présence signalant un écosystème sain.

Photo: Jack Bulmer

Au-delà de l’écologie, les oiseaux offrent des avantages sociaux et économiques significatifs, améliorant le bien-être humain grâce à leur valeur culturelle et esthétique, soutenant le tourisme de nature et offrant des possibilités d’éducation. La promotion d’environnements favorables aux oiseaux par des efforts de conservation et de plantation d’espèces indigènes est essentielle pour la restauration des écosystèmes, la conservation de la biodiversité et le maintien de la myriade d’avantages que les oiseaux apportent aux écosystèmes et aux communautés humaines.

Alors, la prochaine fois que vous avez un trou dans vos plates-bandes, pensez aux oiseaux et optez pour une plante indigène.


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  1. Cher Mathieu,
    Je cherche à trouver les bons mots pour te dire tout le bien que ton article de ce matin m’inspire, qu’on a besoin de beaucoup plus de gens comme toi, spécialistes en aménagement paysager, en planification et en biodiversité urbaine, en écologie, etc, etc, pour sensibiliser la population à l’importance de chaque geste que nous posons… mais je n’arrive pas à trouver autre chose que MERCI!!! 🙂

  2. Merci pour cet article instructif. C’est logique de privilégier des plants indigènes dans son jardin. Malheureusement ils sont difficiles à trouver en pépinière.

    • Aiglon-Indigo, Pépinière Rustique, et d’autres encore. Vous pouvez commander en ligne et faire livrer ou ramasser sur place. Le ramassage sur place vaut le détour, ne serait-ce que pour y admirer la diversité des plantes qui s’y cultivent.

  3. Merci infiniment Mathieu d’aborder l’importance des plantes indigènes ici… C’est vrai qu’elles sont difficiles à trouver en pépinière mais plus on va les demander, plus on va en trouver. La ville de Laval a commencé à distribuer ce genre de semences l’an dernier… Belle initiative! Vérifiez si ce genre d’initiative existe dans votre région. Vous aurez peut-être des surprises… PS On peut se procurer des semences d’asclépiades auprès de la Fondation David Suzuki.

    • J’ai vue qu’il y avait Phytopaysage qui en vendait dans le coin de Laval.

    • Aiglon-indigo et Pépinière Rustique offrent une très, très grande variété d’espèces indigènes. Et elles ne sont pas les seules. Il suffit de chercher un peu, et on peu trouver facilement d’autres pépinières spécialisées dans les plantes indigènes.

  4. Impossible de lire vos articles avec cette page IA

  5. Merci pour cet article introductif. Ça me fait réfléchir sur les espèces de plantes que je vais ajouter au jardin. Par contre, je me questionnais quels sont les noms de plantes indigènes

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