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L’urine au jardin

Le sujet est un peu tabou, je sais! Mais même Larry en a parlé en 2020, après bien des hésitations, à la suite d’une question du public. Dans cet article, il s’agissait surtout d’utiliser l’urine diluée comme engrais, ce qui est une très bonne idée, car la formule N-P-K, estimée à 11-1-2, est semblable aux engrais azotés qu’on peut trouver dans le commerce. Larry mentionnait aussi son utilisation pure comme accélérateur à compost. Ça aussi c’est génial, spécialement pour un compost riche en carbone, comme les feuilles mortes par exemple. Si on l’arrose avec de l’urine, cela va équilibrer le rapport C/N et stimuler le processus.

Photo: Darkest.

L’urine comme fongicide

Pour ma part, je l’utilise chaque printemps comme fongicide sur mes gadelliers (des groseilliers pour les Européens). L’urée est un fongicide naturel, nous en produisons plusieurs fois par jour et c’est gratuit. Cependant, il est impératif de l’appliquer au stade dormant, soit en mars ou avril, car l’urine brûle le feuillage! Je ne suis pas phytopathologiste, mais j’ai cru comprendre que l’urée détruisait les spores ou les restes de maladies qui ont passé l’hiver sur les arbustes. L’idéal est d’utiliser un pulvérisateur pour appliquer une fine bruine sur les branches et le sol autour des arbustes. Après le débourrement on peut encore l’utiliser en dilution (ajouter quatre fois autant d’eau), mais c’est moins efficace.

Ce traitement est utile contre le blanc (ou mildiou poudreux) et l’anthracnose. Mais j’ai déjà entendu que des pomiculteurs l’utilisaient avec succès sur les pommiers pour diminuer la tavelure. Chez moi, si je manque cette opération printanière sur mes groseilliers, ils perdent toutes leurs feuilles avant la fin août.

Comment récolter l’urine?

Dans les commentaires sur l’article de Larry, plusieurs personnes s’inquiétaient de la façon de récolter l’urine, surtout les femmes. C’est pourtant simple: comment faites-vous pour fournir un échantillon d’urine à des fins médicales? Un petit pot de plastique fait bien l’affaire pour moi. Je transfère mon urine dans une bouteille de plastique que je garde au frigo un jour ou deux avant de l’utiliser au jardin. Parfois je la congèle pour un usage futur, sur le compost par exemple. N’oubliez pas d’identifier votre contenant, car un membre de votre famille pourrait le confondre avec du jus de pomme!

Il y a malheureusement un grand dédain pour les matières résiduelles humaines, surtout en Amérique du Nord. Même notre ministère qui s’occupe d’environnement, avec un nom qui n’en finit pas, reste frileux par rapport aux toilettes à compost qu’on appelle aussi des toilettes sèches.

Une compolette

Il y a une vingtaine d’années, Nature-Action Québec a produit les plans d’une «Compolette» pour usage extérieur: une petite cabane très simple qui consiste en un siège de toilette placé au-dessus d’une boîte aérée. Chaque fois qu’on va aux toilettes, on ajoute un peu de sciure de bois (bran de scie au Québec) par-dessus: une tasse pour le #1 et deux tasses pour le #2. Cela ne dégage aucune odeur désagréable. Après 6 mois on peut transférer le contenu à l’air libre et, après un an et demi, tout se sera parfaitement décomposé. Évidemment, comme on va composter également des matières fécales, il vaut mieux ne pas utiliser ce compost sur des plantes comestibles. Une compolette est une option formidable pour les endroits où il n’y a pas d’accès à l’eau ou à l’électricité… mais c’est interdit au Québec! J’en avais fait installer une dans une halte routière, dans mon petit patelin, mais il a fallu l’enlever après quelques années, car notre gouvernement préfère que le public aille faire ses besoins directement dans les bois.

Photo d’une compolette.
L’intérieur d’une compolette.

Les toilettes sèches

En France, les toilettes sèches sont permises et même encouragées par l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie). Une plaquette, avec tous les détails sanitaires, est disponible pour les intéressés. Il y a même des compagnies qui louent des toilettes sèches portables pour des événements en Europe. Ce serait fameusement mieux que nos toilettes portables bleues dont l’odeur est plutôt désagréable!

En 2015, j’ai participé à un petit colloque près de Québec, sur le thème des toilettes sèches. Les organisateurs ont produit une chouette vidéo qu’on trouve encore en ligne: Des toilettes sèches… et pourquoi pas ?

Vous allez me dire que je m’éloigne un peu des sujets favoris de ce blogue et pourtant: il s’agit d’un produit naturel très utile en jardinage!


  1. Génial. Bel article. Merci !

    • bonjour
      l’urine est un liquide stérile sauf évidemment inf. urinaire; chez la femme aussi, mais le risque de “souillure” est plus fréquent; n’oubliez pas que dans les tranchées les “poilus” ( surnom des combattants de la première guerre mondiale en France) la buvait ; le risque infectieux venaient surtout des matières fécales ; et des rats , puces etc…
      ceci dit pourquoi les mettre au frigo ?? vous n’urinez pas tous les jours ??

      • Je préfère attendre d’avoir au moins 1 litre avant de remplir mon pulvérisateur. Si je laisse l’urine trop longtemps à température pièce, il peut y avoir dégagement d’ammoniac.

      • L’urine est stérile… c’est du moins ce qu’on nous enseignait à l’époque. Grâce aux nouvelles technologies on saurait aujourd’hui que l’urine n’est pas stérile. Pour ces pauvres poilus, cette info n’aurait pas changé grand chose.

    • Merci ! Il y a bc de leçons a apprendre dans ce domaine!

  2. Peut on utiliser l urine quand même si il y a prise de médicaments?

    • Bonjour !!
      Oups! l’urine n’est pas ( numéro 2 ) mais bien l’autre rejet Ha ha ha !!!
      Daniel.

      • Re oups. Désolé j’ai mal lue votre article vous n’avez pas confondu le N1 et le N2
        Daniel.

    • Les sous-produits des médicaments se retrouvent probablement dans nos urines (et/ou nos matières fécales?) mais si vous utilisez seulement votre urine et celle de votre famille, vous avez le contrôle. Et puis, quels médicaments auraient une influence nuisible sur vos plantes et le sol? Moins grave que d’envoyer tout ça dans nos égouts car les usines d’épuration ne filtrent pas tous ces “polluants” qui se retrouvent tôt ou tard dans nos rivières et nos lacs!

  3. Ça fait longtemps que j’utilise l’urine au jardin mais aussi le joliment appelé numéro 2 . J’en enterre un peu partout , évidemment quand je plante des arbres j’en mets au fond du trou . Rendre à la nature tout ce que nous lui prenons. On fait pareil avec nos poules nos moutons nos lapins pourquoi pas nous. Après j’ai une aversion même avec l’urine pour l’utiliser pour des légumes. J’aimerais d’ailleurs qu’on m’explique la différence entre le ok de l’urine pour les légumes et le pas ok avant total décomposition pour numéro 2 . Je mets mes fientes de poules directement au pied des légumes ou quand je paille avec leur litière il y a bcp de déjections non décomposées … Mais pour l’humain non . Pourtant elle ont le même régime que moi ?. Si quelqu’un a une réponse. Merci.

    • Nos matières fécales, et celles des animaux d’ailleurs, contiennent toutes sortes de bactéries. Il faut les composter avant mais dans un petit tas de compost on ne peut pas générer assez de chaleur pour détruire les pathogènes. Je préfère donc m’abstenir car je ne veux pas en avoir sur mes légumes.

  4. Pas bon pour le jardin mais tiens les marmotte loin du potager et du terrain

  5. Depuis que j’utilise l’urine à 10% comme fertilisant soit dans mes plantes vertes, soit pour mes tomates qui “adorent”, j’obtiens des résultats étonnants. Il y a quelques plantes qui n’aiment pas trop, entre-autres un oxalis triangularis… Lorsque j’ose confier que je les arrose avec cette dilution d’urine, certaines personnes font la grimace… mais je leur demande si les légumes engraissés au fumier les dégoutent … et ça fait réfléchir !
    En tout cas, Bravo pour votre article et Merci !!!

  6. Oui, il faut oser en parler et vous l’avez fait correctement. Merci pour les informations.

  7. J’ai vu et utilisé ce genre de ”backhouse” bécosse qui était sur le sentier de la Chute du diable au Parc Récréoforestier de St-Mathieu en Mauricie près de l’abri de bois. Il y avait de la sciure et j’avais trouvé ça génial! Je ne sais si elle y est encore cependant…

  8. Merci, très apprécié ! J’aimerais en entendre plus sur l’impact des médicaments qui peuvent être présents dans l’urine (humaine et animale). Un réel enjeu ou une précaution ?

    • Les sous-produits des médicaments se retrouvent probablement dans nos urines (et/ou nos matières fécales?) mais si vous utilisez seulement votre urine et celle de votre famille, vous avez le contrôle. Et puis, quels médicaments auraient une influence nuisible sur vos plantes et le sol? Moins grave que d’envoyer tout ça dans nos égouts car les usines d’épuration ne filtrent pas tous ces “polluants” qui se retrouvent tôt ou tard dans nos rivières et nos lacs!

  9. Merci pour cet article sur un sujet peu habituel et tellement rempli de bon sens !

  10. J’aimerais savoir si on peut utiliser les besoins que mon chat fait dans la litière.

    • Non! Surtout ne pas utiliser les “besoins” des chats qui peuvent transmettre la toxoplasmose. Dans les gros tas de compost industriels, qui sont retournés mécaniquement et régulièrement, la chaleur est suffisante pour détruire les pathogènes. Par contre au Québec, et ailleurs sans doute, certains grands sites de compostage reçoivent des boues d’épurations industrielles et domestiques mélangées et le produit résiduel peut contenir toutes sortes de contaminants comme des métaux lourds.

  11. J’utilise une toilette sèche depuis 2007 sur un terrain isolé en Mauricie et occupé occasionellement. Ma recette: une poignée de bran de scie ajouté à une cuillère de chaux éteinte à chaque usage. Résultats garantis: Diminution des odeurs et absence de mouches l’été.

  12. Bonjour, bravo pour cet article. Qu’en est-il pour l’urine de chien? Celui-ci aime bien uriner aux abords du jardin. Merci.

  13. Est-ce que l’urine comme fongicide serait efficace contre la mouche de la groseille ? En dormance la pupe est encore dans le sol.

  14. Bonjour et grand merci pour la richesse de vos articles et pour avoir partager ici le lien de Mme Manguy une femme qui a fait le tour de la question en se penchant sur la possibilité de donner la place a ces toilettes dans nos maisons, mais je ne détiens pas d’autres informations à ce sujet mais elles existent surement quelque part. Mais oui la vidéo montre bien le gros bon sens et c’est justement ce qui manque dans notre société. Chacun par contre peut faire sa part en appliquant cette richesse au jardin et pourquoi pas tenter de faire son petit cabanon… aux trésors hi hi hi dans sa cour chut! ps, ca tombe à point pour mes plants de groseilles et mes pommiers!!! Vivement le printemps à tous et toutes !!

  15. Merci pour cet article très intéressant!
    Je me souviens avoir utilisé une compolette dans un parc national au Québec il y a quelques années: j’avais trouvé l’idée géniale.
    C’est scandaleux qu’on empêche leur implantation.

  16. Salut,

    L’article sur l’utilisation de l’urine comme fongicide est vraiment intéressant ! L’approche naturelle et économique pour l’entretien du jardin m’intrigue. Je suis curieux, quel type de pulvérisateur utilises-tu pour appliquer l’urine sur tes gadelliers ? Je faisais des recherches pour mes propres besoins de jardinage et je suis tombé sur le site https://pulverisateur-electrique.com/collections/pulverisateur-electrique qui propose une sélection de pulvérisateurs électriques qui me semble adaptée pour ce genre de tâche.

    Je me demandais si tu as déjà considéré l’utilisation d’un tel appareil pour ton jardin, ou si tu préfères un modèle manuel ? Ils ont des options qui pourraient rendre la récolte et l’application de l’urine encore plus aisées.

    Au plaisir de lire tes conseils et expériences supplémentaires à ce sujet !

    Bien à toi,
    Pierre

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