Categories

Recherche

Comment contrôler les plantes envahissantes?

Par Julie Boudreau

Je ne connais pas un jardin qui ne soit aux prises avec au moins une plante un peu plus expressive que les autres! Un jour ou l’autre, tout le monde fait l’erreur d’introduire dans son jardin une plante qui s’avère très envahissante et difficile à contrôler. Nous ne parlons pas des plantes qui s’élargissent d’année en année et qu’il est facile de contenir avec un petit coup de pelle ou de truelle. Nous parlons ici de ces plantes qui deviennent hors de contrôle! On les arrache… et elles repoussent. On les empêche d’aller à gauche et les voilà qui apparaissent dans la pelouse.

Chez moi, les grandes coupables sont la campanule à feuilles de pêcher (Campanula persicifolia), la scabieuse luisante (Scabiosa lucida) et une vernonie à fleurs blanches (Vernonia arkansana ‘Alba’), trois variétés qui se ressèment abondamment dans mon jardin. Et malheureusement, les semis issus de la variété blanche de la vernonie donnent des plants à fleurs mauves. Autre curiosité, je cultive aussi l’espèce originale, Vernonia arkansana, qui, elle, ne se ressème pas dans mon jardin.

L’Adenophora en fleurs. Photo: Julie Boudreau

Les stratégies d’invasion des plantes ennemies

La raison pour laquelle une plante devient envahissante dans un jardin et ne l’est pas dans un autre relève un peu du mystère. Dans certains cas, l’invasion est complète et totale et elle s’exprime uniformément dans tous les jardins. Citons en exemple l’herbe aux goutteux (Aegopodium podagraria) ou l’anémone du Canada (Anemone canadensis).

Pour d’autres plantes, tout dépend des conditions de culture. Si les conditions sont optimales, la plante ouvre grand les vannes de la liberté et part à la conquête du territoire! Si les conditions de sol ou d’ensoleillement sont moins parfaites, ma plante vit docilement son existence sans jamais dépasser les limites qui lui sont imposées. Bref, c’est un grand sujet de conversation entre jardiniers. Certains se plaignent du caractère envahissant d’une plante alors que d’autres en vantent les mérites!

Les plantes envahissantes possèdent différentes stratégies pour assurer leur survie et la croissance de la colonie. La première est de produire des milliers de semences… qui germent facilement! Ainsi la plante apparaît toujours plus loin, encore plus loin!

La majorité des plantes envahissantes très difficiles à éradiquer se multiplient de façon végétative à l’aide de rhizomes (des tiges souterraines qui ressemblent à des racines). Il suffit d’oublier un tout petit bout de rhizome dans le sol, pour que la plante reparte de plus belle.

Il ne faut oublier aucun petit morceau de rhizome pour venir à bout de l’herbe aux goutteux. Photo: Wikimedia Commons

Enfin, ce sont aussi, en général, des plantes imposantes et à croissance très rapide.

Comme dans tout combat, il est important de bien connaître son ennemi. En connaissant le mode de propagation d’une plante, il est plus facile d’appliquer les bonnes méthodes de contrôle.

L’empêcher de monter en graine

Pour les plantes qui se multiplient par semis, la grande priorité sera de stopper l’hémorragie à la source: il faut empêcher la plante de fleurir et surtout, il faut l’empêcher de monter en graines. C’est le début de tout, un rapide fauchage de début d’été pourra retarder la floraison ou carrément l’empêcher. Il faut demeurer alerte et s’assurer de n’oublier aucun plant. On peut alors se concentrer sur l’arrachage des plants, sans craindre l’apparition de nouvelles colonies.

Cela dit, certaines semences peuvent vivre plusieurs années dans le sol avant de germer. Même si on fait un bon travail de contrôle de la production de nouvelles semences, il est possible qu’on doive assurer un suivi et un contrôle pendant plusieurs années.

Être plus persévérant que la plante envahissante

Une des seules méthodes écologiques pour contrôler une plante envahissante est l’arrachage. C’est un travail ardu et qui doit être fait régulièrement, sur plusieurs années. À l’aide d’une truelle, on déterre les plantes indésirables, en essayant d’aller chercher tous les rhizomes. On refait le même exercice plusieurs fois durant l’été, car ça va repousser. Chaque petit éclat oublié dans le sol va redonner naissance à une nouvelle plante. Il faut empêcher ses repousses de prendre leur élan. Ainsi, la plante nous indique où se trouvent les petits morceaux de rhizomes oubliés.

Il est réaliste de dire que cette technique peut demander trois ou quatre années de dur labeur, afin de venir définitivement à bout d’une plante envahissante. Mais il faudra toujours garder un œil alerte et éradiquer la moindre repousse.

L’anémone du Canada, avec ses fleurs blanches, est une plante indigène d’une grande beauté. Toutefois, ses rhizomes vigoureux l’invitent à s’étendre. Même après un bon arrachage, il persiste encore quelques plants au pied de ce rosier. Photo: Julie Boudreau

Épuiser la plante

Même si c’est une technique qui permet de ralentir le développement d’une invasion, on ne parviendra pas à se débarrasser complètement d’une plante envahissante. L’épuisement consiste à rabattre la plante au sol dès qu’elle pousse. Cette approche est basée sur le fait qu’une plante a absolument besoin de feuilles pour faire de la photosynthèse et accumuler de l’énergie. Si on prive la plante de ses feuilles, elle s’affaiblit. Elle devient donc moins vigoureuse.

Si on joue à ce petit jeu avec une plante non envahissante, comme un plant de rhubarbe par exemple, on finira par tuer la plante. C’est pourquoi il ne faut pas récolter tous les pétioles d’un plant de rhubarbe! Malheureusement, la plante envahissante, par sa vigueur, est rarement tuée par ce genre de pratique.

C’est donc une stratégie parfaite, si on manque de temps pour faire l’arrachage. Elle facilite aussi le travail d’arrachage, car les plants sont moins vigoureux. Mais ce n’est qu’une solution temporaire.

Repartir à zéro

Une autre approche écologique pour les situations désespérées est le bâchage. Cette méthode consiste à appliquer au sol une épaisse toile noire, très opaque. Cette toile recouvre tout le sol, en entier. Elle bloque complètement la lumière, ce qui empêche les plantes de faire de la photosynthèse. Tout ce qui se trouve sous la toile va éventuellement mourir. Il est très important de ne pas marcher sur ces toiles, car le moindre trou devient une opportunité pour l’envahisseur de se pointer le bout de la feuille. Il faut attendre en moyenne deux étés complets avant de retirer la toile.

Le bâchage consiste à appliquer une toile opaque au sol pour empêcher les plantes envahissantes de se développer. Malheureusement, toutes les plantes sous la toile vont périr. Photo Wikimedia Commons

Puis il faut rapidement travailler le sol et procéder à la plantation du nouveau jardin!

En conclusion, il ne faut pas oublier qu’à ce jour, les jardiniers et leur passion pour les plantes ornementales sont la source de plus de 30% des introductions d’espèces envahissantes sur le territoire québécois. Il faut constamment garder cela en tête lors de l’introduction d’une nouvelle plante. Car la prévention est LE meilleur moyen de ne pas être embêté par les plantes envahissantes. Parfois, une simple recherche chez nos voisins du Sud nous confirme rapidement le caractère envahissant d’une plante. En tant que jardiniers écoresponsables, tentons de faire mieux et d’être plus prévoyants.

En plus de se multiplier généreusement par semences dans mon jardin, la campanule à fleurs de pêcher dispose d’un fin réseau de rhizomes, difficiles à arracher. Je continue le combat! Illustration: Wikimedia Commons

commentaire sur "Comment contrôler les plantes envahissantes?"

  1. Pas mal votre article, mais si vous avez une solution pour éliminer les ronces qui donne un fruit que les gens adorent , la mûre, là je suis preneur ! Car non seulement, il envahit votre jardin mais aussi ceux à côté de chez (les voisins)

    • ma mère a le même genre de problème écoLOGIQUE : elle aime les papillons mais ne veut pas de chenilles dans ses plantes ! 😉

  2. Ce que je peux dire,c est la glycine ,cette magnifique plante ,mais qui se propage même aux arbres,et les étouffes en les entourant ,à déconseiller sur les petits terrains

  3. Et que fait-on pour éliminer le lierre terrestre???

  4. Merci, excellent comme toujours. Je déteste mais aux grands maux les grands remèdes.
    Si vous utilisez le Round Up comme herbicide, faites le tôt au printemps. Le feuillage d´herbes à puces brunit en 15 minutes. Plus vous le faites tard dans l´été, plus la plante est résistante. Il vous faudra 2 semaines parfois plus avant de voir un résultat. Vous utiliserez plus de produits, parfois plusieurs arrosages sans nécessairement tuer toutes les racines, pour la voir revenir l´année suivante parfois 10 M plus loin. Pour cette plante oubliez le truc vinaigre/sel/eau savonneuse. Jamais vous
    n´aurez les racines. Rappel on NE DOIT la composter, la brûler et même morte, elle conserve suffisamment de toxines pendant 7 ans pour vous contaminer. Les gouvernements provinciaux demandent son éradication étant dangereuse et néfaste pour le public, alors que les villes ne font rien, à part mettre des pancartes pour aviser le public, et ainsi permettre l´apparition de graines dont les oiseaux sont friands, et de les resemer avec leur déjection .

    • En général, les instances gouvernementales permettent l’usage de pesticides lorsqu’il s’agit d’éliminer des plantes exotiques envahissantes, mais il y a tout de même une réglementation qui entoure leur usage. Dans certains cas, les dommages causés à l’environnement par ces produits sont préférables aux effets néfastes que causent certaines plantes envahissantes exotiques. Il faut voir les règlements de chaque municipalité, mais dans plusieurs il faut une formation et un permis pour les utiliser et on doit donc faire appel à une entreprise spécialisée.

  5. Il y a environ 5 ans, j’ai planté de l’herbe aux goutteux et je l’ai regretté quand j’ai lu par la suite que c’était envahissant. Pourtant, chez moi, elle n’envahit pas. Je l’ai mise dans un talus où j’aurais aimé qu’elle s’étende un peu. Elle sort de terre chaque année mais ne s’agrandit pas. Pour ce qui est de mes anémones du Canada, je suis bien heureuse qu’elles soient vigoureuses. Plantées dans un talus en arrière de mon terrain, elles y prennent une place impossible à tondre, font de jolies fleurs et sont délaissées par les cerfs. Ma plante problématique chez moi, c’est la vigne vierge. Horreur! J’arrache chaque année. Ça revient toujours et ça ne semble pas s’affaiblir.

  6. Dois-je comprendre que les recettes d’eau bouillante + sel + vinaigre etc, ne sont d’aucune utilité pour les plantes qui s’installe dans mon entrée en gravier? Merci à vous pour cet article!

    • L’eau de cuisson des pommes de terre est un vieux remède. Par contre pour être efficaces il est essentiel de faire vos “traitements” par temps ensoleillé et chaud.

  7. Nous possédons une horquider et. J’aimerai avoir des conseils comment la nourrir re endroit mettre et le pot .

    Merci

  8. Bonjour.
    Article intéressant comme toujours.
    De mon côté je suis envahi par de la prêle (Equisetum arvense, parfois appelée Queue-de-cheval, Queue-de-rat ou Queue-de-renard).
    Cela fait des années que j’essaie de m’en débarrasser, sans succès…
    Si quelqu’un(e) a une solution efficace, je suis preneur.
    Merci

    • Bonjour! Moi aussi j’en ai dans mes deux carrés de jardin et ça fait plusieurs années que j’essaie de l’éradiquer, j’ai même un printemps creusé à la pelle plus d’un pied afin de sortir et d’arracher le plus profondément et malgré que j’en ai enlevé une très grande quantité, quelques semaines plus tard de nouvelles pousses sont apparue entre mes plantations… je suis à bout moi aussi je ne sais plus quoi faire, je compatis. Si vous trouvez la solution partagez-la!!!

  9. Au secours ! Chez moi c’est la bardane (toques) qui envahit mon jardin. Je n’arrive pas à la contrôler. Je coupe et arraché mais les toques se fixent partout, dont le pelage de mes chats qui ramènent ça à la maison. Des idées pour s’en débarrasser ?

  10. ça me rappelle un article de notre cher feu-Larry sur les interprétations des conditions de culture des plantes… ex : “plante facile à vivre = plante facilement envahissante” 🙂

  11. Pouvez vous me d?sabonner s.v.p.car je n,y arrive pas

  12. https://www.fleursduquebec.com/encyclopedie/1884-amphicarpe-bracteolee.html A mon avis c’est la pire des pires peste dans les plates-bandes. Je suggère a mon voisin la technique de la bâche. Il s’acharne a déterrer les plantules mais il reste de minuscules brindilles qui ne font que se multiplier au fil des années.

  13. Au secour! Moi ce sont les muguets qui envahissent mon terrain et qui étouffent tout ce qui se trouve autour….je suis découragée….je n’ai jamais semé ou planté du muguet alors dieu du ciel comment il est arrivé chez moi!

  14. Très triste après la lecture sur ces soit disant « envahissantes » et plus triste encore de lire que certains n’hésitent pas à empoisonner un sol et tout ce qui y vit avec du round up …lisez juste les effets sur le vivant de ce poison ! !!! C’est affligeant et grave de surcroît …suggestion : installez-vous sur une salle de béton vous n’aurez plus rien à éradiquer !

  15. J’ai eu de la prêle dans mon potager (la terre de jardin que j’avais commandée , avait des espèces de racines blanches….mais je ne savais pas ce que c’était! ) , j’ai été obligée au bout de 2 années de mettre une bâche noire sur tout le potager et je l’ai laissée 2 années. Par contre dans les fossés du chemin, il y a de la prêle, et je l’utilise en purin pour éradiquer les insectes nuisibles au potager, et c’est très efficace !!! et les plantes du potager reprennent force et vigueur et les mini insectes ont disparus…. Bon printemps à vous tous et toutes !

  16. It’s difficult to control invasive plants, but if you can control them, it’s good for your crops.