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L’abécédaire des semis

Tous les ans, de nouveaux jardiniers découvrent le plaisir de cultiver leurs propres plants à partir de semis. Et c’est réellement ça: un plaisir. Car si, pour certains, semer, fertiliser, repiquer, entretenir semble être un fardeau, une fois qu’on a commencé, on découvre que c’est tout le contraire. Faire des semis est tellement fascinant qu’on se lève parfois plus tôt le matin pour voir leur progrès… et on accourt les voir à la fin de la journée de travail. Toute la vie semble embellie par ces petits êtres qui poussent. Difficile d’être dépressif quand on a des semis qui croissent dans sa maison!

Et imaginez: à partir de ces petites graines qui ont l’air de rien, vous allez produire, en seulement quelques semaines, des fleurs et des légumes pour votre jardin. C’est un véritable hymne à la vie!

Photo: Elena Photo

Pas si difficile

Faire des semis n’est pas difficile, même bien le contraire. C’est un exercice qu’on fait faire aux élèves de première année. D’accord, parfois il y a quelques variétés qui réussissent moins bien, mais celles qui répondent au-delà de nos attentes compensent largement les échecs. D’ailleurs, habituellement tout le cheminement est décrit, étape par étape, sur l’endos du sachet de graines. Il faut, en somme, réunir des contenants (caissettes, pots, etc.), du terreau frais, des sachets de semence (disponibles en jardinerie et en ligne), des couvercles en plastique transparent (aussi offerts en jardinerie, ou encore, récupérez les contenants en plastique dans lesquels on vend des croissants, des légumes, etc.) et de l’engrais soluble. Il ne manque que de l’eau du robinet et un outillage agraire facile à trouver dans la cuisine: une cuillère.

La bonne date

Pour faire des semis qui donneront de bons résultats, il faut commencer au bon moment. Faire des semis trop tôt (le problème principal des débutants) donne des plants trop avancés qui se repiquent difficilement en pleine terre; faire des semis trop tard est moins grave, cela ne fait que retarder un peu la récolte ou la floraison. Heureusement, la plupart des sachets donnent la date pour les semis selon la formule traditionnelle: le nombre de jours avant le dernier gel.

Il est recommandé de ne pas se baser sur la date moyenne du dernier gel pour planifier les plantations ou les semis. Optez plutôt pour une date «sans risque de gel», soit environ deux semaines après la date moyenne du dernier gel. Cette date offre peu de risques de gelée et le sol sera suffisamment réchauffé pour la plupart des semis et transplants. C’est une approche plus réaliste pour la planification des plantations dans certaines localités du Québec.

Voici les dates que je recommande pour la transplantation de vos semis au potager pour certaines localités du Québec:

25 mai (Montréal et les environs, Laval)

5 juin (Drummondville)

5 juin (Gatineau)

5 juin (Trois-Rivières)

10 juin (Saint-Hyacinthe)

10 juin (Sherbrooke)

10 juin (Québec et les environs)

10 juin (Matane)

20 juin (Chicoutimi)

25 juin (Gaspé)

Semis à faire en pleine terre aussi

Dans plusieurs cas, notamment les légumes comme les carottes et les betteraves, l’endos du sachet suggère de faire des semis directement en pleine terre. Cela vous évitera toute l’étape de production des semis à l’intérieur. Habituellement, ces semis se font 2 ou 3 semaines avant la date du dernier gel, pour les plants plus rustiques ou à la date du dernier gel.

La technique

Préparez des contenants de semis (ils doivent avoir des trous de drainage) en les remplissant aux 3/4 de terreau humide. Égalisez avec l’endos d’une cuillère. Dans les contenants plus gros (caissettes), tracez un sillon dans le terreau selon la profondeur recommandée sur le sachet et semez les graines selon l’espacement recommandé (environ 1 cm pour les graines de taille moyenne). Si vous semez dans des pots individuels, percez un trou dans le terreau correspondant à la profondeur recommandée en utilisant le manche de la cuillère et placez 3 graines dans le trou (2 de plus qu’il en faut, au cas où le taux de germination serait faible). Dans les deux cas, comblez le sillon/trou de terreau et arrosez légèrement, récoltant tout surplus d’eau dans un plateau pour le jeter ensuite.

Photo: Getty Images

Placez les semis dans un emplacement bien éclairé, mais sans soleil direct et plutôt chaud. Si vous avez un éclairage artificiel, placez-les sous celui-ci, à environ 15 cm. Recouvrez les caissettes ou pots d’un couvercle en plastique transparent. Cela aide à augmenter l’humidité et à modérer les changements de température.

À la levée

Selon l’espèce, les graines peuvent lever en aussi peu que 3 jours, ou autant que 3 semaines (même plus dans certains rares cas). Les premières feuilles sont appelées cotylédons et ne ressemblent nullement aux feuilles adultes. Quand les premières vraies feuilles apparaissent, il est temps d’enlever le couvercle protecteur et d’augmenter l’éclairage.

Photo: Getty Images

Placez maintenant les semis dans un emplacement très ensoleillé et, de préférence, assez frais la nuit (une baisse de température nocturne donnera des plants plus trapus). Si vous cultivez sous éclairage artificiel, levez la lampe à mesure que les plants grandissent pour que leur tête soit toujours à environ 15 cm des tubes.

Arrosez doucement les semis dès que le terreau commence à s’assécher. Plusieurs jardiniers préfèrent arroser par le bas en plaçant leurs contenants de semis dans un plateau rempli d’eau tiède, les enlevant après une heure ou deux ou quand le terreau devient plus foncé, signe qu’il est bien humide.

Au stade de 4 à 6 feuilles

Photo: pundapanda

Quand les semis ont 4 à 6 vraies feuilles, le temps est venu d’éclaircir ou de repiquer. Si vous avez une abondance de plants, supprimez les plus faibles en les coupant au sol, laissant des plants suffisamment espacés pour qu’ils ne se touchent plus. Si vous avez environ le nombre de plants dont vous avez besoin, repiquez-les dans d’autres pots, les espaçant, encore, pour qu’ils ne se touchent pas. Enfin, dans le cas des pots individuels, vous aviez semé 3 graines par pot. Il faut éliminer les surplus, ne laissant qu’un seul plant par pot. À ce stade, aussi, le terreau peut commencer à manquer de minéraux: vous pouvez alors ajouter un engrais soluble à l’eau d’arrosage.

Acclimatation

Il faut acclimater les plants aux conditions d’extérieur avant de les repiquer en pleine terre. Si la température s’y prête (retardez l’acclimatation s’il fait anormalement froid), exposez-les à quelques heures de soleil très diffus par jour en les plaçant à l’extérieur, mais à l’ombre dans un endroit protégé. Tous les jours, augmentez la durée de leur séjour à l’extérieur ainsi que l’intensité de lumière. Quand les plants sont capables de tolérer leurs conditions de culture finales 24 heures par jour (le plein soleil pour la plupart des plantes; la mi-ombre ou l’ombre pour d’autres), ce qui prend environ 2 semaines, ils sont prêts à transplanter en pleine terre.

Repiquez-les dehors par une journée grise ou en fin d’après-midi à la date du dernier gel, ou après cette date, et arrosez bien. Notre histoire se termine ici, car vos semis ne sont désormais plus des semis, mais des plantes bien établies. Vous avez donc réussi vos semis!


Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au cours de sa carrière, en français et en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père accessibles au public. Ce texte a été publié à l’origine dans le journal Le Soleil le 6 mars 2006.


commentaire sur "L’abécédaire des semis"

  1. Anonyme dit :

    Merci ça va me servir ces plus qu il me faut

  2. suzanne roy dit :

    Excellent

  3. Genevieve dit :

    Merci pour cet article! Mais sa lecture m’a fait douter de ma compréhension d’une des étapes cruciales des semis: L’acclimatation.
    Est-ce que vous voulez dire queles premiers jours, on sort les semis à l’ombre ET PUIS ON LES RENTRE A L’INTÉRIEUR POUR LA NUIT? j’ai toujours cru que dès qu’on commençait à acclimater nos semis, on ne devait plus les rentrer à l’intérieur. Mais… j’ai l’impression que je me trompe en vous lisant. En espérant que ma question est claire.

    • DURAME dit :

      Je suis étudiant finissant en techniques agronomie,au collège Verena de l’armée du salut. Merci pour cet article, j’aimerais en savoir plus

  4. Guylaine Côté dit :

    tendance a faire trop de semis. On veut tous les garder…..

  5. Christine Gauthier dit :

    Avec le printemps qui s’amorce exceptionnellement tôt et le réchauffement notable, nous allons dépasser le point de congélation la nuit. Beaucoup plus tôt. Je me questionne si on peut commencer nos semis plus tôt pour profiter d’une saison plus longue. J’aimerais votre avis. Merci

    • Mathieu Hodgson dit :

      Je ne pourrais vous répondre car il est possible que les températures redescendent. Cela dépend beaucoup aussi des espèces dont plusieurs résistent au froid et même au gel, comme les épinards et les laitues. Pour les plantes qui aiment mieux la chaleur comme les tomates et surtout les poivrons et cucurbitacées, vous pourriez prendre un peu d’avance mais pas trop. Par exemple, les tomates sont souvent semées en intérieur 6 à 8 semaines avant d’être transplantées à l’extérieur. Vous pourriez les partir 8 semaines avant la date normale pour votre région, mais elles seraient tout de même prêtes si la météo permet de devancer la transplantation de deux semaines. Par contre, si vous semer 10 ou 12 semaines avant la date normale, pour pourriez avoir des tomates très étiolées si la température revient à la normale.

  6. Après plusieurs années à partir mes semis de tomates, j’ai déterminé que je devais ajouter une ventilation sur les jeunes plants après le premier repiquage. Les plants poussent moins vite au début mais les tiges sont plus grosses avec plus de poils. Et ils sont beaucoup robustes lorsque c’est le temps de les mettre au jardin,

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