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Attention: les aleurodes sont de retour

Tous les ans, c’est la même histoire. On rentre quelques plantes à l’automne — des géraniums, des fuchsias ou d’autres «annuelles» qu’on aimerait conserver — et on les lave bien pour ne pas entrer des insectes indésirables. Au début, tout va pour le mieux. Puis arrive le mois de février et, subitement, des dizaines, puis des centaines de «pellicules volantes» apparaissent. Il s’agit de l’aleurode, mieux connu sous le nom de mouche blanche, et il peut dévaster vos plantes. D’où vient-il? Comment cela en plein hiver? Comment le contrôler? Nous le verrons dans les lignes suivantes.

Pas de génération spontanée!

Même si l’aleurode semble souvent sortir de nulle part au mois de février ou de mars, son apparition subite n’est pas due à la génération spontanée comme le croyaient les scientifiques au milieu du 19e siècle. En fait, l’insecte était déjà présent parmi vos plantes, mais en «diapause». Cet état équivaut à une hibernation et il commence dès la fin de l’automne et dire jusqu’au début de l’hiver pour de nombreux insectes. Puis, au printemps — et le printemps de l’aleurode commence plus tôt que le nôtre, soit dès que les journées commencent à rallonger en février — il se réveille et se met à se multiplier de façon faramineuse. Bientôt vos plantes sont couvertes de ces «pellicules volantes».

Mouches blanches

De près, ces «pellicules» s’avèrent être une minuscule mouche de couleur blanche et aux ailes repliées en « V Â». Elle a comme caractéristique de s’envoler lorsqu’elle est dérangée, par volées massives, et d’atterrir assez rapidement sur une autre plante. L’adulte pond des Å“ufs à l’envers des feuilles. Ces Å“ufs minuscules et essentiellement invisibles donnent des nymphes semi-transparentes qui se fixent rapidement sous une feuille et deviennent alors immobiles, ne bougeant même pas si on le touche. En forme de petites écailles presque transparentes, elles sont collées à l’endos des feuilles, habituellement en présence d’adultes ailés.

La plupart des aleurodes ont un corps jaune; ce sont les ailes qui sont blanches. Photo: www.florida-environmental.com.

Les aleurodes endommagent les plantes de trois façons: d’abord et surtout, les nymphes (et, à un moindre degré, les adultes) aspirent la sève des feuilles, les laissant affaiblies et souvent marbrées de jaune. S’il y en a beaucoup, toute la plante dépérit. Aussi, les aleurodes peuvent transmettre des maladies, comme le virus de la mosaïque, aux plantes infestées. Enfin, ils émettent un liquide transparent et sucré, appelé miellat, qui peut couler sur les feuilles inférieures et aussi sur le plancher. Éventuellement, le miellat noircit sous l’effet d’un champignon appelé fumagine. La fumagine n’est pas directement nuisible aux plantes, mais à cause de sa coloration noire, elle réduit la photosynthèse de la plante qui manque alors d’énergie solaire. De plus, la plante perd tout attrait physique. Dans les cas extrêmes, elle s’affaiblit et peut même mourir.

Contrôler le fléau

Les aleurodes sont extrêmement prolifiques et assez généralistes: presque toutes les plantes peuvent en être atteintes, dont les plantes d’intérieur, les annuelles hivernant dans la maison, les semis, etc., mais ils ont une nette préférence pour les fuchsias et les géraniums. Aussi, si vous osez cultiver des végétaux à l’intérieur qui préfèrent être à l’extérieur, comme les fines herbes et les plants de tomates, ils en sont souvent atteints.

Le problème se corrigera plus ou moins tout seul si vous sortez les plantes à l’extérieur pendant l’été, car alors les prédateurs naturels des aleurodes, en plus du vent et de la pluie, réduisent la population à un niveau acceptable durant l’été. Par contre, entre leur réveil en février/mars et la sortie des plantes en juin, elles ont le temps de faire un beau gâchis.

On peut aussi vaporiser avec un produit contenant du savon insecticide pour les contrôler. Appliquez-en des deux côtés des feuilles des plantes atteintes. Comme cette technique réduit l’infestation sans l’éliminer complètement, il faut répéter les traitements, au moins sur les plantes atteintes, toutes les semaines.

Tournez leur faiblesse à leur avantage

Les aleurodes ont un petit défaut qui peut être bien utile dans leur répression: ils sont attirés par la couleur jaune. On peut alors placer des pièges collants jaunes (disponibles en jardinerie) tout près des plantes atteintes et vous les ramasserez par centaines. Malheureusement, il en reste souvent assez pour continuer de causer des dégâts. Une méthode encore plus efficace: peignez en jaune l’extrémité d’un aspirateur manuel et passez-le parmi les plantes: les aleurodes se lancent sur l’aspirateur comme si c’était du chocolat… et se font aspirer. Évidemment, ce traitement n’affecte que les adultes; les nymphes, immobiles, restent collées sous les feuilles. Il faut donc le répéter chaque 4 à 6 jours, à mesure que les nymphes se muent en adultes. Après environ 3 traitements, les derniers adultes auront été aspirés et le problème sera résolu.

Piège jaune collant. Photo: www.dragonfli.co.uk

Un piège lumineux

Une autre possibilité, plus coûteuse, mais qui demande moins de travail, est d’attirer les aleurodes avec un piège lumineux. De tels pièges se composent d’une lampe, d’un ou plusieurs tubes fluorescents spécialement conçus pour attirer les insectes et d’un carton collant jaune. Les insectes volants, dont les aleurodes, sont irrésistiblement attirés par la lumière et restent collés au carton jaune. Il ne reste qu’à remplacer le carton collant jaune quand il est couvert d’insectes. Avec un tel appareil, on peut réduire les problèmes d’aleurodes à tel point que, si jamais ils sont présents, c’est en si infime quantité qu’il n’est plus nécessaire de réagir.

Agissez tôt

La saison de la chasse aux aleurodes est malheureusement commencée. Si vous voulez avoir de belles plantes, surveillez-les maintenant et préparez-vous à réagir sans tarder!


Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au cours de sa carrière, en français et en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père accessibles au public. Ce texte a été publié à l’origine dans le journal Le Soleil le 19 février 2006.


commentaire sur "Attention: les aleurodes sont de retour"

  1. Anonyme dit :

    Aleurodes, pucerons iu cochenilles, la recette reste la même, en plus de nettoyer mécaniquement le plus possible en essuyant les feuilles et tiges: 1 litre d’eau, quelques gouttes de produit vaisselle ou de savon noir, et 20 gouttes d’huile essentielle, au choix :soit de menthe poivrée soit de bigaradier petit grain. Traiter dès détection de la présence de ces insectes puis tous les 10-15 jours jusqu’à disparition, puis à chaque rechute. Cela pourra prendre un certain temps pour ne plus les voir réapparaître mais c’est radical, et ça permet à la plante de ne pas mourir d’ici à compléter le traitement. C’est un pépiniériste qui m’a appris ça. Lui préférait le bigaradier petit grain, moi je préfère la menthe poivrée. Seule précaution : au moment du traitement éloigner animaux de la maison et enfants de moins de 10-12 ans car neurotoxique. Ça marche aussi très très bien sur les pucerons noirs des fèves et autres légumes du potager.

  2. Amva dit :

    Aleurodes, pucerons iu cochenilles, la recette reste la même, en plus de nettoyer mécaniquement le plus possible en essuyant les feuilles et tiges: 1 litre d’eau, quelques gouttes de produit vaisselle ou de savon noir, et 20 gouttes d’huile essentielle, au choix :soit de menthe poivrée soit de bigaradier petit grain. Traiter dès détection de la présence de ces insectes puis tous les 10-15 jours jusqu’à disparition, puis à chaque rechute. Cela pourra prendre un certain temps pour ne plus les voir réapparaître mais c’est radical, et ça permet à la plante de ne pas mourir d’ici à compléter le traitement. C’est un pépiniériste qui m’a appris ça. Lui préférait le bigaradier petit grain, moi je préfère la menthe poivrée. Seule précaution : au moment du traitement éloigner animaux de la maison et enfants de moins de 10-12 ans car neurotoxique. Ça marche aussi très très bien sur les pucerons noirs des fèves et autres légumes du potager.

  3. Lisette Bertrand dit :

    Merci

  4. Claude dit :

    J’en ai eu beaucoup sur des hibiscus d’intérieur à qui j’avais fait prendre l’air quelques jours sur la terrasse près de géraniums. J’ai lutté pendant 2 jours après avoir rentré les hibiscus. J’ai essayé plusieurs méthodes naturelles mais seuls des bâtonnets de pesticides en sont venus à bout. Malheureusement je n’avais pas vos bonnes recettes naturelles. Les plantes ont survécu !!

  5. Claude dit :

    J’ai lutté pendant 2 ans.. pas 2 jours..

  6. Véronique Boissonnet dit :

    Pouvez-vous indiquer où trouver un piège lumineux jaune comme celui dont vous parlez ? J’ai cherché sur internet mais je ne trouve que des pièges collants qui font le travail mais pas totalement. Je suis toujours envahie par les aleurodes, au point où j’ai du jeter mes 49 petits plants de tomates que j’ai semé. Ils étaient si beaux et en santé jusqu’à ce que cette peste explose sans contrôle.

  7. Véronique Boissonnet dit :

    Un très gros merci.

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