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Le pimbina: vedette hivernale du jardin de mère Nature

À la recherche d’un peu de couleur en hiver? De vitamine C? De fruits frais? J’ai la solution pour vous: le pimbina!

On l’appelle aussi viorne trilobée et son petit nom latin est Viburnum trilobum. Vous ne connaissez pas? C’est franchement dommage! En plus d’être écarlate une bonne partie de l’hiver, d’être comestible et d’attirer les oiseaux, ce buisson qui atteint trois mètres de hauteur est originaire d’Amérique du Nord!

Il existe environ 200 espèces de viornes à travers le monde et toutes seraient comestibles. L’espèce européenne la plus semblable est la viorne obier (Viburnum opulus). Elle serait également présente en Amérique, mais les auteurs ne s’entendent pas trop à savoir s’il s’agit de la même espèce ou non. Ah, ces scientifiques!

Attention toutefois: si aucune espèce du genre Viburnum n’est dangereuse à la consommation, elles ne sont pas toutes agréables en bouche! Certaines sont franchement mauvaises, alors que d’autres ont très peu de chair autour de leur noyau.

Bref, bien que ces petits fruits soient appelés pimbina pour beaucoup d’espèces, c’est effectivement de la viorne trilobée dont je vous parle aujourd’hui parce que… ben, je n’ai pas fait de recherches sur les 200 espèces! Alors, si vous êtes ailleurs dans le monde, assurez-vous de bien savoir ce que vous mettez dans votre bouche, hein!

Le pimbina, ça se mange… l’hiver!

Buisson aux feuilles trilobées (vous vous en doutiez, je suppose!), cette viorne a parfois un magnifique bois rouge et lisse au bout de ses branches qui brille littéralement dans les paysages hivernaux ensoleillés. Les fruits persistent une bonne partie de l’hiver, rendant ce buisson flamboyant.

Regardez la couleur de ces branches! Photo: mimi_c

En voyant ces petits fruits durant la saison froide, plusieurs pourraient croire qu’ils ne sont plus bons… et pourtant, ce fruit devient meilleur après avoir gelé quelques fois sur l’arbre. On le reconnaît facilement parce que… eh bien… c’est pas mal un des seuls fruits rouges qui se trouve encore dans l’arbre en décembre, janvier ou février.

Petite vérification supplémentaire: les fruits sont disposés en une espèce de grappe tombante. Ça ressemble à un bouquet de ballons à l’envers. Tous les fruits sont sensiblement à la même hauteur puisqu’ils partent tous du même point d’ancrage (donc pas comme une grappe de raisin). Ils sont rouge vif, ronds ou légèrement ovales, et parfois un peu fripés à la fin de la saison, mais bons quand même. À l’intérieur, il y a un unique et gros noyau ovale et aplati.

Une fois convaincu de votre identification, goûtez-y (en crachant le noyau)! C’est acidulé, ça rappelle un peu la canneberge… et quelque chose d’autre…? À la fin, un goût étrange, ou plutôt une odeur… soufflez par le nez: ça goûte finalement… le pet! Oui, oui, un fruit canneberge-flatulence! Fous rires assurés avec les enfants et les grands!

«Mais Audrey… Si ça pue, je ne veux pas en manger!»

Pas de panique! Le pimbina n’est pas un fruit qui se mange juste comme ça. Déjà, le noyau n’est pas comestible et ça devient franchement agaçant à cracher. Ensuite, ce goût-odeur désagréable, qui est très drôle au premier abord, ne donne pas envie d’en manger des tonnes.

Le secret est dans la cuisson! Si vous êtes adepte de gelées et de confitures, ce fruit est fait pour vous! Bien qu’à la cuisson l’arôme se propagera dans la maison, il n’en restera rien au moment de la dégustation.

Photo: Wilasinee Pongtaworadate

La gelée de pimbina était autrefois un incontournable de l’hiver dans plusieurs familles québécoises, mais cette pratique s’est tristement perdue. Parlez-en à vos aînés, peut-être que vous réveillerez de beaux souvenirs. En plus, c’est très facile à faire: on fait bouillir avec du sucre et on tamise pour retirer les noyaux: tadam!

Plante d’ornement

Si vous avez un terrain humide, boueux, près d’un ruisseau, mais quand même ensoleillé, plantez une viorne. Tout de suite, allez, allez: c’est criminel de ne pas avoir cette magnifique plante indigène chez vous!!

Bon, OK, vous avez le droit de finir de lire l’article… et d’attendre le printemps. Mais on n’oublie pas, hein!

Ce buisson assez fourni en été offre une cachette aux oiseaux et de fines brindilles pour la fabrication de leur nid. Il fleurit délicatement au début de juin, attirant une multitude de pollinisateurs. En automne, il revêt des couleurs chaudes dignes des érables les plus colorés avec ses feuilles et ses fruits, et en hiver, les oiseaux se nourrissent parfois de ses fruits.

Photo: rlevasseur
Photo: truezhenik

Le plus beau? C’est très facile à faire pousser puisque c’est indigène. En fait, si vous le plantez à un endroit où il a les racines bien humides, vous n’aurez probablement plus jamais à y penser… Enfin… sauf l’hiver, pour vous faire une bonne gelée!


commentaire sur "Le pimbina: vedette hivernale du jardin de mère Nature"

  1. Bonjour! Dans ma famille, on l’appelle “Papina”, nom que les Algonquins donnaient, semble-t-il, à cet arbuste. Mon père connaissait q

    • Désolé, mais voici la suite du commentaire! Mon père connaissait quelques talles qu’il visitait après les premières gelées. C’était un peu comme un pèlerinage annuel que nous faisions, sur les petites routes de campagne et les rangs de gravelle. Mon père freinait brusq le dimanche, la plupart du temps, le fruit était consommé sur place, et seulement quelques grappes étaient ramenées. J’ignore pour la gelée; je ne connais personne qui se donnait la peine d’en préparer. Peut-être mes grands-parents qui, eux, étaient des gens de la fin du 19i ème siècle, mais, vous vous en doutez sûrement, ils sont présentement dans l’incapacité physique de me fournir la réponse. Pour le goût, personnellement, ça ne m’a jamais dérangé, même que je l’appréciais. L’arbuste n’est pas toujours facile à dénicher, et j’ai souvent pensé en planter chez-moi pour palier le problème. ainsi, j’aurais pu en consommer des grappes tout l’hivers. Malheureusement, le sol de notre demeure n’est pas du type Papina.

  2. Oui faudra s’en rappeler quand viendra le temos de planter au printemps.
    Tous les centres de jardin du Québec en ont à vendre.
    Merci pour ce texte si intéressant,

  3. Intéressant ! Si je comprends bien (NatureServe), viorne trilobée, c’est Viburnum opulus var. americanum et en anglais, highbush cranberry – tiens, tiens, canneberges.
    Par ici (Manitoba), les Métis (inspirés par les premières Nations ?) ajoutaient ce fruit à la viande de bison séché pour en faire du pemmican, source de nourriture importante qui en plus se conserve très bien. Un petit coup de Google et on en trouve des recettes, modernes et traditionnelles.

  4. Merci pour ce texte très intéressant et instructif .Ma grand-mère en faisait des tartes à l’occasion des fêtes c’était délicieux .

  5. Bonjour,
    j’en ai planté deux , je suis dans les basses Laurentides. À chaque année, ils se font défolier très rapidement par de petits vers ou petites chenilles. Que puus-je faire?

  6. Ma mère nous en faisait une compote quand j’étais petite et nous appellions cela de la gelée de chaussons, car ça sentait le petit pied, mais c’était tellement bon sur du pain grillé.

    • Nous aussi on aimait cette gelée que maman préparait. C’est vrai que ça sent le petit pied quand on ouvre le pot, mais ça goûte tellement bon. Une gelée très facile à faire et délicieuse. Merci pour cet article intéressant comme toujours.

  7. Le Pimbina est dans ma famille depuis de nombreuses décénies! Ma grand-mère en faisait des tartes selon mon père. Elle en avait dans sa cour. Moi c’est la gelée que je préfère! Quelle couleur! J’ai testé aussi la gelée moitié pomme moitié pimbina. Lorsque je fais de la raquette l’hiver et que je vois un pimbina avec ses fruits je ne peux m’empêcher d’en manger quelques uns . Ma plus grande déception c’est que le pimbina que j’ai planté dans ma cour à Québec et provenant d’un Centre jardin à un goût franchement détestable!!! Au point de recracher le tout! Alors le pélerinage automnal à la recherche des buissons de Pimbina en forêt, je connais et jamais je n’ai été déçu par le goût des fruits cueillis en fotêt.Lorsque je faisais ma gelée, ma conjointe disait que ça sentait ”le petit pied” dans la maison!!!

  8. J’ai un petit champ en avant de la maison. Depuis deux ans, j’y plante des arbres pour attirer les oiseaux. Je ferai provision de viornes au printemps.
    N’hésitez pas à nous donner d’autres suggestions pour faire plaisir aux oiseaux.

    • Louise, N’oublie pas les camerises. Ça sera la guerre entre Les Merles d’Amérique et les Jazeurs d’Amérique, qui convoite c’es petits fruits.

  9. Mon frère ainé aime beaucoup et souvent il me demande de lui en faire puisque sa conjointe ne peut sentir l’odeur que ça dégage. Il aime mettre des pommes dedans…j’attends toujours puisqu’on en a pas encore fait mais il a tous les fruits ramassés cet automne après une gelée. Toujours à la recherche d’une recette puisqu’on fait cela un peu à l’œil. Merci. S.

  10. J’ai connu le pimbina au Manitoba, puis ici au Québec j’ai un pimbina dans ma cours. J’avais prix l’habitude de faire de la gelée, ça ne goûte vraiment pas ce que ça sent. (Le chausson) ça faisait bien rire du monde mais ça goûte bon. Je pense que je vais recommencer à faire de la gelée.

  11. Quand le pimbina commence-t-il à fleurir? J’en ai planté un pour ses fruits et j’attends depuis des années qu’il fleurisse.

    • Ici au Nord Ouest du Nouveau-Brunswick, c’est aussi du pimbina et parfois pavina. Tous les commentaires s’appliquent au Nouveau-Brunswick selon moi. Excellent fruit sauvage pour les oiseaux l’hiver et pour nous en gelée, je préfère coupé avec pommes. C’est un souvenir de ma grand mère Michaud qui courait les longs des boisés mouillés pour cueillir après les première gelés d’automne. J’en ai cueilli cet automne et avec ma sœur Suzanne, et je m’attends de faire cuire avec pommes dans mon garage pour faire une succulente gelée.

      • J’aime bien votre humour. Eh oui , le pimbina revient à la mode si je puis dire. Ma mère en faisait un pot un seul po de gelée pour manger avec le canard sauvage. Elle disait à mon père : Pierre c’est bien parce que t’aime que je t’en fait.
        J’ai gardé la tradition.

  12. Chez moi je pense que le pimbina attire les perdrix et certain oiseaux. En milieu naturel ?

    • J’ai récolté ma première gélinotte pendant que mon père et mon frère ramassaient du pimbina à proximité. le coulis du fruit servait à faire des tartes délicieuses.

  13. Je devrais en récolter pour le consommer?

  14. Mon papa ramassait le pimpina après les premières gelée et c’était sa spécialité de le cuire pour en faire une gelée délicieuse sur le pain grillé beurré. Mes souvenirs d’enfance sont remplis de ces délicieuses gelées! J’ai réussi à en faire une fois après son décès, mais la sienne était vraiment meilleure! Dommage qu’il n’ait pas transmis sa recette, comme plusieurs autres recettes de nos anciens…