Qu’est-ce qu’un janvier doux laisser présager pour nos plantes?
Ce n’est pas la première fois qu’on a un janvier doux dans la région. Je me souviens avoir déjà planté des bulbes de tulipe et de narcisse en janvier quand toute la neige était presque partie et que le sol avait dégelé. C’était il y a une vingtaine d’années. Mais depuis que je vis dans la région, plus de 30 ans, il n’y a jamais eu un redoux aussi durable. Qu’est-ce un janvier aussi doux laisse présager pour nos jardins et plantations?
Pour l’instant, c’est merveilleux! Pensiez-vous vraiment que les plantes exigent des -20 °C pour être heureuses? Plusieurs les tolèrent, mais aucune ne les exige. Pour l’instant, la température frise 0 °C: un peu plus, un peu moins. C’est quand même une température hivernale plutôt qu’une température printanière: rien qui va stimuler la plupart des plantes à se mettre à pousser.

Mais il y a des exceptions. Encore un peu plus de cette température et les petits bulbes, comme les perce-neiges (Galanthus nivalis) et les éranthes (Eranthis hyemalis) vont se réveiller, et peut-être même aussi les crocus et certaines vivaces hâtives comme les hellébores. Que leur arrivera-t-il si elles sont en pleine croissance et que l’hiver revient subitement en force?
Rien, ou si peu. Probablement que leurs fleurs vont rester figées dans la neige, qui ne tardera pas si la température baisse, et leur floraison continuera quand la neige fondra au véritable printemps. Le pire serait qu’il fasse très froid et qu’il n’y ait pas de neige. Dans ce cas, les fleurs et les feuilles peuvent geler et mourir. Mais la nature a doté les plants de réserves justement pour ce genre de chose: ils referont leurs feuilles bien rapidement. Les fleurs, en revanche, n’auront pas une seconde chance: elles seront finies pour l’année. On ne les reverra pas avant le printemps suivant.
Mais nos arbres ne souffriront-ils pas?
Pas du tout. Ils sont aussi heureux que vous et moi de ce redoux. Si l’hiver reste doux jusqu’à la fin, ils devront réagir avec enthousiasme au printemps, avec une croissance prodigieuse. Les hivers froids ralentissent leur croissance, les hivers doux la stimulent.
Les plantes les plus à risque sont les plantes hors zone
Curieusement, les plantes les plus à risque actuellement sont les plantes qui sont hors de leur zone normale; la petite vivace de zone 5 que vous aviez plantée en zone 4, par exemple. Et il y a sûrement des plantes jugées telle ou telle zone, parce qu’elles avaient bien réagi jusqu’à maintenant, qui ne réagiront pas aussi bien sans couverture de neige… on va peut-être apprendre qu’elles sont moins rustiques qu’on le croyait. Ces plantes risquent d’être éliminées de la carte. Du point de vue d’un jardinier paresseux, c’est une bonne chose. Les faibles seront éliminées, les fortes pousseront mieux que jamais. Que pourrait-on demander de mieux?
La situation chez les professionnels de l’horticulture
Ne vous inquiétez pas pour les pépiniéristes. Leurs plantes rustiques sont bien couchées au sol et couvertes de toiles ou de tunnels. Un janvier doux voudrait dire moins de pertes.
Quant aux serriculteurs, ils sont gras dur: les coûts de chauffage n’auront pas été aussi bas depuis des lunes!
Que sera le printemps?
S’il y a un risque pour les jardiniers à la suite d’un hiver doux, ce n’est pas tant le temps doux que le risque d’un printemps sec. Habituellement, nos printemps arrivent tardivement, car la neige ne finit pas de fondre. Mais en fondant lentement, elle maintient de bonnes réserves d’eau dans le sol. C’est la raison pour laquelle nous avons si rarement de véritables sécheresses dans notre région. S’il n’y a pas de neige, cependant, le sol pourra se réchauffer plus tôt, stimulant une croissance plus hâtive qui utilisera rapidement l’eau présente dans le sol. Si notre printemps arrive 2 mois plus tôt, mais qu’il n’est pas accompagné de pluie, il pourrait avoir une sécheresse ce printemps ou cet été.

Mais tout cela, c’est au conditionnel: «s’il n’y a pas de neige cet hiver». L’hiver n’est pas terminé et il risque d’y avoir toutes sortes de températures encore, dont de la neige et du froid.
Pour l’instant, nos plantes profitent de ce temps anormalement doux. On verra bien ce qui arrivera plus tard!
Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au cours de sa carrière, en français et en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père accessibles au public. Ce texte a été publié à l’origine dans le journal Le Soleil le 13 janvier 2007.
Toujours aussi d’actualité et combien intéressant.
Merci mille fois à toute l’équipe.
La nature est résiliente, bien vrai
Ce qui m’inquiète ce sont plus les insectes nuisibles qui pourront monter et survivre plus au nord… particulièrement les insectes nuisibles provenant de l’Asie (certains longicornes qui s’attaquent au bois dur entre autres) et les animaux genre opossum qui monte dans les arbres pour vider les nids …
Mais, vers 1981, je me souviens d’un hiver comme celui-ci. Idem vers 1994. Ceux-là étaient exceptionnels, rares.
Avec le réchauffement climatique, tout change très rapidement, trop.
Bienvenue sur nos végétaux sensibles au grand froid en bénéficie de cet hiver doux
Mais les conifères ornementaux pas du tout à cause de cette neige mouillée, lourde où souvent se succe
Oups, ça me fait tiquer pour les tics. Absence de froid signifie qu´ils ne mourront pas et au contraire pourront s´adapter à des températures froides mais pas assez pour les éliminer. Au moins les verglas reçus et la glace qui en résulte, conjuguée à mon faible couvert neigeux leur sera peut être trop froid. Idem pour les autres insectes nuisibles.
Il faut quand même se méfier des janviers doux. un « dicton de chez » nous met en garde :
« Février, de tous les mois
Le plus court et le moins courtois. »
Chez nous il y a eu un froid de canard plusieurs jours , les bulbeuses devaient être contentes le bac à eaux pluviales avait une couche de glace de 7cm , vent de Nord accentuait la froidure
Toujours un souci chez nous pour l’apport en eau au printemps s’il n’y a pas de neige.