Par Julie Boudreau
18 novembre 2023

Connais-tu bien tes philodendrons?

Par Julie Boudreau

Philodendron est le mot nouveau qui est sur toutes les lèvres. Dans les dernières années, ils ont gagné une grande popularité auprès des amateurs de plantes d’intérieur. Ce sont devenus des objets de collection. On peut dépenser (ou investir, diraient certains!) une centaine de dollars pour mettre la main sur certaines variétés uniques de philodendrons, comme ‘Strawberry Shake’ ou ‘Florida Beauty’.

Tout de même, les philodendrons ne sont pas si nouveaux que cela. On les cultive comme plante d’intérieur depuis la nuit des temps. Ils étaient convoités à l’époque victorienne (vers 1850) et ils ont connu de nombreuses vagues de popularité depuis. L’arrivée de nouvelles variétés, en particulier ‘Pink Princess’, ‘Orange Marmalade’, ‘Prince of Orange’ ou ‘Red Emerald’, a donné naissance à un élan de passion qui s’est élargi à l’ensemble des philodendrons.

De quoi perdre la boule ou…  son latin!

Le genre philodendron est immense! Selon les sources, il compterait entre 489 et 616 espèces, pratiquement toutes originaires du Mexique et des régions tropicales d’Amérique du Sud. Après les anthuriums, c’est le second plus gros genre de la famille des Aracées. Il y a tellement d’espèces de philodendrons qu’on ne les a pas encore toutes découvertes. Avis aux botanistes en quête d’aventure! Seulement en 2022, dans les régions reculées du Panama, on a découvert sept nouvelles espèces!

Quant à l’amateur de plantes d’intérieur, il a accès à environ une trentaine d’espèces qui se subdivisent en des centaines de cultivars! Ce ne sont pas les options qui manquent. Au choix, les philodendrons sont d’immenses plantes buissonnantes, des plantes grimpantes ou de belles jardinières suspendues.

En général, les philodendrons portent bien leur nom. En grec, philus veut dire «qui aime» et dendro signifie «arbre»: plantes qui aiment les arbres. C’est un nom parfait pour ces plantes qui s’accrochent aux grands arbres des forêts tropicales pour aller capter la lumière dans les hautes strates. Ainsi, on trouve chez les philodendrons des plantes grimpantes enracinées dans la terre, dites terrestres. Certains sont épiphytes, c’est-à-dire qu’ils se développent sur les branches des grands arbres. Et d’autres philodendrons sont hémiépiphytes, c’est-à-dire qu’ils produisent de longues racines adventives qui partent des tiges pour descendre jusqu’au sol.

Des besoins à l’image de leur milieu naturel

Étant originaires des régions chaudes et humides, ce n’est pas un hasard si les philodendrons préfèrent des températures chaudes, entre et 18 et 24 °C, et un haut taux d’humidité, à l’année. Il n’y a pas véritablement de période de dormance nécessaire pour les philodendrons. En fait, il faut éviter de les cultiver à des températures inférieures à 13 °C. Quant à l’humidité, celle des intérieurs de maisons convient assez bien. Mais leur pièce préférée de la maison est la salle de bain, car la vapeur d’eau d’une bonne douche chaude leur rappelle leur douce Amérique tropicale.

Autre grand avantage des philodendrons, c’est que certains tolèrent une faible luminosité. C’est le cas du Philodendron hederaceum. Pas toujours facile d’être une plante grimpante en quête de lumière. Cela dit, en général, les philodendrons préfèrent une bonne luminosité, mais pas de soleil direct. Ceci est particulièrement vrai pour les plantes à feuillage doré, panaché ou coloré, car c’est la lumière qui intensifie les coloris.

L’arrosage et le terreau: les deux secrets pour garder les philodendrons en vie

Jusqu’à maintenant, tout va bien. Les conditions d’une maison ordinaire conviennent aux philodendrons. Cependant, c’est du côté de l’arrosage que cela se corse. Les philodendrons sont très sensibles à la pourriture des racines. Mais en même temps, le terreau doit rester constamment humide. Comment y arriver? Le secret est de laisser sécher le terreau en surface, mais de ne jamais attendre que le terreau soit complètement sec. Aussi, l’eau ne doit pas stagner à la base des plants, ce qui peut se produire quand la plante est déposée dans un cache-pot décoratif. Pour prévenir cet inconvénient, on peut déposer quelques billes d’argile ou des galets au fond du cache-pot. Une fois que l’on a maîtrisé l’art de bien arroser les philodendrons, leur culture devient très facile. Dans le doute, retenez que la mort par noyade est plus facile à obtenir que la mort par sécheresse.

On peut obtenir un meilleur contrôle sur les arrosages en utilisant un terreau spécialisé pour les philodendrons. En effet, le terreau d’empotage est trop dense et il retient l’eau plus longtemps. On peut donc réaliser un mélange maison à base d’écorces, de sable horticole et de terreau d’empotage. Une recette classique est de créer un mélange composé d’un tiers de substrat pour orchidées, un tiers de perlite et un tiers de terreau d’empotage. Peu importe la recette finale, le résultat est un substrat léger et aéré, à la fois humide et drainant.

Il est aussi bon de rappeler que les philodendrons aiment bien être tassés dans leur pot. C’est lorsque les racines envahissent le contenant qu’ils sont à leur meilleur. On les rempote seulement lorsque le pot est sur le point d’exploser! Ou, quand la plante commence à manquer de stabilité.

Que votre cœur penche pour les variétés à cultiver en jardinières suspendues, comme le philodendron ‘Brasil’, ‘Lemon Lime’ ou ‘Micans’, que vous recherchiez les géants comme le philodendron selloum (P. bipinnatifidum) ou le Philodendron xanadu, que vous soyez un fervent collectionneur des multiples cultivars de P. erubescens, c’est certain que vous trouverez celui qui vous plaira… Le genre philodendron est incroyablement diversifié, mais tellement intéressant pour la culture à l’intérieur. Et maintenant que vous savez comment les garder en vie… allez-y! Essayez à nouveau!

Julie Boudreau

Julie Boudreau est horticultrice, diplômée de l’ITA de Saint-Hyacinthe. Elle œuvre dans le domaine l’horticulture depuis plus de 25 ans. Elle a publié une dizaine de livres et participé à de nombreuses émissions de télévision et de radio. Elle est enseignante au Centre de formation horticole de Laval. Passionnée de son métier, Julie Boudreau se consacre à promouvoir le jardinage, le design de jardin, la botanique et l'écologie, sous toutes ses formes. Un peu grano, écolo depuis toujours, gourmande et essayeuse, Julie est une épicurieuse avec un fort penchant pour tout ce qui se prononce en latin.

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